Quelques signaux repérés ces derniers mois laissaient à penser que les jihadistes de « l’Émirat du Caucase » russe étaient prêts à se ranger sous la bannière noire du groupe État islamique (EI). Ainsi, après la mort de leur chef, Dokou Oumarov, plusieurs d’entre eux, originaires de Tchétchénie et du Daghestan, annoncèrent leur ralliement en diffusant des vidéos via Internet.
Mais un pas de plus a récemment été franchi. En effet, dans un message diffusé le 21 juin, « l’Émirat du Caucase » a officiellement fait allégeance à l’EI.
« Nous annonçons notre allégeance et notre obéissance au calife Ibrahim ben Awwad Ibn Ibrahim al-Qoureishi al-Hussein » (alias Abou Bakr al-Baghdadi), a annoncé l’organisation jihadiste du Caucase russe. « Nous témoignons de ce que tous les combattants du Caucase, de la wilaya de Tchétchénie, de Daguestan, d’Ingouchie et de Kabardino-Balkarie sont unis dans cette décision et que nous n’avons pas de désaccords », a-t-elle ajouté.
De son côté, l’EI n’a pas tardé à accepter ce ralliement. Ainsi, son porte-parole, Abou Mohamed al-Adnani, a, dans un message diffusé le 23 juin, « félicité les soldats de l’État islamique dans le Caucase » après avoir indiqué qu’al-Baghdadi venait d’accepter leur allégeance et de nommer à leur tête « cheikh Abu Muhammad Kadarsky », alias Rustam Asildarov.
Ex-émir du Daghestan, Rustam Asildarov, 34 ans, figurait parmi les jihadistes qui annoncèrent leur ralliement à l’EI en décembre 2014. Un acte vigoureusement dénoncé à l’époque par Aliaskhab Kebekov, alias Ali Abu Mukhammad, le successeur de Dokou Oumaraov à la tête de l’Émirat du Caucase. « Nous avons respecté ce frère. Nous l’avons accepté. Nous ne nous attendions pas à un tel acte perfide de lui », dira-t-il.
Seulement, et d’après Rustam Asildarov, les jihadistes du Caucase russe étaient majoritairement favorables à une allégeance à l’EI. Ce ralliement a d’autant pu se faire que Kebekov a été tué, en avril dernier, lors d’une opération spéciale russe menée près de Bouinaksk, au Daghestan.
En outre, et selon les estimations du Service fédéral de sécurité (FSB) et Centre antiterroriste de la Communauté des États indépendants (CEI), l’EI compterait dans ses rangs entre 1.700 et 2.000 combattants originaires du Caucase russe. Ils n’étaient que 200 en juin 2013, à avoir rejoint la Syrie.