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Israël : Dore Gold, l’homme en or pour booster la diplomatie

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Dore Gold va t-il rendre, à nouveau, sa cohérence à la diplomatie israélienne?  

Certains diplomates saluent la nomination du nouveau Directeur Général, parce qu’il renforce l’autorité de Netanyahu sur un Ministère qui s’est longtemps senti marginalisé. D’autres prétendent qu’il pourrait le museler un peu plus. 

 

Dore Gold, then Israel's ambassador to the United Nations, speaks with reporters at Chesapeake College Monday, October 19, 1998, in Wye Mills, Maryland (AP Photo/Khue Bui/File)
Dore Gold, alors ambassadeur d’Israël à l’ONU, s’exprime face aux reporters au Chesapeake College lundi 19 octobre 1998, à Wye Mills, Maryland (AP Photo/Khue Bui/File)
 

Certaines fois, on a l’impression que le parcours en dents de scie auquel semble soumis le Ministère des Affaires étrangères, au cours des tous derniers mois, est calculé d’en-haut. Peut-être que quelqu’un lui jetait-il ces vieilles malédictions pour qu’il puisse revivre au moment opportun. .

Ou cela pouvait n’être qu’un simple symptôme de plus de l’arithmétique compliquée de la formation de cette coalition et des diverses stratégies politiques du Premier Ministre Netanyahu, où le corps diplomatique israélien se retrouvait au beau milieu d’une lutte acharnée entre des intérêts concurrents. 

Alors que le 34ème gouvernement était enfin au complet, lundi, le Ministère des affaires étrangères semblait encore souffrir d’un manque grave de direction. Tout à la fin, on relève une grave confusion pour savoir qui, finalement, va façonner cette politique étrangère d’Israël et, surtout, comment? 

Se refusant à nommer un Ministre à plein temps, Netanyahu s’est gardé le job et a désigné la faucon Tzipi Hotovely comme adjointe. Il a chargé le Ministre de l’Intérieur Silvan Shalom de diriger tous possibles pourparlers de paix à l’avenir, avec les Palestiniens, fait ministre de la Diaspora Naftali Bennett et de Gilad Erdan, le Ministre des affaires stratégiques et de la diplomatie publique (« Hasbara »). 

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Lundi, Netanyahu a démissionné l’ancien Directeur Général du Ministère des Affaires étrangères, Nissim Ben-Shitrit – un diplomate professionnel doté de près d’un demi-siècle d’expérience et l’a remplacé par son confident de vieille date, Dore Gold. 

Alors qu’on peut considérer comme une surprise cette affection de Gold, certains diplomates pensent qu’il pourrait améliorer leur statut – malgré le fait que Gold reste un étranger au Ministère, qui n’y a pas directement travaillé depuis longtemps. 

Certains experts prétendent que Netanyahun’aurait fait qu’affecter un homme à sa main, afin de garder Hotovely à l’oeil. La nouvelle adjointe est, en effet, is une opposante bruyante à la solution à deux Etats et a ouvertement appelé à l’annexion de la Judée-Samarie – une position que Netanyahu sait pertinemment inacceptable, chez les dignitaires étrangers qu’elle est censée accueillir dans sa position. Placer Gold à la tête du Ministère pourrait être une façon de s’assurer que sa vision personnelle (un Etat Palestinien démilitarisé) prévaudra sur son idéal à elle de solution à un seul Etat. 

Tzipi Hotovely in the Knesset. (Abir Sultan/Flash 90)

Clairement, le geste de Netanyahu démontre qu’il n’espère plus conserver ce porte-feuille convoité pour un futur partenaire de coalition (si jamais il l’a jamais fait). S’il souhaitait tellement voir Isaac Herzog prendre le poste, il n’aurait pas choisi Gold comme patron du ministère. Plutôt que de garder la place chaude pour quelqu’un d’autre, il semble que Netanyahu ait l’intention d’être, lui-même, un Ministre des affaires étrangères d’active, qui contrôle jour après jour les travaux de ce Ministère sensible. 

Les critiques n’ont pas traîné pour suggérer que la vision bien connue de Gold, en tant qu’homme de droite risquait d’éroder encore plus l’image d’Israël aux yeux de la communauté internationale. Gold « est considéré comme ayant des points de vue proche des « faucons » concernant la question palestinienne et n’a jamais exprimé publiquement son soutien éventuel à la solution à deux-Etats, pour l’Etablissement d’un Etat Palestinien ou au discours de Netanyahu en 2009, à l’Université Bar-Ilan, où il a déclaré être favorable à la Solution à deux-Etats », selon le quotidien de gauche Haaretz.

La droite, évidemment, a célébré la nomination de Gold. En affectant « un autre homme fort du nationalisme », aux côtés d’Hotovely, Netanyahu a confirmé que le gouvernement poursuivrait une politique de droite, a  écrit dans Jewish Press Tzvi Ben Gedalyahu. « Autant Gold qu’Hotovely sont religieux, ce qui complète ce Ministère des Affaires étrangères comme un domaine solide du courant sioniste-religieux, un de ceux qui sera des plus inconfortables pour le Secrétaire d’Etat américain John Kerry ». 

Ancien ambassadeur d’Israël à l’ONU et actuellement président du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (NDLR : prenant la succession de Manfred Gerstenfeld, président d’honneur), Gold est un membre de longue date du cercle rapproché de Netanyahu. Il a occupé le rôle de conseiller en politiques étrangères, auprès de Netanyahu, durant son premier mandat (de 1996 à 97) et à nouveau, de 2013 jusqu’aux dernières élections. 

« Au cours de la période où Binyamin Netanyahu était chef de l’opposition, Gold a joué un rôle déterminant pour forger la relation entre la direction du parti du Likoud et le Royaume Hachémite de Jordanie, afin de trouver une alternative aux liens stratégiques grandissants entre le gouvernement travailliste et l’OLP sous l’égide de Yasser Arafat », selon une  biographie sur le site internet de Gold. Cet homme né dans le Connecticut a été l’envoyé spécial de Netanyahu auprès de l’Autorité Palestinienne, de l’Egypte et de la Jordanie « ainsi que de bien d’autres pays arabes ». 

Certaines sources diplomatiques disent que Gold, qui est Docteur de l’Université Culumbia, est parfait pour le poste : son anglais (sa langue maternelle) est impeccable et il dispose d’une solide connaissance de très nombreux défis pour Israël,en matière de politique étrangère. Ce n’est pas, non plus, un visage inconnu au Ministère des Affaires étrangères : « Evidemment, il a bénéficié d’une nomination politique (lorsqu’il a été nommé Ambassadeur à l’ONU), mais il faisait déjà partie du système », dit un diplomate important. « Au fil des années, son Centre de Jérusalem est devenu un de nos interlocuteurs autour de nombreux problèmes. Ce n’est pas un étranger ». 

D’autres prétendent que Gold – dont l’assignation comme ambassadeur à la fin des années 1990 n’a pas duré plus d’un an et demi – s’est trop éloigné du Ministère des Affaires étrangères, pour savoir comment diriger l’endroit efficacement. 

Après tout, la mission principale de Gold ne sera pas d’agir en tant que porte-parole d’Israël. Le directeur-Général du Ministère est, plutôt chargé de l’énorme bureaucratie qui gère de nombreuses et, parfois, impitoyables tâches, telles que faire face à l’Union des Travailleurs du Ministère et à sa lutte pour des salaires plus intéressants, ou d’organiser des missions de secours à des pays très vastes et lointains (Népal, Haïti…). 

L’ancien Ministre en charge, Avigdor Lieberman a déclaré qu’il n’avait aucun problème avec la nomination de Gold en tant que tel, mais s’est lamenté de l’absence de clarté de la position israélienne  au sujet de l’Etat Palestinien, en faisant référence au fait que Netanyahu, d’une part, s’est engagé envers la Solution à deux Etats, alors qu’Hotovely et silvan Shalom, l’homme chargé des discussions avec les Palestiniens, ne le sont pas. 

Foreign Minister Avigdor Liberman at the Foreign Ministry in Jerusalem, January 4, 2014 (photo credit: Hadas Parush/Flash90)

« Les nominations et les décisions ne remplacent pas un politique claire », a déclaré Lieberman. Il s’est plaint de la nomination d’un directeur général « qui est très proche du Premier Ministre et qui doit travailler au-dessus de la tête de l’adjointe au Ministre  des Affaires étrangères ». Il s’en est aussi pris à Netanyahu pour “transmettre la plupart des responsabilités du Ministère à d’autres ministères et à d’autres personnes.”

Lieberman n’avait pas installé un de ses copains à ce poste, au cours de ses six années en tant que Ministre (bien qu’il ait voulu donner le feu vert à son conseiller Sharon Shalom). 

De par la loi, le Ministre entrant a le droit de remplacer le directeur-Général par une personne chère à son coeur. Et la plupart des derniers Ministres des affaires étrangères n’ont pas hésité à limoger l’homme en place et à se désigner un de leurs prochers associés. En 2006, par exemple, Tzipi Livni a fait entrer Aaron Abramovich, qui n’avait aucune expérience diplomatique. Dans les années 1980, le Ministre des Affaires étrangères Shimon Peres a nommé son petit protégé Yossi Beilin. 

En plaçant Gold, Netanyahu ne sape pas les règles en viugueur au Ministère, mais agit plutôt comme un Ministre de plus à ce poste, qui adoube l’un de ses proches pour s’assurer qu’il garde le plein contrôle sur les affaires courantes au bureau. 

« Le Ministère des Affaires étrangères se plaint souvent d’avoir été marginalisé » dit un diplomate, en faisant référence au fait que la responsabilité des négociations de paix avec les Palestiniens, les relations avec les Etats-Unis et la Turquie,ainsi que d’autres questions sensibles, ont été externalisées vers d’autres ministères au cours de ces dernières années. « Désormais, une personne qui dispose de l’oreille du Premier Ministre, et de sa confiance, dirige le bureau. Pour nous, c’est un véritable avantage ». 

Pour la première fois depuis de nombreuses années, le premier ministre n’a pas offert le Ministère des Affaires étrangères à un parti différent et va pouvoir, par conséquent, l’employer pour faire progresser ses initiatives politiques, selon ce diplomate. Lieberman, par exemple, avait une vision différente sur la façon dont Jérusalem devrait approcher la question du processus de paix et c’est bien pourquoi Netanyahu a rapidement transféré le dossier palestinien hors du cadre des responsabilités du Ministère des Affaires étrangères. « Maintenant, le premier ministre peut regarder ce qui se passe au Ministère et savoir qu’il fera ce qu’il souhaite, parce que le Directeur-Général est son homme à lui », dit le diplomate. 

Quoique le fait de donner son feu vert à un externe au Ministère, jusqu’à présent, comporte aussi certains désavantages, la nomination de Gold garantira que l’échelon professionnel du Ministère parlera de la même voix que son échelon politique, a ajouté ce diplomate. « Cela fera que nous serons plus pertinents et efficaces que nous ne l’avons été durant des années ». 

Une autre source au Ministère des affaires étrangères est d’accord pour dire que, même si les prédécesseurs de Gold avaient de la bouteille, le directeur-général entrant présente l’avantage de parler avec l’autorité de quelqu’un de très proche du premier ministre. 

Savoir si la nomination de Gold s’avérera réellement bénéfique au Ministère dépend, évidemment, des intentions de Netanyahu, selon cette source : « Si Netanyahu emploie Gold pour activer le Ministère des affaires étrangères dans le sens de sa politique, il le rendra infiniment plus pertinent et efficace. si la mission de Gold n’est juste que de dompter et de mieux contrôler le Ministère, cela risque alors de partir en direction opposée ». 

Raphael Ahren
Raphael Ahren Raphael Ahrenest le correspondant diplomatique du Times of Israel.
 25 mai 2015, 11:58 pm
 
Adaptation : Marc Brzustowski

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