Un événement hostile au Bahreïn se tient à Beyrouth malgré l’interdiction des autorités.

Le ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, avait demandé aux forces de l’ordre d’empêcher cet événement qui s’est tenu à Ghobeiri, considéré comme un fief du Hezbollah.

Un événement hostile au pouvoir au Bahreïn s’est tenu lundi soir à Beyrouth, malgré l’interdiction des autorités libanaises, dans un geste de défiance soutenu par le Hezbollah, au moment où le Liban tente de rétablir ses liens avec les monarchies du Golfe, minés par une grave crise diplomatique.

L’événement en question, un « rassemblement solidaire » intitulé « Unis pour la justice », à l’initiative du groupe d’opposition chiite de Bahreïn al-Wifaq, a eu lieu dans le quartier de Rihab, à Ghobeiri dans la banlieue sud de Beyrouth à 19h. Les organisateurs affirment marquer les 11 ans depuis « le mouvement pacifique et populaire réclamant la justice, la liberté et la transition démocratique ». Un autre événement hostile au pouvoir bahreïni devait se tenir également à Beyrouth vendredi dernier mais n’avait finalement pas eu lieu. Al-Wifaq explique que des « raisons techniques » ont empêché cet événement, et qu’il sera reprogrammé pour mardi.

Le rassemblement de lundi s’est tenu malgré l’interdiction, à deux reprises, prononcée par le ministre de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui. Une interdiction qui avait irrité les milieux du Hezbollah, le parti chiite étant toutefois représenté au sein du gouvernement de Nagib Mikati.

Le président du Forum bahreïni des droits de l’Homme, Baqr Darwiche, avait estimé récemment que l’interdiction d’organiser ces activités « est une atteinte à la liberté d’expression ». Interrogé par un média libanais au sujet de l’embarras dans lequel pourrait se retrouver Beyrouth au vu des tensions diplomatiques avec les pays arabes du Golfe, M. Darwiche avait précisé que « les pressions exercées par le gouvernement de Bahreïn sur les autorités libanaises constituent une agression contre la souveraineté nationale et violent les normes diplomatiques ».

Jeudi, le ministre Maoulaoui, après concertation avec le Premier ministre, avait demandé aux forces de sécurité d’empêcher la tenue de cet événement. Il avait également demandé de « prendre toutes les mesures nécessaires pour collecter des informations sur les organisateurs, les personnes qui ont appelé à ces événements ainsi que les invités ». « Nous sommes Arabes et nous le resterons », a déclaré mardi le ministre en réaction à la tenue de cette réunion. « Comment un séminaire ou une réunion provocatrice peuvent-ils servir l’intérêt d’un pays qui s’est effondré en délaissant ses alliés ? », a-t-il lancé, avant de dénoncer ceux qui font du Liban « un théâtre de provocation ».

Les autorités libanaises ont multiplié dernièrement leurs efforts afin d’empêcher toute activité hostile aux monarchies du Golfe. A la mi-décembre, Bassam Maoulaoui avait ordonné l’expulsion des membres non-libanais du groupe al-Wifaq, quelques jours après la tenue à Beyrouth d’une conférence de presse qui avait irrité Manama. En janvier, le Hezbollah avait parrainé une conférence en soutien à l’opposition au gouvernement des Saoud, à une date commémorant l’exécution de l’imam chiite Nimr al-Nimr, considéré comme une figure de la contestation saoudienne.

Le Liban tente de rétablir ses liens avec les monarchies du Golfe à la suite de la crise déclenchée par des propos hostiles émanant de l’ancien ministre de l’Information, Georges Cordahi, au sujet de l’intervention de l’Arabie saoudite dans la guerre au Yémen. Si depuis des avancées avaient semblé se profiler, elles ne se sont pas concrétisées. Le Koweït avait soumis douze propositions aux autorités libanaises, lors d’une visite de son chef de la diplomatie à Beyrouth le mois dernier, afin de s’orienter vers un dégel diplomatique. Cette feuille de route comprenait plusieurs requêtes générales de la communauté internationale, comme l’organisation d’élections législatives et le lancement de réformes, ainsi que certains points comme l’appel au respect de la résolution 1559, adoptée en 2004 et qui porte, entre autres, sur « le désarmement et la dissolution de toutes les milices ». Il y a deux semaines, le chef de la diplomatie koweïtienne, cheikh Ahmad Nasser al-Mohammad al-Sabah, avait annoncé que la réponse du Liban aux propositions était « à l’étude » et que des décisions seraient prises concernant la suite à donner à cette initiative.

AFP

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