Prayer Shawl - Tallit, jewish religious symbol

Le Talith et les Tsitsit: 2 commandements positifs

Caroline Elisheva Rebouh le 16.06.2020

LE TALITH

 

Lors de la lecture de l’acte de foi juive « Shémâ Israël », est évoqué le commandement des tsitsioth (franges) que doivent porter tous les vêtements dotés de 4 coins (Nombres XV, 37-38 et Deutéronome XXII, 12).

La mitsva du Talith est en fait la mitsva des tsitsioth est un commandement positif. Le talith est un vêtement qui sert de support pour l’accomplissement de la mitsvah des tsitsioth.

Le mot TALITH prononcé de diverses façons selon les communautés vient de la racine TALAL טלל qui signifie recouvrir ; ce mot Talith signifie que cette étole recouvre les épaules (et parfois la tête aussi) du fidèle. Toute autre traduction pourrait être très fantaisiste.

Les femmes ne sont pas concernées par cette observance bien qu’il n’existe aucune opposition pour qu’elles l’observent. Les filles de Rashi se revêtaient du Talith.

On distingue deux sortes de Talith : le talith gadol et le talith katane. Le talith katane est en général porté par tous les garçons dès qu’ils « sont propres » soit dès 3 ans et c’est l’âge à partir duquel les enfants commencent à apprendre les petites prières.

Pour le talith gadol les choses sont légèrement différentes: en effet, dans les communautés séfarades, les garçons à partir de 13 ans et un jour portent le talith.

Dans la plupart des communautés ashkenazes, les hommes ne se revêtent du talith qu’à partir du moment où ils sont mariés.
Il existe des « modes » et si les talitoth classiques sont en général en laine blanche avec des rayures noires, blanches, bleues (de toutes les nuances de bleu), bordeaux, on en trouve aussi avec des rayures multicolores.

De plus, les artistes créateurs tissent des toiles de laine en y mettant des motifs……….. Il existe encore des talithot en soie brochée.

Le talith se revêt de manière à envelopper tout le corps et non pas comme une écharpe autour du cou.

Certains s’enveloppent la tête tout d’abord alors que d’autres procèdent de façon différente et prononcent la bénédiction : toutes les manières sont valables.

De même, en recouvrant les tefiline du talith ou en se recouvrant la tête du talith dans les moments solennels tels que bénédiction des cohanim ou pour les fêtes, la lecture des 10 commandements etc…… les fidèles s’acquittent tous de la mitsva.

Le talith est donc un grand rectangle de tissu à l’endroit de l’encolure, se trouve une bande de satin broché mais certains préfèrent investir et faire poser une « âtara » beaucoup plus ouvragée.

Les quatre coins du talith (kanefoth) sont en général en satin broché également.
Le talith katane ou tsitsit katane ou encore le arbaâ kanefoth: dans le commerce on trouve des talithoth ketanim en coton, ou en laine. Aujourd’hui, on trouve également dans le commerce des tricots de corps ou tricots de peau avec quatre coins munis de tsitsioth.

Les dimensions minimales d’un grand talith sont que le talith doit permettre à la personne de s’y draper et de pouvoir ensuite en relever les pans. Pour le talith katan, en revanche il y a des dimensions standard : le minimum étant de 50×48.

Puis, il existe – pour les personnes qui veulent parfaire et embellir la mitsva – d’autres dimensions selon que l’on se fie à l’opinion du Gaon de Vilna pour lequel les dimensions à observer sont de : 60×58 ou selon le Hazon Ish : 87×58.

Comme l’indiquent les versets (Nombres XV, 37 et 38 et Deutéronome XXII, 12) l’homme (et/ou la femme) doit porter des vêtements munis de franges aux quatre coins.

Là encore les habitudes sont différentes : il est possible de porter le talith katane à même la peau ou sur un sous-vêtement et d’autres personnes le portent sur la chemise ou sur leur pull ou tee-shirt.

La plupart du temps on ne le porte que dans la journée mais il est possible de le garder sur soi la nuit.

 

LES TSITSIOTH :

Le mot au singulier est tsitsit ציצית qui peut être prononcé tzitziss (pour les ashkenazes) et au pluriel tsitsit devient tsitsioth.

Pour s’assurer une bonne qualité il faut demander que les tsitsioth soient au moins « kafoul shemoné », ce qui signifie que chaque « fil » est composé d’au moins 8 brins.

Les tsitsioth lorsqu’elles sont déjà nouées par le fabricant ne sont pas toujours d’excellente qualité ni nouées selon le « siman » que votre Rav vous recommandera : il existe deux types de simanim : le siman tal et le siman youd-ké-vav-ké.

Pour le siman Tal, les tsitsioth sont nouées par groupes de 7+8+11+13 (=39) conformément à l’enseignement du Ari zal et cette façon de nouer symbolise « HaShem Ehad » puisque 7+8 = 15 comme les deux premières lettres du Tétragramme, puis, 11 est la valeur des deux dernières lettres du Tétragramme et 13 est le total du mot ehad donc avec le « siman tal » cela équivaut à proclamer HaShem Ehad donc HaShem est Un…alors que pour l’autre siman (utilisé principalement par les sefaradim) le Hida rapporte que Solomon Molkho avait coutume de nouer les tsitsioth selon le Tétragramme c’est-à-dire que les tsitsioth sont nouées par groupes de 10+5+6+5 (=26) valeur numérique de chacune des lettres du T étragramme : youd = 10, hé=5 vav=6 et he=5.

Chacun, chacune, peut nouer des tsitsioth il suffit d’en connaître les règles, de s’y conformer et d’y consacrer le temps nécessaire, sérieusement et dans le silence pour éviter d’être distrait car cette action de nouer, chaque nœud, symbolise le nom de D ; il faut donc procéder de la manière détaillée ici :
1- Préparer un endroit sur une table propre où le talith : talith katane pourra être déployé et un objet lourd (comme un livre épais) pour pouvoir manipuler le talith sans risquer de le voir glisser et choir.

2- Etre propre sur soi et être vêtu correctement, se laver les mains et faire nétila (de manière alternée et sans bénédiction).

3- Déployer le talith en le laissant toutefois plié en deux de manière à avoir devant soi deux angles perforés prêts à être pourvus des franges.

4- Défaire l’écheveau des tsitsioth : l’on remarquera que quatre fils (plus longs) sont entourés autour des 12 autres fils. L’on préparera 4 groupes de trois fils auxquels sera ajouté le shamash ce qui fera 4 groupes de 4 fils.

5- L’on se saisira d’un groupe de 4 fils qui seront mis à la même longueur, à l’exception du shamash qui doit être plus long comme expliqué plus haut et on fera pénétrer les quatre extrémités ensemble par le trou perforé au centre du coin du talith (figure 1).

6- L’on se préparera à nouer les tsitsioth sur le côté latéral du coin (figure 2) en ayant soin de ne pas maintenir le tissu plié et l’on commencera le nouement en prononçant les mots suivants : לשם מצוות ציצית leshem mitsvath tsitsith c’est-à-dire au nom du commandement des tsitsioth, tout en effectuant le premier nœud (figure 3). En serrant les franges, on mettra juste une toute petite goutte d’eau au centre des nœuds de manière à provoquer une « rétractation » des tsitsioth et assurer qu’ainsi les nœuds aient une meilleure tenue. Puis l’on va procéder au nouement.

7- Le nouement peut s’effectuer de deux façons bien distinctes soit le lifouf, soit le tricotage seriga.
Le lifouf : il suffit d’entourer les 7 fils avec le 8ème – le shamash – autant de fois que nécessaire selon le siman choisi (figures 4 et 5).

La seriga : cette méthode est légèrement plus longue et nécessite plus de travail mais elle est de loin la meilleure aussi bien pour la vérification que pour la solidité des nœuds. Elle est aussi la plus esthétique. La façon de procéder est la suivante : après avoir fait les deux premiers nœuds, l’on saisit tous les fils dans la main gauche et l’on ouvre l’index en le laissant tendu.

Puis, avec la main droite l’on saisit le shamash que l’on fait passer au-dessus de l’index. Se crée alors un triangle entre le shamash qui provient des deux premiers nœuds, passe sur l’index et les fils tenus dans la main gauche, puis on passe ce fil (shamash) dans le triangle de fils formé entre le talit et l’index, se forme alors une boucle autour des fils tenus dans la main gauche, on replie l’index et l’on serre le fil qui se noue autour des 7 autres fils (figure 6).

On recommence l’opération autant de fois que cela est nécessaire pour les groupes que l’on doit former 10+5+6+5 ou alors 7+8+11+13. Il est une variante au « siman tal » au lieu de 7,8,11 et 13 on fait 7,9, 11 et 13.

Entre chaque groupe de nœuds, l’on procédera à un double nœud en alternant le nouement avec une fois le groupe de droite et le groupe de gauche ce qui équilibrera la longueur des tsitsioth.

A chaque double nœud, on instille une goutte d’eau toujours pour raffermir le nouement.
A la fin de l’opération, il est bien de nouer chaque fil en dehors du shamash de manière à éviter que les fils ne se défassent à l’usage.

Les doubles nœuds symbolisent le double engagement d’Israël face à son D. et bien sûr l’engagement de D. vis-à-vis de Son peuple.

Regarder les tsitsioth et les embrasser, tout comme toucher la mezouza et l’embrasser revient à se remémorer à chaque instant que nous sommes attachés à D et que nous avons le devoir d’observer par amour la Torah et les commandements qu’elle renferme.
Si des tsitsioth s’abîment il faut les remettre à une gueniza.

Si on s’aperçoit que des tsitsioth sont défaites en tout ou partie il faut gentiment le faire remarquer à qui de droit et lui proposer éventuellement de lui venir en aide.

Pour l’entretien : il est recommandé de laver le talit katane à la main ainsi que les tsitsioth et, s’il doit être mis à la lessive (non recommandé) il faut veiller à ce que des sous-vêtements ou du linge trop sale ne soit lessivé en même temps.

Caroline Elisheva Rebouh Ben Abou

Haftara Chelakh Lekha : Rahav la prostituée…

La haftara de la parachath Chelah lekha se situe comme à l’opposé de la paracha à laquelle elle est associée : A la catastrophe nationale qu’a engendrée l’envoi par Moïse de douze explorateurs en Erets Yisraël correspond le succès de celui, par Josué, de deux émissaires chargés de scruter la ville de Jéricho et ses alentours.
Ce succès a été causé, pour l’essentiel, par le dévouement de Rahav , une femme cananéenne qui a hébergé ces deux émissaires et leur a sauvé la vie…

Qui était Rahav ?

Le texte la désigne comme étant une icha zona , ce que l’on peut traduire soit par « aubergiste », de mazone (« nourriture »), soit par « prostituée », de zenouth (« débauche »).
Les commentateurs se partagent entre ces deux significations. Rachi et le Metsoudath David optent pour la première, le Malbim et Radaq pour la seconde ( ad Josué 2, 1).

Il est cependant curieux de constater que ce même Rachi , après nous avoir présenté Rahav comme une aubergiste, rappelle quelques versets plus loin ( ad 2, 11), que cette femme, âgée de dix ans lors de la sortie d’Egypte, s’était prostituée pendant quarante ans, et que « nul prince ou notable ne s’était privé de forniquer avec elle » ( Zevahim 116b).

Envisager que Rachi ait pu alors oublier ce qu’il venait d’écrire quelques versets auparavant serait faire injure à sa mémoire.
Peut-être a-t-il voulu ici, en réalité, se conformer à l’interdiction de rappeler à un converti sa conduite d’antan ( Baba Metsia 58b et suivants). Lorsqu’elle a accueilli les explorateurs envoyés par Josué, Rahav était déjà sur le point de se convertir au judaïsme, et il aurait été inconvenant de faire alors allusion à ses débauches passées. Aussi Rachi en a-t-il fait alors une aubergiste, quitte à rappeler plus loin, mais seulement plus loin, son passé de débauche.
Mais alors, se demandera-t-on, pourquoi Josué, auteur du livre qui porte son nom, et de surcroît mari de Rahav ( Qohéleth rabba 8, 13), a-t-il laissé subsister dans son texte une telle équivoque ?
Peut-être précisément pour donner à Rachi l’occasion de faire preuve de cette discrétion !

Par Jacques Kohn

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Hamec Deschamps

Dans cet article très complet(à l’exception d’un petit point concernant la couleur de rajoutant au blanc, la plupart des sépharadym ont des talitoth entièrement blanc), il est cité 6 figures, dommage de ne pas les avoir associées au texte !
Hamec Deschamps.