Relations russo-israéliennes : attentes et réalité

La Syrie reste le principal sujet de discorde entre les deux pays.

Kremlin.ru

La Russie a cherché à maintenir de bonnes relations avec Israël au cours des dernières années. Les relations entre les deux parties ont de multiples facettes et sont sensibles aux développements au Moyen-Orient et ailleurs.

Dans la dimension militaire, en particulier en Syrie, il existe une coordination continue entre les forces armées israéliennes et russes à plusieurs niveaux, comme c’est le cas depuis plusieurs années.

Cette coordination est illustrée par la ligne de déconfliction (modalités de désescaladdu conflit et de conciliation ) visant à préserver les intérêts des 2 pays en ce qui concerne les opérations israéliennes en Syrie. Les officiers russophones occupent les deux extrémités de la ligne.

La Russie et Israël ont tous deux intérêt à éviter un affrontement, même tactique, entre les forces israéliennes et russes, ainsi que tout affrontement entre les forces de défense israéliennes et les forces syriennes.

Du point de vue d’Israël, la présence russe en Syrie crée une adresse vers laquelle il peut se tourner et une entité dotée d’une autorité qui peut et va influer sur tout futur règlement.

Du point de vue de la Russie, Israël et ses actions militaires ont un impact direct sur la stabilité de la région et sur l’ordre que la Russie cherche à établir en Syrie sous Assad, ou toute autre figure qu’il choisit de soutenir.

Le Kremlin a bien noté la capacité d’Israël à nuire aux projets de la Russie en Syrie, ce qui pourrait s’expliquer par sa capacité démontrée et sa volonté de mener une action contre le retranchement de l’armée iranienne dans la région.

Cependant, la Russie et Israël ont des attentes non satisfaites vis-à-vis de l’autre pays.

Israël s’attend à ce que la Russie soutienne son objectif principal d’éloigner la présence militaire iranienne de la Syrie en général et de la frontière israélo-syrienne en particulier.

La Russie s’attend à ce qu’Israël « paie » ce que Moscou considère comme son approche coopérative en ce qui concerne les frappes aériennes israéliennes en Syrie. L’alliance d’Israël avec les États-Unis crée une situation dans laquelle la Russie considère Israël comme un pont avec Washington et s’attend à ce qu’Israël agisse en conséquence.

Jusqu’à présent, ces attentes n’ont reçu que des réponses symboliques. Cela est dû, en partie, aux limites imposées à ce qu’Israël peut réaliser à Washington, en particulier dans le contexte actuel, et à la vision de l’establishment sécuritaire américain vis-à-vis de la Russie.

Cet été, des conseillers russes et américains en matière de sécurité nationale se sont réunis à Jérusalem sous les auspices du Conseil de sécurité nationale d’Israël. La réunion, qui était sans précédent, a bénéficié d’une large couverture dans la presse, en raison des questions stratégiques discutées et de l’importance de la réunion des deux puissances à Jérusalem, mais s’est terminée sans accord.

Israël n’a donc pas encore fourni à la Russie la valeur attendue pour sa compréhension,  son acceptation de facto de la stratégie israélienne en Syrie et des autres gestes russes.

L’un de ces gestes était l’effort russe visant à remettre à Israël, à partir d’un territoire sous les tirs en Syrie, la déoouille d’un soldat israélien tué au combat en 1982 (Zacharie Baumel z’l).

La Russie considère l’alliance étroite américano-israélienne comme un moyen de compenser sa bonne volonté et jusqu’à présent, Israël, aux yeux de la Russie, ne lui a pas rendu ses faveurs. Cela crée un antagonisme croissant parmi les forces russes déployées en Syrie vis-à-vis des opérations israéliennes.

Les attentes russes en matière de récompense ne se limitent pas nécessairement au Moyen-Orient. Par exemple, la Russie apprécierait qu’un message soit transmis aux États-Unis sur l’importance de permettre à la Syrie sous le régime d’Assad d’être à nouveau acceptée comme un régime légitime à réadmettre dans des structures régionales, telles que la Ligue arabe.

La Russie recherche également des retombées mondiales pour son comportement constructif en Syrie. Celles-ci pourraient prendre la forme d’un assouplissement des sanctions ou d’une approche plus prudente de la part de l’Occident dans l’ancienne région soviétique.

Ces attentes vont probablement accroître la frustration de l’appareil de sécurité en Russie et exercer une pression supplémentaire sur Jérusalem.

Alors que la coopération va probablement se poursuivre à tous les niveaux, le malaise grandissant de l’establishment militaire russe vis-à-vis d’Israël érode la volonté de la Russie de tolérer les opérations israéliennes dans la région.

Jusqu’à présent, la Russie s’accorde sur le fait qu’Israël respecte ses priorités et fait preuve d’une grande prudence quant aux atouts russes en Syrie et aux atouts essentiels du régime syrien.

Cependant, sans ce que Moscou perçoit comme une compensation bien méritée, on peut s’attendre à ce que la Russie ne prenne en compte les intérêts israéliens que dans la mesure où ceux-ci ne coïncident pas avec ses intérêts fondamentaux. Les décisions futures de la Russie serviront les intérêts israéliens uniquement si elles atteignent les objectifs de la Russie.

Toute flexibilité de la politique russe en réponse aux demandes israéliennes sera sujette à un réexamen continu de la coopération israélienne et de la mesure dans laquelle Israël peut aider la Russie à réaliser ses intérêts.

Les opinions exprimées dans les articles d’opinion ne reflètent pas nécessairement la position du Moscow Times.

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