La protestation en l’Irak génère une la querelle intestine chiite, qui menace tout contrôle de Bagdad par Téhéran

La démission d’Adel Abdel-Mahdi en tant que Premier ministre irakien, samedi 30 novembre, a confirmé que les 22 millions de Chiites irakiens (sur une population de 39 millions d’habitants) sont déchirés par une potentielle guerre interne chiite. Plus de 400 personnes ont été tuées en trois mois de manifestation et 16 000 blessées. Au moins 40 personnes sont mortes vendredi, la plupart des suites de coups de feu.

La protestation contre la corruption et l’échec du gouvernement, qui balaie le sud chiite et certaines parties de Bagdad, oppose les rebelles à l’influence iranienne aux milices chiites fidèles à l’Iran, qui rapportent directement au général Qassem Soleimani, chef d’Al Qods. En se retirant, le Premier ministre a répondu à la demande du grand religieux chiite d’Irak, le grand ayatollah Ali al Sistani, qui a condamné le recours à la force contre les manifestants et appelé à la formation d’un nouveau gouvernement.

DEBKAfile analyse les causes profondes de la crise actuelle.

  1. La dernière guerre entre l’Iran et l’Irak a eu lieu il y a 40 ans, lorsque Saddam Hussein dirigeait le régime sunnite en Irak et que les chiites constituaient une minorité opprimée.
  2. Bagdad est gouverné par des politiciens chiites dans la crise actuelle. Ils commandent à des milices chiites composées d’un quart de million d’officiers et d’hommes plus puissants que l’armée nationale irakienne et dotées d’un armement plus perfectionné.
  3. Cependant, les allégeances dispersées de ces milices sont la cause de la guerre interne qui se déroule, dans la mesure où, à travers elles, Téhéran tient les rênes du gouvernement de Bagdad.
  4. Le chef suprême de l’Iran, l’ayatollah Ali Khamenei, a confié au général Soleimani le «dossier irakien». Il a pour tâche d’employer des milices irakiennes à intégrer de force l’Irak au sein de l’arc d’influence chiite de l’Iran, aux côtés de la Syrie et du Liban. Mais le chef d’Al Qods a raté une partie de l’épisode, en se concentrant trop sur sa tâche pour pouvoir remarquer le dynamisme croissant d’une population privée de services appropriés et d’emplois dans le contexte d’une économie défaillante et d’une corruption profonde. Il a d’abord réagi en transformant la milice fidèle des Brigades de Badr en un parti politique, l’Organisation Badr, qui a pris sa place au Parlement en tant que l’une des plus grandes factions représentées.
  5. Les responsables du gouvernement chiite à Bagdad, au lieu de développer le pays déchiré par la guerre et son économie pétrolière, se sont employés à promouvoir l’influence iranienne, tout en accumulant des richesses personnelles et des positions fortes pour eux-mêmes et leurs milices attitrées.
  6. Ils ne se sont pas intéressés à la rivalité traditionnelle entre les institutions cléricales irakiennes et iraniennes pour le contrôle des 150 millions de musulmans chiites dans le monde. La question de savoir qui est supérieur à l’autre, entre Qom en Iran et Najaf et Karbala en Irak, n’a jamais été résolue. Pour le moment, le Grand Ayatollah irakien Hossein Ali al Sistani, âgé de 90 ans, et Moqtada Sadr, âgé 45 ans, dominent  leurs homologues iraniens. Et ce sont eux qui s’opposent avec la plus grande vigueur à l’influence dominante de l’Iran à Bagdad et aux machinations de son agent principal, le général Soleimani. Les motivations de cette course au pouvoir sont donc à la fois nationales et religieuses.
  7. Les manifestations ont commencé en octobre sous le slogan «L’Intifada irakienne de 2019», se qualifiant de soulèvement contre l’empreinte de l’Iran à Bagdad, autant qu’à cause de leurs autres griefs (corruption, etc.).
    Samedi, après avoir brûlé le consulat iranien à Najaf, ils ont célébré la démission du Premier ministre, mais ont exigé la fin de l’ingérence de l’Iran dans les affaires intérieures de l’Irak.
  8. Les manifestants sont restés défiants, au milieu d’une répression sanglante. Après l’incendie du consulat de Najaf, le général Soleimani a commis une grave erreur en ordonnant aux milices chiites irakiennes dirigées par des officiers d’Al Qods, de réprimer les émeutes de rue à Najaf et à Nasiriya à l’aide de balles réelles et de gaz lacrymogène. Plus de 40 manifestants ont été tués en 24 heures. Le général iranien aurait prévu samedi de déployer des milices irakiennes qui lui sont fidèles pour prendre le contrôle de Najaf afin de faire taire l’Ayatollah Sistani.
  9. La bataille du mouvement de protestation irakien contre des hommes armés pro-iraniens est en train de sombrer dans une épreuve de force qui déterminera non seulement qui est le dirigeant de Bagdad, mais également le sort de l’influence de l’Iran en Irak.

Adaptation : Marc Brzustowski

Iraq’s protests hold threat of Shiite internecine showdown, key to Tehran’s control of Baghdad

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5 Commentaires
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Bilou

Israel doit refuser les luttes intérieures politiques.
Le pays est assiégé. Il faut une direction unique.

Moshe

Bilou Président!!!! (non, je déconne..)

LACHKAR Norbert

HEUREUSEMENT QUE HACHEM A FAIT EN SORTE QU’IL Y AIT LES SUNNITES ET LES CHIITES QUI NE PEUVENT PAS SE VOIR ET S’ENTRETUENT,SINON ON AURAIT UN MILLIARD DE SUNNITES OU DE CHIITES QUI S »EN PRENDRAIENT A L’OCCIDENT,CELA ALLEGE RELATIVEMENT LE FARDEAU !!!!!!

Shelomo

Hachem aurait pu s’abstenir de les créer, il y aurait un meilleur monde aujourd’hui, et ce serait plus simple.

Moshe

On pourrait aller cueillir des dattes dans les oasis, sans personne pour venir nous faire chier…