LONGVIEW, TX - NOVEMBER 16: Adelle Grogan of Longview, Texas, gets a closer look at the granite Ten Commandments monument that was removed in 2003 from the Alabama Judicial Building November 16, 2004 in Longview, Texas. Hundreds of people in Longview visited the monument as it continued its 15-state tour, sponsored by the American Veterans in Domestic Defense. The tour will end in Austin, Texas, on January 22, 2005 with a rally at the state capitol to urge the Texas State Supreme Court not to remove another Ten Commandments monument from the capitol grounds there. (Photo by Mario Villafuerte/Getty Images)

Le débat sur la place de la religion dans la sphère publique ne revient pas qu’en France avec l’installation de crèches dans les mairies à Noël. Aux États-Unis aussi la question refait surface régulièrement.

Outre-Atlantique, ce n’est cependant pas la représentation de la Nativité dans les bâtiments publics qui déchaîne régulièrement les passions, mais la présence des Dix Commandements. Ce jeudi 22 mars encore, l’État de l’Alabama (sud-est du pays) a organisé un vote sur le sujet.

La Chambre des représentants locale a validé une proposition républicaine, qui avait déjà reçu l’approbation du Sénat, en votant à 66 voix pour et 19 contre l’idée de laisser la population locale trancher sur ce dossier épineux lors des élections de mi-mandat en novembre 2018.

Dans les écoles publiques et autres bâtiments appartenant à l’État?

Contrairement à l’Hexagone qui a vu le débat s’installer sous les projecteurs à partir de 2014 avec l’arrivée de Robert Ménard à la mairie de Béziers, on s’écharpe sur le sujet depuis le début des années 1990 dans l’Alabama. À l’époque, le tout nouveau juge local Roy Moore avait décidé d’installer dans son tribunal deux tablettes en bois gravées des dix instructions religieuses. Attaqué en justice, l’affaire a duré près de dix ans avant que Moore ne l’emporte.

Fort de son combat, et persuadé qu’il « existe une loi supérieure que c’est notre devoir de reconnaître, Roy Moore se fait élire juge à la Cour suprême locale en 2001 et permet qu’y soit installé une sculpture de 2400 kilos des Dix Commandements. De nouveau attaqué en justice, il perd en 2003 et est contraint de retirer l’imposante création, ce qu’il refuse de faire malgré une amende de 5000 dollars par jour où la sculpture reste en place. Le juge est alors démis de ses fonctions. L’œuvre a elle été retirée puis envoyée en tournée dans 15 États par une association.

MARIO VILLAFUERTE VIA GETTY IMAGES
La statue des Dix Commandements retirée de la Cour suprême de l’Alabama est partie en tournée, ici au Texas.

Quinze ans plus tard, la page n’est toujours pas tournée dans l’Alabama. Les élus se sont mis d’accord ce jeudi pour soumettre à un référendum un amendement républicain qui permettraient aux Dix Commandements d’être installés -avec des fonds privés- dans les écoles publiques et autres bâtiments appartenant à l’État. Tout en respectant la Constitution, bien évidemment, et donc « au milieu d’autres objets historiques et éducatifs ».

Détruit 24h après l’installation

Les opposants démocrates et défenseurs du principe de laïcité ne voient pas cette proposition d’un bon œil et arguent que la valider violerait le principe de séparation de l’Église et de l’État.

L’association de défense des libertés civiles ACLU dénonce une mesure qui ne sert à rien. « C’est une perte de temps et potentiellement d’argent », si les écoles sont ensuite attaquées en justice pour avoir abrité les Dix Commandements, s’inquiète le directeur local Randall Marshal. « Surtout dans l’Alabama où l’on a tellement de problèmes comme l’échec de l’école publique ou les prisons surchargées », se désole-t-il.

Les représentations des Dix Commandements ne posent pas problème qu’en Alabama. Une construction dédiée à ces dix règles religieuses avait été installée dans le Capitole de l’Arkansas en 2017 avant d’être détruite moins de 24 heures plus tard par un habitant qui avait foncé dedans avec sa voiture.

Par Maxime Bourdeau

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