En reconnaissant un Etat palestinien le 13 mai le Vatican vise à garantir la présence des chrétiens dans le berceau de leur foi. Cette reconnaissance est le point d’ un lobbying intense de la papauté.

Dès le début de son pontificat, le pape Francis n’a pas hésité à prendre position dans la politique sanglante du Moyen-Orient, à commencer par son appel à un jour de jeûne de prière en Septembre 2013, pour protester contre les frappes militaires américaines contre la Syrie. Depuis lors, il a reconnu le massacre arménien de 1915 comme un génocide et à plusieurs reprises appelé à la paix dans la région, le tout dans le but de désamorcer les conflits qui menacent de déchirer une riche mosaïque de cultures dans lesquelles les chrétiens ont autrefois prospéré.

« Nous ne pouvons pas nous résigner à un Moyen-Orient sans chrétiens, qui ont professé le nom de Jésus dans cette région depuis 2.0000 ans, a confié le pape au  » The New York Times, lors de sa visite en Turquie l’an dernier. À d’autres moments Francis a cherché à mettre en évidence l’importance de la diversité religieuse et ethnique de façon plus générale. Nassif Hitti, l’ambassadeur de la Ligue arabe à Rome et au Vatican, a déclaré que son objectif a été de trouver des solutions aux conflits qui couvaient depuis longtemps et qui ont alimenté l’extrémisme et l’intolérance religieuse dans toute la région.

« Il y a un sentiment que la situation au Levant est extrêmement dangereuse pour les minorités, et le Vatican a des responsabilités – non seulement spirituelles, mais aussi d’agir comme un état qui a des relations avec tout le monde, » explique Hitti, également membre du conseil d’administration d’Al-Monitor. « Bien sûr, le pape est extrêmement vigilant sur ces questions, et la raison sous-jacente est d’éviter que le danger de voir la situation actuelle perdurer ce qui pourrait conduire à la catastrophe. » Les observateurs du Vatican disent que la personnalité du pape, son expérience des Jésuites et la situation géopolitique se conjuguent pour expliquer son affirmation de ses convictions, et ses efforts ont portés leurs fruits pour rétablir les relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis.

« Il agit selon la spiritualité jésuite [qui] dit que vous devez être un contemplatif dans l’action: Quelqu’un qui prie beaucoup, mais en même temps qui est très impliqué dans le monde, » a dit le représentant Juan Vargas, D-Calif, un législateur américain, qui a passé cinq ans dans un monastère jésuite.  » Il y a aussi d’autres notions pratiques, je pense qu’il est très, très préoccupé par les chrétiens et la situation du christianisme au Moyen-Orient – il n’y a aucun doute à ce sujet, et le fait qu’ils sont massacrés en Irak ailleurs.». Ses efforts lui ont valu des comparaisons avec la navette diplomatique du Pape Jean-Paul II entre l’Est et l’Ouest à la fin de la guerre froide. Ils ont également reçu leur juste part de critiques: les sceptiques ont souligné que Bachar al-Assad a été en mesure d’utiliser les appels du pape pour la paix pour se faire passer comme le défenseur des chrétiens; La Turquie a rappelé son ambassadeur au Vatican après les propos du pape sur le génocide arménien ; et Israël et ses alliés américains n’ont pas perdu un minute pour dénoncer la récente annonce d’un traité pour reconnaître un Etat palestinien.

Pour Vargas il s’agit d’une « terrible erreur de reconnaître un Etat palestinien qui n’existe pas. » Et il a dit aussi que sa prise de position sur le dossier Syrie a également mis de nombreux législateurs dans l’embarras, puisque les frappes américaines prévues étaient de représailles contre Assad qui avait possiblement utilisé des gaz toxiques contre des civils. «Une des choses qui est difficile à comprendre c’est que sa logique est simple : il ne croit pas à la guerre », a déclaré Vargas. « Dans certains cas vous serez d’accord avec lui, dans d’autres cas moins, mais je pense qu’il est en accord avec ce que lui dicte sa spiritualité jésuite. » Hitti décrit la déclaration du pape sur le génocide arménien comme preuve d’une «nouvelle affirmation du Vatican pour appeler un chat un chat. » Il a également fait de la lutte contre le terrorisme une question clé, souligne Hitti, non seulement par la force militaire si nécessaire, mais aussi par des réformes socio-économiques, éducatives, culturelles et même religieuses. D’une certaine manière, Francis avance d’autant plus que d’autres pays sont attentistes, que ce soit pour faire cesser la guerre civile en Syrie ou pour relancer le processus de paix israélo-palestinien qui est au point mort.

«Parfois, dans les discussions avec certains responsables du Vatican il évoquent les conflits gelés, ce qui veut dire qui ne vont pas dans le sens d’un règlement », explique Hitti. « C’est inacceptable. Un certain niveau de violence est de plus en plus banalisé, ce qui est extrêmement dangereux. Voilà le message qu’ils veulent faire passer à tous les ambassadeurs et fonctionnaires qui ont leur mot à dire dans les affaires de la région. »

Julian Pecquet – correspondant au Vatican – al Monitor – adaptation JForum

 

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Armand

Un pape reste un pape .

C’est dans leur genes depuis qu’ils se sont accapares J.C pour l’utiliser contre son propre Peuple , le Peuple Juif ,