Coronavirus : Donald Trump se pose en « commander in chief » et grimpe dans les sondages
ETATS-UNIS Omniprésent avec des briefings télévisés quotidiens, le président américain voit sa cote de popularité atteindre les plus hauts niveaux de son mandat
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- A 47,3 % d’opinions favorables, la cote de popularité de Donald Trump a grimpé de 3 points en une semaine et atteint son plus haut niveau.
- Face au coronavirus, le président américain endosse la casquette du « commander in chief », avec un briefing télévisé quotidien très suivi.
- Avec près de 100.000 cas de Covid-19 aux Etats-Unis, l’union nationale pourrait toutefois vaciller si la crise empire.
De notre correspondant aux Etats-Unis,
Chaque jour depuis deux semaines, c’est le même rituel. Donald Trump prend la parole derrière le pupitre habituellement occupé par le Press Secretary de la Maison Blanche. L’infectiologue Anthony Fauci et le vice-président Mike Pence à ses côtés, il loue les « progrès fantastiques » contre le coronavirus et assure aux Américains que l’économie « reviendra encore plus forte ». Et alors que les Etats-Unis sont devenus jeudi le pays le plus touché par le Covid-19, avec près de 100.000 cas confirmés, le président américain continue son ascension dans les sondages.
A sept mois de la présidentielle, sa cote de popularité, à 47,3 % d’opinions favorables, selon la moyenne de RealClearPolitics, est au plus haut de son mandat – et au même niveau que celle de Barack Obama au même stade en 2012. Reste à voir si le rebond durera, avec une crise sanitaire qui secoue l’économie mondiale.
A 47,3% d’opinons favorables (moyenne RealClearPolitics), la cote de popularité de Donald Trump est au plus haut de son mandat, avec un rebond de 3 points en dix jours #coronavirus
« Il s’entoure d’experts médicaux, et ce n’est pas un hasard »
Privé de ses meetings politiques « MAGA » (Make America Great Again) par la distanciation sociale imposée par le coronavirus, Donald Trump retrouve avec ses briefings quotidiens ce qu’il aime le plus : des caméras en prime time et de fortes audiences. Mercredi, son point quotidien a été suivi par 12,5 millions d’Américains sur CNN, Fox News et MSNBC, et beaucoup plus en comptant les chaînes gratuites, les radios et Internet.
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Mi-scripté et mi-improvisé, ce « Trump show », ponctué d’approximations sur les chiffres, voire de désinformation (il a notamment affirmé à tort que la chloroquine avait été approuvée par les autorités sanitaires), fait souvent polémique. La radio publique NPR de Seattle a même décidé de ne plus les diffuser en direct pour pouvoir fact-checker ses propos. Mais selon l’ancien porte-parole du parti républicain Doug Heyes, cette omniprésence paie : « Chaque jour, le public voit des images du président entouré d’experts médicaux. Ce n’est pas un hasard, et cela s’imprime dans l’inconscient des électeurs. Combinez ça avec le traditionnel effet d’union nationale en temps de crise, et sa hausse dans les sondages n’est pas une surprise. »
Professeur de sciences politiques à l’université de Washington, Chris Edelson relativise : « Ce petit rebond [d’environ 4 points en deux semaines] est typique et bien plus faible que les 35 points de hausse pour George W. Bush après le 11 septembre. Trump reste sous la barre des 50 % d’opinions favorables. »
Joe Biden a du mal à exister
Pendant deux mois, Donald Trump a minimisé l’importance de la pandémie. Le 26 février, il l’assurait : « On a 15 personnes [infectées], d’ici quelques jours, ça sera proche de zéro. » Une prédiction qui passe mal un mois plus tard, avec 100.000 cas, plus de 1.500 morts, et une situation qui pourrait devenir catastrophique à New York.
En face, Joe Biden, futur probable adversaire de Donald Trump en novembre, a pourtant du mal à en profiter. Il a bien improvisé un studio télé dans son salon, mais ça n’a pas vraiment le même cachet que le podium officiel de la Maison Blanche. « Pour lui, c’est un exercice d’équilibriste. Il ne peut pas être trop critique en temps réel mais doit éviter de disparaître », analyse Doug Heyes.
Avec une planète à l’arrêt et une économie américaine sans doute déjà en récession, Donald Trump a vu son principal argument en vue de sa réélection voler en éclat. Avec plus de 3,3 millions de nouvelles demandes d’allocation-chômage en une semaine, il a averti qu’un confinement trop long pourrait « détruire » les Etats-Unis. Et accusé les médias « d’être la principale force poussant pour que le pays reste fermé le plus longtemps possible, en espérant que ça handicape [ses] chances électorales. »
Impatient, le commander in chief a évoqué une possible levée des restrictions pour le dimanche de Pâques, le 12 avril. Face au tollé chez les scientifiques, il a juré jeudi que la décision serait prise au cas par cas dans chaque Etat par les gouverneurs, en fonction de la situation sanitaire. Pour Doug Heyes, ce n’est que rétroactivement qu’on saura si le coronavirus a profité à Donald Trump ou a torpillé ses chances : « Au bout du compte, les électeurs devront juger si ses actions ont amélioré la situation ou ont fait empirer la crise. »
J’aime ce type ! Il les « emmerde tous », ne parle pas la pensée unique, le langage béni oui-oui, met les pieds dans l’plat et fait sortir les loups du bois.
Il sera réélu haut la main !