Des réseaux financiers sophistiqués qui peuvent aussi faire trébucher Daesh

Malgré les efforts agressifs pour emmurer l’Etat Islamique-Daesh hors du système financier formel, le mouvement djihadiste a trouvé des façons d’accéder au système bancaire pour faciliter des transferts substantiels d’argent liés à ses ventes de pétrole et pour déplacer de petites sommes d’argent liquide – même en vue d’éventuelles attaques financières sur le marché.

Des rapports sur des activités suspectes démontrent que les dossiers bancaires mettent en lumière l’activité financière de Daesh et permettent d’identifier des cibles, dont les raffineries pétrolières les plus productives.

Plus de 20 institutions financières officielles syriennes continuent de fonctionner sur le territoire détenu par Daesh. Le régime d’Assad se sert de ces banques comme levier pour s’enrichir et développer ses propres intérêts commerciaux avec l’Etat Islamique.

Même en Irak, où la Banque Centrale d’Irak a ordonné aux institutions financières d’empêcher les virements bancaires à partir et vers les banques situées dans les zones détenues part Daesh,  alerte la Task Force d’action financière, certains secteurs bancaires des zones détenues par l’Etat Islamique « parviennent à maintenir des liens avec le système financier international », bien que de nombreuses institutions internationales ont probablement couper les ponts avec ces mêmes banques.

L’Etat Islamique s’est aussi engagé dans des transferts bancaires par « la porte dérobée »- en accédant à des banques ayant des liens avec le système financier international juste à l’extérieur des zones sous son contrôle. Selon les autorités américaines, Daesh a reçu des fonds grâce à des transferts de fonds électroniques « dans des secteurs connus pour être des foyers de financement, de logistique et de transfert clandestin pour les djihadistes terroristes étrangers et les orgnaisations terroristes ». Dans d’autres cas, « des dépôts de liquidités excessives » ont été placés sur des comptes américains et ensuite envoyés via des virements bancaires vers des bénéficiaires près des zones où opère Daesh.

Des personnes anonymes ont aussi fait des retraits de liquide étranger grâce aux réseaux ATM dans de telles zones, obtenant directement de l’argent déposé sur des comptes basés aux Etats-Unis ne faisant usage de leur carte bancaire. Dans certains cas, ces transactions ont été étroitement coordonnées, avec d’énormes dépôts sur certains comptes, immédiatement suivis par des retraits à partir de distributeurs ATM près des territoires de Daesh. Des responsables hollandais mentionnent que des djihadistes étrangers arrivés en Syrie et en Irak utilisent leurs cartes bleues européennes dans des zones proches des opérations de Daesh.

Daesh utilise des zones adjacentes, non seulement pour accéder aux fonds étrnagers, mais aussi pour extorquer de l’argent aux employés du gouvernement irakien vivant à l’intérieur du territoire qu’il contrôle.Le système bancaire formel de Mossoul a été clôturé après la prise de pouvoir de Daesh, aussi les employés du gouvernement doivent se rendre sur le territoire irakien ou kurde pour percevoir leur salaire. Lorsque ces officiels retournent verser les fonds, Daesh prélève sa taxe – selon la task force,le groupe parvient à faire des centaines de millions de dollars par an – des millions par mois simplement à Mossoul – par l’extorsion de ces versements de salaires.

La bonne nouvelle est double : d’abord,Daesh est contraint de trouver des détours pour contourner les structures gouvernementales et bancaires relativement robustes mises en place. Cela  oblige le groupe à trouver des moyens plus lents, moins fiables pour déplacer ses fonds, y accéder ou les entreposer, ce qui en soi est une bonne chose. Deuxièmement, la coopération public-privé entre les gouvernements et l’industrie de la finance s’est tellement améliorée que les enquêteurs sont en mesure de relever les rapports des dossiers bancaires que les unités de renseignement financier et les régulateurs fournissent, permettant d’avoir un bon aperçu des activités financières de Daesh. En fait, cela a récemment permis d’identifier des cibles de Daesh et des installations terroristes, ensuite livrées au décideurs militaires des frappes aériennes, contribuant à déterminer quelles sont les raffineries les plus rentables et, par conséquent les meilleures cibles à privilégier.

En d’autres termes, maintenir Daesh en dehors de la plupart des banques l’a aussi obligé à faire des palcements bancaires dans des endroits et par des moyens qui bénéficient à la coalition anti-Daesh.

An earlier version stated incorrectly that ISIS extorts $130 million a month in Iraqi government salaries in Mosul.

Matthew Levitt

Matthew Levitt dirige le Progamme Stein the Stein de Renseignement et d’Antiterrorisme au  Washington Institute for Near East Policy. He is on Twitter.

22 NOVEMBRE 2015, 12:39 PM

nytimes.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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