Il y a quelques années, je suis tombé sur un générique des Simpsons dans lequel on voyait Bart, puni, écrivant cent fois au tableau « rajouter lol à la fin de sa phrase n’autorise pas à insulter le professeur ». Et là je m’interroge: en extrapolant un peu, est-ce que présenter des excuses à la fin d’une remarque, d’un tweet ou d’un post antisémite autoriserait le dit-propos antisémite?

Il semblerait malheureusement que la punition de Bart soit très loin de s’appliquer en Pologne, où règne en ce moment un climat assez nuageux, avec un gros risque de  « dépression antisémite »

Et pour cause, plusieurs « anecdotes » pour le moins tendancieuses  sont à déplorer ces derniers jours, depuis la validation par le Sénat polonais d’un amendement à la Loi nationale sur le souvenir, imposant une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison pour ceux qui reprocheraient à la nation polonaise des crimes antisémites commis pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le projet de loi,  signé mardi par Andrzej Duda, le président polonais, déclare illégale la participation de la Pologne à la shoah, il s’applique à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de la Pologne et interdit à quiconque de mentionner le meurtre de juifs par la Pologne ou d’employer le terme de «camps de la mort polonais» pour évoquer la Shoah en Pologne.

Ainsi, les Polonais refusent donc à présent de reconnaître leur coopération avec les nazis, ils veulent enterrer et oublier leurs pillages des possessions juives sans parler des pogroms comme celui de Kielce en 1946.

Alors, vous imaginez bien que cette loi suscite de nombreuse protestations de la part des organisations juives mondiales. Mais même cela, certains Polonais ne l’admettent pas. Ainsi Bogdan Zalewski, un journaliste de la RMF, l’une des plus grandes stations de radio commerciales polonaises, a posté sur Facebook la semaine dernière: « Polonais, nous sommes en guerre! Nous sommes en guerre contre les Juifs! »  en références au mécontentement affiché par institutions juives.

Bogdan Frymorgen un autre journaliste de la RMF, qui, s’il porte le même prénom que son collègue ne nourrit heureusement pas la même haine que lui, a déclaré sur les ondes de la radio : « Je ne peux que montrer du mépris pour un homme qui, au 21ème siècle, en pleine conscience des horreurs du siècle précédent, va à la « guerre contre les Juifs », publiquement de surcroît. Je lui crache virtuellement au visage ».

Et grâce à lui, la station de radio a suspendu Zalewski, qui a supprimé son post, avant de « s’excuser », affirmant ne pas être antisémite.

Le 2 février dernier, rappelons aussi qu’un journaliste de la télévision polonaise TVP Info Channel, a posté un Tweet qui explique que la réaction d’Israël face à la nouvelle loi fait partie d’une stratégie visant à réclamer des propriétés en Pologne ayant autrefois appartenu aux Juifs.

L’ambassade d’Israël à Varsovie a immédiatement condamné le Tweet « Il est difficile de trouver un meilleur exemple d’une fausse nouvelle antisémite», pouvait-on lire dans la déclaration de l’ambassade en réponse à la publication calomnieuse. La chaîne de télévision publique s’est alors « excusée » auprès de l’ambassadrice israélienne Anna Azari, affirmant que le tweet « était une erreur » et reposait sur une source d’information non vérifiée. « Des sanctions seront prises contre cette personne », a déclaré TVP dans un communiqué.

La semaine dernière, encore sur TVP, un présentateur et son invité ont poussé le bouchon jusqu’à affirmer que les Juifs étaient en partie responsables de leur propre extermination pendant l’Holocauste. Les deux hommes ont plaisanté sur les camps de la mort en précisant qu’ils devraient être appelés « camps de la mort juive».

Et si L’hôte de la chaîne a « présenté ses excuses », l’invité, Rafał Ziemkiewicz, a quant à lui affirmé ne pas regretter utiliser ce nouveau terme plus approprié. Ziemkiewicz, écrivain et journaliste, avait demandé la reprise de l’exhumation des restes des victimes à Jedwabne, site du massacre en 1941 de centaines de Juifs par leurs voisins polonais non-juifs. Le plan controversé, proposé en 2014, devait fournir des preuves médico-légales que le massacre avait été commis par les Allemands. «Je lance un appel à l’Institut de la Mémoire nationale pour finalement procéder à l’exhumation à Jedwabne, bloquée il y a plus de 10 ans par la pression des organisations juives », avait-il écrit sur Facebook.

Enfin, toujours la semaine dernière, Jacek Miedlar, un ancien prêtre, a fabriqué des T-shirts et des sweat-shirts portant l’inscription : « Je ne suis pas désolé pour Jedwabne ». Miedlar avait été mis en examen l’année dernière dans la ville occidentale polonaise de Wroclaw pour «incitation publique à la haine fondée sur les différences religieuses et nationales ». En 2016, il avait également prononcé un discours dans lequel il appelait à la haine contre les Juifs et les Ukrainiens.

Mais plus grave encore, selon les sondages, il semblerait que près de 50% des Polonais  refusent de s’excuser pour Jedwabne.  L’escalade de l’antisémitisme semble donc encore loin d’être terminée en Pologne.

« Même dans mes pires cauchemars, je ne m’étais jamais attendu à entendre des blagues sur Auschwitz, sur les Juifs et sur les chambres à gaz à la télévision publique » a confié au journal JTA (Jewish Télégraphic Agency) Piotr Kadlcik, un important dirigeant juif de Varsovie.

par David Attia – Tel-Avivre-

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