La Russie modifie la gamme de ses forces aériennes en Syrie et au Moyen-Orient
Il ne serait pas impossible qu’on voit bientôt des hélicoptères américains et russes attaquer ensemble des forces terroristes islamistes, en particulier Daesh – ou même des hélicoptères russes appuyer les forces des opérations spéciales américaines. 

Moscou a décidé d’envoyer des appareils avancés supplémentaires, dont des hélicoptères d’attaque K-52, en Syrie, « dans le but de renforcer le regroupement militaire russe qui prend part aux opérations anti-terroristes » – a déclaré, cette semaine, le vice-Ministre de la Défense russe, Yuriy Ivanovich Borisov. Ces nouvelles dispositions, dit-il, remplaceront les bombardiers et SU-25 qui seront rapatriés en Russie. 

Le KA-52 « Alligator » – qui porte le nom de code de « Hokum-B » pour l’OTAN – est un hélicoptère d’attaque biplace qui s’adapte parfaitement aux exigences des différents champs de bataille en Syrie. Evalué comme l’un des hélicoptères les plus sophistiqués de sa classe, il est grandement manœuvrable, capable d’altérer brutalement ses directions et angles de vol sans ajustements préalables.

Alligator est équipé d’un système de direction avancée sur le champ de bataille de façon à gérer les contacts et échanges de données avec d’autres hélicoptères ou avions et les unités terrestres. Le système de direction sur le champ de bataille peut aussi servir comme un quartier-général aéroporté servant aux forces aériennes et terrestres au cours du combat.

Le KA-52 dispose de six points forts extérieurs pour y installer différentes combinaisons d’armes, parmi lesquelles on trouve les missiles anti-tanks Vikhr et Vikhr-M, ainsi que les missiles anti-aériens Igla-V.L’hélicoptère transporte aussi des bombes et des roquettes. Pour prendre pour cibles les forces blindées, ces hélicoptères transportent 12 missiles à guidage Laser Vikhr ATGM, avec une portée de 8 kms et la capacité de percer un blindage épais de 950 mm. L’hélicoptère est aussi équipé d’un boîtier de détection très avancé contre les tirs envoyés depuis le sol. 

Le 7 juillet, le quartier-général de la Marine russe à Moscou a annoncé que le porte-avions Amiral Kuznetsov sera déployé en Méditerranée face aux côtes syriennes. En otobre, le porte-avions débutera ses opérations militaires contre les organisations terroristes en Syrie et, en particulier, contre Daesh. On trouve sur son pont 15 bombardiers SU-33 et avions de combat MIG 29k/KUB, ainsi que 10 hélicoptères KA-52K, KA 27 et KA-31.

Les sources militaires de Debkafile dévoilent six raisons pour lesquelles la Russie a replacé sa confiance en Syrie et au Moyen-Orient sur des hélicoptères plutôt que sur des bombardiers et des avions de chasse. :

1. Adapter ses atouts aériens afin de développer la coopération militaire avec les forces aériennes américaines au-dessus de l’espace aérien syrien. Il n’est pas impossible qu’on découvre bientôt des hélicoptères américains et russes attaquant ensemble des cibles terroristes en Syrie, en particulier Daesh. Les hélicoptères russes pourraient même être déployés en appui des forces spéciales américaines (et kurdes) dans cette arène.

2. Les négociations américano-russes sur les opérations conjointes des forces aériennes sont déjà en cours, avec un certain nombre de réserves posées par l’Administration Obama, en particulier l’interruption des frappes des forces aériennes syriennes contre les groupes rebelles syriens soutenus par les Etats-Unis.

Les sources de l’antiterrorisme et de renseignements de Debkafile révèlent que Washington et Moscou ne se sont pas encore mis d’accord sur lesquelles de ces forces rebelles devraient être considérées comme immunes. Le débat est centré sur les groupes rebelles proches d’Al Qaïda, de Daesh ou d’autres organisation sradicales musulmanes.

3. L’échec américain continuel à manier avec succès des forces armées rebelles syriennes contraint les Américains à se replier de plus en plus sur les forces russes en Syrie. Au cours des dernières semaines, ces forces pro-américaines ont été battues de façon répétée par Daesh avant d’achever leur mission.

Les derniers exemples en sont : l’amère défaite de la Nouvelle Armée Syrienne près d’Abu Kamal dans l’Est de la Syrie et l’échec des Forces Démocratiques Syriennes – FDS une autre force pro-américaine, opérant dans le nord de la Syrie près de la frontière turque, à reprendre Manbij à Daesh, en dépit d’un soutien aérien.

4. Alors que les Etats-Unis ont retiré leurs porte-avions de Méditerranée, l’arrivée du porte-avions Amiral Kuznetsov, prêt à entrer en action en octobre fera de la Marine russe la seul force militaire à déployer un porte-avions dans la région.

5. Depuis que Moscou et Ankara ont enterré la hache de guerre, en début de mois, les forces aériennes russes n’ont plus besoin de maintenir des avions de combat avancés en Syrie contre les forces aériennes turques.

6. Les Russes cherchent aussi à obtenir un accord avec la Turquie pouvant à terme déboucher sur des opérations aériennes conjointes contre des cibles terroristes en Syrie. Mais il y a encore bien loin de la coupe aux lèvres.

 

DEBKAfile Reportage Spécial 6 juillet 2016, 11:31 AM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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