L’avenir du Corona en Israël et dans le monde. Par Dr Roey Tzezana

 

Pendant les trois derniers mois, le monde a vécu un bouleversement global. La Chine a mis des centaines de millions de ses citoyens en quarantaine pendant plusieurs semaines et certains s’y trouvent encore aujourd’hui. L’Italie a aussi pris des mesures identiques.

En Israël, le ministère de la Santé a déclaré la guerre au monde entier et placé des dizaines de milliers de citoyens à l’isolement.

Mais pourquoi ? Pourquoi cette peur qui a soudainement frappé le monde face à un virus que certains n’estiment pas plus dangereux qu’une grippe ?

Quand un nouveau virus apparaît

Mi-décembre, les laboratoires de Wuhan, en Chine, ont commencé à recevoir des échantillons de salive pris sur des personnes atteintes d’infection pulmonaire. Il leur aura fallu une semaine pour comprendre le code génétique du virus et intégrer qu’il s’agissait d’un virus inconnu de l’humanité.

Les laboratoires étaient sous pression et ont transmis l’information plus haut. Il leur a gentiment été demandé de se taire et de ne pas causer de panique. Et c’est ce qu’ils ont fait. Mais en janvier, un laboratoire courageux a décidé de publier le code génétique du virus. Il a été fermé le lendemain, sur ordre gouvernemental, mais le monde savait déjà qu’un nouveau virus était apparu en Chine.

Les autorités chinoises ont mis un peu de temps à comprendre la gravité de la situation.

Aujourd’hui, nous savons que sur cent personnes contaminées, environ 80 vont développer une forme légère de la maladie, voire resteront visiblement en bonne santé. 14 développeront une maladie grave, avec des difficultés respiratoires et une infection pulmonaire qui nécessiteront une hospitalisation. 5 seront en urgence. 2 mourront.

Ces données ne sont pas exactes parce qu’une grande partie des porteurs du virus ne développent pas de symptômes significatifs et ne sont donc pas inclus dans les statistiques. On peut donc supposer que le nombre de personnes contaminées est bien plus important, peut-être deux fois plus, peut-être trois, peut-être dix ou plus, que ce que l’on sait.

L’importance des hôpitaux

Les décisions des gouvernements affectant l’économie sont prises pour protéger le système hospitalier qui ne pourrait pas assumer un nombre exponentiel de malades. Le système hospitalier est-il vraiment plus important que l’économie d’un pays ?

La réponse est oui, bien plus important.

Voici ce qui se passerait si les hôpitaux étaient pleins à craquer. Le personnel médical travaillerait non-stop, se fatiguerait, ferait des erreurs et serait contaminé par le virus tôt ou tard. Et au passage, il contaminerait aussi tous ceux qui viennent à l’hôpital.

Les stocks de médicaments contre la fièvre, les traitements pour les problèmes respiratoires s’épuiseraient très vite. Les malades ne pourraient pas être traités comme il faut.

Les quelques appareils d’assistance respiratoire seront trop peu nombreux pour les malades dans un état critique. L’approvisionnement en bouteilles d’oxygène serait insuffisant.

Les malades chroniques ne pourront plus se rendre à l’hôpital pour recevoir leurs soins. Il s’agit des malades du cancer, des malades cardiaques, neurologiques, … Les hôpitaux seront engorgés par des malades du Corona et il n’y aura plus assez de personnel pour les malades chroniques. Et si un membre de l’équipe médicale laissait les malades du Corona pour s’occuper des malades chroniques, il risquerait de les contaminer.

Les femmes enceintes ne pourront plus accoucher dans les hôpitaux par manque de personnel et elles pourraient être contaminées. Beaucoup choisiront d’accoucher à domicile, ce qui n’est pas simple et dangereux, surtout faute de personnel médical pour les assister, ceux-ci étant accaparés par le Corona.

Les accidentés de la route seront traités puis renvoyés. Une fracture compliquée ? On vous la soignera de la façon la plus basique qui soit puis vous serez renvoyé à la maison avec du Nurofen. Et tant pis pour les séquelles.

Tous ceux qui se présenteront à l’hôpital avec une urgence, comme une crise cardiaque, un enfant qui a avalé une bille, devra attendre plusieurs jours pour être traité, s’il l’est.

Un scénario apocalyptique ? En effet. Mais c’est ce qu’il risque d’arriver en Israël.

En Israël vivent 9.1 millions de personnes. 2.9 d’entre elles sont des enfants, qui sont moins touchés. Il nous reste 6.2 millions de contaminés potentiels. Supposons que seuls 60% de la population soient touchés et que seul 1 contaminé sur 25 (20 sur 500) ait besoin de soins intensifs. En quelques mois, nous aurons besoin de presque 150000 places en hôpital, sachant que le plus grand hôpital du pays compte 1500 lits.

Ce chiffre repose sur deux conditions extrêmes : qu’un nombre important de personnes soit malade et que toutes tombent malades dans un laps de temps étroit d’un à deux mois. Ces deux conditions peuvent se réaliser. Mais nous avons une bonne raison d’être optimiste : le ministère de la Santé fait tout ce qui est en son pouvoir pour ne pas arriver à cette situation.

Des raisons d’être optimistes

Je vous ai effrayé ? Très bien. Il faut connaitre le pire scénario et être capable de s’y préparer pour atténuer ses effets. Et notre ministère de la Santé fait un assez bon travail.

La quarantaine peut ralentir la propagation du virus et ainsi éviter d’arriver au chiffre de 150000 personnes à l’hôpital. Et même si le virus se répand, ce sera moins rapide.

La fermeture des frontières sert le même objectif.

Il existe une véritable raison d’être optimiste. Les pays qui ont pris toutes ces mesures, ont réussi à stopper la propagation du Coronavirus. Même si nous ne parvenons pas à le faire disparaître complètement, tous les hôpitaux, toutes les koupot holim font le nécessaire pour acheter des appareils respiratoires, renouvellent leurs équipements et commandent beaucoup de médicaments. Grâce à cela, ils pourront traiter les malades dans une situation d’engorgement maîtrisé.

Le joker dans la manche

Il existe un joker, une carte qui pourrait changer toute la situation. Mais pour cela, nous avons besoin de beaucoup de chance, d’un miracle.

Le miracle dont je parle est que le Coronavirus fonde et disparaisse avec la chaleur. Ces derniers jours, une nouvelle étude estime que cela devrait être le cas. Mais l’étude ne prend pas en compte d’autres paramètres comme l’humidité, et les chercheurs avouent eux-mêmes que  »le climat en lui-même, ne permettra pas une baisse du nombre de cas sans l’intervention des autorités sanitaires ».

Certains chercheurs sont aussi de l’avis contraire. La chaleur ne tuera pas forcément le virus, au contraire. Et quoi qu’il en soit, lorsque l’été est d’un côté de la planète, de l’autre c’est l’hiver. Donc le virus continuera à se propager et reviendra chez nous.

Mike Ryan, un des responsables de l’Organisation Mondiale de la Santé, a mis en garde contre l’espoir que l’été stoppe le virus.  »Nous devons supposer que ce ne sera pas le cas ».

Mais nous avons le droit d’espérer, non ?

Ça ira, si nous agissons intelligemment

Pour finir, deux mots : ça ira. Mais seulement si nous agissons intelligemment.

Je ne crois pas que le scénario catastrophe d’une surcharge ingérable des hôpitaux se réalisera en Israël. Ces explications étaient destinées à faire comprendre pourquoi le ministère de la Santé prend autant de mesures draconiennes. C’est pourquoi nous devons écouter les instructions.

Je ne dis pas que ce sera simple. Ce n’est pas agréable d’être en quarantaine, de se laver les mains régulièrement ou d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur avec le coude. Ce n’est pas agréable de prendre un taxi pour revenir de l’aéroport plutôt que le train. Ce n’est pas agréable de se promener avec un masque dans la rue, quand on a un simple rhume. Mais ce sont des instructions qui visent à éviter l’effondrement du système hospitalier qui touchera en priorité les personnes les plus faibles : nos grands-parents. Ceux qui se plient aux règles doivent savoir qu’ils sauvent de nombreuses vies.

Sur le long terme, les premiers vaccins devraient arriver d’ici la fin de l’année ou un peu après. Si cela est le cas, le virus devrait disparaitre totalement. Dans tous les cas, son temps est compté. Sur le long terme, notre situation sera bien meilleure avec le temps. Le virus entraine le développement de technologies avancées.

Le Coronavirus – un des nouveaux ennemis de l’humanité – nous rend la vie dure sur le court terme. Mais en même temps, il aide les services de santé à progresser. Nous devrons voir l’adoption rapide de technologies novatrices qui amélioreront nos vies et notre santé.

Par Dr Roey Tzezana

Source : A7

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