Quand mes grands-parents ont décidé de quitter l’Europe de l’Est, où un espoir immense avait rapidement laissé la place à la tyrannie, c’est vers la France que leur regard s’est porté.
Parce que, pour tous les opprimés, la France était le pays des droits de l’homme, un phare pour l’humanité toute entière.
Aujourd’hui, l’actualité récente questionne le modèle républicain.
Est-il encore à même de surmonter tous les obstacles et de poursuivre son œuvre égalitaire, de protection et d’émancipation des minorités ?
On peut légitimement se poser la question suite à l’agression de Villeurbanne, ce samedi 2 juin, où trois jeunes juifs portant la kippa ont été sauvagement agressés à coups de marteaux et de barres de fer par une dizaine d’individus.
Cet épisode dramatique n’est malheureusement qu’une des répliques du massacre de Toulouse où 3 enfants et un adulte avaient été lâchement assassinés devant une école juive par un adepte du djihad.
À chaque fois, la condamnation de ces actes barbares a été unanime par la classe politique, entachée cependant de la quasi-certitude que cela se reproduira.
À chaque fois également revient la même litanie pour tenter de donner une explication à ces actes d’une incroyable violence : le conflit israélo-palestinien, la misère sociale, l’ignorance, un acte isolé d’un loup solitaire ou d’un déséquilibré.
Pourtant, à la sortie de la guerre, les survivants de la Shoah eux aussi avaient toutes les raisons d’en vouloir au monde entier.
Ils ont choisi une toute autre voie, celle de l’espoir et de la passion de la vie, bien que tant des leurs aient été réduits en cendres.
Alors qu’ils avaient tout perdu, nombreux sont ceux qui sont devenus médecins, scientifiques, avocats, écrivains, musiciens et que sais-je encore. C’était cela leur révolte, c’était cela leur victoire.
Alors accepter les explications faciles, c’est se dédouaner à peu de frais. C’est un aveu d’impuissance qui ne peut mener qu’au chaos.
Car, l’histoire nous l’a prouvé à maintes reprises, les juifs ne sont en général que les premières victimes d’un processus plus global.
Affirmer que le problème serait en grande partie résolue si une paix était trouvée au Proche-Orient, c’est accepter comme inéluctable l’importation d’un conflit extérieur en France.
C’est condamner la laïcité à la française.
Agir ainsi, c’est renoncer à un système qui a fait ses preuves parce qu’il permet de faire cohabiter des personnes d’horizons différents en mettant en avant ce qui rassemble, et non ce qui divise.
C’est abandonner sans lutter et faire le jeu des extrêmes et des fanatismes qui se nourrissent de la faiblesse des états et du renoncement des intellectuels surtout en période de crise.
La paix sociale ne s’obtient pas en fermant les yeux ou par un coup de baguette magique.
Pérenniser notre modèle de société et défendre nos valeurs est un perpétuel combat, et c’est le devoir de chacun.
Pour cela, il est impératif que les lois de la République soient appliquées partout et que nul n’en soit exempté.
Mais pour autant, le tout répressif n’est pas une solution.
L’éducation doit être au centre du dispositif, car l’école est le creuset du «vivre ensemble.»
C’est le lieu d’intégration par excellence, où l’on fait dès le plus jeune âge l’apprentissage de la diversité.
Pour qu’il y ait un avenir, la conclusion qui s’impose, en paraphrasant le Talmud, c’est de reconnaître et d’affirmer que «le monde est suspendu aux lèvres des enfants qui vont à l’école».
Pr Hagay Sobol / Bénillouche Blog Article original
Tags : Antisémitisme France Villeurbanne Toulouse Beit Menahem
Ozar Hatorah Laïcité Jihad Islamisme Ecole Shoah
Droits de L ‘homme Alteracisme Bénillouche
 |
 |
