J’ai choisi comme sujet la raison importante pour laquelle cette Parashah de la révélation des 10 commandements sur le Sinaï s’appelle la Parashah de Yitro.

La règle générale est que la tradition a choisi le 1er mot important du 1er verset de Parashah pour le choisir comme intitulé de la Parashah.

Ici c’est « Vayishmah Yitro... », il semble donc normal que Yitro ait été choisi pour être le titre de la Parashah. Cela pose quand même problème puisque c’est la Parashah de la révélation sur le Sinaï et on met en évidence l’importance d’un personnage qui est très lié à Moïse puisqu’il s’agit de son beau-père, mais qui est, jusque-là en tout cas, complètement étranger à Israël.

Ce qui pose aussi une question que nous allons aborder : Moïse était chez Jéthro pendant 40 ans. Moïse s’était enfuit d’Egypte, déçu par la civilisation égyptienne et corollairement il avait été déçu de la situation d’Israël en Egypte.

Au chapitre 2 de l’Exode, deux versets qui se suivent décrivent un jour où Moïse a vu un égyptien frapper un hébreu, et il prit partie pour l’hébreu contre l’égyptien. Le lendemain il a vu deux Hébreux se quereller. Ces deux Hébreux étaient Datan et Aviram qui vont jouer un rôle dans les révoltes pendant les 40 ans du désert contre Moïse. C’est cette partie d’Israël qui n’est jamais satisfaite de la manière dont les évènements se déroulent.

Il y a toujours en Israël une dimension d’identité qui fait obstacle et résistance, jusqu’à ce que les choses soient les plus parfaites possibles, et très souvent cette résistance est de mauvaise foi. Mais c’est cette force de résistance à l’inachevé, à l’approximatif. Alors il y a l’exemple fondamentale de Qora’h-Koré qui se base sur l’enseignement de Moïse pour contredire Moïse.

C’est si vous voulez dans le monde de la sagesse, le plus grand piège, la plus grande mauvaise foi : se servir de la vérité avec des objectifs de mauvaise foi. C’est Qora’h.

Dans le Talmud, le déroulement de l’élaboration de la sagesse talmudique c’est toujours thèse-antithèse-synthèse, mais il y a aussi des querelles de mauvaises foi qui nous sont citées en modèles des pièges à éviter par exemple.

Ces deux versets du 2ème chapitre de Shémot montrent que jusque-là il s’est passé 40 ans où Moïse a été élevé dans les palais du Pharaon et est arrivé aux plus grands niveaux de pouvoirs. Pourquoi n’a-t’il pas pris parti pour les Hébreux ses frères avant ?

Il le savait. Personne ne savait qu’il était hébreu sauf sa mère et sa mère adoptive mais lui le savait. A un certain moment, il pose le diagnostic que ces deux civilisations dont il partage le destin, l’un dans sa vie publique et l’autre dans sa vie intérieure, pourraient être considérées équivalentes, mais il y a un critère de sens moral qui lui fait prendre partie pour les Hébreux contre les Égyptiens.

וַיַּרְא אִישׁ מִצְרִי, מַכֶּה אִישׁ-עִבְרִי מֵאֶחָיו

Vayéra Ish Mitsri Makeh Ish Ivri MéA’hayav

« Et il vit un homme égyptien – l’identité hébraïque – frappant l’identité hébraïque de ses frères… »
.
Nous savions qu’il s’agissait de ses frères. Mais il a pris conscience que ses frères étaient les Hébreux et non pas les Égyptiens car il a vu la différence de niveau moral.

Ici l’identité de Moïse dans les 1ers 40 ans de sa vie nous apparait vraiment exemplaire de l’identité de diaspora : d’un côté égyptien et de l’autre hébreu. Et en fin de compte au bout de ces 40 ans, vu le sort que les Égyptiens infligent aux Hébreux, il prend parti pour les Hébreux contre les Égyptiens. Le lendemain il voit deux Hébreux se quereller, et lui Moïse qui va porter la Torah de « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » est déçu des Hébreux. Il s’enfuit chez Jéthro à Midian et y passe 40 ans.

J’ai vécu après la guerre cet événement : énormément de Juifs assimilés ont quand même retrouvé une adhésion à l’identité juive, non pas pour des raisons propre au judaïsme mais à cause de la Shoah. Ils ont pris conscience que les Juifs étaient persécutés de manière arbitraire et injuste. Beaucoup de Juifs assimilés se sont assimilés en sachant très bien que les Juifs étaient persécutés et ont parfois choisi la religion du persécuteur. Mais après la Shoah, cela a été tellement énorme qu’ils ont eu la même prise de conscience que Moïse ici. Ils ont préférés être du côté des persécutés que du côté des persécuteurs sans que le judaïsme ne soit du tout en question. Je crois que c’est là une expérience extrêmememt analogue.

Moïse va directement chez Jéthro à Midiane où il y est le grand-prêtre et y passe 40 ans. Il y épouse la fille de Jéthro. Enormément de Midrashim restituent un peu le contenu de ces 40 ans qui n’est pas mentionné dans le récit de la Torah elle-même. Mais il est bien évident, j’ai signalé cela dans la parashah de Ki-Mitsion, qu’ils ont parlé de problèmes de sagesse et de « théologie » pendant ces 40 ans. Alors comment se fait-il qu’après 40 ans Jéthro revient chez Moïse pour se convertir à Israël ?

(Je dis bien Israël et non pas au judaïsme parce qu’en ce temps là c’est le temps des Hébreux, et non pas encore celui des Juifs.)

Il y a là un 1er mystère : pendant 40 ans Moïse n’a pas réussi à faire comprendre à Jéthro de quoi il s’agit, lorsqu’on parle du Dieu d’Israël, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! D’autant plus que d’une certaine manière Jéthro fait partie de la tradition abrahamique. D’après le Midrash, il était le grand-prêtre de Midiane, mais Midiane est un descendant d’Abraham. A la fin de sa vie Abraham a prit une nouvelle femme Qétourah. Il s’agit de Hagar elle-même qui aurait fait Teshouvah selon une partie des Midrashim. Et de Qétourah descendent d’autres lignées dont celles de Midiane qui joue un très grand rôle dans l’histoire d’Israël de ce temps-là, à la sortie d’Egypte.

Le Midrash explique que Jéthro a vécu la même expérience qu’Abraham d’avoir rejeter toutes les idolâtries qu’il a pu connaître, dont celle de Midian. Comme Abraham avait rejeté les idolâtries de son père, il était donc disponible pour la révélation de vérité. Alors Moïse, déçu de la civilisation égyptienne et déçu de l’état de la société des Hébreux en Egypte, qui ne sont pas d’après son expérience immédiate compatible avec la Torah de « Tu aimeras ton prochain comme-toi-même », se cherche un autre Israël, un ersatz d’Israël avec lequel il tente de fonder un nouvel Israël parle biais de la fille de Jéthro.

Vous le lirez dans l’article de Ki MiTsion. C’est un note de Rashi. Le verset dans Shemot nous dit : « il alla à Midian et il s’assit auprès du puits ».

וַיֵּשֶׁב בְּאֶרֶץ מִדְיָן

נִתְעַכֵּב שָׁם כְּמוֹ וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב

Il demeura (wayéchèv) dans le pays de Midyan: Il s’y installa à demeure, comme dans : « Ya‘aqov demeura (wayéchèv) dans le pays des pérégrinations de son père » (Beréchith 37, 1).

וַיֵּשֶׁב עַל הַבְּאֵר

לָשׁוֹן יְשִׁיבָה לָמַד מִיַּעֲקֹב שֶׁנִּזְדַוֵּג לוֹ זִוּוּגוֹ עַל הַבְּאֵר

Il demeura (vayéshev) sur le puits Le second vayéshev du verset signifie: «il s’assit». »>Article original Mochè a retenu la leçon de l’expérience de Ya‘aqov : C’est près d’un puits qu’il avait rencontré celle qui allait devenir sa femme (Mekhilta 10).

Rashi explique : il a fait comme son ancêtre Jacob qui a rencontré Rachel auprès d’un puits. Mais il a rencontré Rachel et a fondé Israël à partir de cette rencontre avec Rachel. On voit derrière ce Rashi, en filigrane, que cette rencontre n’est pas fortuite et que Moïse, à ce stade de son histoire, va tenter de fonder un Israël en remplacement de l’Israël d’Egypte, disqualifié à ses yeux.

Dans la Hagadah de Pessa’h on cite ces versets qui racontent l’histoire d’Israël en Egypte, je vous cite un diyouk, une précision de sens, d’un verset : le verset dit vayarerou hametsrim vayarnou –
(Vayaréou otanou hamitsrim vayéanounou vaiténou alénou avoda kacha)

« les Égyptiens nous ont fait du mal et nous ont opprimé ». On lit dans Vaya réou « nous ont fait du mal » – « ils nous ont rendu mauvais ». C’est-à-dire que ce que Moïse n’a pas diagnostiqué et que Dieu va lui reprocher au moment de la vision du buisson ardent, c’est que le fait d’avoir vécu cette vie de l’exil ont rendu les Hébreux inaptes à la délivrance. C’est au fond un plaidoyer pour les Juifs.

Cela veut dire : Les défauts des Juifs leur vient de leur sort dans l’histoire, le résultat du passage dans l’exil fait que les Juifs souvent sont dans cette situation où Moïse a cru qu’ils étaient disqualifiés.

Et alors il se cherche un nouvel Israël. C’est une aventure qui va se terminer lorsque Dieu lui enjoindra de rompre avec Midiane. Comme si Moïse était handicapé par le lien à Midiane, par son aventure de recherche d’un ersatz d’Israël. Il a épousé la fille de Jéthro, donc la matrice de Midiane.

Nous avons eu après la guerre un peu cette expérience d’intellectuels juifs, surtout français, qui ont été déçus de la civilisation occidentale et de son humanisme. En général, ils étaient de gauche, mais ils ne sont pas rentrés dans la communauté. Et ils ont essayés d’être les Moïses de sous-développés spirituels à sauver. Ce groupe des nouveaux philosophes juifs qui s’est présenté au nom des valeurs juives d’Israël de la bible mais en dehors de la communauté, comme les porte-paroles d’une vérité révélée pour les sous-développés spirituels. Ils se cherchaient un Midian. Exemple du dialogue que je pourrais donner entre BHL et la France : Je serais ton Moïse et tu seras mon Midiane… Ce sont des gens de valeurs et ils sont suffisamment nombreux pour que cette expérience soit typique. Cela doit exister ailleurs aussi, aux USA… En général, ils ne savent pas l’hébreu sauf S.Trigano qui est lui plus ou moins dans la communauté. Les autres citent la Bible à bout portant mais dans les traductions. Ils sont tous persuadés d’être les vrais porteurs des valeurs des prophètes et d’Israël, mais en dehors des communautés juives et d’Israël. Et ils sont un Moïse en quête d’un Midian, une société spirituellement sous-développée… Ils suivent les modes et les pays censés portés l’avenir de l’humanité. Ils ont été maoistes, ché-guévaristes…etc. Il n’y a pas de désarroi à avoir puisque cela est déjà arrivé. A Moïse même. On peut être rassuré, cela s’arrangera. Ils feront Teshouvah…

La définition du sujet m’apparait de manière extrêmement forte :
Pourquoi la tradition a-t’elle donner à Jéthro cette importance, et surtout pourquoi pendant ces 40 ans où Moïse était chez Jéthro je ne veux pas dire ce qu’en disent les Midrashim, cela nous emmènerait trop loin, en Ethiopie, en Inde, dans toutes ces grandes civilisations de l’antiquité, surtout la civilisation noire, africaine – vous remarquerez que la Torah fait allusion au fait que la femme de Moïse était noire. Elle était Koushite – cf. la querelle avec Myriam et Aharon. Les traductions embêtées de dirent que la femme de Moïse était noire traduisent parfois qu’elle était « brunette ». C’est grâce à ce verset que l’Afrique a repris les relations diplomatiques avec Israël. »>Article original

Pourquoi Jéthro est-il venu se convertir à ce moment-là alors que pendant 40 ans Moïse a conversé avec lui de ces mêmes sujets ?

Yitro 18:1

וַיִּשְׁמַע יִתְרוֹ כֹהֵן מִדְיָן, חֹתֵן מֹשֶׁה, אֵת כָּל-אֲשֶׁר עָשָׂה אֱלֹהִים לְמֹשֶׁה, וּלְיִשְׂרָאֵל עַמּוֹ: כִּי-הוֹצִיא יְהוָה אֶת-יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם

Vayishma Yitro khohen Midyan khoten Mosheh et kol-asher asah Elohim le-Moshe ule-Yisra’el amo ki-hotsi Adonay et-Yisra’el miMitsrayim.

Vayishma Yitro khohen Midyan khoten Mosheh…

Et a entendu Yitro, prêtre de Midian beau-père de Moïse
Shamoa en hébreu signifie simultanément entendre et comprendre ce que l’on entend. Comme par exemple dans Shéma Israël ou Naassé vénishma… Cela veut dire entrendre, comprendre ce que l’on entend et surtout en tirer les conséquences… C’est ce qui va se passer avec Jéthro. On le verra avec Rashi »>Article original

et kol-asher assah Elohim
Tout ce qu’a fait Elohim
(Dieu en tant que Créateur du monde et donc garant des loi de la nature).
Tout ce que Dieu Elohim a fait
le-Moshe ouleYisra’el amo
À Moïse et à Israël son peuple
ki-hotsi Hashem et-Yisra’el miMitsrayim.
Lorsque Hashem a fait sortir Israël d’Egypte.

Jéthro n’entend et ne comprend que l’intervention de Dieu en tant que Créateur à travers les lois de la nature – Elohim – alors que la Torah nous dit que c’est Hashem qui est intervenu.

C’es tle mëme Dieu « Hashem hou Elohim » c’est le même Dieu mais ici le Créateur est intervenu comme Providence dans l’histoire des hommes. C’est cela le ‘Hidoush de la foi d’Israël. Pas seulement que le monde a un Créateur – que Dieu existe – mais qu’Il est Providence de l’histoire des hommes. Et cela se produit dans l’histoire d’Israël, c’est cela le témoignage de la Bible et de la mémoire de l’humanité.

C’est dans l’histoire d’Israël que l’on trouve la preuve que le Créateur intervient dans l’histoire des hommes. Et il ne faut pas que les Juifs oublient que bien que l’histoire d’Israël soit exemplaire de cette connaissance, donc foi, dans la Providence, elle concerne l’humanité entière.

D’où d’ailleurs l’importance des Tsadikim Oumot Haolam ou ‘Hassidei oumot Haolam – les justes ou les sages des nations, les pieux des nations. En particulier, Jéthro.

En Israël on est plus accessible à cette foi puisqu’il y a une mémoire ancestrale que le Créateur intervient comme Providence dans l’histoire et de manière plus spectaculaire dans l’histoire d’Israël, mais la Providence concerne l’humanité entière, et même toutes les créatures. Il y a donc des degrés. Il y a une grande discussion entre les théologiens. Il y a la Hashga’hah Klalit et Hashga’hah Pratit. Dans quel cas la providence concerne l’être de telle ou telle nation, de telle ou telle espèce ou groupe en général, et dans quel cas elle concerne l’individu en particulier.

Mais la donnée générale selon laquelle Dieu comme Créateur est Providence de l’histoire humaine concerne tous les hommes et pas seulement Israël. Le problème c’est que c’est dévoilé en Israël et l’humanité en a un consensus à travers le temps: l’humanité reconnait que si Dieu intervient dans l’histoire, il s’agit bien du Dieu d’Israël. C’est reconnu en Occident à travers la chrétienté, et en Orient à travers l’islam. Et dans beaucoup de courants philosophiques qui admettent que non seulement Dieu est Créateur mais qu’Il est Providence, et qu’Il gère le monde qu’il a créé.

Il a fallu les événements de la sortie d’Egypte pour que Jéthro ait l’expérience de cet enseignement de Moïse : Dieu comme Providence d’Israël. A ce moment-là seulement Moïse peut lui faire comprendre que c’est Hashem qui agit et non pas seulement Elohim.

Vous suivrez en détail dans Ki Mitsion où sont cités en détail tous les versets où l’on voit que Jéthro ne parle que de l’intervention du Créateur d’Israël et c’est la foi monothéiste déiste général à travers les lois de la nature. Et il y a énormément de courant de déismes monothéistes. Ce n’est pas encore la foi d’Israël. La foi d’Israël c’est la Providence indépendamment, au-delà et même à travers, vis-à-vis de chaque conscience humaine en particulier.

C’est d’ailleurs le sujet de la Parashah : le grand message des dix commandements après tout le récit des dix plaies en Egypte : le fait que les Égyptiens et les Hébreux découvrent qu’il y a une volonté intelligente qui s’occupe de chaque créature en particulier. Et que le lien entre la divinité et les hommes ne se fait pas à travers l’impersonnel de la divinité mais de personne à personne, ce qui est la foi biblique. Et c’est cela que Moïse va expliquer enfin à Jéthro parce qu’il y a des événements que Jéthro a compris à ce niveau.

Deux références :

18 :8
וַיְסַפֵּר מֹשֶׁה, לְחֹתְנוֹ, אֵת כָּל-אֲשֶׁר עָשָׂה יְהוָה לְפַרְעֹה וּלְמִצְרַיִם, עַל אוֹדֹת יִשְׂרָאֵל: אֵת כָּל-הַתְּלָאָה אֲשֶׁר מְצָאָתַם בַּדֶּרֶךְ, וַיַּצִּלֵם יְהוָה

Vayesaper Mosheh lekhoteno
Et Moïse raconta à son beau-père
et kol-asher asah Hashem le-Far’oh oul-Mitsrayim
Tout ce que Hashem a fait à Pharaon et à l’Egypte.
al odot Yisra’el
Au sujet d’Israël
et kol-ha tla’ah
Toutes les tribulations
asher metsa’atam baderech
Qui l’a surpris en chemin
vayatsilem Hashem.
Et Hashem les a sauvés.

Jéthro a entendu ce que Dieu Elohim a fait à Pharaon mais Moïse lui explique tout ce que Hashem a fait à Pharaon:

18 :9
וַיִּחַדְּ יִתְרוֹ–עַל כָּל-הַטּוֹבָה, אֲשֶׁר-עָשָׂה יְהוָה לְיִשְׂרָאֵל: אֲשֶׁר הִצִּילוֹ, מִיַּד מִצְרָיִם

Vayi’had Yitro
Yitro se réjouit / a eu des frissons de frayeurs
al kol-hatovah asher-asah Hashem le-Yisra’el asher hitsilo miyad Mitsrayim.
Pour tout le bien que Hashem a fait à Israël lorsqu’Il les a sauvé de la main de l’Egypte.

Là il commence à comprendre parce que Moïse va lui expliquer non pas dans ces discussions théologiques qu’ils avaient dans le Beith Hamidrash de Jéthro – la Torah de Shem et Ever – pendant ces 40 ans à Midian – mais parce qu’il y a eu ces événements de la sortie d’Egypte – nous verrons comment Rashi les précise – qui servent d’appuis dans l’expérience de Jéthro, alors il peut comprendre de quoi Moïse veut parler en parlant de la Providence de Hashem, parce que jusque-là il n’y avait vu, comme la foi monothéiste des sémites, que l’intervention du Créateur à travers les lois de la nature.

A quoi cela ressemble-t’il ?
Au relai qu’il y a eu entre Melki-Tsedek et Abraham.
Et Melki Tsedek parle de :
וּמַלְכִּי-צֶדֶק מֶלֶךְ שָׁלֵם, הוֹצִיא : לֶחֶם וָיָיִן; וְהוּא כֹהֵן, לְאֵל עֶלְיוֹן
”…El Elyon Koneh shamayim va’arets” (Gen 14:18)
Dieu suprême possesseur des cieux et de la terre.

Ce qui veut dire Créateur dans une certaine nuance.

Et Abraham au Roi de Sodome répond : 14 :22
וַיֹּאמֶר אַבְרָם, אֶל-מֶלֶךְ סְדֹם: הֲרִמֹתִי יָדִי אֶל-יְהוָה אֵל עֶלְיוֹן, קֹנֵה שָׁמַיִם וָאָרֶץ
«… Hashem El Elion qoneh Shamayim vaarets »

MelkiTsedek est un juste de la tradition monothéiste sémite, depuis Adam Harishon jusqu’à Abraham. Mais pour lui il y a El Elyon un Dieu suprême sur la hiérarchie des dieux, au niveau Elohim. Tandis que pour Abraham s’il y a bien le Dieu des dieux qui a créé le monde, il y a Hashem, celui qui intervient en tant que Providence. La phrase a été d’ailleurs introduite dans le Shmoneh Essreh.

Yitro 18:10

18 :10

וַיֹּאמֶר, יִתְרוֹ, בָּרוּךְ יְהוָה, אֲשֶׁר הִצִּיל אֶתְכֶם מִיַּד מִצְרַיִם וּמִיַּד פַּרְעֹה: אֲשֶׁר הִצִּיל אֶת-הָעָם, מִתַּחַת יַד-מִצְרָיִם

Vayomer Yitro
Et Jethro dit
baroukh Adonay
Baroukh hashem !
asher hitsil etchem
Qui vous a sauvé
miyad Mitsrayim oumiyad Par’oh
De la main de l’Egypte et de la main de Pharaon
asher hitsil et-ha’am mita’hat yad-Mitsrayim.
Et qui a sauvé le peuple d dessous la main de l’Egypte

Après que Moïse ait pu lui expliquer qu’il s’agit de Hashem, alors Jéthro sait qu’il s’agit de Hashem. Mais Moïse n’a pu le lui expliquer que parce que Jéthro avait entendu-compris Vayishmah Yitro un certain nombre d’événements.

Tout cet exposé va dans le sens de l’enseignement de Judah Halévi : ce n’est pas par le raisonnement théologique que nous avons la certitude de la foi d’Israël que le Créateur est Providence, mais par la mémoire d’expériences historiques dans l’expérience.

C’est la différence entre la preuve par expérience et la preuve par raisonnement.

Je pense à l’expression française « Les preuves de l’existence de Dieu » qui est fausse. On devrait dire « les démonstrations de l’existence de Dieu ». Cela ne convainc que ceux qui admettent les postulats du raisonnement dont on se sert. Au fond cela ne convainc que les persuadés. Aucune démonstration de l’existence Dieu chez les philosophes ou les théologiens n’a jamais convaincu personne. Ni la preuve téléologiques, ni la preuve ontologique, ni la preuve cosmologique… Il faudrait dire ‘démonstration’ car la ‘preuve’ c’est ce qui est prouvé dans une expérience.

Schématiquement, je tiens cet enseignement du Rav Tsvi Y. Kook za’l : c’est la grande différence entre le contenu de l’enseignement de Maïmonide et de celui de Judah Halévi. C’est le même, mais c’est l’exposé qui est différent. La méthode d’exposé est différente. Chez Maïmonide c’est à travers le raisonnement qu’on arrive à la conviction de la foi, mais aussi directement à l’expérience de la révélation. Seulement cela vient en second.

Tandis que chez Judah Halévi, le raisonnement est mis de côté parce qu’avec la certitude qui vient d’un raisonnement on reste toujours en doute. Par exemple quand on dit : Je crois mais il vaut mieux en être sûr. Et puis c’est l’événement historique qui est preuve.

Et voilà comment Rashi va aborder cette question.
Sur le verset Vayishmah Yitro :

Jéthro entendit : Jethro va citer le Talmud : Massekhet Zeva’him 116 a et il va le citer à sa manière.

Yitro 18:1

וַיִּשְׁמַע יִתְרוֹ כֹהֵן מִדְיָן, חֹתֵן מֹשֶׁה, אֵת כָּל-אֲשֶׁר עָשָׂה אֱלֹהִים לְמֹשֶׁה, וּלְיִשְׂרָאֵל עַמּוֹ: כִּי-הוֹצִיא יְהוָה אֶת-יִשְׂרָאֵל, מִמִּצְרָיִם

Vayishma Yitro khohen Midyan khoten Mosheh et kol-asher asah Elohim le-Moshe ule-Yisra’el amo ki-hotsi Adonay et-Yisra’el miMitsrayim.

Vayishma Yitro khohen Midyan
Et Jethro, prêtre de Midian entendit
Vayishma Yitro khohen Midyan khoten Mosheh
Et a entendu (compris) Yitro, prêtre de Midian beau-père de Moïse
et kol-asher assah Elohim
Tout ce qu’a fait Elohim (Dieu en tant que Créateur du monde et donc garant des lois de la nature). Tout ce que Dieu Elohim a fait
le-Moshe ouleYisra’el amo
À Moïse et à Israël son peuple
ki-hotsi Hashem et-Yisra’el miMitsrayim.
Lorsque Hashem a fait sortir Israël d’Egypte.

Rashi :
וַיִּשְׁמַע יִתְרוֹ

מַה שְּׁמוּעָה שָׁמַע וּבָא קְרִיעַת יַם סוּף וּמִלְחֶמֶת עֲמָלֵק

Yithro entendit Qu’a-t-il entendu qui l’ait incité à venir ? Le passage de la mer des Joncs et la guerre de ‘Amaleq (Zeva‘him 116a).

Quelle nouvelle a-t’il entendu et il est venu ?

Puisque le récit commence par « Il a entendu » et la suite du récit dit qu’il est venu chez Moïse

C’est là où suit la conversation où Moïse lui enseigne que c’est Hashem qui est Elohim.

Moïse n’arrivait pas à le convaincre avant que n’arrivent ces événements qui ont illustré cela clairement pour Jéthro :
ð le passage de la mer rouge
ð la guerre contre Amaleq.

Ce sont des événements que l’on pourrait bien expliquer dans l’ordre de l’intervention de Elohim. Nombres d’exégèses ont tendances à ramener l’événement du passage de la mer rouge, au niveau de l’exceptionnel mais pas du miraculeux : Moïse étant un grand savant savait qu’il y aurait une éclipse de lune ce soir-là et connaissait d’autre part les passages à gué sur la mer …

Je vous cite à propos du passage de la mer rouge un enseignement de la Guémarah de Sotah sur le Zivoug Shéni :

En général il y a une donnée traditionnelle qu’un homme et une femme sont destinés à se rencontrer. C’est très compliqué parce que nous vivons dans des générations où les canaux de la Providence ne sont plus aussi simples que dans les premières générations. Tout dépend du mérite, et le démérite complique le passage de ce qui vient du Créateur vers la créature dans Sa volonté et dans Son effectuation de bénédiction. Les Tsinorot, les canaux du Shefah de l’influx de bénédictions venant d’En-haut pour faire vivre le monde d’en-bas – en hébreu Tsinor un tuyau – même lettres que Ratson – la volonté de Dieu Créateur pour la destinée des hommes et des femmes : le mariage comme rencontre exceptionnelle de la destinée, passe par des Tsinorot mais les Tsinorot peuvent être suivant le mérite de la génération embrouillées – Mékoulkalim.

Toute l’œuvre de Kafka d’ailleurs résume une grande réflexion sur la tuyauterie. Il n’a pas vu cela dans le Talmud mais là où le Talmud l’a vu.

En principe, il y a un homme pour une femme et une femme pour un homme.
Cela s’appelle Zivoug Rishon. L’accouplement premier. Mais c’est très rare et on se suffit d’approximations pourvu que ce soit suffisamment approximatif et cela s’appelle Zivoug Shéni.

Le drame c’est que lorsqu’un homme n’a pas rencontré son Zivoug Rishon, il va rencontrer un Zivoug Shéni. Il n’a pas rencontré son Zivoug Rishon pour un tas de raisons.

L’image qui me vient n’est pas celle de la tuyauterie mais celle de l’ascenseur : on ne s’est pas arrêté au même étage : elle est née au siècle d’avant et la rencontre n’a pas lieu ou née dans le même siècle et on n’a pas pris le même ascenseur…
Tout le jeu de la vie qui fait que c’est vraiment très rare de se rencontrer. Il y a partout cette exigence de la rencontre métaphysiquement apriori vraie du Zivoug Rishon. Mais on sait que c’est très rare. Le Zivoug Shéni marche très bien tout de même mais comporte un drame : le promis du Zivoug Shéni est sacrifiée. Elle aussi garde la nostalgie de son Zivoug Rishon.

Talmud : Qashé Zivouga shelélou ké Qriat Yam Souf

« Le Zivoug Shéni est aussi dur que la déchirure de la mer rouge ».
Quel rapport de comparaison ?

Un commentaire du Olelot Ephraim ndr. : Keli Yakar – Salomon Ephraim de Luntschitz (1550 – 1619) »>Article originalpose la question suivante : Qriat Yam Souf c’est un divorce : on a coupé les eaux en deux. Et le Zivoug c’est un mariage. Le Olelot Efraïm explique – et cela résoud notre problème – ce que Jéthro a compris dans le passage de la mer rouge : pour sauver Israël, il fallait sacrifier l’Egypte ! Le prix du salut d’Israël c’est la perte de l’Egypte dans les eaux de la mer rouge. Parce que jusqu’à ce moment-là, et c’est l’histoire de Moïse, l’avenir du monde aurait pu passer soit par l’Egypte soit par Israël. Et il y a un mérite et un démérite équivalent. Et alors, pour sauver Israël, Dieu a perdu l’Egypte. Vous voyez à quel niveau les maitres du Talmud prennent le problème.

Cela veut dire qu’il y a un choix avec des critères de choix et que ce n’est pas seulement un événement impersonnel qui fait que grâce à sa sagacité Moïse se serait arrangé pour qu’Israël soit sauver de la mer rouge et que les Égyptiens soient emportés par la marée revenue pour les engloutir.

Il y a dans l’histoire une Providence qui fait que c’est Israël qui a été choisi et pas l’Egypte et que cela a sacrifié l’Egypte pour sauver Israël, comme ce problème du Zivoug Shéni ou le mari qui a obtenu la femme qui avait un promis, et finalement cela équivaut à l’assassinat du promis, de la promise. Ceux qui ont vécu cette expérience de la solitude et de cette incapacité à rencontrer celui-celle qu’on doit rencontrer, cette espèce de drame du manque absolu. On se satisfait alors d’une approximation pour accomplir le commandement d’avoir des enfants ou le commandement de se marier.

Je vous indique comment le Talmud en parle : A propos de la prière de ‘Hanah. ‘Hanah c’est l’exemple type pris par la Guemarah pour la prière. Qu’est-ce qui nous donne le droit de prier ? La Guémara cite le verset qui décrit comment ‘Hanah a prié lorsqu’elle a demandé un enfant. ’Hanah c’est ce drame là. Elle était l’épouse de Elqanah qui avait une autre femme qui avait dix enfants. ’Hanah était « veuve d’enfant », elle va au temple et le verset dit 1 Shmouel 1.11″>Article original :

וְהִיא, מָרַת נָפֶשׁ; וַתִּתְפַּלֵּל עַל-יְהוָה, וּבָכֹה תִבְכֶּה

ve hi marat nafesh vatitpalel halashem ouvakhoh tivkeh

« elle était amère de sa personne »

Marat nafesh est une expression très forte en hébreu comme sentiment du manque, de l’absurde, c’est vraiment le sentiment existentialiste absolu. Et la Guémara réintègre le contenu de sa prière : elle était amère et elle a prié devant Dieu. La Guémara en discute et dit que ce n’est pas cela le sentiment de la prière ! Amère non parce que devant Dieu mais parce que sans enfant. La Guémara donne des exemples du contenu de sa prière : le manque absolu. Le fiancé sans la fiancée et la fiancée sans le fiancé. Mais là l’exemple est celui de la mère sans enfant.

’Hanah dit à Dieu : « tout ce que Tu as créé a un sens, j’ai des seins c’est pour allaiter qui ? »

Alors elle a été exaucée. Cela veut dire que si l’on est capable d’exposer le manque authentique, c’est le droit à prier. La règle est qu’on ne demande par la prière que ce que l’on ne peut pas obtenir par le travail. Il y a Avodah et Avodat haQodesh. Quelque chose que l’on peut obtenir par le travail c’est une prière interdite.

Pour sauver Israël il fallait sacrifier l’Egypte. L’expression souvent donnée par la Guémara pour des problèmes analogues, lorsque Dieu décide de choisir ceux-là et pas ceux-ci, c’est dramatique – je ne veux pas dire tragique parce qu’il y a toujours un sens à ce choix précis, mais c’est dramatique:

Alalou masseh yadaï véallalou masseh yadaï

Ceux-ci sont l’œuvre de mes mains et ceux-là sont l’œuvre de mes mains.

C’est le dilemme et l’angoisse du texte. C’est pourquoi Dieu dit à Moïse qu’il faut qu’Israël acquiert un mérite supplémentaire pour traverser la mer rouge.
Ce n’est pas le temps des prières, la balance des mérites est telle qu’il faut qu’Israël ait un mérite supplémentaire pour être sauvé. Le peuple rentre dans la mer et la mer s’est ouverte, mais alors c’est la condamnation de l’Egypte…

Ce que je voulais mettre en évidence dans cette explication provient du Olelot Efraïm un grand ‘Hakham askénaze du nom de Lipman.

Après on comprend mais les contemporains ne comprennent pas : pourquoi ceux-ci et pas ceux-là ?

C’est plus tard que cela se dévoile.

Même chose pour les événements actuels, si l’on considère un observateur extérieur, et on lit cela dans tous les éditoriaux : quel différence entre le fellafel israélien et le félafel jordanien ? entre un barbu iranien et le barbu je n’ai pas dit quoi ?

Si on ne sait pas quels sont les critères, alors il n’y a pas de différence ! Alors on juge Israël à la manière dont on jugerait le Liban. Ou bien on juge l’Egypte à la manière dont on jugerait l’Arabie Saoudite… Alors que cela n’a rien à voir.

Il y a quelque part une connaissance des critères de différences au niveau du sens de l’histoire.

Si cela passe par Israël et non pas par l’Egypte à ce moment là, Dieu seul le sait…

Q : David et Batshévah Zivoug 1er ?

R: Zivoug 1er pour David mais Ouri l’avait prise. Alors il l’a condamné à mort.
Le verset dit : hatsela’h Ani na’khon, ce que dit David.

Il apparait là que Jéthro est un personnage très important. Il est l’exemple du Goï le plus proche d’Israël – beau-père de Moïse – mais qui ne peut effectuer ce passage de la religion d’Elohim à la religion de Hashem que si Moïse peut l’illustrer pour lui par des exemples.

Or, ce n’est que parce que dans l’histoire d’Israël, il y a ces exemples que le monde entier est empoigné par la Bible. Or, comment comprendre ces millions de Goyim qui ont lu la Bible pour y découvrir que l’histoire d’Israël est providentielle ? Comment eux arrivent-ils à le comprendre alors que les Juifs n’arrivent pas à le comprendre ?

Je crois que c’est une réaction de protection car cela donne le vertige de savoir cela que c’est notre histoire. Alors on préfère fermer nos oreilles et nos yeux parce que cela donne le vertige. Les religieux qui se laissent prendre au piège se prennent pour le bon Dieu Lui-même.

Rashi :

וַיִּשְׁמַע יִתְרוֹ

מַה שְּׁמוּעָה שָׁמַע וּבָא קְרִיעַת יַם סוּף וּמִלְחֶמֶת עֲמָלֵק

Vayishma Yitro

Mah Shmouah Shamaa ouba ? Qriat Yam Souf ouMil’hamat Amaleq.
Quelle nouvelle a-t’il entendu dire et il est venu ?Qu’a t’il entendu ?
Qriat Yam Souf, la guerre contre Amaleq.

Là aussi c’est une preuve qu’il y a une Providence qui protège Israël. Amaleq surgit toujours dans l’historie d’Israël à la fin des périodes d’exil. Je vous donne un schéma très bref.

A la sortie d’Egypte, après l’oppression égyptienne ce peuple sort rescapé des camps de l’Egypte et Amaleq se jette sur lui. A la fin du 2ème exil, l’exil de Babel, raconté dans le livre d’Esther : qui se jette sur Israël ? Amaleq ! De notre temps, à la fin de l’exil, qui se jette sur les Juifs ? Amaleq !
Amaleq qui a comme objectif, et de détruire et de remplacer Israël opérant la synthèse des rivalités.

Nous avons dans l’histoire de la Bible 6 personnages qui sont les rivaux d’Israël, en schématisant :
Au niveau d’Abraham, nous en avons deux :

ð Nimrod d’un côté qui veut détruire
ð Lot qui veut remplacer

Au niveau d’Isaac :

ð Abimelekh qui veut détruire
ð Ishmaël qui veut remplacer

Au niveau de Jacob :

ð Laban qui veut détruire et,
ð Essav qui veut remplacer

Mais il y a un 7ème personnage, qui veut et détruire et remplacer c’est Amaleq. Il apparait toujours à la fin d’un exil.

A la sortie d’Egypte il se jette sur Israël. Il aurait pu être plus fort car Israël sortait des camps d’Egypte. A la fin de Babel c’est la même chose avec Haman et les Amalécites.

A la fin de ces 2000 ans, se rappeler ce qui s’est passé ces 100 dernières années… La Shoah et la ligue arabe qui se jette sur les rescapés de la Shoah…
C’est exactement le projet d’Amaleq : détruire et remplacer.
Aujourd’hui c’est tout le problème de la charte palestinienne. Et ils le disent avec la naïveté d’Hitler écrivant « Mein Kampf ». Hitler a était franc et écrit ce qu’il voulait faire. Aujourd’hui Arafat dit exactement ce qu’il veut faire, et personne en veut l’entendre.

Nous allons, Benno Groos et moi-même organisé un s´+eminaire intitulé le messianisme juif et l’actualité poltique en Israël, avec pour but d’éclaircir tous ces désarrois actuels. Enormément de gens nous ont demandé de parler. Mais peut-être n’est-ce pas encore le temps ?

Il ne s’agira pas de vous dire comment doit voter le « peuple élu », mais d’essayer d’éclaircir ce probléme. »>Article original

Tant dans le passage de la mer rouge que lors de la guerre contre Amaleq, c’est ce que Jéthro a comme expérience. Ceci dit, Rashi passe sous silence la 3ème réponse du Midrash : Matan Torah.

Jéthro a entendu une révélation de la Torah. Or, d’après le récit cette rencontre entre Jéthro et Moïse se passe avant. C’est la raison pour laquelle Rashi ne cite pas Matan Torah parmi les raisons de la venue de Jéthro.

Mais il nous faut comprendre l’argument de Rabbi Eliezer dans le Midrash de la Guémara ! Rabbi Eliezer sait très bien que cela se passe après !
Il y a le principe « Eïn mouqdam ouméou’har batorah » « il n’y a pas d’avant ni d’après dans la Torah. » Il n’y a pas de chronologie dans la Torah. Si on a une objection sur l’ordre du récit, l’objection ne tient pas à cause de ce principe. Comment est-ce possible ? Le récit a cependant son ordre ?

Je vous donne une réponse inspirée d’un enseignement du Gaon de Vilna :
Il y a écrit dans cette formule de la Guémara : « Eïn mouqdam ouméou’har batorah » mais dans le Sefer Torah il y a « mouqdam oumeou’har ».
La Torah est le contenu de sagesse du livre de la Torah (Sefer Torah), et dans cette sagesse il n’y a ni avant ni après, elle est éternellement tout ensemble vraie.

La contenu de la vérité mathématique est d’emblée tout à la fois vraie. Mais c’est l’exposé pédagogique du raisonnement et démonstration, d’énoncés des théorèmes… qui possède un ordre.

Eïn mouqdam ouméou’har batorah aval ba sefer torah yesh mouqdam ouméou’har

L’enseignement du Gaon de Vilna porte sur un enseignement du Zohar :
« Tout est soumis au déterminisme même le Sefer Torah qu’il y a dans le Heikhal. »

Le livre Gaon de Vilna explique : le Sefer, le livre de la Torah, vieillit. Il est soumis à la loi du vieillissement et non pas la Torah.

Pour Rabbi Eliezer : dans la Torah il n’y a pas d’avant pas d’après
Pour Rashi dans le Sefer Torah il y a un avant et un après. C’est pourquoi il ne cite pas Matan Torah pour ne pas compliquer l’étude des étudiants.

Baba Batra 14b

Je voudrais qu’on étudie un certain nombre de sources de la Guémara concernant la relation entre Jethro et Moïse.

Baba Batra 14b:

Cela porte sur le problème du canon biblique. Quels sont les livres considérés comme « kitévei haqodesh » comme étant véritablement révélés. La Guémara dit « qui a mis par écrit tel ou tel livre de la Bible ? » C’est la question qui s’est posée :

« Moïk ktaban ? Mosheh Katav Sifro ouParashah Bilaam veIyov »« Qui les a mis par écrit ? Mosheh a mis par écrit son livre la parashah de Bilaam et le livre de Job »

C’est une formule très lapidaire. Moïse a mis par écrit son livre ? S’il s’agit du livre de la Torah alors la Parashah de Bilaam est dedans ! Que signifie alors cette formule ?
Et que signifie son livre, la parashah de Bilaam et le livre de Job ?

Bilaam : on apprend que Bilaam est un personnage extrêmement important du récit biblique : c’est le Prophète des Nations et la Guémara nous dit qu’ « il ne s’est pas levé de prophète aussi grand que Moïse en Israël », mais chez les Nations il y en a eu, et c’est Bilaam.

Un enseignement du Rishon Letsion du temps du Rav Kook, le Rav Ouziel :
Il y a 40 ans je donnais une conférence à Orsay et il se trouvait à cette conférence où je parlais de ces sujets ; et il y avait un grand congrès des rabbins séfarades où il était présent, amené par les rabbins de Paris, et j’ai parlé de cela. Il a refait la conférence après moi en hébreu où j’ai appris 100 fois plus que ce que j’avais dit… je m’en inspire un peu ici.

Cela veut dire que Moïse était capable de la prophétie de Bilaam et pas seulement de savoir ce que Bilaam avait prophétisé et le mettre par écrit sous la dictée de Dieu, mais il était capable lui le prophète d’Israël de vivre une expérience de révélation destinée aux prophètes des nations.

Katav Parshat Bilaam :

Cela veut dire qu’il était capable de la force de prophétie de Bilaam. Et il a compris ce que Bilaam a enseigné à la manière de Bilaam, et pas seulement à la manière de Moïse.

Pédagogiquement, c’est très important. Quand Moïse enseigne en dehors d’Israël, il enseigne de la manière appropriée aux Goyim puisqu’il est capable de la prophétie des Prophètes des Nations et pas seulement de la prophétie des prophètes d’Israël.

D’autre part le Sefer Iyov.

C’est un livre extrêmement important dans la bible. Ce sont les questions de la sagesse avant que la révélation n’ait lieu. Il y a deux livres qui sont dans ce cas : un avant que la révélation n’a lieu sur la destinée humaine : le problème de Job, c’est la souffrance du juste, l’incompréhension totale de l’homme de foi. C’est le doute : y-a-t’il incohérence entre le sort dans les événements naturels et le mérite spirituel et moral ? Un juste qui souffre ? C’est le scandale absolu ! Est-ce qu’il y a correspondance ? est-ce que Dieu est un ? Celui qui gère les événements naturels, et celui qui évalue le mérite moral ; or tout cela est bloqué lorsqu’on voit le juste qui souffre !

D’où d’ailleurs, dans le livre de Job, tous ses amis théologiens qui discutent jusqu’au bout pour savoir s’il est vraiment juste pour contourner le scandale.
Dieu se révèle et leur répond : « vous avez mal parlé de Job qui est un juste. Il souffre quand même mais vous n’êtes pas capables de comprendre… Étiez-vous avec Moi quand j’ai créé le monde ? »…

C’est le sens de la réponse : « est-ce que vous comprenez le fonctionnement et le sens de l’histoire du monde ? ». D’ailleurs Job non plus ne comprend pas mais au moins il est rassuré parce que Dieu s’occupe de lui. Job ne comprend pas le discours de Dieu, à la fin le lecteur ne comprend pas : la description « étiez vous avec Moi lorsque Je créais le monde ? ». Cela veut dire « comprenez-vous la manière dont Je gère le monde que J’ai créé ? » « Vous ne comprenez pas, mais ne dites pas que Job n’est pas un juste. Il est le juste souffrant ».

Avant la révélation de la Torah, la question est une question de sagesse universelle, parce qu’on ne possède pas encore la carte des valeurs absolues, ce qui fait que dans l’absolu, le bien c’est le bien et le mal, c’es le mal. Et s’il n’y a pas correspondance entre le sort dans les événements de la nature et le mérite moral, alors c’est un problème de philosophie. C’est qu’il y a quelque chose qu’on ne comprend pas dans cette non-correspondance. Les tuiles tombent des toits et cela tombe sur la tête d’un juste ? Est-il vraiment juste ? C’est cela la thèse des théologiens. Mais une fois la révélation de la Torah, le problème devient scandale !

Qui est alors capable de poser ce problème ? Moïse ! Celui qui est capable de donner la Torah.

Seul Moïse est capable de la sagesse de Job, par rapport à la Torah. Et c’est ce que la Guémara dit.

Dans Massekhet Brakhot :

Avant de recevoir la Torah, Moïse avait 3 questions à poser à Dieu, l’une d’entre elles :

« Pourquoi y a t’il des justes qui ont du bien et des justes qui ont du mal, et pourquoi y a t’il des méchants qui ont du mal et des méchants qui ont du bien… ? »

C’est la question avant d’accepter la Torah : c’est-à-dire que jusque-là on comprend qu’il peut peut-être y avoir des raisons pour lesquelles un juste souffre et un méchant est heureux, mais maintenant que la Torah est révélée, je ne veux que des justes heureux et que des méchants malheureux !
Donc la question du livre de Job fait bien partie de la sagesse de Moïse. C’est parce que Moïse est capable de comprendre la question de Job qu’il peut recevoir la Torah. Cela veut dire que Moïse est capable de la sagesse de Job.

On va tenter d’abord de caractériser la sagesse de Bilaam dont Moïse est capable et la sagesse de Job dont Moïse est capable. Il reste à comprendre ce que signifie le livre de Moïse « Sifro ».

Il y a un enseignement dans la Guémara:

« Sefer Torah… un livre de la Torah où l’on ne peut pas glaner 85 lettres, comme la Parashah de Behalotekhah… »

Ce sont les versets lorsque Moïse accompagne dans les pérégrinations du peuple dans le désert, les différentes étapes de l’arche qui avance pour montrer le chemin et qui s’arrête pour montrer les haltes, c’est les versets qu’on dit au moment de la sortie de la Torah Bamidbar-Nombres 10.35″>Article original

וַיְהִי בִּנְסֹעַ הָאָרֹן, וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה

« Vayhi Bin Soa’ HaAron Vayomer Mosheh… »

Cette Parashah de Vayhi Binsoa possède 85 lettres.

Dans le Talmud, un Sefer Torah qui a vieilli, qui s’est flétri, et dont les lettres sont effacées, s’illui reste encore 85 lettres, on lui doit l’honneur d’un Sefer Torah en entier. On l’apprend de cette Parashah de 85 lettres qui désigne la liturgie de Moïse au moment des étapes de l’arche dans le désert. On append par là que la Guémara considère que cette Parashah est un Sefer Tora tout entier.

Un Sefer Torah qui s’est flétri, si on peut y glaner 85 letttres, comme par exemple la Parashah de « Vayehi BenSoa haAron » on le sauve, d’un incendie le Shabat. Il faut violer le Shabat pour le sauver. S’il n’y a pas 85 lettres, c’est un livre qui n’est plus un Sefer Torah et on ne le sauve pas de l’incendie…/…

On enseigne : וַיְהִי בִּנְסֹעַ הָאָרֹן Vayehi Bensoa Haaron ». cette Parashah Dieu lui a fait des Simanot signes.

Elle est encadrée dans le Sefer Torah par 2 Noun inversés pour montrer, selon un 1er enseignement, que son véritable emplacement était 50 parashiot avant (Noun g’’ 50). Il faut la comprendre d’après le contexte d’il y a 50 Parashiot avant.

Pour comprendre que ce n’est pas son endroit, Rabbi a dit : ce n’est pas cette raison-là mais c’est un livre important en lui-même. Selon quel enseignement ? Un enseignement de Rabbi Shmouel Bar Na’hmani au nom de Rabbi Natan (suivant le verset des proverbes qui parle de la ‘Hokhmah la Sagesse) : « Elle a sept piliers ». Donc cela veut dire que selon cette opinion il y a en réalité 7 livres.

Je vous les explique. Prenez Bemidbar au chapitre 10 à partir du verset 35.

Les 7 livres selon cette opinion sont
1- Bereshit
2- Shemot
3- Vayiqra
4- Le début de Bamidbar jusqu’à Vayhi bensoa
5- Vayhi Bensoa… 85 lettres
6- La fin de Bemidbar
7- Devarim.

Nous avons une source dans la Torah qui va nous aider à comprendre ce que signifie le livre de Moïse – Sifro Shel Mosheh.
Jusque là on est habitué à deux expressions : Sefer Torah – le livre de la Torah ou Torat Mosheh – la Torah de Moïse. Mais pas d’expression Sifro Shel Mosheh ?
Or, on apprend que ces 2 versets ensemble forment 85 lettres et que Moïse a dit de sa propre initiative, non sur l’ordre de Dieu, pour remplacer Jéthro.

Regardez le contexte précédent :
A partir du verset 29 Behalotekhah 10.29″>Article original :

וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה, לְחֹבָב בֶּן-רְעוּאֵל הַמִּדְיָנִי חֹתֵן מֹשֶׁה, נֹסְעִים אֲנַחְנוּ אֶל-הַמָּקוֹם אֲשֶׁר אָמַר יְהוָה, אֹתוֹ אֶתֵּן לָכֶם; לְכָה אִתָּנוּ וְהֵטַבְנוּ לָךְ, כִּי-יְהוָה דִּבֶּר-טוֹב עַל-יִשְׂרָאֵל

Vayomer Moshe le’Hovav ben-Re’ou’el haMidyani khoten Mosheh
Et Moïse dit à ‘Hovav fils de Reouel le Midianite beau-père de Moïse (il s’agit de Jéthro)

noss’im anakhnou el-hamakom asher amar Hashem oto eten lakhem
Nous allons aller vers l’endroit que Dieu a dit : Je vous donnerais (le pays de Canaan)

lekhah itanou vehetavnou lakh ki-Adonay diber-tov al-Yisra’el.
Viens avec nous et on te fera du bien, car Hashem a parlé du bien pour Israël.

C’est-à-dire, viens avec nous et nous partagerons le bien que Dieu donnera à Israël avec toi Jéthro. Et c’est bien après l’épisode où Jéthro devient le beau-père de Jéthro et surtout le disciple de Moïse qui s’est converti à Torat Hashem.

10:30

וַיֹּאמֶר אֵלָיו, לֹא אֵלֵךְ: כִּי אִם-אֶל-אַרְצִי וְאֶל-מוֹלַדְתִּי, אֵלֵךְ

Vayomer elav lo elekh ki im-el-artsi ve’el-moladeti elekh

Il lui dit : Je n’irai pas, car j’irai vers mon pays et vers ma patrie.

Rashi : Yitro veut s’occuper de son peuple.

אֶל-אַרְצִי וְאֶל-מוֹלַדְתִּי

ספרי) אִם בִּשְׁבִיל נְכָסַי, אִם בִּשְׁבִיל מִשְׁפַּחְתִּי)
Vers mon pays et vers mon lieu de naissance…

Tant à cause de mes biens que de ma famille (Sifri).
Effectivement Jethro a quitté Israël pour aller s’occuper de son peuple.
La religion des Druzes reconnaissent Jéthro comme prophète. Ils ont une place assez spéciale dans le monde musulman pour ce qui concerne les relations avec Israël.

Ici il y a à caractériser qui est Jéthro dans ses relations avec Moïse.
Dans le contexte du verset 31 :

10:31

וַיֹּאמֶר, אַל-נָא תַּעֲזֹב אֹתָנוּ: כִּי עַל-כֵּן יָדַעְתָּ, חֲנֹתֵנוּ בַּמִּדְבָּר, וְהָיִיתָ לָּנוּ, לְעֵינָיִם

Vayomer al-na ta’azov otanou
(Moïse) dit : ne nous abandonne pas
ki al-ken yadata chanotenu bamidbar
Car tu sais nous guider dans le désert
vehayita lanou le’eynayim.

Tu seras pour nous les yeux des éclaireurs.

Cela veut dire que Jéthro c’est une sagesse dont Israël a besoin : savoir comment traverser le désert. Jethro s’en va et Moïse prend l’initiative de remplacer Jéthro comme guide. On lit à partir du verset 34.

וַיְהִי בִּנְסֹעַ הָאָרֹן, וַיֹּאמֶר מֹשֶׁה: קוּמָה יְהוָה, וְיָפֻצוּ אֹיְבֶיךָ, וְיָנֻסוּ מְשַׂנְאֶיךָ, מִפָּנֶיךָ « Et il arriva lorsque l’arche se déplaçait…Moïse disait : « lève-toi Dieu, et que tes ennemis se dispersent et que tes haïsseurs s’enfuient de devant toi.
וּבְנֻחֹה, יֹאמַר: שׁוּבָה יְהוָה, רִבְבוֹת אַלְפֵי יִשְׂרָאֵל
Et lorsque l’arche se reposait, il disait Reviens Hashem, pour les myriades des milliers d’Israël. ».

Cela veut dire que Moïse a une force, à lui Moïse, capable de remplacer Jethro dans la marche du désert.

Il y a 3 personnages dans le monde extérieur à Israël qui sont capable de sagesse :

ð La sagesse de Jéthro est d’être le guide d’Israël dans la marche au désert. Or on voit que dans notre Parashah Jéthro ajoute à la Torah l’organisation sociale. La hiérarchie qu’il faut installer pour qu’Israël soit une société qui puisse fonctionner normalement. L’étonnement : c’est pourquoi Moïse a besoin de l’aide d’un socialiste qui expliquerait comment la société va fonctionner. Le profil de cette sagesse de Jéthro c’est cette sagesse du problème social. Le Tsadik qu’il y a derrière ce serait le socialiste s’il était Tsadik.

ð Job c’est le problème existentiel de la destinée humaine : le juste qui souffre.
ð Bilaam : celui le religieux qui reçoit la révélation de Dieu mais en dehors de la morale.

Le religieux seul, le social seul, l’existentialiste seul. On voit les formes de sagesse qu’il y a derrière. En termes grecs : Job le stoïcien, celui qui va être l’ancêtre du jésuite, Bilaam, les élèves de Socrate pour l’organisation de la société…

Effectivement, nous avons ces trois types de sagesse. Le secret de cette Guémara c’est que chacune d’entre elles est nécessaire mais n’est pas suffisante. Seul celui qui possède les trois peut recevoir la Torah. La force de Moïse est de se relier à Jéthro, Bilaam et Job à la fois. Jéthro seul a un pan de la sagesse. Job seul a un autre pan de la sagesse, et Bilaam seul a un autre pan de la sagesse. Isolés, ils sont impuissants. Et Moïse est capable des trois capacités, et c’est lui qui a reçu la Torah. Cela se relie aux Patriarches.

Pourquoi y-a-t’il 3 Partiarches ?

ð Abraham : le rapport de l’homme et autrui : le problème de la société
ð Issac le rapport de l’homme à Dieu – le problème religieux
ð Jacob le problème de l’homme envers lui-même la dignité en soi – le problème de la connaissance des secrets de la destinée humaines.

J’ai parlé trop rapidement, j’en ai bien conscience parce que c’est un sujet important.

J’ajoute la manière dont le Rav Ouziel parlait de cela:

« Mosheh Katav Sifro » : C’est qu’il a été capable de raconter sa propre histoire : Sifro Shel Mosheh c’est le livre de l’histoire de Moïse. Et il est capable de vivre l’histoire de Job et il est capable de vivre l’histoire de Bilaam. On pourrait refaire tout l’exposé à ce 2ème niveau, il a suffit de citer comment le Rav avait formulé cela.

Q : Si Dieu avait le choix entre Israël et l’Egypte est-ce que l’Egypte et les Égyptiens sont considérés comme descendant d’Abraham ?

R : Il y a le problème à priori et à postérori. L’Egypte c’est la civilisation universelle, et à chaque étape de l’humanité il y a une civilisation dominante. Si Israël échoue, cela passe par la civilisation dominante. Cela veut dire qu’à priori on ne sait pas si la descendance d’Abraham va réussir. Il faut étudier tous ces versets. Par exemple, pourquoi cette descendance serait condamnée à l’exil à priori de son histoire. Y-aurait-il une fatalité dans cet exil ?
C’est surtout le Maharal qui donne la réponse : A partir du moment où Abraham est ce qu’il est, si sa descendance démérite alors elle sera exilée. Mais ce n’est pas forcé qu’elle démérite et qu’il y ait une fatalité de l’exil.

Dieu ne s’adresse plus à Abraham après le sacrifice d’Isaac. (C’est un ange) C’est à Isaac qu’il s’adresse.

Maharal l’explique ainsi : Quand Abraham demande un signe à Dieu pour savoir si sa descendance héritera du pays : « Tu sauras que ta descendance sera exilée dans un pays qui n’est pas le leur, cela durera 400 ans, je jugerais le peuple qui les a opprimé et ils sortiront avec un grand butin… »

Il y a une fatalité à priori du type « péché originel » ! Il y a beaucoup de commentateurs qui sont tentés de l’expliquer comme cela : puisque Abraham a douté en demandant un signe alors il va être puni par l’exil de sa descendance. Le Maharal repousse cet argument avec véhémence.

Je le formule à am manière : ce serait l’explication du type péché originel : parce qu’Adam a mangé une pomme l’humanité entière est en enfer ! D’autant plus que le talmud avec son humour habituel indique que c’est tout sauf une pomme. Comble de l’humour juif : A Rosh hashanah jour d’anniversaire on prend une pomme qu’on trempe dans le miel !

Maharal explique: chez Abraham ce doute n’est pas manque de foi mais un scrupule de la vertu. Il cite le Talmud pour montrer qu’Abraham avait des vertus exagérées. C’est dangereux. Il priait pour les bandits de Sodome et Gomorrhe. C’est un vertu mais exagérée. Si jamais Dieu avait exaucé la prière d’Abraham nous serions infestés de Sodomites et de Gomorrhisants !

Une vertu unique hypertrophiée devient un défaut. La vertu exagérée c’est grave. Je dis cela dans mon dialogue avec les Chrétiens : La charité seule sans la justice couvre tous les crimes. Parce que c’est le rôle de la charité de protéger les criminels. S’il n’y avait que la charité le monde éclate. Il faut aussi la justice. Mais s’il n’y avait que la justice le monde éclate. Parce qu’à la moindre faute, on est perdu…

Ceux qui sont d’une seule vertu n’ont pas encore atteint la vérité morale : Abraham n’est pas encore Israël. Il faut attendre Jacob après Isaac pour avoir Israël. C’est a postériori de Jacob qu’Isaac la justice et qu’Abraham la charité soient d’Israël. Mais il faut l’unité des valeurs, Jacob, pour qu’Abraham et Isaac soient d’Israël.

En Abraham c’est une vertu. Vertu exagérée mais vertu quand même. Mais si la descendance d’Israël doute de ce doute, alors c’est une faute.

Le frère du Maharal dans son livre le Sefer Ha’Hayim explique une des raisons de l’exil. Lorsque la descendance d’Abraham se demandera si elle a assez de mérite pour mériter de posséder le pays elle ira en exil. Ne reviendront que ceux qui sont sûrs de ne pas être chez eux ailleurs. Dans la descendance d’Abraham ce doute sur la légitimité d’avoir la terre est une faute, mais chez Abraham c’est un scrupule de vertu morale.

Ce doute de savoir si la terre appartient plutôt à Ishmaël (Shalom Akhshav), c’est Abraham qui travaille. Heureusement Sarah sait qu’il faut séparer Ishmaël de Isaac. Transfert !

Tous les grands kabbalistes l’ont dit : les prophètes femmes étaient plus grandes prophétesses que les hommes. On l’apprend de Sarah plus grande prophétesse qu’Abraham. Abraham est prêt à donner Jérusalem à Ishmaël : « pourquoi pas ? on partage ! ».

Mais Sarah intervient : « Jamais de la vie ! ».

Et Dieu intervient disant à Abraham : « écoute la voix de ta femme… »
La Guémara avec son humour talmudique : « si ta femme est plus petite que toi, baisse-toi pour lui parler.. » C’est très profond. On l’apprend de Sarah.

< fin >

Léon ASKENAZI – MANITOU Article original

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