Une campagne lancée sur Facebook, visant à organiser l’aide aux migrants par des particuliers, a rassemblé plusieurs milliers d’internautes. Face à cet élan de solidarité, le gouvernement envisage d’augmenter le quota de réfugiés que pourrait accueillir le pays, actuellement fixé à 50 pour deux ans.

En à peine deux jours, des milliers de lettres ont fusé. Après l’annonce du gouvernement islandais concernant l’accueil de 50 réfugiés sur deux ans, plus de 10.000 internautes du pays se sont proposés pour héberger des Syriens chez eux. L’initiative, propulsée par une page Facebook, a poussé le gouvernement à envisager de relever le seuil de réfugiés que le pays pourrait accueillir.

Tout a démarré avec l’appel de l’écrivaine et professeure Bryndís Björgvinsdóttir. Cette personnalité publique islandaise a publié une lettre ouverte à la ministre des Affaires sociales sur une page intitulée «Chère Eygló Harðar – La Syrie appelle». «Je souhaite recevoir un permis de résidence et de travail, ainsi qu’un numéro d’identification et des droits humains de base pour cinq Syriens», écrit l’auteure, expliquant qu’elle connaît quelqu’un «qui peut les loger et leur donner à manger» et qu’elle financera leur billet d’avion avant de leur faire découvrir son pays. «Les journaux disent que les Islandais peuvent envisager de recevoir 50 Syriens, cela ferait 55», ironise-t-elle pour souligner le faible nombre de réfugiés potentiellement accueillis sur les deux prochaines années.

À la suite de sa lettre, Bryndís Björgvinsdóttir invite ses concitoyens à se mobiliser s’ils souhaitent voir leur pays de 330.000 habitants accueillir davantage de réfugiés syriens. «L’objectif est de montrer au gouvernement que la volonté existe», écrit l’auteure. «En 1973, nous avons reçu 4000 réfugiés des îles», souligne-t-elle, en référence aux réfugiés islandais fuyant une éruption dans l’archipel des îles Vestmann. «Les réfugiés sont des ressources humaines, de l’expérience et des compétences.»

Logement, vêtements ou nourriture

Cet appel à se manifester a été lancé dimanche. En deux jours, plus de 12.000 personnes ont rejoint l’initiative. La plupart d’entre elles a partagé une lettre du même type, s’adressant à la ministre des Affaires sociales et proposant un espace pour vivre, de la nourriture, des vêtements ou tout simplement une aide logistique et personnelle pour l’arrivée d’un réfugié.

«Je souhaite volontiers offrir mes services, mon logement, de la nourriture, de l’amitié, du savoir et tout ce qu’il faut pour vivre sa vie», propose l’un. «Je cuisine toujours pour huit alors que nous ne sommes que cinq. J’offre autant de nourriture que nécessaire et tout autre soutien requis», annonce un aute. «Je propose une chambre de 20 m² pour une petite famille qui pourrait vivre avec nous pendant l’hiver», écrit encore une internaute. Autant d’initiatives qui emportent l’adhésion de nombreuses personnes: «Je n’ai rien à voir avec ce site mais lire tous ces messages me remplit d’espoir et de gratitude pour toutes ces personnes dont je ne connais rien», se réjouit un lecteur. En parallèle de cet afflux de volontaires pour une aide de tout type, plus de 8600 personnes affichent désormais leur soutien à une page créée vendredi et appelant à accueillir 5000 réfugiés au lieu des 50 prévus.

Un comité spécial envisagé

La ministre des Affaires sociales ainsi interpellée n’a pas tardé à réagir. Eygló Harðardóttir s’est officiellement prononcée en faveur d’un accueil plus important de réfugiés, sans toutefois avancer de chiffres. «Un logement inoccupé, une location gratuite, des personnes prêtes à travailler comme volontaires» peuvent participer à l’effort d’accueil et «cela augmente le nombre maximum de personnes que nous pouvons aider», a-t-elle affirmé, lundi, rapporte la chaîne publique RUV. «Encore une fois, si des personnes ont l’envie d’aider, nous avons besoin de cette aide», a-t-elle asséné.

Cet élan de solidarité citoyen a également poussé le premier ministre à réagir. Sigmundur Davíð Gunnlaugsson a fait savoir qu’il envisageait de «proposer l’établissement d’un comité spécial, composé de ministres, chargé de discuter le problème et d’évaluer dans quelle mesure les Islandais peuvent répondre [à l’afflux de réfugiés], de quelle façon nous pouvons contribuer du mieux possible», selon ses propos traduits pas le site d’informations Iceland Review. En réaction directe aux revendications exprimées sur les réseaux sociaux, le premier ministre a toutefois estimé que l’accueil de 5000 réfugiés n’était pas réaliste.

L’initiative islandaise reste surtout, pour l’heure, une déclaration d’intention. Un formulaire a néanmoins été mis en place pour collecter des informations sur les volontaires potentiels et permettre une meilleure organisation de l’aide disponible, ce qui laisse penser qu’un réseau de citoyens impliqués pourrait se mettre en place. Cette mobilisation a également eu un écho dans de nombreux pays qui ont repris l’information. D’autres initiatives de ce type avaient déjà vu le jour, en Allemagne notamment, où un site permet de mettre en relation des réfugiés et des personnes pouvant les héberger. Aucune de ces initiatives n’avait toutefois gagné le débat public jusqu’à engendrer un changement de position gouvernementale sur le sujet.

Blandine Le Cain

Le Figaro.fr

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