C’est l’heure du bilan, alors que se referme le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Le Président français a-t-il imprimé sa marque sur la position française au Proche-Orient? A-t-il modifié la ligne de la France à l’égard des Israéliens et des Palestiniens? Succès ou échec de ses initiatives dans la région? Revue de détails :

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1° Changement de ton, pas de position

Nicolas Sarkozy a succédé à Jacques Chirac, dont les 12 années de présidence ont été marquées par une volonté manifeste de renouer avec une certaine « politique arabe » de la France (lire à ce propos l’excellent Chirac d’Arabie signé Eric Aeschimann et Christophe Boltanski, dont la suite reste à écrire).

En 2007, la « rupture » que souhaite incarner le nouveau Chef de l’Etat s’exprime aussi dans ce domaine : Nicolas Sarkozy se voit en ami d’Israël et il estime que cette proximité doit permettre à la France de faire entendre son point de vue. Un pari que le Président de la République détaille dans son discours à la Knesset (le Parlement israélien à Jérusalem) en juin 2008 : Nicolas Sarkozy y exprime son admiration pour Israël et son attachement à ce pays sans pour autant apporter la moindre inflexion à la position française : Paris soutient la création d’un état palestinien avec Jérusalem comme capitale de deux états.

2° Benyamine Netanyahou : de la proximité à la déception

C’est Meir Habib, Vice-Président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, qui a présenté Nicolas Sakozy à Benyamine Netanyahou, il y a une dizaine d’années. En 2009, lorsque « Bibi » Netanyahou devient Premier Ministre d’Israël, Nicolas Sarkozy voit en lui un dirigeant ferme mais capable d’emmener son pays vers la Paix avec les Palestiniens, même si cela implique des concessions douloureuses. Trois ans plus tard, les propos échangés au Sommet du G20 entre Nicolas Sarkozy et Barack Obama et captés par des micros indiscrets en disent long sur l’exaspération des deux dirigeants lorsqu’ils parlent de Benyamine Netanyahou : « Je ne peux plus le voir, c’est un menteur », lance le Président français. « Tu en as marre de lui, mais moi, je dois traiter avec lui tous les jours ! », répond Barack Obama

3° L’échec de l’Union pour la Méditerranée

Ce devait être le chef d’oeuvre diplomatique du quinquennat : une nouvelle union réunissant les 27 Européens et une quinzaine d’états des rives de la Méditerranée, parmi lesquels Israël et des pays arabes en conflit avec l’Etat hébreu. L’idée étant de surmonter les blocages traditionnels liés au conflit israélo-arabe en faisant travailler les pays membres sur des projets concrets et a priori dépolitisés (environnement, énergie solaire, etc…). Lancée en grande pompe à Paris en juillet 2008, l’UPM a connu un gigantesque coup de frein en décembre de la même année lorsque Israël a lancée une vaste offensive militaire sur la Bande de Gaza. L’opération « Plomb Durci » et les pertes civiles qu’elle a occasionnée ont soulevé une vague d’indignation dans de nombreux pays de la région, portant un coup sévère à l’Union pour la Méditerranée chère à Nicolas Sarkozy. En 2011, l’UPM a reçu le coup de grâce lorsque le Printemps arabe a fait chuter des dirigeants tels que l’Egyptien Hosni Moubarak sur lesquels la France comptait s’appuyer pour faire vivre le projet.

4° Position inchangée vis-à-vis du Hamas malgré des tentatives

La France (comme les autres pays membres de l’UE et les Etats-Unis) considère le mouvement islamiste palestinien comme une organisation terroriste. Pour que le Hamas devienne un interlocuteur fréquentable, il doit remplir les trois conditions énoncées par le Quartet pour le Proche-Orient (ONU, Etats-Unis, Union Européenne et Russie) : renoncer à la violence, reconnaître Israël et reconnaïtre les accords signés entre Israël et les Palestiniens. Un position ferme qui n’a pas empêché la France de lancer des ballons d’essai. D’abord en chargeant l’ancien Ambassadeur Yves Aubin de la Messuzière d’une discrète mission de prise de contact avec le Hamas. Ensuite en s’adressant directement aux dirigeants du mouvement palestinien dans son discours du 2 mars 2009, lors de la Conférence de Charm El Sheikh sur la reconstruction de Gaza : « Je le dis enfin à l’ensemble des responsables palestiniens, et notamment aux dirigeants du Hamas : si vous voulez être considérés comme des interlocuteurs légitimes, il faut que vous admettiez qu’il n’y a pas d’autre chemin vers la création d’un État palestinien que de vous engager résolument dans la recherche d’une solution politique, et donc dans le dialogue avec Israël, sur les bases des acquis des négociations passées. « . La démarche est restée sans suite.

5° Démarche palestinienne aux Nations-Unies

Septembre 2011 : l’Autorité Palestinienne occupe le devant de la scène lors de l’Assemblée Générale de l’ONU à New York. Le Président Mahmoud Abbas et ses proches clament qu’ils veulent obtenir un statut d’état membre à part entière des Nations-Unies en s’adressant au Conseil de Sécurité. Démarche vouée à l’échec puisque Washington a déjà promis d’y opposer son véto. A la tribune de l’ONU, Nicolas Sarkozy propose alors une formule intermédiaire, une sorte de « Plan B » : l’Assemblée générale de l’ONU pourrait accorder le statut « d’Etat observateur » aux Palestiniens, le temps de débloquer les négociations qui mèneront à la création d’un état indépendant, membre des Nations-Unies. Les Palestiniens persisteront dans leur démarche au Conseil de Sécurité mais n’iront pas jusqu’au vote, faute d’avoir réuni les 9 voix (sur 15) nécessaires. Les Etats-Unis n’auront mêmes pas eu besoin de dégainer leur véto et la situation des Palestiniens reste inchangée… ce qui occasionne certains grincements de dents parmi les diplomates français.

En revanche, la France a voté « oui » en octobre 2011 à l’admission de la Palestinien en tant qu’état membre de l’UNESCO, l’Agence des Nations Unies pour la Culture et l’Education.

6° Israël, Iran et dossier nucléaire

Pendant le quinquennat, la France s’est affichée en première ligne de la mobilisation internationale contre un Iran doté de la bombe. Quitte à ce que le discours de ses diplomates sonne parfois particulièrement alarmiste, sur le thème : « si nous n’empêchons pas la République Islamique d’acquérir l’arme atomique alors Israël frappera les installation du programme nucléaire iranien ».

7° Gilad Shalit et Salah Hammouri

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, la France a martelé sa position concernant le soldat israélien Gilad Shalit, enlevé par des groupes armés palestiniens à la lisière de la Bande de Gaza en juin 2006 : le jeune homme a aussi la nationalité française et à ce titre la France est attentive à son sort.

Jusqu’à la libération de Gilad Shalit en octobre 2011, dans le cadre d’un échange de prisonniers, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de témoigner de la solidarité de la France à l’égard du soldat et de sa famille. Noam Shalit, le père du jeune homme, sera reçu à plusieurs reprise à l’Elysée. Et la France a fait parvenir (via la Syrie) une lettre de la famille Shalit à Gilad, en 2008. Quelques mois après sa libération, Gilad Shalit a reservé sa première sortie publique aux Ambassadeurs français et allemand à Tel Aviv. Remettant au premier une lettre de remerciement adressée à Nicolas Sarkozy. Et exprimant auprès du second sa gratitude pour les efforts allemand de médiation, qui ont rendu possible l’échange de prisonniers.

Longtemps les proches de Salah Hammouri se sont sentis oubliés par la France. Ce jeune franco-palestinien a été condamné à 7 ans de prison par un tribunal militaire israélien pour « appartenance à une organisation terroriste ». Après la libération de Gilad Shalit, Nicolas Sarkozy a souhaité que Salah Hammouri puisse être inclus dans le second groupe de détenus palestiniens libérables en échange du jeune soldat israélien. Ce fut le cas le 18 décembre 2011.

8° La place de la France et de l’UE au Proche-Orient

Pendant cinq ans, Nicolas Sarkozy a exprimé le souhait que la France et l’Europe sortent du rôle secondaire dans lequel elles sont généralement confinées : celui de généreux bailleurs de fonds d’un Processus de Paix largement enlisé. Pari perdu : à l’arrivée, la France et l’UE financent toujours le « state-building » (construction de l’état) palestinien mais ne parviennent pas à peser sur les dossiers politiques, que les Etats-Unis monopolisent jalousement. Même lorsqu’elle adopte une position volontariste, la France se heurte parfois à des obstacles inattendus. Ce fut le cas en janvier 2011, lorsque Michèle Alliot-Marie, Ministre française des Affaires Etrangères effectua une visite dans la Bande de Gaza. Ce qui devait être un symbole fort s’acheva en fiasco lorsque le convoi français fut accueilli à coups de chaussures et d’autres projectiles à son entrée dans le territoire.

Le blog de Nicolas Falez
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Jean
Jean

Mais Mitterrand , ce faux frère , tout en montant à la Knesset en 81, a fait pression sur Israël pour la reconnaissance de l’ O.L.P. , a envoyé la Marine française sauver Arafat à Tripoli (Liban ) en 82 , l’a reçu à Paris , a soutenu l’intifada .

Quoi de plus ? Cet ancien camelot du roi , détenteur de la Francisque (Pétain ,1943 ) a liquidé tout le capital d’amitié que les socialistes français(G.Mollet, R.Lacoste , C. Hernu , M.Lejeune ) avaient à l’égard d’Israël depuis l’Indépendance .Cet admirateur de Céline et de Rebatet (collaborationnistes notoires ) n’a fait que des zigzags dans sa politique , un vrai traître .

Salopard de Mitterrand qui a affaibli diplomatiquement Israel et a enfanté au sein du P.S. cette animosité anti israélienne voire anti juive (M.Aubry, l’ avocat Mignard , R.Dumas, C.Cheysson, H. Védrine ,Vaillant…)…..et toute l’aile gauche interne

Alors que Sarko , quoi qu’on dise, a adopté les positions israéliennes énergiques sur l’Iran et a réussi aussi à détacher ce pays du bloc islamique .

Bien sûr, sur le plan intérieur , il n’a pas mâté la racaille islamiste et a égaré son Karcher

Il l’a payé au juste prix .

Armand Maruani

Nous avons plus de chance de voir arriver le Messie qu’un Président français ami des Juifs .

Alex E. MERALI

Sarkozy s’est moqué de nous, comme ses indignes prédécesseurs, du reste. En effet, comment peut-on prétendre qu’un pays est un ami et en même temps, en toute circonstance, observer à son égard une position particulièrement inamicale, voire hostile ? De même, affirmer, comme gage « d’amitié », que la France ne tolérera jamais que la sécurité d’Israël soit mise en danger, est une supercherie. Pourquoi ? Mais parce-qu’Israël n’a jamais demandé à personne d’assurer sa sécurité et ne l’attend de personne. Toutes ses guerres, il les a menées et gagnées avec le sang des seuls combattants Israéliens et non pas avec celui de jeunes Américains, Anglais et Canadiens comme… devinez de quel pays donneur de leçons, « grand ami » et « grand protecteur d’Israël » il s’agit. Un « ami » qui ne cesse de vous causer du tort, qui prend fait et cause pour vos pires ennemis, qui trahit en permanence « l’amitié » qu’il prétend vous porter, voilà ce qu’est la France et ce qu’a été Sarkozy. Ce genre d’amis, on s’en passe.

meller1

la politique de S. etait toujours pro arabe .je ne veux plus entendre parle de lui car sous son reigne nous avons eu enormements d actes antisemites et en plus il est comploteur