Dans « Un bon fils » (Grasset), Pascal Bruckner évoque son impossible père, pronazi et violent, dans un portrait sans pathos. Et sans fiel. Une famille « bilingue français-antisémite ».

NDR :Mais peut-on tenir pour responsable un fils des turpitudes de son père ?On l’imaginait avec une kippa, il portait le chapeau tyrolien.

On le croyait enfant du Marais, son Heimat était l’Autriche, patrie du sapin et de la blonde Heidi. Bref, on le pensait juif, il était fils de sympathisant nazi.

Comme l’écrit plaisamment Pascal Bruckner : à 65 ans, il était temps de faire son « coming out goy ».

Mission accomplie avec Un bon fils, portrait sans pathos d’un mauvais père, qui lisait Maurras d’une main et frappait son épouse de l’autre.

Dans la famille Bruckner, on est « bilingue français-antisémite ». Pendant la guerre, le père, un ingénieur des Mines, part volontairement travailler chez Siemens, dans ce IIIe Reich qu’il vénère. Il échappe par miracle à l’épuration, et le petit Pascal, tuberculeux, passe une bonne partie de son enfance dans les montagnes autrichiennes.

Voilà soixante ans qu’on le prend pour un juif!

Retour dans le Lyon des Trente Glorieuses – DS dans le garage, Vasarely au mur du salon – mais toujours cette mère humiliée, inlassablement traitée de « connasse ». « Elle était le défaitisme à visage souriant », écrit ce fils accablé, qui entendait son père vomir les Marx Brothers et proférer des choses aussi sensées que : « Hitler n’était pas nazi. »

Et, avec ce pedigree, voilà soixante ans qu’on le prend pour un juif ! Son entrée fracassante dans le monde des lettres avec son « frère siamois », Alain Finkielkraut, y fut pour beaucoup.

Ce qui nous vaut de belles pages sur son amitié avec ce fils d’un déporté à Auschwitz, auteur du Juif imaginaire, lui, le rejeton d’un supplétif du IIIe Reich. Pendant ce temps, son père envoie des rectificatifs aux journaux coupables d’avoir présenté son fils, Pascal, comme un « intellectuel juif »…

Le charme vénéneux du livre de Pascal Bruckner tient peut-être à ceci : il ne parvient pas à nous faire haïr complètement ce père impossible, qui finira veuf, ruiné, malade.

Un « bon fils », vraiment…

Un bon fils, par Pascal Bruckner. Grasset, 254p., 18€.

Jérôme Dupuis/ L’express Article original

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Richard

Alors que chez nous on epargne les enfants meme devenus adultes de nos bourreaux, chez les « pauvres arabes’ humilies par leur propre barbarie on fracasse, on assassine a bout portant des enfants parce qu’ils sont juifs et il y a encore des CONNARDS pour essayer de trouver des circonstances attenuantes a ces barbares. Voila comment la morale des peuples civilises peut-etre pervertie par des gens qui comme les barbares et les dictateurs de la pires especes cultivent la frustration, la violence, la jalousie et la rancoeur d’abrutis retourne a l’etat de primate degeneres.