Derrière le boycott économique turc d’Israël
Le gouvernement Erdogan applique-t-il le boycott d’Israël ?
Il est donc vrai que ces derniers jours, des informations ont été publiées sur un boycott total imposé par la Turquie aux exportations et importations en provenance d’Israël.
Cependant, les responsables turcs doutent de l’étendue de cette application et affirment que les nouvelles diffusées sur cette question sont à des fins de propagande. Les mêmes sources soulignent que la Turquie autorise toujours le transfert de pétrole via son territoire vers Israël. Les mêmes sources soulignent qu’il y a une diminution des exportations de produits alimentaires de la Turquie vers Israël, mais celle-ci est moins significative car il n’y a pas de pénurie de nourriture en Israël.
Les cercles d’opposition en Turquie insistent sur le fait que toutes les annonces d’Erdogan concernant la fin du commerce avec Israël sont à des fins de « propagande » visant à améliorer la position du parti au pouvoir après son échec aux élections locales du 31 mars.
À ce stade, la Turquie n’a pas annoncé publiquement si elle autoriserait la poursuite du flux de pétrole vers Israël via son territoire. Comme vous le savez, Israël importe environ 40 % de son pétrole d’Azerbaïdjan via un oléoduc qui traverse la Géorgie jusqu’au terminal turc. Fermer le « robinet turc » constituerait une « déclaration de guerre » non seulement à Israël mais aussi à l’Azerbaïdjan. Peut-être qu’Erdogan, dans sa haine envers Israël, cherchait à faire cela pour nuire à Israël, mais s’il le faisait, il mettrait à mal ses relations avec l’Azerbaïdjan, qui est un proche allié de la Turquie. Il y a aussi une limite à ce qu’il peut faire…
L’industrie turque serait la plus touchée par le boycott d’Israël
Si les Turcs imposaient effectivement le boycott commercial d’Israël, les dommages globaux causés à l’économie turque sont relativement faibles. Selon les données de 2023, les exportations vers Israël représentaient environ 3 % du total des exportations turques, qui ont atteint environ 260 milliards de dollars. Selon les données de cette année, la part d’Israël dans les exportations turques est d’environ 2 %. On s’attend à des dégâts plus importants dans l’industrie sidérurgique turque puisque, selon mes calculs, les exportations d’acier vers Israël ces dernières années représentaient environ 7 % des exportations totales d’acier de la Turquie.
Il s’agit de données macro, mais cela ne signifie pas qu’au niveau micro, c’est-à-dire que les entreprises et les entreprises des secteurs locaux qui ont entretenu des relations commerciales avec Israël ne seront pas lésées et cela s’adresse principalement aux petites et moyennes entreprises.
Il ne faut pas oublier que les entreprises turques qui souhaitent réellement continuer à exporter vers ou à importer depuis Israël pourront toujours contourner l’interdiction par l’intermédiaire d’un tiers…