Un massacre, probablement encore pire que celui commis à Paris, dans les locaux de Charlie-Hebdo, le 7 janvier 2015, puis tenté, sans grand succès, à Copenhague, le 14 février, en présence de l’Ambassadeur français François Zimeray et pour les mêmes motifs, a été évité de justesse, à Garland, au Texas. Cette fois, il était censé abattre les promoteurs de campagnes de « free speech », de liberté d’expression [dont on a parlé dans ces colonnes], Pamela Geller et Geert Wilders, en particulier. Mais, dans les trois cas, le même déficit de renseignement humain est patent, alors que les protagonistes de ces tentatives de meurtres sont connus des services de police et des renseignements. 

L’affaire des deux hommes armés américains qui, dimanche 3 mai, ont tenté -et échoué – d’ouvrir le feu sur une exposition de caricatures du Prophète Mahomet au Centre Curtis Culwell, au nord-est de Dallas, résonne comme un rappel au réveil pour les agences des renseignements et du contre-terrorisme américain – et même avant que l’Etat Islamique avertisse que cette première attaque sur le sol américain ne serait pas la dernière. Ces deux terroristes locaux (de l’intérieur), Elton Simpson, chrétien converti à l’Islam et Nadir Soofi, fils de père pakistanais et de mère américaine, disposaient de fusils-mitrailleurs d’assaut, d’explosifs et portaient des gilets pare-balle – attestant de l’existence d’une organisation prête à passer à l’attaque. 

On pense que cette organisation est constituée de petites cellules dormantes de deux à trois terroristes chacune, prêts à bondir et à agir sur les ordres d’agents-traitants distants du terrain. Tous deux étaient des hommes jeunes ayant autour de 25 ans. Le demi-Pakistanais Soofi tirait sa subsistance du nettoyage de tapis, alors que Simpson était chômeur. Ils ne sont pas parvenus à commettre un massacre, parce qu’ils ont commis toutes les erreurs possibles. Et c’est ainsi qu’après avoir égratigné l’un des gardes désarmés, tous deux se sont fait tuer par des agents de la police locale sécurisant « l’Exposition sur l’Art et Mahomet », dans ce Centre Curtis Culwell, qui devait remettre une récompense de 10.000 dollars à la meilleure oeuvre d’art ou au meilleur dessin représentant le Prophète. 

Au cours des deux années passées, Simpson et Soofi ont diffusé de nombreux commentaires et des photos sur Twitter, Facebook et Instagram qui vantaient les mérites de l’Etat Islamique et son travail, en menaçant les Chrétiens américains de vengeance et en déclarant ouvertement que des attaques terroristes allaient survenir. 

Peu de temps avant l’inauguration de l’événement de Dallas, une menace explicite d’infliger une punition à ceux qui insulteraient le Prophète Mahomet au Texas, tout comme au Danemark et à Paris, est apparue sur un compte Twitter (depuis désactivé), appartenant à AbuHussainAlBritani, connu des services de sécurité comme une plateforme de l’Etat Islamique. 

Simpson était connu depuis 2010, en tant que cible du FBI. D’autre part, il ne faisait pas mystère de ses projets de voyage en Somalie, de suivre des études avancées en Islam et de mourir en martyr. Il a été arrêté, simplement accusé de fausses déclarations aux représentants de la loi et libéré à titre probatoire. Après cela,un agent-double a réussi à le persuader de s’exprimer, durant des centaines d’heures et d’être enregistré, où il reconnaissait, de façon candide, qu’il avait l’intention, un jour, à l’avenir, de prendre part à une opération terroriste meurtrière. 

Pourtant, Simpson n’est pas allé en détention, ni même n’a été placé sous surveillance renforcée. Les données circulant depuis des Sources Ouvertes du Renseignement (OSINT) sont cruciales pour la guerre contre le terrorisme : des réseaux sociaux comme Twitter et Facebook sont utiles aux terroristes à travers le monde entier, afin de transmettre des informations, arranger des rendez-vous, combler les écarts dans les directives opérationnelles et, par-dessus tout, diffuser leurs messages. 

L’Agence Nationale de la Sécurité (NSA) américaine, tout comme les agences européennes et les autres, maintiennent une surveillance généralisée sur les réseaux sociaux, transfèrent leurs contenus presque en temps réel à des ordinateurs géants, au Quartier-Général des services, pour qu’ils y soient filtrés et analysés. Il est bien difficile de comprendre comment les messages internet radicaux et les tweets explicites de Soofi et Simpson, qui ne laissaient aucune place au doute quant à leurs intentions ont pu échapper à la vigilance de ces ordinateurs, du fait de leur palmarès passé et de leurs intentions. 

Ce duo était, par conséquent, libre de circuler depuis l’Arizona jusqu’au Texas, en avril dernier, au volant d’une voiture enregistrée à l’un de leurs deux noms, et puissamment armés de mitrailleuses. 

Ils se sont arrêtés au Centre Curtis Culwell, où l’exposition de dessins de Mahomet était inaugurée en présence de Pamela Geller, présidente de l’Initiative Américaine de Défense de la Liberté (AFDI), qui parraine des campagnes de publicité anti-islamique à travers tout le pays, et Geert Wilders, cet homme politique hollandais, organisateur de campagnes contre l’Islam, qui fait partie du haut de la liste de cibles pour Al Qaïda. Lorsqu’ils ont atteint leur destination, ils n’ont été stoppé par personne, jusqu’à ce qu’ils se mettent réellement à tirer – et seulement grâce aux bons réflexes et à la rapidité d’un gardien de la police présence sur le théâtre de l’opération. 

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Le fait que Simpson et Soofi aient été autorisés à aller aussi loin s’explique mieux, du fait d’une certaine faiblesse dans les capacités de renseignement humain des services autant américains qu’européens, par la pénurie d’agents infiltrés sous couverture, capables de se mêler aux communautés et aux populations, susceptibles de produire des éléments radicaux, capables de commettre des crimes et attentats-suicide terroristes au nom de leur foi. De tels agents doivent être capables de passer sans se faire remarquer, dans les mosquées, les bazaars et les cafés, et d’avoir l’oreille exercée aux dialectes locaux, au jargon de la rue et aux intonations, de façon à correctement saisir les risques et dangers à travers de simples insinuations.  

[NDLR : De fait, ces deux individus pouvaient s’exprimer dans une forme quelconque de « slang »(argot), vraisemblablement pas dans un dialecte pakistanais ou autre, ni en arabe de Syrie… ]

Le renseignement électronique, bien qu’il soit largement étendu, ne peut, en aucun cas, se substituer au renseignement humain. Il est nécessaire de disposer d’un agent humain sous couverte et présent sur le terrain pour être en mesure de relever les menaces terroristes réelles juste à temps pour déjouer des attaques. 

debka.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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