L’Ukraine revendique une attaque sur une base russe en Syrie : les drones au cœur des tensions
Dans un développement significatif des conflits contemporains, l’armée ukrainienne a annoncé avoir mené une opération audacieuse contre une base militaire russe située en Syrie, dans les environs d’Alep. Cette attaque, revendiquée par les forces spéciales de la Direction générale des renseignements ukrainiens (HUR), s’inscrit dans une série d’opérations visant les intérêts russes au-delà du théâtre ukrainien.
D’après une source au sein du HUR, l’opération a spécifiquement visé une installation utilisée par les forces russes pour la fabrication et le test de drones de combat. La base, localisée dans la banlieue sud-est d’Alep, aurait également servi à stocker des explosifs et du matériel militaire destiné à alimenter les opérations russes en Syrie et potentiellement ailleurs.
Des images exclusives obtenues par le Kyiv Post montrent un drapeau ukrainien du HUR flottant près d’un bâtiment russe avant qu’une explosion retentisse, détonnant des munitions sur place. Selon des analystes ayant examiné la vidéo, il est probable que l’explosion ait été causée par une balle bien placée qui aurait activé des explosifs déjà présents à l’intérieur, et non par une roquette, comme cela aurait pu être supposé initialement.
Cette frappe constitue une nouvelle étape dans la guerre des drones et des explosifs improvisés, un domaine où la Russie et ses alliés sont de plus en plus actifs. La base aurait servi à camoufler des engins explosifs improvisés (EEI) dans des drones, une pratique devenue fréquente dans les conflits modernes.
La Russie, acteur majeur du conflit syrien depuis son intervention en 2015 pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, maintient une présence militaire considérable dans la région. Cependant, depuis le début de la guerre en Ukraine, une partie des forces russes stationnées en Syrie a été redéployée pour renforcer les opérations en Ukraine. Ce transfert de troupes pourrait avoir affaibli la position russe en Syrie, ouvrant la voie à des frappes ukrainiennes audacieuses sur leurs installations militaires.
Les attaques ukrainiennes ne se limitent pas au sol syrien. Déjà en juin, les forces spéciales ukrainiennes avaient mené une opération dans la région disputée du plateau du Golan, une zone où la Russie tente de maintenir son influence. Ce théâtre syrien, tout comme d’autres régions stratégiques où Moscou est impliqué, devient un terrain d’affrontements indirects entre l’Ukraine et la Russie.
L’Ukraine, sous la direction du lieutenant-général Kyrylo Budanov, chef du HUR, a adopté une approche offensive dans la poursuite des responsables militaires russes à l’étranger. En mai 2023, Budanov a déclaré que les criminels de guerre russes seraient traqués « partout dans le monde », une promesse que l’Ukraine semble tenir avec une intensité croissante. En plus des frappes en Syrie, les forces spéciales ukrainiennes ont pris pour cible des mercenaires pro-russes, notamment ceux affiliés au groupe Wagner, non seulement en Syrie, mais aussi dans des régions aussi éloignées que le Soudan et d’autres pays d’Afrique.
Ces mercenaires, souvent recrutés via des centres de mobilisation mis en place par la Russie en Syrie, sont employés pour renforcer les troupes russes en Ukraine. Ce double front — en Syrie et en Ukraine — montre que le conflit entre Kyiv et Moscou dépasse désormais les frontières de l’Europe de l’Est et s’étend à des zones stratégiques dans le monde entier.
L’opération menée par l’Ukraine met en lumière la vulnérabilité des installations russes dans des régions éloignées, en particulier à un moment où Moscou doit répartir ses forces entre plusieurs fronts. Si la Russie a pu maintenir sa position en Syrie pendant près d’une décennie, l’intensification des attaques ukrainiennes pourrait remettre en question la stabilité de sa présence militaire dans ce pays.
Alors que la guerre en Ukraine continue de s’intensifier, les attaques comme celle d’Alep montrent que l’Ukraine ne se contente plus de défendre son territoire, mais cherche activement à perturber les opérations militaires russes là où elles sont le plus vulnérables. Cette stratégie, combinée à l’utilisation de technologies modernes comme les drones, redessine les contours des conflits actuels et ouvre de nouvelles perspectives sur l’évolution de la guerre hybride entre ces deux nations.
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