Interviewé par France 2, le président évoque des « contacts » entre services de renseignements syriens et français.

Le journal de France 2 a diffusé au journal de 20 heures une interview de Bachar el-Assad réalisée par David Pujadas à Damas. Cet énième exercice de com d’Assad dans les médias occidentaux est néanmoins sa première interview pour une télévision française.

Interrogé sur le soutien stratégique de l’Iran et du Hezbollah dans le conflit en Syrie en proie à une rébellion armée et des jihadistes, Bachar el-Assad répond que « nul pays n’a le droit d’intervenir sans y être invité. Nous avons invité le Hezbollah, mais pas les Iraniens. Il n’y a pas de troupes iraniennes en Syrie et ils n’ont envoyé aucune force ». « Des commandants et des officiers vont et viennent entre les deux pays conformément à la coopération existant entre nous depuis bien longtemps. C’est différent que de participer aux combats », a ajouté Bachar el-Assad, en évoquant l’Iran, principal allié régional du régime de Damas. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), des gardiens de la révolution, l’armée d’élite de la République islamique, combattent aux côtés du Hezbollah et de l’armée syrienne, notamment dans le sud du pays.

Interrogé sur la coalition internationale menée par les États-Unis, qui opère des frappes contre le groupe État islamique, le président syrien estime que les pays composant cette coalition ne sont « pas sérieux jusqu’à présent » et « n’aident personne dans cette région ». « Si vous comparez le nombre de frappes aériennes effectuées par les forces de la coalition composée de 60 États à celles que nous avons effectuées, nous petit État, vous constaterez que nous bombardons parfois dix fois plus que la coalition en une journée », a-t-il argumenté.

Le président syrien a en outre démenti l’usage par l’armée de gaz de chlore en mars contre des secteurs rebelles de la province d’Idleb, après des accusations de l’organisation des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW). « Non, c’est un autre faux récit donné par des gouvernements occidentaux, a répondu Bachar el-Assad. Nous n’avons pas utilisé le chlore, et nous n’en avons pas besoin. Nous avons nos armements classiques, et nous pouvons atteindre nos objectifs sans y avoir recours. »

À une question portant sur sa responsabilité dans l’émergence du groupe État islamique (EI), le président syrien a souligné que l’EI a « été créé en Irak en 2006 sous la supervision des Américains ». « Je ne suis pas en Irak. Je n’y ai jamais été. Je ne contrôlais pas l’Irak. C’était les Américains qui contrôlaient l’Irak. L’EI est venu d’Irak en Syrie, car le chaos est contagieux », a-t-il ajouté.

 

Des « contacts » mais pas de coopération
Sur un autre plan, M. Assad a affirmé que des contacts entre services de renseignements français et syriens existent en dépit de la rupture des relations diplomatiques bilatérales. « Il y a des contacts mais il n’y a pas de coopération », a déclaré le président syrien, en réponse à une question sur les liens entre les services de renseignements syriens et français.
« Nous sommes toujours intéressés au dialogue avec quiconque », a aussi indiqué le président syrien en réponse à une question sur une relance des relations avec la France. « Mais comment peut-on établir un dialogue avec un régime qui soutient le terrorisme dans notre pays ? » s’est-il interrogé, en reprenant son antienne selon laquelle les opposants à son pouvoir ne sont que des terroristes. « Les fers de lance contre la Syrie ont été : un la France, deux le Royaume-Uni », a-t-il aussi déploré en jugeant que « personne ne prend plus au sérieux les déclarations des responsables français ». « Pour une simple raison : c’est que la France est devenue en quelque sorte un satellite de la politique américaine dans la région. Elle n’est pas indépendante et n’a aucun poids, elle n’a plus aucune crédibilité », a-t-il ajouté.
Sur le terrain, les forces du régime ont coupé hier dans le Sud syrien une route vitale pour l’approvisionnement des rebelles en armes venues de Jordanie, a affirmé l’armée. Les forces gouvernementales ont pris le contrôle de plusieurs villages dans la province méridionale de Deraa et encerclé deux autres tenus par les rebelles, a affirmé l’armée dans un communiqué, qui a qualifié cette avancée de « coup fatal » pour les groupes rebelles.

Le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, a confirmé que les forces gouvernementales avaient coupé « une route principale d’approvisionnement » utilisée par les rebelles pour acheminer des combattants et des armes de la frontière jordano-syrienne à leur place forte d’al-Lajjat. Durant les combats, 18 membres des forces du régime et 11 rebelles ont été tués, selon l’OSDH.
M. Abdel Rahmane a ajouté qu’après de violents affrontements et des bombardements, les forces gouvernementales avaient aussi capturé des villages autour de la cité rebelle de Bousra al-Harir.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité a réitéré hier, dans une déclaration adoptée après des consultations à huis clos, son appel à un « accès humanitaire libre » aux réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk, près de Damas, qui sont pris en étau entre l’armée syrienne et des groupes armés palestiniens et jihadistes.

OLJ

  

 

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