Le Cantique des Cantiques (1860) Du lyrisme amoureux au lyrisme religieux et l’Ecclésiaste (1882) selon Renan (Folio, Gallimard)

Est-ce un signe si Renan a travaillé sur l’Ecclésiaste une petite dizaine d’années avant sa mort ? Dans sa biographie de l’auteur, parue deux ans après sa disparition, Mary James Darmsteter consacre à ce travail sur Qohélét un sympathique petit chapitre intitulé l’Ecclésiaste en démocratie. Elle y évoque, entre autres, les deux tentatives électorales infructueuses de Renan. On y sent une nette identification de Renan avec son sujet, un homme apaisé, comme l’Ecclésiaste lui-même, revenu de tout ou presque et qui envisage la mort avec sérénité. Pas de fanatisme, pas de mysticisme, pas d’échauffement pour rien puisque tout est vanité. L’Ecclésiaste devient un guide vers la vertu, un modèle à suivre ici-bas.

Avant de donner la parole à Renan, il convient de résumer les résultats de la recherche contemporaine sur ce même livre. L’excellent ouvrage de Choon-Leone Seow nous en offre la possibilité car il est à la fois récent, très bien informé et bien écrit. L’auteur rappelle que la canonicité de l’Ecclésiaste doit beaucoup aux efforts déployés par les adeptes de Hillel contre la tendance juive opposée de l’époque du synode de Jabné (vers 90 de notre ère) en vue d’obtenir l’adoption de ce livre (Sahbbat fol. 30b) Depuis Flavius Josèphe, nous savons que ce livre occupe l’avant-dernière place dans la troisième section de la Bible hébraïque, celle des écrits hagiographiques (ketubim). Comme l’avait relevé Heinrich Grätz, le père de l’historiographie juive moderne, dans son livre sur Kohélét parue en 1871, la traduction grecque de ce livre dans la Septante est due à Aquila, un converti juif qui fut l’un des disciples de Rabbi Aqiba (vers 130 de notre ère). Même si la traduction latine fut assez tardive, en raison, justement, des hésitations inspirées par le statut particulier de ce livre, d’autres transpositions eurent lieu, notamment en éthiopien, araméen et en arabe (par Saadia Gaon). La partie la plus instructive de cette belle introduction de Seow est consacrée aux aspects linguistiques et philologiques. Au cours de la seconde partie du XIXe siècle, le grand orientaliste allemand Franz Delitzsch soulignant dans son étude sur ce livre et sur le Cantique des Cantiques l’aspect invraisemblable de la paternité littéraire de Salomon. Une telle hypothèse, ajoutait-il, ruinerait les fondements mêmes de toute philologique hébraïque ; en effet, comment expliquer alors, dans le cadre d’une telle hypothèse, l’influence perse, araméenne, phénicienne etc…
Les termes pardes (Eccl.2 ;5) et pitgam (8 ;11) trahissent une proximité à la Perse. Les aramaïsmes sont nettement plus nombreux : des termes comme heshbon (compte, calcul), ytron (avantage, gain), hesron (défaut, déficit, manque), nekhasin (des biens, des possessions) et surtout la racine shalat avec ses dérivés (shalit, notamment) doivent être pris en considération dans ce cadre. Ce dernier terme qu’il faut traduire dans ce contexte précis comme la faculté de disposer légalement d’un bien ou d’une prébende, insinue l’existence d’un système fiscal très développé. On comprend mieux, dans ce cas, les constats désabusés de l’auteur (5 ;10) lorsqu’il dit que celui qui aime l’argent n’est jamais rassasié… Mais il y a mieux encore : le terme tahana (la meule ; 12 ;4) est rare dans l’hébreu biblique classique et de nombreux passages comme Exode 11 ;5 Nombres 11 ;8 Dt. 24 ;6 portent plutôt la mention rehayim. Pour désigner le temps ou l’instant, la Bible hébraïque utilise dans sa haute époque, avant l’exil, le terme mo’éd alors que l’Ecclésiaste s’en réfère très souvent au zeman… qui trouve naturellement sa place dans des écrits tardifs comme le rouleau d’Esther, les livres d’Ezra et de Néhémie.
L’expression récurrente, vingt-neuf fois dans ce livre, sous le soleil (tahat ha-shémésh) est inhabituelle dans le corpus biblique qui lui préfère l’autre formule, sous les cieux, tahat ha-shamayim. Seow résume aussi les grandes lignes des analyses de Delitzsch, publiées dans son livre en 1875. Ce sont des indices linguistiques qui indiquent tous une datation tardive, en tout état de cause, post-exilique. En hébreu biblique classique, le pronom qui introduit une proposition du même nom et qui est donc toujours pourvu d’un antécédent se dit acher ; dans un niveau de langue moins soigné et en tout état de cause, plus tardif, ce pronom est contracté en shé, qui se rencontre dans la littérature postexilique et surtout dans les commentaires rabbiniques (midrash, talmud, halacha). Sur les 136 occurrences de cette forme cursive dans l’ensemble de la Bible hébraïque, la moitié se retrouve dans le seul livre de l’Ecclésiaste. Ce qui est considérable !
La langue biblique classique utilise le vocable anokhi pour désigner la première personne du singulier. C’est une forme emphatique mais c’est elle qui, par exemple, ouvre le Décalogue. L’autre formule, en usage dans l’hébreu moderne contemporain, se dit ani. Elle connaît vingt-neuf occurrences dans notre livre alors que la formule classique n’apparaît jamais. Un autre détail linguistique n’a pas laissé d’intriguer ce grand philologique orientaliste que fut Delitzsch, c’est l’usage de la préposition ét qui introduit généralement le cas de l’accusatif en hébreu et est suivi de l’article défini. Ceci est si vrai que même un exégète aussi érudit que Rabbi Aqiba recommandait d’interpréter tous les ét (kol ha-ittim) de la Tora. Eh bien, dans l’Ecclésiaste on trouve maints exemples où ce n’est pas le cas : et nirdaf (au lieu de et ha-nirdaf 3 ;15) ; et kol ‘a mal au lieu de et kol ha’amal 4 ;4).
Le pronom démonstratif au féminin se dit en hébreu soit zo ou zot. C’est toujours la première formule qui est choisie dans l’Ecclésiaste et ce choix pourrait avoir été dicté par un usage dialectal en vogue à une époque tardive. Nous trouvons aussi un autre indice propre à l’Ecclésiaste, il s’agit de l’opérateur négatif qui se dit en hébreu classique lo ou bilti. Mais ce livre jette son dévolu sur une autre formule qui est eyn : là où le Deutéronome ou l’Exode utilisent lo, notre livre opte délibérément et constamment pour eyn. Le verset de Samuel (I. 9 ;7) n’infirme pas cette règle en disant qu’il n’y rien (eyn lehavi) à apporter à la maison de Dieu.
Enfin, une autre expression suscite notre curiosité en raison de son caractère plutôt inhabituel : pour dire prêter attention, l’hébreu biblique utilise la formule la-sim lév alors que l’Ecclésiaste préfère la-tét lev… Au terme de ces analyses, Seow conclut que le livre a dû connaître une phase cruciale de sa rédaction à l’époque de la domination perse en Palestine. Ce qui ne nous éloigne pas des conclusions auxquelles Renan est parvenu puisqu’il avait, lui aussi, utilisé les travaux de ses collègues allemands Grätz (1871) et Delitzsch (1875). Le philosophe-historien avait lui aussi relevé (voir infra) que le texte commence par osciller entre la première personne, issue d’une autobiographie fictive et la troisième, celle d’un narrateur plus objectif. A partir du chapitre IV, il ne s’embarrasse plus de cette précaution oratoire.
Dans cette étude si fouillée, Seow consacre quelques lignes à la numérologie. Calculant la valeur numérique du terme hévél qui est 37 (pluriel havalim), vanité en hébreu, il relève que c’est exactement le même nombre d’occurrences de ce terme dans ce livre. Le terme hébraïque pour les «paroles» à l’état construit, divré, a pour valeur numérique de ses lettres 216. Selon Seow, c’est exactement le nombre de versets de l’Ecclésiaste, si l’on exclut l’épilogue qui est un ajout ultérieur notoire. La même correspondance se retrouve entre la valeur numérique de l’expression hévél havalim, ha-kol havel : vanité des vanités, tout est vanité et le nombre de versets du livre, l’épilogue non inclus.
Quelle est, en définitive, l’idéologie de l’auteur et quel message veut-il nous transmettre ? Il y a, ici aussi, des contradictions si l’on tient compte de tout le texte : car, tout en affirmant sans cesse que la sagesse est supérieure à la bêtise ou à l’ignorance, l’auteur ne se lasse pas de répéter que tout est vanité et qu’il n’y a donc rien à comprendre. Sa philosophie nous incite simplement à en prendre acte, mais sans toutefois verser dans le pessimisme. C’est du fatalisme, certes, mais qui est désabusé sans être triste. Ce qui suscite l’inquiétude profonde de l’Ecclésiaste, c’est l’impossibilité pour l’homme d’élucider le régime divin de l’univers. Que veut Dieu ? Que fait Dieu ? Et pourquoi le fait-il ? pourquoi tel homme jouit ci bas d’un bonheur qu’il ne mérite guère et pour quelle raison, un au autre, qui lui mérite, en est cruellement privé ? La réponse de Qohélét est simple : nul ne le saura jamais…
Est-ce à dire que l’homme ne retirera aucun bénéfice de son travail sous le soleil ? Nullement car l’Ecclésiaste prévoit une chose qui a paradoxalement peu retenu l’attention des critiques : c’est la joie qui est un don, un cadeau de Dieu et que l’homme doit saisir à chaque fois qu’elle se présente. Il doit aimer son épouse, profiter de sa jeunesse, apprécier les bons moments (car ils sont rares) car c’est cela le bonheur humain. Si l’être humain ne le fait pas, sa vie ressemblera à un cauchemar…

Fidèle à sa méthode historico-critique, Renan démythifie le texte réputé sacré et lui applique les normes légitimes du commentaire. Qohélét est une fiction littéraire, ce n’est pas le roi Salomon qui y prend la parole, même si le premier verset tente d’accréditer la paternité littéraire de l’illustre monarque, régnant à Jérusalem et y entretenant une fastueuse vie de cour. Comme Qohélét vient de qahal ( la congrégation, l’assemblée religieuse) on a dit que Qohélét est le prédicateur, l’homme en charge d’une communauté religieuse devant laquelle il prend la parole afin de lui inculquer des valeurs religieuses. Mais Renan soumet cette hypothèse à une critique minutieuse qui s’appuie sur des procédés littéraires hébraïques assez peu connus. On peut recomposer les consonnes d’un nom ou établissant une correspondance entre la première lettre et la dernière de l’alphabet hébraïque. Et ce système s’appelle ATBaSh : c’est-à-dire qu’en voulant écrire la première lettre, l’aleph, on lui substitue la dernière, le taw ; mais l’initié qui connaît le procédé sait à quoi s’en tenir. Le second procédé se nomme ALBaM : la première lettre, l’aleph, s’échange contre la douzième, qui est le lamed, et la deuxième, le bét contre la treizième qui est le mém. Excellent bibliste, Renan signale des exemples célèbres tirés du livre de Jérémie. Mais cette méthode ne nous livre pas le mystère du terme QoHéLéT, même si celui-ci comporte le même nombre de consonnes, quatre, comme le nom de SheLoMoH… Renan propose sa solution : nous inclinons donc à croire que les quatre lettres QHLT ne formèrent pas, à l’origine, un nom véritable. Mais le mot, une fois formé, l’auteur l’a considéré comme une désignation substantive puisque, dans deux cas, le groupe QHLT est précédé de l’article défini.
Renan entendait brosser un tableau des différentes étapes de la conscience d’Israël en traduisant le Cantique des Cantiques, Job et l’Ecclésiaste. Israël n’a pas toujours été, on se le rappelle, ce peuple entièrement dévolu à sa vocation religieuse ; dans son enfance, c’était un peuple sémite parmi d’autres au voisinage desquels il vivait. Le Cantique, véritable hymne à l’amour physique et à l’ivresse des sens, exaltait la grandeur du bonheur terrestre, Job donnait libre cours aux tourments de la conscience humaine confrontée au surgissement de l’iniquité et du mal, et l’Ecclésiaste, enfin, couronnait l’édifice en versant une sorte de baume sur les blessures qui affectent toute existence humaine. Pourquoi s’entretuer, disait Renan, puisqu’on n’est sûr de rien ? Pourquoi se hâter de changer d’erreur, on ne fera qu’adopter une autre erreur…
La philosophie de ce livre biblique, écrit par un sceptique juif vivant à une époque plutôt proche de la rédaction de la Michna, est modérée et peut être décrite comme celle du juste milieu. C’est presque la doctrine de l’éternel retour puisque rien, dit-il, n’est nouveau sous le soleil, tout redevient comme précédemment ; dans un système créationniste, cela reviendrait à professer une absence totale de nouveauté. Nul progrès : le passé ressemble au présent qui ressemble à son tour à l’avenir…
L’auteur, qui a mis en scène le roi Salomon, cesse d’entretenir la fiction de ce personnage imaginaire et prend lui-même la parole à partir du début du chapitre IV. Craindre l’Eternel, c’est-à-dire respecter Dieu, voilà le culte véritable selon Qohélét, dépourvu de tout ergotage théologique ou de pointillisme. Qohélét jouit du monde tel qu’il est et n’a pas la moindre notion du monde à venir. Même si, vers la fin du chapitre XII, une mention claire est faite de l’immortalité de l’âme (ruah) qui s’en retourne vers Dieu qui l’a donnée, tandis que le corps se décompose en poussière. Même si l’auteur affirmait plus haut, dans une phase de découragement que la supériorité de l’homme sur l’animal n’existe pas… Qui sait si, tandis que le souffle des enfants d’Adam monte en haut, le souffle de l’animal, descend en bas, vers la terre ? Mais ce n’est pas là le principal problème posé par ce livre biblique. Ce qui préoccupe l’auteur du livre , c’est de savoir pourquoi la vertu et le bonheur n’avancent presque jamais, la main dans la main. Pour quelles raisons sommes nous confrontés à ce découplage scandaleux entre une existence vertueuse et une vie heureuse. Pourquoi donc la vertu n’est-elle pas récompensée automatiquement? On peut mesurer toute l’acuité de scandale moral dans ce amer constat : c’est parce que prompte justice n’est pas faite du mal, que les homme sont enhardis à pratiquer le mal. Tel pécheur qui a commis cent crimes arrive à un âge avancé, et cependant, on m’a enseigné que le bonheur est réservé à ceux qui craignent Dieu… que le bonheur ne saurait être le partage du méchant ; que celui-ci ne vit pas longtemps ; que ses jours sont comme une ombre… Est-il un renversement comparable à celui-ci ? Des justes qui sont traités selon les œuvres des méchants, des méchants qui sont traités selon les œuvres des justes ? «Encore une vanité !» me suis-je dit.
A cette lancinante question Renan répond que les sages de la vieille école soutenaient avec une imperturbable naïveté que la vertu est toujours récompensée et le vice puni ; selon eux, l’adversité qui frappe l’homme de bien n’est qu’une épreuve passagère. Telle est la théorie qui fait le fond du livre de Job, des Proverbes, de beaucoup de Psaumes, de la sagesse de Jésus fils de Sira, du livre d’Esther, de Judith et de Tobie, L’Ecclésiaste, lui, est plus nuancé. Quant à l’auteur du Psaume 78 (verset 3), il enrage littéralement en contemplant la paix des méchants. Sa seule consolation est que leur rétribution sera complète le jour de Dieu (Yom ha-Shem). Selon Renan, le christianisme, bien que né au sein d’Israël, est allé au-delà de ce raisonnement en plaçant le royaume de Dieu dans l’idéal. On ne résout pas le problème car il est insoluble mais on change de perspective.
Fidèle à sa méthode, héritée des Allemands, Renan consacre de longs développements à l’analyse doctrinale de l’Ecclésiaste, à sa datation, à son style et à sa langue. Le philosophe-historien penche vers une époque relativement moderne, faisant de ce livre l’un des plus jeunes de la littérature biblique, environ 125 avant l’ère chrétienne. Renan ne cache pas l’étonnement que suscite en lui le teneur d‘un tel livre : Et dire que ce livre de scepticisme, à la fois élégant et morne, fut écrit peu de temps avant l’Evangile et le Talmud… Peuple étrange en vérité et fait pour présenter tous les contrastes. Il a donné Dieu au monde , et il y croit à peine. Il a créé la religion et c’est le peuple le moins religieux des peuples ; il a fondé l’espérance de l’humanité en un royaume du Ciel et tous ses sages nous répètent qu’il ne faut s’occuper que de la terre. Les races les plus éclairées prennent au sérieux ce qu’il a prêché et lui, il en sourit. Sa vieille littérature a excité le fanatisme de toutes les nations et il en voit mieux que personne les côtés faibles. Aujourd’hui, comme il y a deux mille ans, il clorait volontiers le rouleau sacré par cette petite réflexion de lecteur ami de ses aises : Assez de livres inspirés comme cela !Trop lire fatigue la chair. Cela est si bien dit qu’on en oublierait presque le caractère un peu abusif de la généralisation. L’Ecclésiaste est certainement l’une des toutes dernières floraisons du génie hébraïque, mais à lui seul, ce livre ne saurait résumer la Bible dans sa totalité. Certes, il s’oppose à l’affirmation maintes fois réitérée de la foi en Dieu, en l’avenir d’Israël en tant que peuple uni, appelé à réaliser sa vocation religieuse universelle. Mais ce peuple peut, à une certaine époque de son histoire, avoir abrité en son sein un philosophe sceptique qui défend les droits d’une conscience individuelle inquiète.
Ce qui a sauvé ce livre de la destruction, c’est probablement le même principe que nous avons déjà rencontré lors de la discussion du Cantique des Cantiques : on a fait d’un livre sceptique un livre sacré. Et Renan d’ajouter cette phrase assassine : En général, du reste, on lit mal quand on lit à genoux ! A trop vénérer les textes prétendument révélés ou sacrés, c’est-à-dire, en se prosternant devant eux, on en méconnaît la teneur exacte : Avec de tels procédés, il n’est pas surprenant qu’on ait fait d’un dialogue d’amour un livre d’édification : d’un livre sceptique, un livre de philosophie sacrée. Les docteurs de Yavné ne comprirent rien ni à l’un ni à l’autre, et ce fut fort heureux ; car, s’ils eussent compris, ils eussent certainement détruit des livres qui les scandalisaient. L’erreur accréditée sur l’auteur des deux livres fut aussi, à quelques égards, salutaire. On les croyait de Salomon, et une origine si respectable empêchait de voir les objections.

Quant à la langue, sa fluidité et son caractère plutôt lâche font penser à un hébreu de la tradition orale, presque rabbinique. Ce qui milite dans ce sens, c’est aussi la traduction grecque plutôt tardive : vers 130 de notre ère. Pourquoi si tardivement ? Parce que le livre fut admis dans le canon après de grandes difficultés… Pour ce qui est de la beauté et de l’exactitude de la traduction frabçaise du texte hébraïque, nous pouvons en attester sans peine. Et nous ajouterons même que le talent de la prose française de Renan est indiscutable.

Qu’on en juge :

Qui thésaurise la sagesse,
Thésaurise aussi la tristesse,
Et trop de science entasser
C’est mauvaise humeur amasser

Mieux vaut sagesse que forteresse
La sagesse du pauvre est vite méprisée
A ces conseils toute oreille est fermée.

Maurice-Ruben HAYOUN

Le professeur Maurice-Ruben Hayoun, né en 1951 à Agadir, est un philosophe, spécialisé dans la philosophie juive, la philosophie allemande et judéo-allemande de Moïse Mendelssohn à Gershom Scholem, un exégète et un historien français. il est également Professeur à  l’université de Genève.  Son dernier ouvrage: La pratique religieuse juive, Éditions Geuthner, Paris / Beyrouth 2020 Regard de la tradition juive sur le monde. Genève, Slatkine, 2020

 

 

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