Gérard Lanvin, héros des Enfants des Justes (France 2): «Les artistes ont un devoir de mémoire»

Le comédien, qui avait joué son propre rôle dans Dix pour cent, retrouve le petit écran pour Les Enfants des justes, un unitaire pour France 2, avec Mathilde Seigner, signé Fabien Onteniente.

Gérard Lanvin se confie sur son implication dans la fiction et son plaisir, à 72 ans, à faire de la musique avec son fils Manu. Ils présenteront leur album Ici Bas, sorti l’an passé, sur la scène de l’Olympia à Paris le 27 mai et en tournée dans des festivals.

TV MAGAZINE. – En quoi était-il important de faire ce téléfilm Les Enfants des justes ?

Gérard LANVIN. – Nous avons, particulièrement en tant qu’artistes, un devoir de mémoire. Dès qu’il existe une possibilité de rappeler à la nouvelle génération cette guerre horrible, il faut essayer de le faire, avec émotion, intelligence. Montrer que l’héroïsme peut concerner des gens tout à fait ordinaires. Et quand on voit ce que l’on vit actuellement avec l’Ukraine, ces gens qui deviennent des exilés, on réalise que ça peut recommencer. Cela incite à la réflexion, se poser la question de savoir si on est dans le camp du bien ou celui du je-m’en-foutisme et du mal.

«J’espère que ça parle aux jeunes attirés par ces émissions qui abrutissent, comme «Les Marseillais», ou ces petits esprits, ces méchants, ces sans c… qui ont le sentiment de briller sur les réseaux sociaux…»

Qu’est-ce qu’être un Juste pour vous aujourd’hui?

Ce sont les circonstances qui décident. Regardez l’Ukraine. C’est un exemple terrible au regard de ce qui se passe, mais aussi un exemple magnifique de la nature des Ukrainiens. Il faut les soutenir. Je n’ai jamais vu un peuple aussi fort et combatif avec si peu de moyens. On voit des mômes et leurs parents, privés de tout. Des enfants, qui allaient à l’école la veille, terrés dans des caves avec leur nounours. J’espère que ça parle aux jeunes attirés par ces émissions qui abrutissent, comme«Les Marseillais», ou ces petits esprits, ces méchants, ces sans c… qui ont le sentiment de briller sur les réseaux sociaux et finissent, à force d’humiliations, de dénonciations, à en pousser d’autres à se suicider. Alors qu’on espère de la solidarité, de l’entraide, de l’humanité, il est bon de considérer des comportements de vie idéaux. On n’est à l’abri de rien, il faut se méfier.

Fabien Onteniente vous a-t-il donné des références cinématographiques?

Non, nous avions des références sur l’époque dont on voulait parler. Nous avons fait de gros succès ensemble, Trois-zéro et Camping, je voulais quelque chose à l’opposé d’une comédie pour retravailler avec lui: un drame. Il a trouvé ce livre de Signol, Les Enfants des Justes. Et quand j’ai su qu’il y avait un couple à former avec une actrice, j’ai voulu Mathilde. Car Mathilde fait partie de ma famille, elle ose dire les choses, quitte à être sanctionnée. Je l’ai appelée mais elle venait de perdre son pote Yves Rénier et n’était pas prête à travailler. Je lui ai dit: «Viens Mathilde, nous avons un couple à former qui peut être important. Si on y met ce qu’il faut, on réussira à transmettre un message». Il faut parler encore de ce genre d’exactions car l’expérience, nous le voyons, ne sert à rien. Avec les menaces nucléaires de ce fou furieux, qui semble plaire à certains mais que je ne fréquente pas!

Passer de la comédie au drame a-t-il changé votre façon de travailler avec Fabien Onteniente?

Non, nous travaillons toujours dans la bonne humeur, on se connaît bien, on travaille aussi en amont pour faire évoluer le texte du scénario, le mettre à notre main, trouver des moments plus tendres, plus drôles, tout en parlant de choses graves.

«Fabien Onteniente est un patron, un taulier, qui sait tenir une équipe, la motiver »

Quel genre de directeur d’acteur est-il?

Il est précis, sait ce qu’il veut. Il a un tempérament à mener les troupes. C’est un patron, un taulier, qui sait tenir une équipe, la motiver, et c’est important, que ce soit un film pour le cinéma ou la télé. Il fallait aussi être au plus près de l’époque dans la reconstitution, les fringues, trouver les endroits appropriés pour faire passer les émotions.

Comment avez-vous commencé votre collaboration musicale avec votre fils Manu?

Nous avons profité de la circonstance, terrible, du confinement. Au lieu de perdre du temps, nous avons décidé de nous voir pour travailler. N’importe qui m’aurait proposé cette aventure, je n’y serai pas allé. Je connais sa rigueur, son talent, ce n’est pas pour rien que Quincy Jones l’a emmené à New York pour jouer avec BB King… C’est un grand bluesman. Ça m’a permis de prendre confiance, d’écrire mes textes. On nous a offert l’Olympia le 27 mai. J’y ai traîné pas mal de temps en coulisses quand je m’occupais de Coluche, là je serai sur le devant de la scène, avec mon nom sur ce fronton mythique pour une soirée. C’est incroyable ce que mon fils me fait vivre: nous tournons dans des festivals où nous jouons devant 20 000 personnes!

Par Journaliste Figaro Céline Fontana

Gérard Lanvin, héros des Enfants des Justes (France 2): «Les artistes ont un devoir de mémoire»Gérard Lanvin dans «Les Enfants des Justes», de Fabien Onteniente, un téléfilm proposé sur France 2. Alain Guizard Troisième oeil

 

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