CHeMiNi: « Ce fut au huitième jour » (vidéo)
Ce fut le huitième jour et en même temps le premier jour de l’exercice du culte au Mishkan. Ce fut le 1er jour du mois de Nissan. Ce fut le dernier de la période d’essai de Moïse…
En effet, Moïse, durant la dernière semaine du mois d’Adar, appliqua les instructions qu’il reçut d’HaShem pour montrer exactement et dans les moindres détails ce en quoi consistait le sacerdoce du Cohen Gadol que serait Aharon et le rôle qu’auraient ses fils, par la suite.
Tout n’est pas facile dans la vie, et, bien que ce huitième jour de l’inauguration du Tabernacle fut un jour d’allégresse dans le camp des enfants de Jacob, le texte commence par « Vayehi » annonce d’un malheur….
Les divers commentateurs s’interrogent avant toute chose sur la nature des sacrifices qu’Aharon et le peuple devront présenter et pour quelle raison…
Rashi précise, au nom du Tanhouma, que le veau exigé d’Aharon comme expiatoire a pour but définitif de se faire pardonner la faute du veau car, Aharon eût pu gagner du temps autrement. HaShem sait éminemment qu’Aharon possédait un cœur pur mais il a été mal habile, il a eu peur en croyant que cette foule indomptable qui avait assassiné Hour aurait pu le tuer aussi et, donc, ce manque de confiance en l’Immanence d’HaShem qui eût pu le sauver, lui, Grand Prêtre, le rendait redevable d’un sacrifice expiatoire et d’un veau, comme celui qui surgit du feu en conséquence de cette « collaboration » indésirable d’Aharon.
Le Peuple à présent : pour quelles raisons HaShem réclame-t-IL d’Aharon d’abord un veau (expiatoire) puis un bélier (holocauste) et pour les enfants d’Israël HaShem demande-t-IL un bouc pour expiatoire et un veau et un agneau pour holocauste ? Les Enfants d’Israël ne sont-ils pas autant fautifs qu’Aharon au sujet de la faute du veau d’or ?
L’ensemble des érudits qui se sont penchés sur la Torah semblent être pratiquement tous d’accord pour développer les principes suivants : le veau est en effet en relation avec la faute du veau d’or et le bouc/agneau en rapport avec la faute de la vente de Joseph.
Ce 1er jour de Nissan et en même temps le 1erjour de l’exercice du travail du Cohen devait être un jour d’allégresse comme il n’aurait jamais pu en être un autre pareil car, nous nous souvenons de l’étonnement lorsque lors de la création du monde, la lumière parut et qu’il est inscrit : « jour un » et non pas premier jour car, en ce jour-là, écrivent les Sages, le programme qui devait se réaliser en ce jour n’était pas encore entièrement réalisable, car HaShem, pour accomplir Son dessein devait tout d’abord créer le monde et toutes ses créatures, puis l’homme et que celui-ci fructifiât, que celui-ci accomplît les mitsvoth qui étaient prévues pour lui afin que l’homme créé puisse terminer ce que le Créateur avait prévu pour lui et qu’ainsi il puisse construire une Résidence Royale pour que la Présence Divine puisse résider au milieu de Ses Enfants.
Au jour de l’Inauguration du Mishkan, se réalise enfin ce dessein sublime et c’est pourquoi, lorsque le Nassi s’approche du Mishkan en ce premier jour pour y sacrifier son offrande et, seulement alors, est écrit le mot « rishone »ou premier !
HaShem prévoit, prépare, programme mais, l’homme possède aussi son libre arbitre et celui-ci doit s’exprimer selon « l’Etiquette »/Protocole. Il est écrit : « al tossifou ve’al tigre’ou » אל תוסיפו ואל תגרעו autrement dit « n’ajoutez rien mais ne retirez rien ». Les mitsvoth à accomplir sont variées et il suffit de faire ce qui est demandé sans ajouter mais sans en retrancher quoi que ce soit.
Ceci nous amène à la mort de Nadav et Avihou, les fils d’Aharon qui furent brûlés. Cet événement tragique qui a provoqué d’immenses commentaires rendant ces deux victimes fautives d’un certain nombre de fautes met, en réalité l’accent sur un très grand défaut que possèdent beaucoup : ne pas se confier et ne pas s’entourer du conseil de personnes plus expérimentées : le conseil des Anciens.
En effet, ils étaient exaltés et remplis de zèle et du désir de bien faire. Mais n’en étant qu’à leurs débuts, ils sont tombés dans le piège de trop vouloir en faire sans demander confirmation de ce qu’ils ont voulu faire. HaShem ne leur avait rien demandé et, ils se sont lancés, tête baissée, sans demander un aval.
Il est exact que, lorsque les Enfants d’Israël, eux qui dans une grande proportion avaient abandonné le culte des patriarches, ils se sont précipité sans hésiter et sans demander conseil à qui que ce soit, en suivant aveuglément les ordres donnés par Moïse. Ainsi, n’ont-ils pas hésité un instant, 4 jours avant la sortie d’Egypte, d’acquérir un agneau (l’une des innombrables idoles d’Egypte) de tout abandonner (tout ce à quoi ils étaient habitués) pour suivre aveuglément les ordres transmis pour aller recevoir la Torah au pied du Sinaï….
Et, soudain, surgit un instant de panique accompagné de vent de folie : Moïse n’est pas encore revenu ! Ils cèdent à la peur : ils ont perdu leur chef ! qui va les diriger ? Là encore, au lieu de se tourner vers les Anciens et demander leur avis plein de sagesse, ils cèdent aux fauteurs de trouble !!!!!
Lors de la vente de Joseph, Il n’était pas question de panique mais de jalousie et, à cause de cette jalousie, Joseph a été vendu et il est descendu en Egypte et c’est à cause de cela qu’ils se sont retrouvés plus tard pris en esclavage dans ce même pays d’Egypte. Les frères de Joseph ne se sont ouverts à personne du « souci » provoqué par la « médisance » de Joseph sur ses frères. S’ils s’en étaient ouverts à leur père, celui-ci aurait sûrement trouvé une solution….
Cette jalousie n’exista pas entre les deux frères Moîse et Aharon, chacun tentant d’aider le second à réaliser ce qu’HaShem demande au mieux.
Lorsque les hommes programment quelque chose, ils ne peuvent en prévoir les tenants et les aboutissants la preuve en est qu’en désirant se « débarrasser » de Joseph, et en le vendant comme esclave, eux-mêmes, par la suite, sont tombés en esclavage !
D’autre part, nous rappellent les différents midrashim qu’à la mort de Joseph les frères et leurs descendants jurèrent que lorsqu’arriverait le temps de la guéoula, les enfants de Jacob se souviendraient de leur promesse et repartiraient d’Egypte avec les ossements de l’ancien premier ministre égyptien.
Tout le monde connaît ce merveilleux récit où Moïse se met en quête du sarcophage de Joseph et où ne réussissant pas à trouver cette dépouille, Moïse inscrivit sur un parchemin deux fois deux mots : « Alé shor » « Alé shor » ou « monte taureau, monte taureau » (le symbole de la tribu de Joseph est un taureau). A ce moment le sarcophage tant recherché surgit d’entre les flots du Nil et oïse le chargea sur ses robustes épaules pendant que Micha (cet enfant qui suivait Moïse partout) « récupéra » le parchemin.
Lorsque dans l’euphorie générale, des hommes et des femmes jetèrent de l’or dans la fournaise, Micha jeta son parchemin et c’est alors que surgit le veau d’or. Ainsi, soutiennent les Sages, la faute du veau d’or a pour origine la vente de Joseph.
C’est ainsi que pour un sacrifice expiatoire Aharon doit présenter un veau tandis que le peuple doit présenter un bouc/agneau car la tunique de Joseph fut trempée dans le sang d’un chevreau pour faire croire qu’il fut dévoré par une bête féroce.
Les deux fautes sont donc à racheter : celle d’Aharon qui ne s’est pas opposé à la fabrication du veau d’or et a cherché à atermoyer et celle des descendants de onze tribus sur 12 dans la vente de Joseph, l’une par le grand Prêtre et l’autre par tout le peuple.
Caroline Elishéva REBOUH
MA Hebrew and Judaic Studies
Administrative Director of Eden Ohaley Yaacov