Démission de Gantz : des réactions politiques partagées en Israël
La démission surprise de Benny Gantz du gouvernement israélien, annoncée dimanche, a suscité un vif débat au sein de la classe politique. Si certains saluent ce geste comme un acte courageux, d’autres le perçoivent comme une manœuvre purement politicienne.
Du côté de l’opposition, Yair Lapid, leader du parti Yesh Atid, a applaudi la décision de l’ancien ministre sans portefeuille. Selon lui, ce départ permettra de remplacer « ce gouvernement extrême par une équipe plus sensée », gage de restauration de la sécurité, de l’économie et du rayonnement international d’Israël.
Avigdor Liberman, président du parti Yisrael Beiteinu, s’est également félicité de cette annonce, y voyant l’opportunité de former une « coalition sioniste ». « Mieux vaut tard que jamais », a-t-il déclaré, reconnaissant toutefois le caractère tardif de ce revirement.
Dans les rangs de la majorité au pouvoir, les réactions sont nettement plus critiques. Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a dénoncé un acte « irresponsable » et purement « politique », intervenant en plein conflit armé. Une démission qui, selon lui, fait le jeu des ennemis d’Israël comme le Hamas ou le Hezbollah.
Son collègue Itamar Ben-Gvir, en charge de la Sécurité nationale, n’a pas non plus mâché ses mots. Il a exigé d’intégrer le cabinet de guerre afin de « prendre des décisions courageuses » et d’assurer la protection des citoyens israéliens.
Même le camp travailliste ne s’est pas montré tendre envers Benny Gantz. Son nouveau leader Yair Golan a fustigé le « timing » de ce départ, jugé beaucoup trop tardif. S’il ne doute pas des « bonnes intentions » de son ancien camarade, il déplore « le plus grand échec de l’histoire du pays ».
Cette démission intervient dans un contexte de vives tensions sécuritaires en Israël et de profondes divisions au sein de la classe politique. Si elle marque une nouvelle étape dans la crise que traverse l’Etat hébreu, ses conséquences sur l’avenir du conflit restent encore incertaines.
Cette décision lourde de conséquences qui n’entraînera pas la chute de la coalition mais affaiblira considérablement le Premier ministre, le rendant plus dépendant des partis d’extrême droite.
Dans une conférence de presse très attendue, Gantz a fustigé l’immobilisme et les atermoiements de l’exécutif, paralysé selon lui par des « considérations politiciennes ». Il reproche à Netanyahu de faire preuve d' »hésitation et de procrastination » dans la conduite des opérations, empêchant ainsi une « véritable victoire ».
L’ancien chef d’état-major n’a pas mâché ses mots, appelant à la tenue d’élections législatives anticipées dès l’automne. « Netanyahu nous empêche d’avancer. C’est pourquoi nous quittons le gouvernement d’urgence le cœur lourd mais déterminés », a-t-il tranché.
Si Gantz soutient l’accord en trois phases proposé pour la libération d’otages israéliens, il déplore l’incapacité du Premier ministre à l’appliquer face aux réticences des partenaires d’extrême droite. Ces derniers, comme le Parti sioniste religieux, pèsent 14 sièges au Parlement et constituent un frein majeur.
Dans un réquisitoire cinglant, le démissionnaire n’a pas épargné ses anciens collègues ministres, dénonçant des « échecs » dans la gestion de ce dossier sensible des otages. Il réclame la création d’une commission d’enquête indépendante pour « examiner ces défaillances ».
Malgré ces vives critiques, Gantz a tenu à saluer l’action du ministre de la Défense Gallant, l’appelant à « faire ce qui est juste ». Un message d’autant plus fort qu’il intervient quelques jours après de nouvelles frappes meurtrières sur Gaza.
Netanyahu s’est voulu combatif, accusant son ex-allié d’abandonner le navire en pleine « guerre existentielle ». « Ce n’est pas le moment d’abandonner mais d’unir nos forces pour vaincre nos ennemis », a-t-il lancé, promettant de poursuivre le combat « jusqu’à la libération de tous nos otages ».
Le départ de Gantz laisse présager de nouvelles turbulences politiques en Israël. L’opposition menée par Lapid s’est empressée de réclamer la chute du « gouvernement extrémiste et défaillant » au profit d’une nouvelle équipe « qui rétablira la sécurité ». De son côté, l’extrême droite pousse pour intégrer le cabinet restreint chargé des opérations militaires.
Alors que la guerre s’enlise et que les violences ne faiblissent pas, la classe politique israélienne semble plus que jamais divisée sur la stratégie à adopter. Une crise aux lourdes conséquences pour la population.
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