Les juifs en France durant les années Mitterrand (1)

Il y a quarante ans, François Mitterrand devenait le premier président socialiste de la Ve République. Jforum revient sur les années Mitterrand en relatant l’histoire des relations entre les Juifs de France et le président socialiste lors de son premier mandat: de la rupture..

Dans les rapports entre les Juifs français et le nouveau pouvoir, les années 1980 sont marquées par des moments de réconciliation et désillusion.

Aux élections présidentielles de 1981

Aux élections présidentielles de 1981, ils votent massivement pour le candidat socialiste Mitterrand afin de sanctionner le président sortant Giscard d’Estaing. Selon Guy de Rothschild :
« Mitterrand a tout fait ce qu’il fallait pour gagner les voix de la communauté juive. Il a fait des efforts méritoires et intelligents. Et comme en France la communauté juive est toujours prête à croire que la gauche la protège. »

François Mitterrand en meeting en avril 1981.

Les Juifs français sont persuadés que la rupture avec le pouvoir politique n’est plus qu’un mauvais rêve, que le nouveau président les comprend. Mitterrand est alors considéré comme l’ami des juifs, c’est l’anti-Giscard : celui qui a combattu la politique étrangère giscardienne, en 1975 il a condamné la politique anti-israélienne menée par l’ONU, en 1980 il est présent physiquement sur les lieux de l’attentat contre la synagogue de Copernic pour marquer sa solidarité avec le monde juif. En outre il a approuvé les accords de Camp David signés par les dirigeants égyptien et israélien. De façon plus large Mitterrand semble vouloir normaliser les relations franco-israéliennes.

Mitterrand a, autour de lui, un entourage important de personnalités juives comme Jacques Attali, Robert Badinter, Roger Hanin et Françoise Castro-Fabius.

 

Jusqu’à sa mort, le 28 mai 1979, son ami d’enfance Georges Dayan l’accompagne dans ses combats politiques. De façon générale le monde juif autour du président devient visible et expressif. A peine installé, dès le 25 mai 1981, Mitterrand indique qu’une visite officielle en Israël fait partie de ses priorités diplomatiques : ce premier voyage à l’étranger est prévu pour le mois de mars 1982. Ainsi une véritable idylle commence entre le nouveau président et la communauté juive.

Voyage historique en Israël

Lors de son voyage historique, Mitterrand à la Knesset retrace dans son discours les liens entre son histoire et sa complicité avec le judaïsme :
« Nous, la France nous ne ménageons plus guère nos efforts pour que le droit d’Israël à l’existence soit universellement admis et pour qu’il soit reconnu du même coup son droit à obtenir les moyens de cette existence. »

 

Il admet aussi que la France s’est mal conduite envers Israël, cela n’empêche pas de s’en prendre à la politique israélienne conduite par Begin. Il dénonce enfin toute la gauche occidentale, qui s’est opposée aux accords de Camp David, qui a caricaturé Israël au point de le diaboliser. A ce moment là Mitterrand semble apaiser les Juifs de France.

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L’attentat de la rue des Rosiers

Un premier soubresaut a lieu au moment des obsèques des victimes du sinistre attentat de la rue des Rosiers du 9 août 1982. En participant à la douleur des Juifs français, Mitterrand veut désamorcer toute mauvaise polémique qui chercherait à expliquer le crime par la position française envers la guerre israélo-libanaise. Le gouvernement israélien ne se prive pas alors de critiquer le double sauvetage au Liban de Yasser Arafat par les troupes militaires françaises.

Le 27 novembre 1984, à Damas, il répéta au président syrien, Hafez el-Assad: «La France a de bonnes relations avec Israël, ce qui ne veut pas dire qu’elle approuve toutes les actions entreprises par ce pays.» Enfin et surtout, en mai 1989, dans une rencontre très émouvante avec Yasser Arafat, la première d’un dirigeant occidental avec le chef palestinien, il expliqua: «En 1947, nous avons reconnu l’Etat d’Israël et nous sommes restés fidèles à cela. Je fais la part des sentiments qui sont les vôtres, qui sont honorables. La réalité politique est que nous avons reconnu un Etat, et pas nécessairement sa politique. Cet Etat existe. C’est en 1982 que je suis allé en Israël. Les Israéliens n’ont pas écouté ce que je disais, ils ne voyaient que l’image. Les Arabes aussi. Alors que j’ai dit en Israël que les Palestiniens ont droit à une patrie. Aujourd’hui, une partie de la presse et de l’opinion juives se souvient de cette image, mais elles n’ont pas écouté ce que je disais. Israël doit sentir à la fois que la France est très vigilante pour sa sécurité et qu’elle reconnaît le droit des Palestiniens, peuple exilé, à revenir sur leur sol.»

Ainsi, il ne leva l’embargo sur la livraison d’armes à Israël, imposé en 1967, avant la guerre de Six Jours, par le général de Gaulle, qu’en 1993, sous le gouvernement Balladur, parce que la paix était alors en vue. Pour lui, la paix ne pouvait d’ailleurs être construite qu’à partir d’une négociation directe entre les belligérants. Pas par une conférence globale imposée par les Grands. Ni même par le truchement d’un intermédiaire, fût-il français.

Dès 1986, la France demande le retrait des soldats israéliens du Liban Sud. Trois ans plus tard, Yasser Arafat, le président de L’OLP effectue une visite officielle à Paris, ce qui suscite les protestations des dirigeants de la communauté juive française. La belle histoire d’amour entre les juifs français et le pouvoir politique commence à déraper. A suivre  

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Serge0255

Après avoir été un militant du PS, dès 1979. Après avoir activement participé à la campagne présidentielle de 1981 et 1988, pour moi aujourd’hui et depuis environ 30 ans, mitterand (sans majuscule) est l’ami de bousquet (toujours sans majuscule). C’est la seule chose que je retiens.

Yéochoua Sultan

On récolte ce que l’on sème. Il a voulu une patrie arabe au détriment d’Israël, or c’est aujourd’hui ce qu’il se passe chez lui.

Jg

Ah si on avait écoute tous ses illustres présidents ! Il n est pas trop tard ,il reste encore Macron ! Vite car bientôt ce sera Mohamed a la mosquée de l elysee .