Sarcelles oublie Garges – Suis-je le Gardien de mon frère ?

Décidément plus rien ne va dans la gestion des Communautés juives.

Lors des émeutes antisémites de Sarcelles du week-end dernier, la police avait mis tous les moyens dont elle disposait autour de la synagogue de Sarcelles.

De ce fait, aucun dispositif efficace n’avait été mis en place en ville, et dans les communautés limitrophes. Nous ne dirons pas que les policiers ont été mis là où il y avait des caméras, mais force est de constater que si les barbares ont pu s’en prendre aux commerces comme la supérette casher NAOURI, ou la pharmacie, ou le café le Régence, Avenue du 8 Mai 1945, c’était bien parce que l’on n’avait pas pris en considération tous les risques liés à ce type de manifestation.

Les dirigeants, ou les personnes présentes à la réunion de sécurité avaient pris la précaution d’écarter Sammy Ghozlan du BNVCA, parce qu’il est souvent en désaccord avec le maire de Sarcelles lequel par le passé (même récent) avait minimisé les agressions antisémites.

Nous-mêmes avions dénoncé l’inaction des dirigeants communautaires et de la mairie concernant un tag antisémite étalé sur 10 mètres de long, à coté de la gare, qui était resté là pendant trois semaines, et ce n’est qu’à la suite de notre article qu’il a été enlevé.

Aucune manifestation dans laquelle on sait qu’il y aura des casseurs ne se limite à un endroit particulier et restreint. Les casseurs sont plus mobiles que les policiers.
Donc c’est bien au-delà de la synagogue de Sarcelles que les dispositifs policiers devaient être disposés.

Sarcelles n’a pas été suffisamment protégée du moins dans les premières heures.

Mais pire la Communauté de Garges-lès-Gonesse a subi pendant plusieurs minutes les assauts des hordes barbares, comme nous le montre les photos ci-dessous, et aucun dispositif n’était en place pour la protéger. Quand on connaît Garges, sa population, et les nombreuses agressions dont ont été victimes les juifs de Garges et sa synagogue, on ne peut que dénoncer l’absence de dispositif policier, et l’absence de solidarité à son égard. Pire aucune mention dans les médias n’a été faite des destructions causées à cette synagogue.

Vitre brisée

Caillassage en règle

Jet de bouteilles

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Voici le communiqué reçut du Président de la Communauté de Garges-lès-Gonesse :

La synagogue de Garges prochaine victime de très graves incidents.

Faut-il qu’il y ait des morts ou que l’on embrase la synagogue pour qu’enfin cette communauté soit considérée et que l’on tienne compte des appels au secours du président?

Notre synagogue a été l’espace d’un instant attaquée par des individus (une bonne centaine) armés de bâtons, battes de baseball, cailloux, gourdins. cela été la terreur, ils ont brûlé 4 voitures sur le trottoir d’en face.

Malgré nos diverses relances auprès du Consistoire, le SPCJ entre autres, toutes nos demandes de sécurisation ont été vouées à l’échec!

Pas plus tard que vendredi 18 juillet un télégramme est parti pour alarmer l’institution sur notre inquiétude. Malheureusement, il est arrivé ce que nous craignions, suite à cela des photos des dégâts ont été envoyées au président du consistoire qui ne m’a ni téléphoné et ne s’est encore moins déplacé alors qu’il était à sarcelles qui est à moins de 2 minutes en voiture.

C’est sûr, le ministre de l’Intérieur à sarcelles le matin et le président de la République l’après-midi sont plus importants.

Merci pour cette grande considération.

Un Président déçu mais surtout très inquiet de cette fraternité.

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Le problème de nos communautés, c’est que ceux qui nous représentent, quand ils nous représentent (car certains sont aux abonnés absents en permanence) , ne sont pas au fait des problèmes de sécurité.

Pire certains ne cherchent qu’à tirer une gloire personnelle de leurs relations avec les représentants des pouvoirs publics et leur sont redevables des distinctions qu’ils ont obtenues en contrepartie de leurs courbettes. De ce fait, ils sont dans l’obligation de jouer un jeu pervers qui consiste à vouloir rassurer la Communauté, ce qui est de l’intérêt des autorités. Ainsi ni Mergui, ni aucun dirigeant n’a évoqué le saccage de la synagogue de Garges.

La manifestation de soutien qui a eu lieu à Sarcelles, le lendemain, procède de ce type de politique, rassurer les Juifs par des belles paroles. Alors tous ont dénoncé l’antisémitisme en France, et nous ont parlé des valeurs de la République, et l’antisémitisme comme grande cause nationale. Bravo, bravo, et Israël dans tout cela. Israël agressé là-bas et ici dans les médias et dans la rue. Dire que nous sommes prêts à accepter cela parce que nous revendiquons notre soutien à Israël dont la cause est mille fois juste, et parce qu’elle salit comme nous parce que NOUS SOMMES JUIFS.

Alors les médias nous ont présenté cette manifestation oecuménique, comme une espèce de réconciliation entre juifs et arabes. Méfions-nous des images que des fois nous donnons de nous mêmes.

Alors oui, les paroles étaient très belles. Nul doute que l’imam Chalghoumi est un homme de bonne volonté. Il faut lui rendre un hommage sincère et profond pour tout ce qu’il fait. Il était accompagné d’autres imams eux aussi à remercier pour leurs actions. Le nouvel évêque de Pontoise comme son prédécesseur est attaché au dialogue et à l’amitié judéo-chrétien, que le rabbin Berros a souvent dénigré, voire saboté, nous pouvons citer plusieurs manifestations auxquelles il n’a pas participé, sans même s’excuser.

Les rapports judéo-chrétiens sont d’une tout autre nature que ceux que nous pouvons avoir avec les représentants de l’Islam de France. Ces derniers appartenants à l’UOIF sont proches du Hamas, et viennent à reculons aux réunions inters communautaires et se sentent piégés par les discours sur le vivre ensemble auquel ils ne croient absolument pas. Parmi eux, il faut citer celui qui nous sort des propos hors de propos à savoir le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur.
Ce dernier a déclaré un peu partout « que l’on ne doit pas s’en prendre ni aux synagogues ni aux mosquées ».

Sur quelle planète vit ce brave homme ? A-t-il vu des Juifs attaquer des mosquées ? Et puis les commerces juifs, et les juifs qui sont victimes de meurtres et d’agressions de la part de musulmans au nom de l’Islam, ne suscitent de sa part aucune condamnation ?

Alors pour revenir à l’imam Chalghoumi, avec tout le respect qu’on lui doit, ce n’est pas l’arbre qui cache la forêt, c’est un cure-dent qui veut cacher une forêt entière qui soutient ne serait-ce que par son silence complice même s’il n’est pas toujours approbateur des crimes commis contre les juifs.

Cette manifestation est contre-productive. Elle a pour effet d’atténuer la responsabilité des musulmans, et de l’état qui a longtemps laissé faire, voire encourager le communautarisme musulman, jusqu’à promettre le droit de vote des immigrés.

Ce que l’on retient de cette manifestation, c’est que juifs et arabes s’entendent bien, et qu’il n’y a que des casseurs marginaux. C’est parce que ces derniers ne sont que marginaux, comme sont inefficaces les missiles envoyés sur les populations civiles d’Israël que Fabius nous parle de morts civils insupportables. Pire encore la France, comme les États Unis ont trouvé une nouvelle arme pour faire pression sur Israël en limitant les vols en direction de Ben-Gurion Airport.

S’il y a une dizaine d’années les manifestations écuméniques pouvaient avoir un sens, on s’est aperçu depuis qu’elles étaient contre-productives pour la communauté parce qu’elles dédouanent beaucoup de leurs responsabilités en faisant croire que les agressions et les meurtres ne sont que le résultat d’actes menés par « des loups solitaires » ou des « casseurs marginaux ». Nous n’avons pas correctement réagi face à cela. Avons-nous les bons représentants, sommes-nous bien organisés ?

C’est dans ce contexte qu’il faut se pencher sur nos problèmes internes.

Dans le val-d’oise, il y a quatre communautés juives voisines. Sarcelles au centre, à l’Est Garges-lès-Gonesse, au Nord Villiers-le-Bel, à l’Ouest Saint-Brice. Dans ces quatre communautés que constate-t-on ?

À Sarcelles, le président R. Halimi Za’l est décédé, il y a quelques semaines. Son mandat était arrivé à son terme depuis plusieurs années sans que l’on respecte les règlements intérieurs du Consistoire. Il y a actuellement un président nommé par intérim, et la communauté ne se sent pas du tout dirigée. À tel point que des gens venus d’on ne sait où la représentent en mairie ou ailleurs.

À Garges, le président est actuellement en vacances et absent de sa communauté. Il est à son poste depuis une quinzaine d’années. Là aussi, il n’y a aucun renouvellement communautaire et les personnes en responsabilité n’ont plus aucune motivation.

À Villiers-le-Bel, c’est la même chose, le président est quasi démissionnaire, et l’on prétend que par manque de candidat le processus de renouvellement ne peut qu’être bloqué.

À Saint-Brice le président lui aussi est en vacances et absent, alors qu’il détient tous les pouvoirs depuis plus d’une vingtaine d’années. L’opposition n’existe que par le départ des mécontents qui instaurent d’autres oratoires au voisinage de la synagogue.

Le processus de morcellement communautaire est la seule réponse à l’absence de dialogue à l’intérieur de la Communauté où chaque responsable se prend pour le petit chef local. Aucune vision de l’intérêt communautaire, pour préserver son union et sa solidarité.

L’exemple du val-d’oise se répète partout ailleurs dans les autres communautés juives de Paris et banlieues. Il y a pire, à Vincennes, où un pseudo rabbin a fait main basse sur le centre communautaire, payé par la Communauté, et les membres fondateurs du centre sont dans l’obligation d’aller prier ailleurs parce que ce brave homme rabbin a fait un coup de force. Monsieur Mergui ne dénonce pas depuis des années ce hold-up communautaire, et par son silence et son inaction approuve la situation.

Alors quand le Président de tous les consistoires fait état de son bilan en mettant à son actif par exemple la réalisation du centre communautaire de Nogent alors qu’il n’a mis aucun euro dans ce projet et qu’il omet de dire qu’il a laissé pourrir les situations partout ailleurs, on est en droit de dire que son bilan communautaire est une faillite.

C’est dans ce contexte que la communauté juive parisienne et francaise affronte aujourd’hui les plus dures épreuves et les moments de troubles les plus profonds. Aucune perspective communautaire n’est en vue, et aucun projet unificateur de la communauté capable de la souder autour de dirigeants consensuels n’est perceptible.

S’ajoute à cela un autre travail de division communautaire sous des prétextes religieux. Alors que nous prions tous dans les mêmes livres et lisons la même Torah, certains participent à la désunion des Juifs sous prétexte d’une plus ou moins grande orthodoxie. Nous ne pouvons plus nous permettre ce luxe de la désunion. Construire des synagogues ou des oratoires en vidant celles qui existent est d’une totale stupidité. C’est là que l’on voit, que pour être un vrai dirigeant communautaire, il faut d’abord avoir une vraie et authentique culture juive.

Il faut que les institutions se préoccupent plus de ce qui se passe sur le terrain, avant d’être obsédées par la promotion médiatique de leurs dirigeants. Il faut que les hommes qui sont en charge des affaires communautaires soient comme l’avait dit notre maître Moshé

On voit que depuis entre l’idéal et la réalité rien n’a vraiment changé. Moshé demandait des personnes intelligentes, le peuple avait préféré des gens connus par eux, c’est-à-dire corruptibles par eux.

Si pour un certain nombre d’entre nous la solution du départ en Israël est envisagée de manière plus ou moins résolue, il ne faut surtout pas que cela se traduise par la totale déstructuration de la Communauté juive de France. C’est une des raisons pour lesquelles au contraire il faut tout faire pour la rendre plus unie, plus solidaire, plus efficace, et ne pas être dans le « sauve qui peut » et « après moi le déluge ».

Cela passe par la refondation totale des instances communautaires avec de nouveaux dirigeants, qui devront correspondre aux critères que l’on a évoqués.

Au-delà des mots, il faut maintenant des actes. L’union et la solidarité communautaire sont de vrais sujets. faute de quoi nous serons de faux frères. En tant que juifs notre solidarité nous oblige à répondre autrement à la question que Dieu posa à Caïn, « où est ton frère ? » il lui avait répondu « Suis-je, le gardien de mon frère ? ».

Oui, nous le sommes tous, gardien de notre frères. C’est notre raison d’être, celui d’être tous les fils d’un même Père, et d’être surtout des frères. Cette absence de réelle solidarité, comme notre incapacité à aller dans la rue pour manifester notre soutien à Israël en est une des preuves, une des épreuves.

Moshé COHEN SABBAN.