60.000 Palestiniens combattent pour Assad et le Hezbollah

L’émergence des « Forces de Galilée » – forces palestiniennes combattant aux côtés du Régime Syrien. 

Au cours de ces dernières semaines, des batailles féroces ont fait rage sur plusieurs fronts, entre, d’un côté les forces syriennes et leurs partisans et, de l’autre, l’opposition syrienne, depuis Idlib, dans le nord de la Syrie jusqu’à Rif Dimashq , au sud des monts Qalamoun sur la frontière libanaise. Les deux camps perçoivent ces campagnes comme hautement cruciales qui détermineront le vainqueur de la guerre, maintenant entrée dans sa cinquième année, et chaque camp envoie de plus en plus de troupes dans ces zones.  

En supplément du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique d’Iran (CGRII), le Hezbollah libanais et les milices chiites d’Irak, d’Afghanistan et du Pakistan, les forces palestiniennes combattent aussi aux côtés du régime syrien[1]. Selon le site internet des Forces de la Révolution syrienne, les principales forces palestiniennes du côté du régime comprennent les 60.000 membres de l’Armée de Libération Palestinienne -« la branche armée de l’OLP » – et Liwa al Quds, conduite par Muhammad Sa’id, qui comprte plusieurs milliers de résidents des camps de réfugiés palestiniens près d’Alep[2]. 

Cette fidélité palestinienne envers le régime Assad n’est pas une surprise, à la lumière du fait qu’au fil des ans, la Syrie a servi de base et de refuge pour les groupes armés laïcs palestiniens et, jusqu’à très récemment, pour les groupes isalmistes, tels que le Hamas. A l’inverse du décor qui a servi de toile de fond aux combats dans le camp de Yarmouk, près Damas, et à l’entrée de l’Etat Islamique dans ce camp, l’alliance entre le régime syrien et les groupes armés palestiniens s’est encore resserrée, et l’Autorité Palestinienne (AP) a même annoncé qu’elle soutient les actions du régime concernant ce camp de réfugiés[3]. .

Au cours des derniers jours, un nouveau groupe palestinien, les Forces de Galilée (Quwat Al-Jalil) ou la Brigade Galilée (Liwa Al-Jalil) est apparu et combat aux côtés du régime syrien à Qalamoun et Rif Dimashq ; ce groupe est la branche armée du Mouvement de Jeunesse pour le Retour et il est commandé par Fadi al-Mallah, alias Abu al-Fidaa. 

Le Mouvement Palestinien de Jeunesse pour le Retour. 

Le Mouvement Palestinien de Jeunesse pour le Retour, dirigé par Al-Mallah, a été fondé à Damas, le 12 mai 2012, un an après l’éclatement des émeutes contre le régime, qui depuis lors, a évolué vers la guerre totale. La fondation de ce mouvement a aussi coïncidé avec l’anniversaire de la Nakba palestinienne. 

A gauche : l’Emblème du Mouvement de la Jeunesse Palestinienne pour le Retour. A droite : le Badge à l’épaule des Forces de Galilée

Quelques jours après la création de ce mouvement, al-Mallah a déclaré qu’il « disposait d’une large base populaire en Syrie et en Palestine occupée » et qu’il exigeait la réalisation des objectifs nationaux palestiniens par la libération de la Palestine et de toutes les terres occupées dans le foyer arabe, par tous les moyens et toutes formes de lutte, essentiellement par la lutte armée ». Il a insité sur le fait que le mouvement n’avait aucune relation avec aucun autre mouvement ou parti[4]. 

La page Facebook du mouvement s’illustre de photos de villes, à la fois, des territoires palestiniens et en Israël, telles que Jaffa, Haïfa, Safed/Sfat,qui, avant 1948 étaient des centres urbains arabes importants, avec la légende : « Voici ce que nous n’oublions pas[5]« .

A gauche : Safed; A droite: « Voici Haïfa… et les pierres parlent »

A côté de déclarations insistant sur le désir et l’aspiration à réaliser le droit au retour des Palestiniens, les membres de la Jeunesse Palestinienne expriment un soutien sans bornes au régime syrien. Dans une interview avec le site internet syrien nuss.sy, quelques jours après la création du mouvement, al Mallah  » la position ferme tenue par le peuple arabe syrien et la sagessse du Président Bachar al Assad », ajoutant que « Le chemin du retour commence à Damas[6]« . 

Le 21 mai 2014, le mouvement a diffusé une déclaration de soutien inconditionnel aux élections présidentielles organisées par le régime syrien et les a désignées comme « la voie véritable et légitime pour préserver l’unité de la Syrie – le symbole de la Résistance »[7]. En outre, en août 2014, au paroxysme des combats à Gaza, les membres du Mouvement ont participé à une collecte de sang en faveur de l’armée syrienne [et non des Palestiniens de Gaza, par exemple]. Selon Al Mallah : « chaque goutte de sang donnée à l’armée arabe syrienne est une donation en faveur dse Gaza l’héroïque… Les dons de sang palestinien sont un gage de réciprocité pour la Syrie et ses enfants… qui ont tout fait pour les Palestiniens et leur Cause au cours de ces dernières décennies[8]« . 

Les Forces de Galilée – La Branche armée du Mouvement des Jeunes Palestiniens pour le Retour.

Comme on l’a noté, le soutien du Mouvement des Jeunes Palestiniens pour le Retour au régime syrien a récemment pris un nouveau tour, par la création de sa branche militaire, les Forces de Galilée. Sur la page Facebokk des Forces de Galilée, Al Mallah est décrit comme « Notre Commandant et notre plus jeune frère aîné, qui nous a enseigné le sens du sacrifice et les leçons de fidélité[9]« . 

Fadi Al-Mallah

Les Forces de Galilée se perçoivent comme faisant partie intégrante de l’axe de la Résistance. Dans un message sur Facebook, le groupe déclare : « Nous sommes les fils de Galilée, d’Acre, de Haïfa, de Ramla, de Safed, d’ Al-Ja’una, Semakh, Yazour, et Lod. Nous sommes les fils du Golan, de Sheba’a Al-Hamadiya et Majdal. Nous sommes les Forces de Galilée, les descendants d'[‘Izz Al-Din] Al-Qassam, d'[Haj Amin] Al-Husseini, [et de Raghib] Al-Nashashibi. Les descendants  de [Yahya] ‘Ayyash, [Fathi] Al-Shaqaqi, et [Ahmad] Yassin… Nous sommes les frères de Bachar al Assad et les fils d’Hassan Nasrallah et d’Abd Al-Malik Al-Houti. Nous sommes les frères d’Imad Moughniyeh[10]. »

Selon la page Facebook de ce groupe, sa principale activité se situe sur le Qalamoun, où le régime et ses partisans mènent des batailles sanglantes contre l’opposition sous le leadership du « Jaish Fath Al-Qalamoun. »[11]. Cette page a récemment mis en ligne une vidéo de’Al-Qalamoun, datant du 4 mai 2015, montrant les membres des Forces de Galilée portant les corps de « terroristes » anti-Assad. De plus, le 14 mai 2015, la page Facebook mentionnait qu’une unité des Forces de Galilée – la Brigade Al-Basel- avait participé à la bataille de Tal-Moussa sur Al-Qalamoun, quelques jours auparavant, qui s’est achevée en victoire. 

La Brigade Al-Basel après la victoire àTal Moussa

Les Forces de Galilée combat aussi aux côtés du régime syrien à Rif Dimashq. Une vidéo récente postée sur la page Facebook du groupe illustre « une des opérations de l’unité de production d’armement de la Brigade de Galilée, avec les forces nationales de défense et l’armée arabe syrienne12]« . 

Sources du Hezbollah : Les plans de bataille pour la prise d’al-Qalamoun sont aussi applicables en Galilée. 

Les rapports indiquant que les Forces de Galilée se joignent au combat d’Al-Qalamoun aux côtés du Hezbollah et du régime syrien sont apparus en même temps que des rapports dans la presse arabe, qui relient le combat présent dans cette zone à une bataille future entre le Hezbollah et Israël en Galilée. Un responsable de haut-rang du Hezbollah Hashem Safi Al-Din a déclaré que « La résistance peut dupliquer sa nouvelle expérience acquise sur les montagnes d’Al Qalamoun et en Syrie en Galilée[13]« . 

Des responsables du Hezbollah ont confié au quotidien koweitien Al-Rai que le plan opérationnel mis en oeuvre sur Al-Qalamoun est aussi applicable en Galilée, « où le front intérieur derrière les lignes de défense sera attaqué, et toutes les positions militaires, avant-postes et concentrations de forces seront bombardés jusqu’au moment du contact direct soit atteint par une attaque directe contre les implantations et positions militaires. 

« Ces sources ont ajouté que le cercle dirigeant du Hezbollah attendait de connaître les résultats de la bataille d’Al-Qalamoun, dans le but d’en tirer les enseignements et d’améliorer les performances de ses troupes. Ils ont évalué que la guerre en Galilée sera plus facile que la guerre sur le Qalamoun, où le Hezbollah combat des forces inspirées d’une foi profonde qui les pousse à se battre jusqu’à la mort, « à la différence de l’armée israélienne[14]« . 

Le quotidien libanais Al-Safir, réputé être un chaud partisan du Hezbollah, a écrit que la prise de Tel-Moussa, l’un des sommets les plus élevés de la châine montagneuse d’Al-Qalamoun, par cette organisation est, entre autres choses, « un message à l’intention d’Israël, pour dire que la résistance [le Hezbollah] est un bien meilleure forme que jamais et que la guerre en Syrie ne l’a pas épuisé, mais n’a fait que le renforcer et améliorer ses capacités… ».  

Ce quotidien ajoute : « Les actions du Hezbollah sur les monts Qalamoun peuvent être une répétition d’un scénario identique qui peut être déployé en Haute-Galilée occupée, dans toute guerre future qui puisse survenir. [15] le reporter d’Al-Safir, Khalid Harb prétend que, par ses victoires sur Al qalamoun, dans les zones d’Al-Qusayr et de Homs, le Hezbollah s’est taillé « une profondeur stratégique en vue de tour conflit ultérieur avec Israël, qui offrira à la résistance un axe doté d’options plus larges dans le domaine… Un autre message… adressé aux généraux israéliens est celui-ci : Jusqu’à quel point le terrain en Galilée est-il moins difficile que le terrain d’Al-Qalamoun[16]? »

On doit remarquer que le Secrétaire-Général du Hezbollah, Hassan Nasrallah avait, préalablement, menacé – plus récemment, en janvier 2015 – que, lors de la prochaine guerre avec Israël, le Hezbollah occupera la Galilée[17]. 

Quoi qu’il en soit, on ne peut pas écarter qu’il s’agisse d’une tentative du Hezbollah pour justifier les combats sur le mont al Qalamoun, où il subit de lourdes pertes, et pour défendre cette participation aux yeux du noyau dur de ses partisans, en prétendant que c’est, en réalité pour forger son expérience en vue d’une future guerre contre Israël en Haute-Galilée. 

memri.org

Adaptation : Marc Brzustowski

Endnotes:

 

[1] See MEMRI Inquiry & Analysis Series Report No. 1157, Iran Tightens Its Grip On Syria Using Syrian And Foreign Forces, May 5, 2015.

[2] Rfsmediaoffice.com, May 13, 2015.

[3] In early May 2015, a PA delegation headed by Fatah Central Committee member Zakaria Al-Agha visited Damascus to discuss ways of dealing with the crisis caused by ISIS’ infiltration of the Al-Yarmouk refugee camp. In a meeting with Syrian Deputy Foreign Minister Faysal Al-Miqdad, Al-Agha mentioned the depth of strategic relations between the Palestinian and Syrian leaderships and their agreement on the methods to deal with the crisis in the camp. He further said that the PA supports steps taken by the Syrian government to defend its land and people. SANA news agency (Syria), May 5, 2015. The extent of Palestinian involvement in the Syrian arena can be seen by the part Palestinian President Mahmoud ‘Abbas played in securing the release of two Swedish citizens who were captured by Jabhat Al-Nusra in April 2015. Dp-news.com, April 26, 2015.

[4] Nuss.sy, June 2, 2012.

[5] Facebook.com/althwra, April 30, 2015.

[6] Nuss.sy, June 2, 2012.

[7] Facebook.com/SyriaTVChannels, May 21, 2014.

[8] Dampress.net, August 11, 2014.

[9] The Galilee Forces Facebook page, May 11, 2015.

[10] The post includes a list of towns in pre-1967 Israel, some of which appear under their Hebrew names and some under their Arabic names, as well as the names of commanders of Palestinian organizations that fought Israel over the years and the names of elements related to the resistance axis.

[11] Jaish Al-Fath is a coalition of opposition factions formed in March 2015 comprising Al-Qaeda’s Syrian affiliate Jabhat Al-Nusra and other factions, both Islamist and moderate.

[12] Facebook.com/ /pages/1579316665649427, April 26, 2015.

[13] Al-Mustaqbal (Lebanon), May 19, 2015.

[14] Al-Rai (Kuwait), May 14, 2015.

[15] Al-Safir (Lebanon), May 14, 2015.

[16] Al-Safir (Lebanon), May 14, 2015.

[17] Almayadeen.net, January 14, 2015.