Top secret. La déclassification d’archives montre que les Israéliens n’ont jamais reculé pour défendre leur sécurité. Des JO de Munich (1972) à la crise syrienne, les opérations secrètes n’ont pas cessé.Les archives sur les opérations actuelles — contre l’Iran ou la Syrie — parleront probablement dans vingt ou trente ans. C’est le temps qu’il a fallu à l’État hébreu pour déclassifier une partie de ses documents sur deux des dossiers qui ont marqué l’opinion : la tuerie des jeux Olympiques de Munich (1972) et la tentative d’assassinat de Saddam Hussein (1992).

« S’il devait y avoir une preuve tangible de schizophrénie, c’était bien cette nuit-là. » C’est en ces termes que Golda Meir, premier ministre d’Israël, décrit la nuit interminable du 5 au 6 septembre 1972 qui vit l’assassinat de onze athlètes israéliens dans le village olympique de Munich. Faisant semblant de céder au commando palestinien Septembre noir, les négociateurs allemands montèrent un guet-apens raté sur l’aéroport militaire de Fürstenfeldbruck. Quarante ans après, les quarante-cinq documents rendus publics — câbles des Affaires étrangères, comptes-rendus de réunions du cabinet, correspondances entre Allemands et Israéliens — révèlent qu’Israël avait prévenu les autorités allemandes qu’il « ne négocierait pas avec les terroristes » et leur avait demandé d’« entamer des négociations avec les assaillants pour préparer du mieux possible une opération de sauvetage ».

Les archives précisent les défaillances israéliennes — aucune alerte donnée aux services de renseignements, aucun dispositif de sécurité pour les athlètes — et accablent les responsables allemands qui ont refusé de suspendre les compétitions. Un télégramme de l’ambassade d’Israël à Bonn donne la justification du Comité olympique : « La télévision n’a pas de programme alternatif. » Le rapport de Zvi Zamir, le chef du Mossad, est accablant. L’assaut a été tardif, en pleine nuit, à la mitrailleuse, sans projecteurs : « Les Allemands n’ont même pas fait un effort minimal pour sauver des vies, ils n’ont pas pris la moindre précaution pour sauver les gens, ni les leurs ni les nôtres. Ils ont tout fait pour en finir avec cette histoire, à n’importe quel prix, afin de ne pas perturber les jeux Olympiques. »

Le 8 octobre 1972, Golda Meir s’adresse à la Knesset : « Nous ne devons pas uniquement nous défendre, mais attaquer. Nous devons pourchasser les terroristes et les tuer. Ils deviendront des proies. » Elle a approuvé l’opération “Colère de Dieu” dans le plus grand secret. Elle durera vingt ans, jusqu’à la mort du Palestinien Atef Bseiso, abattu le 8 juin 1992 à Paris, quatorzième nom sur la “liste de Golda”.

À cette époque, Tsehilim, au coeur du Néguev, est le plus grand camp d’entraînement à la guérilla urbaine de l’armée israélienne. Le 5 novembre 1992, l’état-major de Tsahal observe la manoeuvre d’une dizaine de commandos de la prestigieuse unité Sayeret Matkal, les troupes d’élite de l’état-major. Soudain, une explosion. On relève cinq morts et six blessés graves. Un missile téléguidé Tamouz a été tiré trop tôt. Il aurait dû être chargé à blanc.

Les archives révèlent aujourd’hui les coulisses de cet entraînement raté. À l’époque, Saddam était la cible. Les commandos devaient l’abattre… au missile. La décision avait été prise après la guerre du Golfe (1991). Pour la première fois de son histoire, l’État hébreu avait été la cible d’une attaque d’envergure (39 missiles Scud irakiens) sans pouvoir riposter.

En décembre 1991, le général Ehud Barak, chef d’état-major de Tsahal, propose de liquider le président irakien Saddam Hussein. C’est l’opération “Buisson de ronces”. La traque de « l’objet », comme il est désigné dans les archives, durera douze mois. Autour d’Amiram Levine et de Nadav Zeevi, deux jeunes officiers du renseignement militaire, l’État hébreu mobilise ses meilleurs agents. Le Mossad s’oppose pourtant à Barak. Son chef, Shabtai Shavit, parle d’une « mission impossible, en terre inconnue et visant un homme surprotégé ». Comme pour l’Iran aujourd’hui, Barak est accusé de minimiser les conséquences politiques et militaires d’une telle action. Le Mossad redoute un soulèvement général des pays arabes.

Informé de cette opération en juillet 1992, le premier ministre Yitzhak Rabin se montre réservé. Mais la CIA fait parvenir à Israël une information importante : Khairallah Telfah, oncle et père adoptif de Saddam Hussein, est mourant. Saddam ira à ses funérailles, près de Tikrit. La Sayeret Matkal s’entraîne alors nuit et jour à Tsehilim, où le cimetière de Tikrit a été reconstitué. Les plans prévoient deux hélicoptères pour déposer les commandos, de nuit, à une dizaine de kilomètres de la ville. Un premier groupe doit identifier Saddam Hussein. Le second attendra son feu vert pour tirer deux missiles de précision. Tout sera abandonné après l’incident du 5 novembre 1992. Saddam bénéficiera d’un sursis de quatorze ans.

Photo © AFP

Par Maxime Perez – Valeurs Actuelles Article original

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