Deux personnes ont été blessées dimanche après qu’une bombe ait explosé devant le siège d’une banque de Beyrouth qui avait imposé des sanctions sur le groupe terroriste soutenu par l’Iran le Hezbollah.

Blom Bank a récemment fermé les comptes de personnes soupçonnées d’avoir des liens avec le Hezbollah dans le but de se conformer à la loi américaine, a rapporté Reuters. La Loi sur la prévention des financement du Hezbollah International, qui a été promulguée en Décembre, oblige les banques à cesser toute relation d’affaires avec le groupe pour éviter d’être bloquées dans le système financier américain. Bien qu’il n’y ait eu aucune revendication immédiate de la responsabilité de l’explosion, le Hezbollah est soupçonné d’être impliqué, selon Al-Jazeera.

La bombe était cachée dans un pot de fleurs et contenait environ 15 kilogrammes (33 livres) d’explosifs, selon Ibrahim Basbous, chef de la sécurité intérieure du Liban. L’explosion a laissé un trou dans un mur de béton et du verre brisé sur le sol.

«Politiquement, il est clair que la cible était la Blom Bank seulement», a déclaré ministre de l’Intérieur Nohad Machnouk. Il a ajouté que l’attentat n’était pas lié à l’Etat islamique.

« Nous sommes entrés dans un cycle d’attaques, » a déclaré Walid Joumblatt, chef du Parti socialiste progressiste de la minorité druze, à la télévision LBC. Il a appelé à une «feuille de route entre le Hezbollah et  les banques libanaises pour atténuer les tensions.

«Notre bataille avec le terrorisme, les attentats, les meurtres, les assassinats et les messages directs et indirects est longue », a déclaré le député Saad al-Hariri, chef du Courant du Futur, qui est principalement soutenu par les sunnites libanais. «Le terrorisme ne va pas intimider les Libanais, » a-t-il ajouté. Le père de Rafic Hariri, l’ancien Premier ministre du Liban, a été assassiné en 2004. Une enquête des Nations Unies a révélé l’implication du Hezbollah dans l’assassinat.

Le Hezbollah a dit éprouver des difficultés financières récemment, provoquées par une forte implication du groupe dans la guerre civile syrienne.  La loi américaine aggrave les contraintes du groupe terroriste et  les rapports des médias libanais en Décembre ont indiqué que le Hezbollah a omis de payer les salaires de ses fonctionnaires pour les mois de décembre et Novembre.

Le groupe semble compléter ses revenus avec des opérations de trafic en l’Amérique latine. Michael Braun, ancien chef de la Drug Enforcement Administration des opérations, a déclaré au Congrès la semaine dernière que le Hezbollah est  » drague des tonnes de cocaïne » entre l’Europe de l’Amérique du Sud. Le groupe a « métastasé comme une hydre avec des connexions internationales à faire rêver des groupes terroristes comme l’État islamique et Al-Qaïda » a-t-il ajouté.

[Photo: PressTV / YouTube]

The Tower

Hezbollah bank+

Au lendemain de l’attentat à l’explosif qui a visé dimanche le siège de la Blom Bank à Verdun, l’Association des banques du Liban a dénoncé l’attaque et appelé à traduire les coupables en justice. « L’attentat a visé tout le secteur bancaire et a pour but de déstabiliser la sécurité économique », a souligné l’ABL dans un communiqué.
Ni l’ABL, ni la Banque centrale, ni les banques – dont la Blom – contactées par L’Orient-Le Jour n’ont souhaité commenter davantage ce sujet dans l’immédiat.

Pas de panique
Toutefois, certaines sources bancaires interrogées sous anonymat par L’Orient-Le Jour se montrent mesurées quant aux possibles répercussions économiques de cet attentat. « L’économie libanaise repose sur la confiance des investisseurs : il ne serait pas surprenant de voir des gens vendre des livres contre des dollars suite à l’attentat, mais jusqu’à présent aucune tendance de ce type n’a été observée. À moins que ce type d’attentat se reproduise, les répercussions devraient être faibles » , commente le dirigeant d’une banque. « Pour l’instant, il n’y a pas de retrait des dépôts pouvant signaler un sentiment de panique générale. Suite à la crise diplomatique avec l’Arabie saoudite en février dernier, nous avions assisté à un emballement médiatique similaire pour des conséquences qui ont finalement été beaucoup moins dramatiques que celles anticipées. Pour preuve, les dépôts bancaires ont augmenté sur les 4 premiers mois de l’année (+0,96 % entre décembre 2015 et avril 2016, à 157 milliards de dollars, NDLR) », abonde une source proche du secteur bancaire.

La question de la stabilité de la livre a également été soulevée dimanche soir par le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, qui a affirmé à la chaîne LBCI que « la livre libanaise est la première visée » par l’attentat. « Pour que la livre soit menacée, il faut qu’il y ait une fuite de liquidités de grande ampleur. Or, en 11 ans, cela s’est produit deux fois seulement. En 2005, après l’assassinat de Rafic Hariri, environ 5 % des dépôts avaient quitté les banques, avant un retour à la normale deux mois plus tard. Puis en 2006, lors de la guerre avec Israël, durant laquelle 3 % des dépôts ont été retirés, avant que la tendance ne s’arrête avec le cessez-le-feu », rappelle la source bancaire précitée.

De quoi rassurer des banques qui semblent bien décidées à ne pas changer de cap. « Les banques travaillent selon les règles en vigueur sur les marchés internationaux et conformément aux lois libanaises », a souligné l’ABL. Car dans le cadre de l’application du Hezbollah International Financing Prevention Act of 2015 (Hifpa 2015), voté en décembre par le Congrès américain, les banques libanaises sont tenues de fermer automatiquement tout compte appartenant à l’une des 99 personnes ou institutions figurant sur la liste noire mise à jour en avril par l’OFAC (le Bureau de contrôle des avoirs étrangers du Trésor américain). En revanche, pour les autres cas soupçonnés de compter parmi les soutiens financiers du Hezbollah, la Commission d’enquête spéciale (CSI) impose depuis mai aux banques désirant fermer ou refuser d’ouvrir un compte suspecté d’enfreindre la loi américaine de lui soumettre au préalable une demande d’autorisation motivée et d’attendre sa réponse dans un délai de 30 jours, avant de pouvoir agir.

Situation complexe
Une politique dénoncée en bloc par le Hezbollah qui avait notamment accusé en mai la BDL et des banques (non identifiées) de « contribuer à attiser la guerre d’élimination lancée par les États-Unis contre le Hezbollah ».
Présent sur les lieux de l’attentat, le ministre de l’Intérieur, Nouhad Machnouk, a confirmé que la cible de l’explosion était bien la Blom Bank ; alors que plusieurs médias locaux – Arab Economic News, al-Akhbar, Acharq al-Awsat – avaient indiqué la semaine dernière que la Blom Bank avait fermé les comptes de députés, de ministres et de personnalités liées au Hezbollah sans en informer au préalable la CSI. Aucun des journaux n’avait précisé si ces comptes appartenaient aux personnes figurant sur la liste OFAC, qui doivent être fermés automatiquement.

Cependant, le directeur général de la Blom, Saad Azhari, a refusé dimanche de lancer des accusations contre une quelconque partie avant la fin de l’enquête. Pour une source haut placée dans le secteur financier, si « certaines banques fermaient des comptes sans passer par la CSI, ce n’est plus le cas depuis la publication de sa décision.

Mais la situation serait bien plus complexe selon le dirigeant précité. « Pour les banques libanaises, toute transaction en dollar nécessite en dernier lieu de traiter avec une banque correspondante à New York. Leur plus grande inquiétude serait que cette banque correspondante ferme le compte », explique-t-il. Une inquiétude qui primerait même sur la réglementation en vigueur : « Les deux tiers des dépôts bancaires sont en dollars, c’est le choix fait par les Libanais depuis au moins une vingtaine d’années. Or l’institution d’émission du dollar n’est pas la BDL mais bien la Réserve fédérale américaine. Dès lors, si une banque veut fermer un compte et que la BDL s’y oppose, la banque sera quand même tenue de le faire si sa banque correspondante le lui demande », poursuit le dirigeant. Il conclut en rappelant le cas de la Lebanese Canadian Bank, que le Trésor américain avait accusée en 2011 d’être impliquée dans une opération de blanchiment d’argent avec des personnes proches du Hezbollah. Boycottée par les banques correspondantes, elle a dû être rachetée en urgence par la Société générale de banque au Liban (SGBL).

La Blom Bank affirme représenter toutes les composantes de la société libanaise

La Banque du Liban et d’Outre-Mer (Blom Bank) a affirmé hier, dans un communiqué publié suite à l’attentat perpétré ce dimanche devant son siège à Verdun, que l’établissement représente toutes les composantes et communautés de la société libanaise.
La banque s’est dit rassurée que l’attentat n’ait causé que des dégâts matériels.
Elle a par ailleurs affirmé qu’elle continuera à offrir ses services dans toutes ses branches. « La branche principale, qui a été visée par l’attaque, poursuivra son travail à partir du bâtiment adjacent, jusqu’à la fin des travaux de réparation », précise le communiqué.
La banque a également fait savoir qu’aucun document se trouvant au siège central n’avait été endommagé.

Orient Le Jour

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