Comment le judaïsme de Proust a marqué “La Recherche”


Otto Wegener, Marcel Proust Probablement 27 juillet 1896 Collection privée © Otto Wegener / TopFoto / Roger-Viollet

C’est l’enjeu de “Marcel Proust du côté de la mère”, une passionnante exposition qui ouvre cette semaine au musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris.

Alors que vient de s’achever l’exposition Marcel Proust, un roman parisien au musée Carnavalet, s’ouvre une nouvelle très belle expo dédiée à l’auteur d’À La Recherche du temps perdu pour le centenaire de sa mort. Mais Marcel Proust du côté de la mère, au musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris, est moins consacrée à la relation fusionnelle que Proust entretint avec sa mère, qu’autour de l’écrivain et de son œuvre vus par le prisme de sa judéité.

Sa mère, Jeanne Weil, née 1849, est la fille de Nathé Weil, financier, et d’Adèle Berncastel, issue d’une famille juive originaire de Rhénanie. Cette “part juive” chez Proust comme chez ses personnages et la place des Juifs dans la société française d’alors et dans La Recherche du temps perdu, sont ce que cette exposition importante se propose d’explorer.

En exposant plusieurs facettes du parcours de l’écrivain : d’abord, bien sûr, l’histoire de sa famille ; puis le laboratoire de son écriture et sa connaissance des textes juifs, notamment du Zohar, le Livre des splendeurs, œuvre essentielle de la Kabbale (XIIIe siècle) – dont le principe de connaissance ne serait pas sans lien avec l’idée centrale de La Recherche –, le souvenir refoulé, qui peut resurgir sous forme de réminiscence, ou encore les similitudes entre l’écriture de Proust (ses nombreuses notes, ses collages de papiers) sur ses manuscrits, et celle du Talmud. L’affaire Dreyfus, symbole des bouleversements sociétaux de la France, est citée 256 fois dans La Recherche – le père Adrien Proust était antidreyfusard, mais Jeanne était pour Dreyfus, comme Marcel qui le lendemain du J’accuse de Zola signe une protestation “contre la violation des formes juridiques” lors du procès de 1894. Enfin, les personnages juifs du roman, et les parallèles établis entre homosexuels et juifs, pas acceptés ou très mal vus dans la France de la fin du XIXe siècle et du début du XXe, obligés de se faire discrets.

À noter que c’est lorsque sa mère meurt, en 1905, que Proust décide de se mettre à écrire sérieusement, pensant que cela lui aurait fait plaisir.

La prochaine grande exposition autour de l’écrivain cette année se tiendra à la BNF (Marcel Proust : la fabrique de l’œuvre), en octobre.

par Nelly Kaprièlian  www.lesinrocks.com
Du 14 avril au 28 aout 2022 au MahJ, 71 rue du Temple, Paris 3e

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