Les bouleversements politiques israéliens sont bons pour le Hamas et mauvais pour l’Iran
Analyse: Yahya Sinwar a jugulé les factions palestiniennes à Gaza, dans l’espoir d’une guerre cet été, mais pense que cela n’est plus à l’ordre du jour ; Pendant ce temps, les Etats-Unis ont pris les devants dans le traitement de l’hostilité manifestée par l’Iran

La campagne électorale qui vient d’être annulée contre l’avis des Israéliens comporte des aspects à la fois positifs et négatifs aux yeux de l’appareil de la défense du pays.

En ce qui concerne les mécanismes de prise de décision, le gouvernement intérimaire déjà en place depuis décembre 2018 ne posait aucun problème auparavant et n’en posera aucun après le vote en faveur de la dissolution du gouvernement.

Benjamin Netanyahu consultant les généraux de Tsahal lors de la dernière escalade à Gaza (Photo: GPO)

Benjamin Netanyahu consultant les généraux de Tsahal lors de la dernière escalade à Gaza (Photo: GPO)

 

Le cabinet de sécurité, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, restera en place au moins jusqu’à la fin de l’année, toujours à sa tête.

Mais en ce qui concerne la préparation et la planification à long terme de l’armée, la décision ne sera pas prise avant un moment. Chacun des fronts auxquels Israël est confronté présente ses propres défis.

Tous les ennemis d’Israël connaissent Netanyahu et comprennent que sa parole est définitive en ce qui concerne la sécurité d’Israël – que ce soit à la frontière nord, en Syrie, à Gaza ou en Cisjordanie. Maintenant plus que jamais, il réagira avec force face à toute perturbation, violation ou victime, en perspective de sa réélection le 17 septembre.

Netanyahu a également besoin des votes de la droite s’il veut augmenter son électorat et éviter d’être à nouveau contraint par Avigdor Liberman ou l’un de ses autres « alliés naturels ». Cela est très clair pour les dirigeants du Hamas, du Jihad islamique, des forces iraniennes d’Al Qods en Syrie, du président syrien Bashar Assad et du dirigeant du Hezbollah, Hassan Nasrallah.

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif et le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah à Beyrouth (Photo: Reuters)

Le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammed Javad Zarif et le dirigeant du Hezbollah Hassan Nasrallah à Beyrouth (Photo: Reuters)

 

Le chef du Hamas, Yahya Sinwar, peut inviter un peu plus Israël à faire de nouvelles concessions. Netanyahu ignorera probablement les bombes incendiaires envoyées de Gaza par les airs, ainsi que les nuisances mineures sur la barrière de la frontière, à condition d’éviter une nouvelle série d’attaques à la roquette visant principalement les résidents du sud d’Israël – traditionnellement les électeurs du Likoud -.

Sinwar s’attendait à ce qu’une vaste opération militaire contre Gaza soit lancée après la formation d’un nouveau gouvernement israélien.

Le commandant du Jihad islamique à Gaza, Ziad Nahala, a évoqué cette éventualité, avertissant qu’il y aurait une guerre cet été si les efforts pour un accord à long terme entre Israël et les factions de Gaza ne sont pas atteints.

 

Le chef du Hamas Yahya Sinwar à Gaza (Photo: AP)

Le chef du Hamas Yahya Sinwar à Gaza (Photo: AP)

 

Indépendamment de l’intention de Tsahal de se battre à Gaza ou des objectifs stratégiques d’Israël pour une telle opération, Sinwar était certain jusqu’à jeudi soir qu’il devait veiller à ne pas provoquer les Israéliens et exerçait une pression sur les autres factions, essentiellement le Jihad islamique, pour qu’elles restent tranquilles et laisser les pourparlers avec Israël se poursuivre.

Après le vote visant à dissoudre la Knesset et à se diriger vers de nouvelles élections, Sinwar s’est assis dans son fauteuil et s’est dit que rien ne se passerait pendant l’été. Netanyahu ne risquera pas une offensive terrestre qui ferait sûrement des victimes et provoquerait la colère du monde, lorsqu’il aura besoin de tous les votes qu’il pourra obtenir pour ses prochaines élections.

Le prix, bien sûr, peut être exigé des Israéliens vivant le long de la frontière avec Gaza, leurs champs continuant de brûler et des roquettes volant vers eux de façon intermittente. Les nouvelles élections ne sont pas de bon augure pour eux.

Un incendie sur des terres agricoles israéliennes déclenché par un engin incendiaire aérien depuis Gaza

Un incendie sur des terres agricoles israéliennes déclenché par un engin incendiaire aérien depuis Gaza

En Cisjordanie, c’est le président palestinien Mahmoud Abbas qui devrait s’inquiéter. Son peuple est en conflit constant avec les résidents des implantations, dont la grande majorité sont des électeurs de droite absolue sur lesquels Netanyahu compte énormément. On ne s’attend à aucune concession de sa part là-bas.

La Cisjordanie est sous un fardeau financier aggravé par la retenue des recettes fiscales par Israël ainsi que par la décision de Washington de réduire le financement de l’Autorité palestinienne.

Il y a déjà 20% de chômage parmi les jeunes du nord de la Cisjordanie et, à mesure que la pression augmente, la bataille pour la succession d’Abbas, âgé de 83 ans, devient de plus en plus évidente.

Mahmoud Abbas en réunion avec son gouvernement à Ramallah en avril (Photo: Reuters)

Mahmoud Abbas en réunion avec son gouvernement à Ramallah en avril (Photo: Reuters)

 

Netanyahu est conscient du fait que certaines levées des restrictions imposées aux Palestiniens peuvent ramener le calme en Cisjordanie, mais ses alliés politiques ne lui permettront pas d’apporter de changements majeurs sur le terrain.

Au Nord, face à l’axe chiite radical dirigé par l’Iran, les nouvelles élections ne devraient pas avoir beaucoup d’effet.

Les États-Unis ont repris les réactions à la menace iranienne, il y a quelques semaines, permettant à Israël de passer au second plan et de s’abstenir de tensions croissantes dans la région. Il serait dans l’intérêt d’Israël que ce soient les États du Golfe qui exigent l’action des États-Unis contre l’Iran.

Téhéran est pleinement conscient du soutien public israélien dont bénéficie Netanyahu dans le cadre de sa politique vis-à-vis de l’Iran. Toute tentative de leur part d’utiliser cette période électorale pour faire avancer leurs projets de mise au point de missiles au Liban et en Syrie rencontrera toute la puissance et la détermination de Tsahal.

L'USS Abraham Lincoln est actuellement dans le golfe Persique

L’USS Abraham Lincoln est actuellement dans le golfe Persique

 

Le Hezbollah souffre d’une crise économique. Alors que l’Iran fait face à l’opposition russe à ses projets en Syrie, des navires de la marine américaine sont envoyés dans le golfe Persique. On ne peut pas percevoir cela ne peut pas comme un moment opportun pour affronter Israël. Les Ayatollah sont des hommes patients. Ils ont le temps.

Le plan de paix de Trump sera toutefois affecté par les élections anticipées en Israël, malgré les démentis de Netanyahu jeudi.

L’atelier économique organisé à Bahreïn dans le but de collecter des fonds pour les Palestiniens aura lieu le mois prochain, mais la partie politique de l’accord ne sera pas révélée avant la formation d’un nouveau gouvernement, le cas échéant.

Ron Ben-Yishai | Publié: 05.30.19, 23:35

ynetnews.com

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davidex

Tranquille (adverbe) est invariable – Tranquille (adjectif) est variable.
Merci Ixiane de m’avoir incité à consulter.

ixiane

Ce plan de paix , de toute façon , est voué à l’échec !! TRUMP veut tenir tout le monde en haleine … et c’est épuisant !!! Les arabes veulent ISRAEL ou rien !! Le plan B serait un ETAT binational qui leur permettrait , grâce au ventre de leurs femmes, à devenir majoritaires ( comme disait ARAFAT , le neveu du GRAND MUFTI de Jérusalem , grand Ami de HITLER !! )

ixiane

Très belle analyse , merci !
J’aimerais relever une petite faute de grammaire que beaucoup de personnes font, ( ils restent tranquilles « s » ) tranquille est un adverbe , donc invariable non ? ) Si jamais la grammaire a changé ,
et que j’ai loupé une marche, excusez-moi .