« Après l’échec du Hamas, il faut aider la population de Gaza à conquérir sa souveraineté »
Source : Le Figaro
FIGAROVOX/TRIBUNE – Cela fait dix ans que la bande de Gaza est contrôlée par le Hamas. Pour le journaliste Salomon Malka, ces dix années sont un échec dont le Hamas est responsable, et Gaza doit mettre en place une véritable politique de souveraineté pour avancer dans le règlement du conflit israélo-palestinien.

Salomon Malka est journaliste et écrivain. Il est directeur de la Rédaction de L’Arche.


Même ceux qui demeurent aujourd’hui encore attachés à la solution des deux États, israélien et palestinien, comme seule issue au conflit qui déchire cette région du monde depuis trop longtemps – et quelle autre issue pourrait-on imaginer? Il n’y en a pas d’autre -, sont forcés de constater que ce que dit Moshé Arens, ancien ministre israélien des affaires étrangères, cette semaine dans les colonnes du Haaretz, n’est pas dénué de bon sens et devrait en tout cas être examiné.

La bande de Gaza est dotée d’un gouvernement, d’une armée, d’une police, de tribunaux… Ce territoire n’est pas sous occupation. Il est souverain, ou en tout cas il pourrait l’être.

Il dit deux choses. La première, c’est qu’un État palestinien existe aujourd’hui, plus exactement un mini-État palestinien, c’est la bande de Gaza. Tous ses ressortissants sont Palestiniens, et depuis qu’Ariel Sharon a fait en sorte que les implantations israéliennes dans la région soient entièrement démantelées, il n’y a plus un seul juif dans le secteur. La bande de Gaza est dotée d’un gouvernement, d’une armée, d’une police, de tribunaux… Ce territoire, en dépit de ce qu’on clame ici ou là, n’est pas sous occupation. Il est souverain, ou en tout cas il pourrait l’être.

La deuxième chose, c’est le blocus. Ce blocus est incontestable mais il est relatif, puisque tous les jours, des centaines de camions approvisionnent ce territoire, la majeure partie de l’électricité est fournie par Israël, et des blessés sont soignés régulièrement dans les hôpitaux israéliens ( le chiffre est en baisse, 300 blessés soignés pour le mois de mai, contre 2000 dans le passé, en raison de nouveaux obstacles administratifs mis par l’Autorité palestinienne). Il ne tient qu’au gouvernement en place d’améliorer les relations avec ses voisins (Israël comme l’Égypte) pour obtenir une libre circulation d’un territoire à l’autre (en cessant par exemple d’utiliser l’aide massive fournie par les Européens pour accroître son arsenal de roquettes et poursuivre la construction de tunnels), comme il ne tient qu’au Hamas de se consacrer au développement plutôt qu’à la confrontation.

Les difficultés s’amoncellent et les querelles Hamas-Autorité palestinienne se sont ravivées. Qui peut nier que la situation économique et humanitaire soit devenue catastrophique ?

Il y a tout juste dix ans, la bande qui venait d’être évacuée, s’est jetée dans les bras du Hamas. Non seulement la situation ne s’est pas améliorée, mais elle s’est détériorée. Les difficultés s’amoncellent et les querelles Hamas-Autorité palestinienne se sont ravivées. Qui peut nier que la situation économique et humanitaire soit devenue catastrophique? Sur un territoire de 365 kms, avec une population de 1 450 000 habitants, le chômage est un des plus élevés au monde, près d’un adulte sur deux est sans emploi… À 60 kms de Tel Aviv et à 40 kms de Beer-Sheva, c’est devenu une poudrière que plus personne n’est à même de contrôler. Mais on imagine que si l’été devient chaud, il y a fort à parier qu’un doigt accusateur sera dirigé une fois encore contre les mêmes, contre Israël, contre l’Égypte, contre Mahmud Abbas…On entendra de nouveau, sur les rives de la Seine, de la part des mêmes, les imprécations sur «le tombeau à ciel ouvert» et la nécessité de «venger Gaza».

Rien ne semble indiquer pour l’instant que le Hamas soit engagé dans un processus d’escalade. C’est le moment pour les Européens, et pour les hommes de bonne volonté soucieux d’une véritable solution à deux États, d’aider la population de Gaza à sortir du marasme, de l’orienter vers la construction et le développement, de faire en sorte que la gestion de cette partie de territoire soit une première étape vers la constitution – avec Abbas – d’une souveraineté pleine et entière, au lieu de pousser le pouvoir islamiste en place à se complaire dans son irrédentisme.

On en est loin? Bien sûr qu’on en est loin. Mais il faudra bien convenir, dix ans après, que le Hamas est un échec lamentable. Il serait temps qu’il s’en aperçoive, comme il est temps qu’il se rende compte que de cet échec, il est le seul responsable. Lui, et tous ceux qui l’entretiennent dans l’illusion que «les roquettes plus l’électricité», cela puisse constituer une politique à long terme. Ni même une politique tout court.

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

2 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
Breiz

Le hamas ne pense qu’à la destruction d’Israel. Il se fiche totalement du peuple.

Gaulois mécontent

Quand on pense que ARAFAT et sa bande de clowns affirmaient, en 1994, que cela deviendrait un nouveau Singapour ! ! On voit le parcours. Les Arabes ne sont bons que pour détruire, jamais pour construire.