Asad_Control
Les Etats-Unis s’inclinent face à l’exigence russe de maintenir Assad au pouvoir. Israël fait de même, au risque d’un prix très élevé lors du prochain conflit. 

Après deux tentatives, le Secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est finalement détourné de la position tenue durant quatre ans par le Président Obama, insistant sur la nécessité d’une destitution de Bachar al Assad comme précondition pour une résolution du conflit en Syrie. Mardi soir, le 15 décembre, le Secrétaire a annoncé à Moscou : « Les Etats-Unis et nos partenaires ne recherchent pas un prétendu changement de régime ».

Après la première tentative de Kerry, Obama continuait encore à sortir ses armes.Il a déclaré à Manille le 19 novembre qu’il ne croyait pas que la guerre civile en Syrie « puisse prendre fin tant que le dictateur demeure au pouvoir ».

Presque un mois a passé, puis, mardi soir, après une journée entière de tergiversations avec le Ministre des affaires étrangères Sergei Lavrov, qui a connu son point fort lors d’une conférence de presse conjointe avec Poutine au Kremlin, Kerry a confirmé cette évolution dans la position des Etats-Unis. Ce qui importe à présent, a t-il dit, « ce ne sont pas nos divergences sur ce qui doit ou ne doit pas être fait immédiatement au sujet d’Assad ». C’est plutôt de faciliter un processus de paix par lequel « les Syriens prendront leurs propres décisions pour l’avenir de la Syrie ».

Cette déclaration ramène Washington sur la ligne de l’exigence de Moscou qui dit que l’avenir du Président sera déterminé par son propre peuple.

Et sur ce point, l’Ayatollah Al Khamenei est encore plus obstiné que Poutine.

Les sources moyen-orientales de Debkafile se demandent quelles mesures de libéralisation les Syriens seraient en droit d’attendre, alors qu’ils sont enfermés dans un étau militaire qui se resserre, entre la Russie, l’Iran et le Hezbollah. Cependant, ce point de détail ne fait pas partie des préoccupations immédiates des acteurs des grandes puissances. La reddition de Washington face à la ligne russo-iranienne sur l’avenir d’Assad a été offerte dans l’espoir de très court-terme d’un progrès lors de la conférence internationale sur la question syrienne censée se dérouler vendredi prochain à New York.

Une autre concession majeure de Washington, celle-ci à l’intention de Téhéran – s’est peu fait remarquer.

Mardi, un peu plus tôt, un bureau d’observation du nucléaire à l’ONU comportant 35 nations, à Vienne, a fermé le dossier d’enquêtes concernant les recherches en bombes atomiques menées par l’Iran, en optant pour le soutien à l’accord international avec Téhéran, plutôt que de continuer à fouiller dans les activités nucléaires militaires passées de l’Iran.

Ce leitmotiv disant qu’il vaut mieux aller de l’avant vers l’avenir plutôt que de creuser les « défauts » du passé, s’est avéré un mantra répété de même nature que le maintien d’Assad au pouvoir. Il fournit un alibi clé-en-main pour laisser Téhéran se sentir lavé de tout soupçon d’avoir fait des tests de détonateurs dans son complexe militaire de Parchin, sans mettre en péril le processus d’allègement des sanctions, au seul motif d’avoir refusé tout accès aux inspecteurs de l’agence nucléaire de l’ONU, qui aurait permis de confirmer ces soupçons.

En une seule et unique journée, l’Administration Obama a remis des certificats de légitimité au dictateur syrien, responsable de la mort de plus d’un quart de millions de personnes et aux percées iraniennes vers l’obtention d’armes nucléaires. Ces retournements de veste épiques de la part de la politique américaine transmettent trois types de massages importants :

1. L’Administration Obama s’est alignée derrière les objectifs moyen-orientaux de Poutine qui dépendent du maintien de Bachar al Assad au pouvoir.

2. Washington approuve l’intervention militaire massive de la Russie en Syrie, bien que pas plus tard que le mois dernier, Obama l’ait vivement condamné en affirmant qu’elle n’était destinée qu’à échouer.

3. Les Etats-Unis appuient désormais l’Iran – non seulement sur la question syrienne – mais aussi sur l’existence d’une alliance irano-syro-Hezbollah fondée sur le terreau solide d’un pont qui va d’Iran et du Golfe vers la côte Méditerranée sous la protection et l’influence militaire et politique russe.

Mais le plus surprenant, c’est l’expression des sentiments qu’on a entendus cette semaine à Jérusalem.

Nos sources des renseignements militaires citent des responsables qui exhortent le gouvernement à accepter le revirement de la politique américaine. Dans certains cercles militaires, on entend des voix de tout premier plan commenter favorablement les nouvelles perspectives de survie d’Assad au pouvoir ou même conseiller de jeter pour monter dans ce train en marche plutôt que d’y faire obstruction.

Ces mêmes « experts »ont longtemps proclamé que les jours d’Assad étaient comptés. Ils ont eu tort et ils continuent d’avoir tort, actuellement.

Israël a bien été contraint de céder sur la question du programme nucléaire iranien,mais Israël paiera très cher, lors du prochain conflit, son acceptation de la permanence d’Assad et de la présence indéfinie de ses parrains, l’Iran et le Hezbollah en Syrie.

DEBKAfile Special Reportage Spécial  16 Décembre 2015, 12:17 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski.

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Elie de Saint Cloud

erratum : le petit doi-g-t ! bien évidemment !

Elie de Saint Cloud

Brzutowski veut nous faire croire « brutalement » qu’Israël paiera très cher son acceptation de la permanence d’Assas et son acceptation de la présence indéfinie de l’Iran et du Hezbollah en Syrie.

Il est évident qu’Israël n’a jamais rien accepté de tel, les Russes ayant apporté des arguments frappants qui font plier Kerry et Obama sur tous les fronts et Brzutowsky voudrait qu’Israël s’oppose seul à la Russie, sachant qu’Obama ne bougerait pas le petit doit en cas de brouille entre Israël et le groupe compact « Russie-Iran-Hesbollah ».

Contrarier Poutine est aujourd’hui super risqué, et Israël ne peut se permettre de rejeter quoi que ce soit.

Il est urgent d’attendre un certain Donald Trump qui pourra « seul » redresser la balance en faveur d’Israël.