C’est un crime sordide, d’une cruauté inouïe, qui va conduire 27 personnes aux assises et, pour certains, révéler l’antisémitisme qui gangrène nos cités. Pour d’autres, c’est la lâcheté ordinaire et la bêtise la plus crasse qui ont rendu possible ce déferlement de haine. Crime crapuleux ou crime raciste ? La mort d’un jeune homme de 23 ans va devenir une affaire d’Etat.

Le 13 février 2006, à Sainte-Geneviève-des-Bois, près de la voie ferrée du RER, on découvre un corps supplicié. L’homme, la peau en lambeaux, menotté et bâillonné, respire à peine. Il décédera pendant son transport à l’hôpital. La brigade criminelle est alertée. Depuis trois semaines, elle enquête sur la disparition d’un certain Ilan Halimi. Il faudra une analyse ADN pour identifier le corps.


Ilan a disparu depuis le 20 janvier. Le lendemain, son amie reçoit un SMS avec une adresse internet à consulter. C’est une demande de rançon avec, en pièce jointe, une photo d’Ilan, le visage recouvert de scotch, un pistolet sur la tempe.

La somme demandée, 450 000 euros, est importante. Bien trop pour la famille d’Ilan qui contacte la police. Très vite, les enquêteurs comprennent qu’Ilan est tombé dans un piège tendu par une jeune fille brune avec laquelle il avait rendez-vous le soir de sa disparition. Ils découvrent que d’autres hommes ont été pris au même piège avec un dénouement moins tragique. Eux non plus ne sont pas riches mais tous font partie de la communauté juive. Grâce à leurs témoignages, le portrait-robot d’une autre jeune fille, blonde cette fois, est établi.


Les demandes de rançon se font plus pressantes. Les appels téléphoniques sont brefs et proviennent parfois de Côte d’Ivoire. Les messages internet sont envoyés depuis des cybercafés. Les ravisseurs s’impatientent et harcèlent la famille. Le 29 janvier, ils contactent un rabbin dans l’espoir de mobiliser la communauté juive sur le sort d’Ilan et accélérer le paiement de la rançon. 


La date est fixée au 6 février. Ils ne se montrent pas. Après dix-sept jours de négociations, les policiers décident de rompre le contact. Une semaine après, on découvre le corps d’Ilan. L’affaire est alors rendue publique*.Le portrait- robot de la jeune fille est diffusé dans la presse.


Le 15 février, une jeune femme se présente dans un commissariat. C’est elle. Audrey raconte aux enquêteurs son implication dans l’histoire. Un à un, les pions tombent. Des Blacks, des Blancs, des Beurs, garçons et filles d’une même cité de Bagneux (Hauts-de-Seine) pour la plupart. 


Peu à peu se dessine l’organigramme du “gang des barbares”. Un groupe avec à sa tête un certain Django, “un Black qui fait peur”. De son vrai nom Youssouf Fofana. C’est lui qui a eu l’idée de cette petite entreprise d’enlèvements. Lui qui a recruté les ravisseurs, les geôliers, les appâts… La cible: des hommes juifs “parce qu’ils ont de l’argent”. 


Audrey n’a pas participé à l’enlèvement d’Ilan, c’est Yalda, 17 ans, qui a servi d’appât. C’est elle qui a choisi Ilan parce qu’elle “le trouvait mignon”. Le jeune homme est détenu dans un appartement vide d’une cité de Bagneux. Le gardien de l’immeuble le sait, il ne dira rien. Ilan est nu, à même le sol, attaché et le visage en permanence recouvert de scotch. Il est nourri avec une paille et sera bientôt transféré dans une cave. Ses conditions de détention seront encore plus dures. Pour ses geôliers, il n’est qu’une chose qu’on malmène et insulte à loisir. “Zigo”, 17 ans, est particulièrement violent*. Jérôme Ribeiro, ravisseur et geôlier, comprend la gravité de son acte. Il quitte le gang et se confie à son père. Lui aussi se taira.


Le cerveau du gang des barbares est interpellé à Abidjan et extradé. Son procès s’ouvre le 29 avril 2009 à huis clos. Avec lui, 26 personnes comparaissent (18 garçons et 9 filles). Après deux mois d’audience, pendant lesquels il a multiplié les provocations, Fofana est condamné à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de vingt-deux ans. Les autres membres du gang écopent de cinq à quinze ans de prison. Un verdict jugé trop clément par la famille Halimi et la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie, qui demande publiquement au parquet de faire appel, provoquant un tollé dans le monde judiciaire. Le second procès aggravera certaines peines, Yalda restera condamnée à neuf ans de détention. 


Véronique Macon

Nouvel Obs.com

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SONNY SHALOM ISRAEL

Nous sommes des milliers, voir des millions de personnes à pleurer la mort d’ILAN. Hormis son assassinat, ce sont les 24 jours infernales, longs et horribles de tortures qui n’ont aucun qualificatif pour parler de l’attitude du gang des barbares, à martyriser un jeune homme sans défense, soumis au bon vouloir diabolique de jeunes banlieusards sans repères, sans éducation, alors qu’ILAN lui était un jeune homme bien éduqué, qui aspirait à une vie simple mais heureuse. Comment lui en vouloir d’être tombé dans le piège d’une jeune fille provocatrice, arriviste, sans moralité, vaniteuse, alors qu’ILAN était fiancé à une jeune fille, qui le reste de sa vie durant vivra de regrets. Quelque soit la justice rendue, cette justice n’a pas redonné la vie à ILAN. Les peines de prison, ne soulageront pas la peine de ses parents et sœurs, de toute sa famille, et de notre communauté. AUCUN PARDON N’EST ENVISAGEABLE, le pardon n’existe que si la personne « bafouée » pardonne, ILAN est mort, donc il ne peut pardonner, et nous tous, nous non plus nous ne pardonnons pas. Les années passerons, et ILAN restera dans nos cœurs, et notre esprit. Nous continuerons à prier pour le repos de son âme. D.IEU est immensément grand, et au fond de mon cœur, je suis persuadée, qu’une autre justice aura lieu, pour tous ceux qui lui ont fait du mal, et retirait la vie, ils sont maudits, le gang des barbares, un à un ils iront en enfer. AMEN.