Pour la première fois depuis 2009, le Fatah tient congrès. La formation du président palestinien Mahmoud Abbas, principale composante de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), est confrontée à une crise historique. Impopulaire, incapable de proposer un horizon à une population jeune et démoralisée, le Fatah veut offrir des gages de renouvellement et de respiration. Mais c’est surtout l’occasion pour son leader de raffermir son contrôle sur les cadres, alors que les spéculations sur sa succession agitent Ramallah depuis des mois. Agé de 81 ans, Mahmoud Abbas cumule les fonctions de président de l’Autorité palestinienne, de chef de l’OLP et du Fatah. A l’ouverture du congrès, il a été réélu à la tête du parti par acclamation.
  • Une échéance attendue

Le 7e congrès du Fatah, qui a débuté mardi 29 novembre, doit durer cinq jours. il rassemble près de 1 400 délégués (contre plus de 2 300 en 2009), venus de Cisjordanie, de la bande de Gaza et de l’étranger. Mahmoud Abbas s’est notamment démené afin que les membres du Fatah à Gaza puissent effectuer le déplacement. Il a pour cela rencontré, fin octobre à Doha, le chef du bureau politique du Hamas à Gaza, Khaled Mechaal ainsi qu’Ismaël Haniyeh, son probable successeur. Mais ce sont les Israéliens qui ont bloqué la venue de plusieurs dizaines de délégués venant du territoire sous blocus.

  • Deux instances à renouveler

Le congrès doit permettre le renouvellement des membres de deux instances, le conseil révolutionnaire et surtout le comité exécutif, fort de 23 membres, où le président veut pousser ses partisans. Un numéro deux doit aussi étre choisi, dont l’identité pourrait consituter un indice pour la succession de M. Abbas.

  • L’opposition à M. Abbas muselée

Mais les partisans de l’homme d’affaires Mohammed Dahlan, exclu du Fatah en 2011 et contraint à l’exil, n’ont pas été conviés. Depuis septembre, plusieurs d’entre eux ont été également exclus des rangs du parti. Ils ont tenté, mardi à la mi-journée, de se rassembler dans le camp de réfugiés de Qalandiya, mais les forces de sécurité ont empêché la réunion d’avoir lieu.

Abu Dhabi, UAE - Novembre 2, 2016. Mohammed Dahlan dans son bureau.
Abu Dhabi, UAE – Novembre 2, 2016. Mohammed Dahlan dans son bureau. OLYA MORVAN/HANS LUCAS « POUR LE MONDE »

Les pays du Quartet arabe (Egypte, Jordanie, Emirats arabes unis, Arabie saoudite) ont fait pression ces derniers mois sur Mahmoud Abbas afin qu’il accepte une réconciliation avec Mohammed Dahlan. Sans Fatah pacifié, aucun progrès notoire ne pourra avoir lieu dans les négociations avec le Hamas, pour enfin présenter un front palestinien uni et envisager des élections générales. La tenue du congrès du Fatah sans les partisans de M. Dahlan risque de provoquer de nouvelles tensions entre les pays arabes et l’AP. Depuis avril, l’Arabie saoudite a ainsi cessé de verser près de 20 millions de dollars par mois à l’Autorité palestinienne.

  • La stratégie en question

Mahmoud Abbas est devenu président de l’Autorité palestinienne en 2005. En 2007, le Hamas a pris le contrôle, seul, de la bande de Gaza. Depuis, ce territoire et la Cisjordanie ont vécu des vies séparées. Tout le monde s’est accomodé de la situation, laissant fleurir l’esprit clientéliste. Depuis 2007, M. Abbas a donné tous les gages nécessaires à une bonne coordination sécuritaire avec l’armée israélienne. Il a concentré ses efforts sur le plan international, afin d’obtenir le plus de reconnaissances possibles de la Palestine et de mettre la pression sur l’Israël, à l’ONU, à la Cour pénale internationale ou à l’Unesco.

  • Abbas contesté

Cette stratégie a connu des succès limités et a accentué le fossé entre la rue palestinienne et son dirigeant, qui concentre les pouvoirs. A compter de l’été 2015, Mahmoud Abbas a envoyé des signaux indiquant qu’il comptait prendre en compte le besoin de renouvellement. Pour l’heure, ces indices n’ont pas connu de traduction.

  • Des appels à revoir les institutions

Mais la question des cadres n’est pas la seule à se poser. De nombreux responsables du Fatah, conscient du discrédit qui touche leur organisation, voudraient une révision complète des institutions et de la stratégie, alors que se profile, en juin 2017, le 50e anniversaire de l’occupation. Faut-il saborder l’Autorité palestinienne, aux prérogatives très limitées par le contrôle israélien exclusif – sécuritaire et administratif – exercé sur la zone C (60 % du territoire) ? Comment revitaliser l’OLP ? Quel sens donner à la « résistance populaire pacifique » réclamée notamment par les partisans de Marouane Barghouti, le plus célèbre prisonnier palestinien ?

Mahmoud Abbas devait prendre la parole, dans la soirée de mardi, devant l’ensemble des délégués, pour apporter un début de réponse.

Le <Monde

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Harry

Franchement reposter un article du journal pourri Le Monde où dès la première phrase on lit : « jeune et démoralisée par l’enracinement de l’occupation israélienne ». JFORUM lisez ce que vous poster.
Cet article = poubelle