La notion de Techouva -et ses paradoxes- prendra t-elle tout son sens, dans le difficile travail de mémoire qui se présage en Pologne, autour d’une apparente question de traitement animal? Ou sont-ce, une fois encore, les luttes intestines pour le leadership, entre les organisations juives européennes, qui viennent réduire les chances d’un résultat positif, dans la controverse engagée?

Une association juive, l’AJE, engage un ancien leader de la droite extrême polonaise pour mener le combat en faveur de l’abattage “rituel”.

Exclusif : alors que les organisations juives européennes se disent choquées, Roman Giertych accepte le passé antisémite de sa famille, le désavoue et promet des résultats positifs en septembre. LONDRES – L’Association Juive Européenne, un groupe basé à Bruxelles, a engagé l’ancien dirigeant d’un parti politique, accusé d’antisémitisme, pour relever le défi de l’interdiction de la She’hita en Pologne, selon ce qu’a appris le Times of Israel Article original.

Roman Giertych est l’ancien Président de a Ligue des Familles Polonaises, un parti de la Droite extrême, qui a obtenu 8% des votes aux élections de 2001 et 2005, mais s’est ensuite effondré.

Alors que Giertych n’a jamais été, lui-même, accusé d’antisémitisme, l’Ambassadeur israélien en Pologne, à l’époque, David Peleg, avait refusé de travailler avec lui sur les sujets relatifs à la Shoah, quand il était Ministre de l’éducation et adjoint du Premier Ministre, en 2006-7, en dénonçant « la politique antisémite » de son parti.

Pour sa part, Giertych reconnaît que l’histoire de sa famille est entachée d’antisémitisme ou a eu des liens avec des antisémites, mais il déclare au Times of Israel que : « Ce n’est pas ma propre histoire. Il n’y a pas de place pour l’antisémitisme dans ma vie ».

Philip Carmel, porte-parole du Congrès Juif Européen a désigné la nomination de Giertych comme “mal avisée » et « inadaptée ».

“Il semble particulièrement étrange que, parmi tous les avocats residant en Pologne, ils tirent du chapeau celui-là même qui était un des chefs de l’extrême-droite », a-t-il déclaré. « Je ne dirais pas qu’il est personnellement antisémite, mais la Ligue des Familles Polonaises n’est pas le genre de courant politique particulièrement réputé pour sa proximité avec la Communauté juive ».

Le Directeur de l’Association Juive Européenne, le Rabbin Menachem Margolin, a défendu ce choix, qu’il a décidé parce que Giertych est un « excellent avocat et qu’il a de bons contacts dans les arcanes du pouvoir, où cette décision doit être prise ».

Certains de nos meilleurs amis au Parlement Européen sont d’anciens antisémites, qui veulent corriger les erreurs du passé et nous aident, dans ce cadre-là”.

Le fait qu’il ait fait l’inventaire de “son passé » – celui de sa famille, de son pays, de son parti-« >Article original ne fait qu’ajouter une dimension supplémentaire », souligne Margolin. « Certains de nos meilleurs amis au Parlement Européen sont d’anciens antisémites qui veulent corriger les erreurs du passé et nous aider ».

“Je ne vois pas en quoi ce serait un péché que d’essayer de trouver une solution. S’il dispose des bonnes relations, ne pas lui confier le dossier serait ridicule. Ce sont exactement les mêmes organisations qui critiquent le choix de l’AJE »>Article original qui accepteraient de parler à un véritable antisémite, si c’est nécessaire pour trouver une solution ».

Giertych, qui a ouvert un cabinet d’avocats, à la suite de la perte de tous ses sièges par son parti, a été engagé pour adresser une requête au Tribunal Constitutionnel Polonais, concernant la légalité de l’abattage rituel en Pologne. Il existe, actuellement, des incertitudes autour de la question de savoir si la She’hita est permise, alors qu’une interdiction de cette pratique, en vue de son exportation, est maintenue, depuis janvier, et qu’une autre Loi, Le Texte de 1997, portant sur les relations de l’Etat envers les communautés juives de Pologne Article original, protège la pratique de l’abattage rituel au bénéfice de la communauté juive locale.

Une motion (gouvernementale), destinée à renverser ce processus d’interdiction, a été sanctionnée par un vote négatif, un peu plus tôt, au cours de ce mois.

Carmel a prétendu que Giertych aurait un intérêt politique à défendre la She’hita, parce que l’interdiction d’exporter de la viande casher et hallal coûte à l’économie polonaise des centaines de millions d’euros, et que la Ligue des Familles Polonaises « était constituée de défenseurs des intérêts agricoles en Pologne. Ils ont des liens très étroits avec l’Industrie de la viande ».

“Ce n’est pas notre job de défendre les droits de la filière viande en Pologne”.

“Ce serait irresponsable, argue t-il, de centrer le problème comme dépendant d’intérêts économiques. Notre position est de défendre les droits de la Communauté Juive en Pologne à pratiquer sa religion. Ce n’est pas notre job de défendre les droits de l’industrie de la viande en Pologne ».
Carmel a ajouté qu’il était “Presque impensable” que l’AJE ait approché la Cour Constitutionnelle, au même moment que la communauté juive locale, à qui le gouvernement a conseillé de le faire, appelant cela une « ingérence » dans les affaires internes polono-juives ».

Ses commentaires ont reçu l’écho du Président de l’Union des Communautés Religieuses Juives en Pologne, Piotr Kadlcik, qui a exprimé sa “surprise”, à l’annonce de l’embauche de Giertych. Bien qu’il n’ait pas souhaité commenter son appartenance à un milieu politique, il a remarqué que Giertych n’est pas un avocat constitutionnel et dit qu’il « doute grandement » que ses relations politiques soient d’une aide quelconque, face à la Cour Constitutionnelle ».

La bataille pour la She’hita, a t-il ajouté, devrait être laissée à la communauté juive polonaise et aux autres organisations juives, sans l’implication, manquant de coordination, d’organisations, telles que l’AJE.

“Cette loi nous affecte directement”, rappelle Kadlcik, qui sortait juste d’une réunion avec des responsables du gouvernement, destinée à progresser vers une solution.

“Il ne s’agit pas d’une affaire intérieure polonaise, mais d’un problème qui concerne les Juifs d’Europe”.

Cependant, Margolin a répliqué en affirmant que “Ce n’est une affaire interne polonaise, mais qui concerne l’avenir des Juifs en Europe », car si une interdiction est couronnée de succès en Pologne, elle encouragera automatiquement les opposants à la She’hita, partout ailleurs sur le continent, à lancer d’autres batailles juridiques ».

« Il a été absolument prouvé qu’on ne pouvait uniquement compter sur la communauté juive locale » pour renverser l’interdiction, a t-il dit, à la suite de l’échec de la motion destinée à réinstaurer la She’hita, au début du mois.

Il a taxé “d’hypocrisie” l’objection du CJE à son engagement”, alors que de multiples organisations Juives Européennes ont ouvertement fulminé contre la décision des dirigeants de la Communauté juive polonaise de gérer seuls le récent dossier de la She’hita, prétendant qu’elle devrait accepter les offres de soutien, de la part de groupes ayant, par ailleurs, l’expérience de la lutte contre les interdictions de la She’hita.

Margolin, lui-même, a publiquement appelé le Grand Rabbin de Pologne Michaël Schudrich à la démission, à la suite de l’échec de la motion sur la She’hita.


Le Rabbin Menachem Margolin, à droite, et l’Ambassadeur Polonais auprès de l’UE, Marek Prawda, mardi dernier à Bruxelles. (photo credit: courtesy European Jewish Association)

Il a tenu à noter qu’il a déjà entretenu des pourparlers intensifs au sujet de la She’hita avec les représentants polonais au Parlement européen, dont l’Ambassadeur de Pologne auprès de l’UE, Marek Prawda et a rejeté comme inutile la controverse résultant des batailles politiques picrocholines et jalousies entre les organisations juives européennes.

“Je condamne avec dégoût les tentatives des parties intéressées pour nous empêcher de nous occuper du dossier, exactement au moment où nous sommes en train de gagner la complète coopération du gouvernement polonais », a-t-il dit. Ces manœuvres sont indignes du nom des communautés juives qu’elles représentent ».

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Sombre Rappel :

La Ligue des Familles Polonaises s’est instaurée en 2001, en se déclarant comme le successeur du Parti National-Démocrate, qui prônait un programme complet, destiné à exclure les Juifs de la vie économique et sociale. L’un de ses membres actifs était le grand-père de Roman Gierstych, Jędrzej.

Bien que cette Ligue était particulièrement associée à des politiques homophobes et anti-européennes, plusieurs de ses membres ont aussi suscité des levées de boucliers, à cause de leurs points de vue sur les Juifs, dont le militant de premier plan Ryszard Bender, qui a prétendu, en 2000, qu’Auschwitz n’était pas un camp de la mort. Le propre père de Giertych, Maciej, autre membre du parti, a écrit, en 2007, que les Juifs étaiçent responsables de leur propre ségrégation et les a décrit comme un « peuple qui s’installe parmi les riches ».

Il était membre du Parlement Européen, à l’époque.

L’année précédente, le parti a diffusé une campagne publicitaire à la télévision, prétendant que la vie des Polonais étaient exposée au risque en Irak, pour protéger les Juifs, complétée par des images de pèlerins au Mur Occidental (Kotel). Autant ce parti que Giertych personnellement, avait aussi des liens avec un groupement de jeunesse, « Toute la Jeunesse Polonaise », dont certains membres ont été filmés faisant le salut nazi et dont le nom même évoque un autre groupe de jeunesse antisémite d’avant-guerre.

En 2006, Giertych a promis d’exclure tout membre de son parti qui ferait des declarations antisémites et, lorsque l’Ambassadeur Peleg a refusé d’avoir affaire à lui, il s’est rendu en pèlerinage à Jedwabne, le lieu où environ 1600 Juifs ont été brûlé vifs, en 1941 (par des Polonais).

La déclaration qu’il y a faite, disant que “Il n’y a et il n’y aura aucune place pour l’antisémitisme en Pologne », avait été écartée par Peleg, qui avait déclaré à une agence de presse : « Notre problème n’a jamais été avec ou envers Roman Giertych personnellement, mais avec son parti, qui suit une ligne politique antisémite ».

Giertych avait affirmé qu’il est “significatif” qu’il soit le seul homme politique important du camp conservateur à s’être incliné, lors d’une visite à Jebwabne, pour le 65ème anniversaire de cet horrible crime ».

“J’ai été accusé par mes partisans et j’a récolté beaucoup de problèmes pour ça, mais j’ai dit publiquement ce que j’avais à dire », a-t-il confié à Times of Israël.

Son intérêt pour le problème de la She’hita, affirme t-il, concerne la liberté de culte.

“Nous disposons d’une très longue tradition de vie commune avec les Juifs, il n’y a aucune raison qu’ils décident de changer les règles de coexistence… Aucun travail sérieux n’a été entrepris pour expliquer correctement au Parti Libéral de « la Plateforme Civique » (parti de gouvernement) qu’il s’agit d’un acte grave – un problème qui concerne les relations entre la Pologne et la minorité Juive ».

« La solution la plus rapide sera encore d’ordre politique« , dit-il.

“Le fait de convaincre le gouvernement de convaincre le Parlement qu’il faut changer la loi, peut être fait d’ici septembre. Les procédures judiciaires, elles, prennent vraiment beaucoup de temps.

« Nous devons gérer ce dossier en quelques mois. J’ai déjà parlé à des gens de la Plateforme Civique. J’espère qu’il y aura, très bientôt une solution en vue ».

Par MIRIAM SHAVIV 30 juillet 2013, 1:15 pm

timesofisrael.com Article original

Adaptation : Marc Brzustowski.

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