Le quartier juif du Puy-en-Velay au Moyen-Age était organisé de la rue des Farges au fond de la place Saint-Laurent aujourd’hui. La partie découverte de la vieille rue de la Juiverie est jusqu’à présent le seul vestige connu et la mairie a décidé d’y apposer une plaque commémorative.

Le dimanche 7 octobre à 11 heures, rue de la Juiverie au Puy, le maire Michel Chapuis et le président de l’Union des Juifs de France et leurs Amis, Jean-Maurice Saal, dévoileront une plaque « commémorative de la présence au Moyen-Age d’une communauté juive au Puy-en-Velay ».

La Juiverie, une rue souterraine millénaire

Cette présence est avérée depuis longtemps mais peu de vestiges sont parvenus à nous depuis le XIIème siècle. En 1999, dans les Cahiers de la Haute-Loire, le professeur François-Hubert Forestier est le premier à avoir redécouvert la rue de la Juiverie à l’époque moderne. Le regretté professeur d’université et collectionneur hors normes publie alors un remarquable dossier sur les juifs au Puy-en-Velay au Moyen-Age.

Il rassemble tous les documents écrits existants se rapportant à cette ancienne « terre des juifs », un quartier de la rue des Farges, dont la première trace écrite sur un parchemin remonte au début du XIIème siècle.

Un plan aérien du quartier, la rue de la Juiverie dans ses parties souterraines et aériennes au coeur de l’ancien quartier juif du Puy au Moyen-Age. Mais aucun vestige de synagogue ou de commerces cashers n’ont été découverts.

« Les rares traces écrites qui subsistent nous apprennent que, dès 1212, une communauté juive est regroupée au Nord Ouest de la ville, sur des terres disponibles qui s’étendaient dans la partie basse de la basse ville » écrit Forestier qui est logiquement persuadé que la présence est encore antérieure à cette date. Au Xème siècle, l’urbanisation de ces quartiers est à peine esquissée, elle ne se précisera qu’au XIIème siècle, justifiant alors la construction de remparts et l’assignation aux Juifs d’un domaine précis. Cette terre des Juifs, comprise plus tard dans l’île Paulhe, était à peine en retrait de la rue des Farges… ».

Rare vestige

Dans sa partie « haute », un des rares vestiges, la rue de la Juiverie, a disparu physiquement avec l’aménagement des jardins dans le Logis de la Pomme puis, et surtout, le percement de l’avenue de la cathédrale en 1932. La rue de la Juiverie a ensuite été démolie dans la cour d’une propriété privée au début de la rue mais elle réapparait encore aujourd’hui sous certaines caves, à 6 ou 7 mètres en dessous de la rue des Farges, sous des propriétés privées. Puis elle traverse ensuite les immeubles de toute la rue jusqu’à la rue de l’Ouche.

Photo Vincent Jolfre, dans une propriété privée de la rue des Farges.

Si vous jetez d’ailleurs un coup d’oeil, à l’angle de la rue des Farges et de l’Ouche, vous verrez, à gauche, une « Rue de la juiverie » signalée sur une plaque de voirie au mur. Quelques dizaines de mètres de rue ont en effet été ouverts à l’air libre à la fin des années 80 au gré des réhabilitations d’immeubles. Une petite voûte dans le mur du fond montre l’entrée de la partie souterraine de la rue.

Dès 1999, dans la conclusion de ses révélations, le professeur Forestier pose des questions qui restent très actuelles encore aujourd’hui car toujours sans réponse : « Où étaient le cimetière, la synagogue de la communauté juive ? La boucherie-haute, toute proche, avait-elle un lieu « kasher » ? Pas de trace. Les juifs ont été ensuite « chassés du royaume de France » et, depuis 1306, il n’y a eu pratiquement plus aucune présence importante et organisée dans la ville du Puy-en-Velay d’une communauté juive, hormis quelques rares familles. Voila pourquoi l’inititative d’une plaque commémorative sera saluée.

Pose d’une plaque commémorative de la présence au Moyen-Age d’une communauté juive au Puy-en-Velay, le dimanche 7 octobre, 11 heures, rue de la Juiverie (entre la rue des Farges et la rue de l’Ouche) au Puy-en-Velay.

Un projet de réouverture avorté dans les années 70

Au début des années 70, l’architecte des Bâtiments de France, Claude Perron, vient de terminer son travail pour le classement du secteur sauvegardé de la ville du Puy. Il a étudié les maisons, particulièrement la rue des Farges et il propose des préconisations pour la préservation et la protection du patrimoine bâti. La rue de la Juiverie l’intéresse. Il pense qu’il faut la rouvrir et propose que la ville annexe à nouveau cette ancienne voirie médiévale pour la montrer au public. Mais c’est un sujet délicat dans le quartier à l’époque. Le percement de l’avenue de la cathédrale en 1932 a annexé des propriétés et l’idée d’une nouvelle révolution urbanistique n’enchante pas tous les propriétaires. Le projet est d’échanger des parcelles mais certains habitants s’y opposent fermement. Le lobbying réussit et le projet de réouverture de la rue de la Juiverie ne verra finalement jamais le jour.

Julien Bonnefoy, photos Vincent Jolfre.

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