La longue description de la “doctrine d’Obama”, récemment publiée par Jeffrey Goldberg dans The Atlantic, reflète la confusion du comportement du Président américain[1]. Israël occupe une place mineure dans cet article. Pourtant, une analyse des positions d’Obama sur Israël et sur Netanyahu, telles que présentées dans ce texte, révèle plus que la posture du Président sur ces questions. Cela sert aussi de prisme révélateur de divers éléments défaillants de la doctrine d’Obama qui sont ainsi mis en lumière.  

On peut commencer ce passage en revue de l’article par la description que fait Goldberg de l’admiration que porte Obama à la résilience d’Israël face à un terrorisme constant. Il a ajouté que : “il est évident qu’il aimerait pouvoir constater que la résilience remplace la panique dans la société américaine ». Une telle adaptation de l’Amérique est improbable. Une minorité importante d’Américains est d’accord avec Donald Trump sur sa proposition d’empêcher temporairement des Musulmans étrangers d’entrer aux Etats-Unis[2] [3]. Cela indique que ce n’est pas à la résilience, une attitude plus impassible, qu’on aura prioritairement recours, en particulier si d’autres crimes aux Etats-Unis sont commis parce que motivés par une vision islamiste du monde.

Obama déclarait qu’il n’y a qu’un nombre limité de questions morales, qui ne concernent pas directement les Etats-Unis, à cause desquelles il éprouverait le besoin d’intervenir. La défense d’Israël dans des circonstances extrêmes constituait une ligne rouge, ce qu’appuient les paroles d’Obama disant “que cela constituerait une faillite morale, pour moi, en tant que Président des Etats-Unis” de ne pas défendre Israël.

Pourtant Goldberg écrit qu’Obama “a longtemps cru que Netanyahu avait la possibilité de provoquer l’adoption d’une solution à deux-Etats qui protègerait le statut d’Israël en tant que démocratie à majorité juive, mais qu’il est trop peureux et politiquement paralysé pour le faire. Cette vision est bizarre. Il est hautement improbable qu’un accord de “paix” durable puisse être obtenu avec Abbas et le Fatah, qui glorifient les meurtriers de civils israéliens. Un tel accord avec ce groupe palestinien minoritaire encouragerait encore plus les efforts génocidaires anti-israéliens des Islamonazis du Hamas. Goldberg aurait mieux fait de demander à Obama ce qu’”il voulait dire quand il a déclaré vouloir aider les Palestiniens à retrouver leur “dignité”, un concept perverti , étant donné que la principale contribution des Palestiniens à l’humanité, à la date d’aujourd’hui, c’est leur goût de l’innovation dans le domaine du terrorisme et des techniques d’incitation à la haine.

Obama mentionne aussi que Netanyahu s’est montré publiquement condescendant à son égard en lui donnant comme “un cours sur les dangers de la région brutale dans laquelle il vivait”. En définitive, le Président a interrompu le Premier Ministre et lui a dit : “Bibi écoute, tu dois bien comprendre quelque chose… Je suis le fils Afro-Américain d’une mère célibataire et je vis ici, dans cette Maison. Je vis à la Maison Blanche. J’ai réussi à être élu Président des Etats-Unis. Tu crois que je ne suis pas à même de comprendre ce dont tu me parles, mais je le peux tout-à-fait”. Il est facile de démontrer que les propos d’Obama s’avèrent sans le moindre rapport avec le sujet, puisqu’il n’est pas du tout évident de savoir en quoi être le fils afro-américain d’une mère célibataire et avoir réussi à aboutir à la Maison Blanche, serait en soi, la preuve qu’on comprenne quoi que ce soit au Moyen-Orient.

Récemment, une émission en deux parties de Frontline (Ligne de Front) a été diffusée sur les tensions entre Netanyahu et Obama, qui, malgré son accent prononcé en faveur du Président américain, mettait effectivement, en lumière deux erreurs majeures commises par Netanyahu[4]. L’une a été son soutien ostensible à Romney contre la réélection d’Obama. L’autre, son attitude publiquement condescendante envers le Président des Etats-Unis, qui, malgré l’exactitude raisonnable de ses remarques – et la probable satisfaction de les avoir exprimées – était clairement un faux-pas diplomatique. Obama avait commis la première faute débouchant sur une mauvaise relation, quand il s’est rendu en voyage présidentiel au Moyen-Orient, peu de temps après son élection, sans même accorder une simple visite de courtoisie à Israël.  

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Cette émission était produite par le Service Public des Programmes qui a souvent été accusé de commettre des impairs antisionistes. On aurait pu espérer, en effet, que cela permette de mettre en lumière la façon condescendante d’Obama de snober Netanyahu, quand le Président a, par exemple, interrompu une réunion avec lui à la Maison Blanche pour aller dîner, sans même inviter Netanyahu à l’accompagner[5]. Cette affaire est-elle authentique ou pas? Ce sera le moindre mal. En tout cas, reste notoirement absente du programme de PBS, la moindre mention des écoutes par les services secrets américains de certaines des conversations téléphoniques de Netanyahu, sous le contrôle d’Obama[6].

Il y a une question centrale concernant Netanyahu qu’Obama semble aborder rationnellement. Il affirme que les divergences entre lui-même et Netanyahu au sujet de la bombe iranienne relèvent d’une question de définition. Obama veut empêcher les Iraniens de posséder la bombe nucléaire, alors que Netanyahu veut empêcher les Iraniens d’être capables (d’avoir les moyens) de produire des armes nucléaires.

En ce sens, le discours de Netanyahu de mars 2015 devant le Congrès, bien que cela ne soit pas discuté dans l’article de Goldberg, fait éminemment sens. Goldberg cite Obama qui dit : “Regardez, dans 20 ans d’ici, je serai encore là, si D.ieu veut. Si, à ce moment-là, l’Iran a l’arme nucléaire, il y aura mon nom inscrit de dessus”. Il a ajouté : “Je pense que c’est juste de dire qu’en plus de nos intérêts fondamentaux en matière de sécurité nationale, j’ai un intérêt personnel à ce que ce soit bien verrouillé”. Pourtant, au cours de la brève période qui nous sépare de la signature de l’accord avec l’Iran, il a déjà été partiellement violé par ce pays[7].

David Axelrod, l’ancien conseiller du Président, a été présenté dans le programme de PBS en train de répéter ce qu’Obama lui avait dit une fois :  qu’il était ce qu’il y avait de plus proche d’un Juif, assis  dans le Bureau Ovale[8]. Cela pourrait être finalement plus vrai que ce qu’on peut en penser à première vue. Il y a, en effet, un bon nombre de Juifs Américains soi-disant “éclairés” qui se conforment parfaitement bien à la tradition masochiste qui s’est enracinée dans le psychisme juif depuis des millénaires[9]. Ils critiquent Israël tout en gardant le silence sur les crimes majeurs des Palestiniens, à commencer par les déclarations génocidaires du Hamas.

Dans son interview de l’an dernier avec Obama –également dans The Atlantic – Goldberg avait laisse passer une remarque d’Obama concernant son désir de réparer le monde, un terme issu du vocabulaire juif médiéval, auquel font fréquemment référence les Juifs progressistes. Plutôt que de montrer le moindre signe de réparation, le glissement du monde vers le bas n’a eu de cesse de s’intensifier durant la Présidence Obama. C’est évident dans la détérioration des relations américano-russes, le chaos croissant au Moyen-Orient et l’expansion des mouvements terroristes extrémistes dans le monde musulman, pour ne citer que quelques exemples[10]. Les morts à cause du terrorisme global ont considérablement augmenté au cours de la présidence du lauréat du prix Nobel de la paix Obama, comparativement au mandat de son prédécesseur George Bush[11].

Le présent article de Goldberg se focalise essentiellement sur la crédibilité d’Obama. Cela, en particulier, à la suite de l’abstention d’Obama de tenir parole, suivant sa menace de 2012 de recourir à la force, si Assad utilisait des armes chimiques, ce que le Président syrien ne s’est pas privé de faire. Il y a aussi des problèmes moins graves qui ont semé le doute sur la crédibilité d’Obama. Par exemple, il a aidé activement à chasser de la présidence égyptienne l’allié de long terme des Etats-Unis, Hosni Moubarak.

Goldberg déclare explicitement dans son article qu’Obama ne s’est pas exprimé contre l’énorme criminalité qui sévit dans de vastes regions du monde musulman, dans le but de ne pas “exacerber la xénophobie anti-musulmane”. Les omissions intentionnelles d’Obama, sur ce qui aurait dû être dit concernant les principaux crimes liés à l’Islam, ont préparé le terrain à l’écho que reçoivent les remarques anti-musulmanes extrêmes de Trump.

On doit aussi opposer l’attitude qui consiste à minimiser les problèmes très réels de la criminalité musulmane et son impact global, aux condamnations fréquentes d’Israël, s’agissant de la construction dans les implantations, de la part des Etats-Unis, un problème qui n’est même pas traité dans son article. A ce propos, il y a encore un autre défaut de la doctrine déclarée d’Obama qui apparaît en pleine lumière : selon la définition de l’antisémitisme valide au Département d’Etat américain, le double-standard qui consiste à condamner Israël tout en gardant le silence à propos des crimes musulmans majeurs est un acte antisémite.

Par Manfred Gerstenfeld
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Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.

 


[1] www.theatlantic.com/magazine/archive/2016/04/the-obama-doctrine/471525/

[2] Anthony Salvanto, Jennifer De Pinto, Sarah Dutton and Fred Backus, “Poll: Solid opposition to ban on Muslims entering US,” CBS News, 11 December 2015.

[3] “Voters Like Trump’s Proposed Muslim Ban,” Rasmussen Reports, 10 December 2015.

[4] https://www.youtube.com/watch?v=81XzDKk2Jgk

[8] www.washingtontimes.com/news/2015/jun/2/obama-i-am-closest-thing-jew-has-ever-sat-oval-off/

[9] www.jpost.com/Opinion/From-Abraham-to-Woody-Allen-The-Jewish-masochist-tradition-409614

[10] www.israelnationalnews.com/Articles/Article.aspx/17008#.VuU6Xfl967Q

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