Le rôle des puissances étrangères dans la création d’Israël©

Comme les années de 1897 à 1948 ne sont plus très vives dans nos mémoires, il convient donc d’expliquer, comment le mythe populaire selon lequel Israël a été créé par les puissances mondiales et coloniales, et ce, contre la volonté des habitants de la région, a gagné du terrain dans certains milieux.

L’idée selon laquelle les grandes puissances mondiales et coloniales ont été la principale force derrière la création de l’Etat d’Israël n’est pas démontrée par l’histoire, bien au contraire,mais c’est «l’histoire» que les Palestiniens continuent d’enseigner aux jeunes générations.

A y regarder de plus près, l’histoire démontre qu’Israël a été créé massivement contre la volonté de ces grandes puissances. Lorsqu’elles ne se sont pas carrément opposées à la création d’Israël, ces nations ont le plus souvent indifférentes à la cause juive ou au mieux vaguement tolérantes quand cela devenait inévitable.

Ce sont précisément les grandes puissances et les puissances coloniales qui ont rendu la création de cet état si difficile et ce long chemin pour y parvenir si laborieux pour les Juifs.

 

Évoquons tout d’abord la convocation du premier congrès sioniste par Theodore Herzl à Bâle, en Suisse, en 1897. Lors du congrès il n’y a pas eu de réelle implication de la part des puissances internationales. Avant sa mort en 1904, Herzl a rencontré les principaux dirigeants de l’Allemagne, l’Angleterre, la Turquie ottomane et le Vatican. Bien qu’obtenant une certaine légitimité pour ce mouvement, il n’a pas réussi à conclure un quelconque accord avec ces nations. Avec seulement 50.000 Juifs essentiellement religieux et pauvres qui vivaient en Palestine en 1900, la création d’un futur état semblait irréalisable.

Les choses ont empiré au cours de la Première Guerre mondiale quand la Turquie ottomane, suite au génocide arménien de 1915, a porté son attention sur les 80.000 Juifs de Palestine. Dix mille Juifs (dont David Ben-Gourion et Yitzhak Ben Zvi) ont été exilés en Egypte, et des plans ont été faits pour détruire le reste de la communauté juive. Cela fut empêché seulement grâce à l’intervention de l’Allemagne et des États-Unis, l’un des rares cas évidents d’intervention étrangère utile. En 1917, la Déclaration britannique Balfour en soutien à une patrie juive en Palestine, a été accompagnée dans le même temps d’autres promesses britanniques faites aux arabes, leur promettant une souveraineté arabe dans la même région.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’Holocauste allemand qui a tué six millions de Juifs européens qui devaient former la majorité de la population du futur Etat israélien fut un coup dévastateur porté aux espérances juives pour un pays. Comme Chaim Weizmann l’a écrit à David Ben Gourion pendant la guerre, « Jusqu’à présent nous étions un peuple à la recherche d’une nation, après ça ce sera fini, nous serons une nation à la recherche d’un peuple. »

Le refus des maîtres coloniaux britanniques de la Palestine de permettre à plus d’une poignée de Juifs (75.000 Juifs de 1939-1944 et aucun par la suite) de venir en Palestine, alors que des millions cherchaient désespérément à émigrer,  a été assorti d’une déclaration britannique en 1939, qui affirmait le parti pris britannique en faveur de la création d’un Etat arabe en Palestine. Les États-Unis, future superpuissance, ne voulait pas accepter sur son sol plus d’une poignée de Juifs européens avant 1941.

Puis, au cours de la période 1945-1948, l’Angleterre a envoyé 80.000 soldats en Palestine pour réprimer les velléités des mouvements juifs qui cherchaient à créer un état. En Novembre 1947, lors d’un vote aux Nations Unies (33-13) en faveur de la création d’un Etat juif et d’un État arabe en Palestine, les Britanniques refusèrent de soutenir cette résolution. Les votes favorables furent obtenus grâce à un bloc qui ne pourra jamais être considéré comme un pouvoir colonial, c’est à dire l’Union soviétique et ses alliés d’Europe orientale.

Pendant la guerre d’Indépendance d’Israël, l’Angleterre a vendu des armes aux ennemis d’Israël (en Irak et en Jordanie) et le commandant de la Légion jordanienne n’était autre que le commandant britannique, Sir John Glubb Pasha. En 1948, les États-Unis, tout en affirmant leur soutien à un Etat juif, ont interdit tout envoi d’armes à Israël. Lorsque les soldats britanniques ont commencé à quitter la Palestine en 1948, ils ont surtout remis les précieuses fortifications et les positions défendables aux Arabes. Les Israéliens, qui n’avaient jamais disposé d’une armée, durent faire face à l’intervention de cinq Etats arabes en 1948. Même Yigael Yadin, le chef des forces israéliennes constituées, ne donnait aux Israéliens, au mieux que 50% de chances de survivre aux invasions arabes.

Aux premiers jours de la guerre, les Israéliens étaient sur la défensive et les choses seprésentaient plutôt mal pour eux. Encore une fois, l’Union soviétique, influencée par son désir de briser la domination britannique au Moyen-Orient et l’espoir qu’un Israël socialiste serait un allié de Moscou, est intervenue en vendant des armes plus lourdes à Israël et à la Syrie. David Ben Gourion a affirmé que, sans l’aide militaire soviétique, les Israéliens n’auraient pas gagné la guerre de 1948

Ainsi, l’idée selon laquelle les puissances coloniales et les grandes puissances étaient la principale force soutenant la création d’Israël est largement contredite par les faits. Ce sont précisément les grandes puissances et les puissances coloniales qui ont rendu  la création d’Israël si difficile et même parfois une tâche apparemment désespérée pour les Juifs.

Pourtant, c’est cette «histoire» erronée que les arabo-Palestiniens continuent à enseigner aux jeunes générations. Lors d’une réunion récente en Mauritanie, Riyad al-Malki, le ministre des Affaires étrangères  de l’Autorité palestinienne a dit aux dirigeants de la Ligue arabe que Londres est à blâmer pour tous les « crimes israéliens » commis depuis la fin du mandat britannique en 1948.

Lorsque le ministre britannique des Affaires étrangères, Lord Arthur Balfour a signé la Déclaration Balfour en 1917, il a été considéré par les Arabes comme preuve de la reconnaissance officielle du mouvement sioniste à la veille de la conquête britannique de la Palestine ottomane turque. Cette décision, a dit al-Malki, « a donné à des gens qui n’ont rien à faire là, quelque chose qui ne leur appartient pas. » Par conséquent, l’Autorité palestinienne veut maintenant poursuivre les anglais pour avoir commis ce crime.

Encore une fois, nous sommes confrontés à une réécriture de l’histoire afin de justifier la création d’un état Palestinien, qui devraient encore pouvoir créer leur propre état alors que les Juifs ont du construire le leur contre vents et marées.

Jonathan Adelman est professeur à l’École Korbel Josef d’études internationales à l’Université de Denver et président de chercheurs pour la paix au Moyen-Orient (SPME) et Asaf Romirowsky est le directeur exécutif de Scholars pour la paix au Moyen-Orient (SPME) et membre du Forum du Moyen-Orient.

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