Profondément inspiré de nombreuses traditions folkloriques et religieuses, le poème symphonique dédié à la Bohême, du compositeur tchèque Smetana, connaît très vite le succès dans les milieux sionistes puis résistants avant de devenir tout naturellement l’hymne national de l’Etat juif.
Du nationalisme tchèque au retour à Sion?
A la fin du XIXe siècle, dans les années 1870, le compositeur Bedrich Smetana écrit le cycle « Má Vlast » (Ma Patrie), composé de six poèmes symphoniques, évoquant la Bohême, ses paysages, ses danses, son histoire et ses légendes.
Figure importante du mouvement national tchèque, il est le premier compositeur à utiliser des éléments du folklore tchèque et écrit le premier opéra intégralement en langue tchèque.
Le poème le plus connu est Vltava [Veltava] du nom de la rivière qui traverse la ville de Prague et la Bohême.
Prague, où est né Smetana et où il habite la majeure partie de sa vie. Or un des thèmes de la Vltava est très proche de la mélodie de la hatikva.
Un mélange de Moldavie et de Galicie
En 1878, Nephtali Herz Imber, originaire de Galicie, écrit la Hatikva. Les paroles « Notre espérance n’est pas morte » sont tirés d’un passage du prophète Ézéchiel : « Nos ossements sont desséchés, notre espérance est morte » (Ez 37,11).
Imber s’installe en Palestine quatre ans plus tard.
La même année, en 1882, Samuel Cohen, originaire de Moldavie met les paroles de Imber sur l’air d’une chanson populaire roumaine « Les chariots et les bœufs », après s’être lui aussi installé aussi en Palestine.
L’air devient populaire, dans les milieux sionistes. En 1903, il est chanté à la fin du 6e congrès sioniste à Bâle.
Sous le Mandat britannique, il devient chant de résistance. En 1933, lors du 18e congrès sioniste, à Prague (ville de naissance de Smetana), il devient hymne officiel du mouvement sioniste.
En 1940 les combattants du Ghetto de Varsovie en font leur chant de ralliement. Immédiatement adopté comme hymne officiel lors de la proclamation de l’Etat d’Israël (1948), il faudra cependant attendre une loi constitutionnelle de 2004 pour qu’il soit reconnu comme hymne national.
L’Hatikva, interprétée par des commandants de Tsahal, à Auschwitz- Birkenau
J’aime ce pays – Charles Rojzman
J’aime ce pays parce qu’il est en permanence attaqué. diffamé, diabolisé.
J’aime ce pays parce qu’il n’est pas parfait et qu’il le reconnaît par les voix de ses intellectuels qui ont le droit de le faire sans craindre d’en mourir.
J’aime ce pays parce qu’il est une oasis dans une région malheureuse et responsable en grande partie de ses malheurs.
J’aime ce pays parce qu’il est réellement multiculturel et que cette multiculturalité est moins violente qu’ailleurs.
J’aime ce pays parce qu’il a du génie et qu’il réalise des prouesses.
J’aime ce pays parce qu’il a redonné de la fierté et de la dignité à des humiliés.J’aime ce pays parce que j’aime ses films et sa langue.
J’aime ce pays parce qu’il obsède jour et nuit des gens que je n’aime pas.
Charles Rojzman
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« Du nationalisme tchèque au retour à Sion? »
« Un mélange de Moldavie et de Galicie »
Des affirmations un peu discutables.
On peut citer la Mantovina de Gaspard Zanetti, 1616 donc plus de 2 siècles avant la Moldeau:/www.youtube.com/watch?v=gQDjPqaZI1g
et bien sûr la chanson roumaine « les chariots et les boeufs:/www.youtube.com/watch?v=adTjy-TIW_Q
Mais on retrouve cet air dans les offices des synagogues hispano-portugaises du Moyen-Âge. Etait-il utilisé pour la lecture d’Ezechiel?