Téhéran est en train d’apprendre les leçons amères qu’il croyait enseigner à Israël : des explosifs aux mains de terroristes très déterminés forment un cocktail détonnant et une arme particulièrement dévastatrice.
Des policiers libanais éteignant des incendies de voitures sur la scène où les deux explosions ont eu lieu près de l’Ambassade iranienne, à Beyrouth, Liban, mardi 19 Novembre 2013. photo crédit : AP Photo/Hussein Malla)
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Le double-attentat à la bombe à l’Ambassade iranienne à Beyrouth, mardi 19 matin était tout, sauf une surprise. En fait, on pouvait même s’y attendre, étant donnée l’ampleur des combats en Syrie, entre les forces , d’un côté, et le Hezbollah et les forces des Gardiens de la Révolution, de l’autre, s’ajoutant aux menaces des groupes d’Al Qaïda en Syrie, de frapper des cibles iraniennes dans la région. Quoi qu’il en soit, ces attentats à la bombe élèvent à de nouveaux pics le niveau de confrontation entre Sunnites et Chi’ites au Liban et en Syrie. Deux bombes humaines qui agissent en parfaite synchronisation, cherchant à faire le maximum de victimes chi’ites possibles, peut bien constituer un phénomène relativement routinier en Irak, mais au Liban, cela représente une escalade sans précédent dans les hostilités.

En adoptant un modus operandi identique aux méthodes utilisées par le Hezbollah et les Gardiens de la Révolution, contre des cibles occidentales au Liban, au début des années 1980, les agresseurs de ce mardi – qui, selon toute vraisemblance, appartiennent à une filiale d’Al Qaïda – ont envoyé deux bombes humaines mener une seule et même attaque coordonnée, à peu de distance. Le premier a lancé sa moto pleins gaz jusqu’à la porte de l’ambassade et s’est explosé contre, ouvrant la voie à un second, qui conduisait un 4×4 bourré d’explosifs. Le résultat a été dévastateur : 23 à 25 tués et près de 150 blessés.

Le Hezbollah et les Gardiens de la Révolution ont tout essayé pour prendre toutes sortes de précautions contre de tels attentats. Depuis des mois, leurs dirigeants ont émis des avertissements à tout le personnel pour qu’il se tienne en alerte, face aux risques d’attentats-suicide contre des cibles chi’ites. En même temps, le Hezbollah a pris des mesures pour renforcer la sécurité autour de cibles potentielles. Il a déployé des chiens-renifleurs d’explosifs, mis sur pied des contrôles routiers- surprise dans Beyrouth pour tenter d’intercepter des terroristes-suicide potentiels, et son bastion du quartier de Dahiyeh à Beyrouth est devenu une forteresse dans laquelle il est impossible d’entrer sans passer des barrages de fouille sécuritaire.

Evidemment, malgré tout, même de telles précautions sécuritaires aussi rigoureuses soient-elles – et introduites autour de cibles potentielles iraniennes, également-, n’ont pas pu déjouer ni stopper les attentats-suicide de mardi 19/11. Les Iraniens sont, désormais, en train d’apprendre les leçons pleines d’amertume qu’ils voulaient enseigner à Israël : la combinaison d’explosifs, assortie à la détermination de terroristes très motivés, fait de l’attentat-suicide une arme dévastatrice très difficile à arrêter.

Les attentats de mardi ont été immédiatement condamnés par tout le spectre politique libanais. Cela dit, cela n’est rien d’autre qu’une fausse illusion temporaire d’unité et il n’existe aucun signe que quoi que ce soit puisse changer radicalement, dans ce pays déstabilisé, dans un proche avenir. Il n’apparaît pas clairement, non plus, qu’une guerre civile à grande échelle soit sur le point d’être déclenchée. Mais la vague des attentats à la bombe et d’autres types d’attaques entre Sunnites et Sunnites va devenir une sorte de routine en augmentation exponentielle. Tout comme des groupes extrémistes sunnites tirent des missiles contre des cibles chi’ites et tuent des gens identifiés au camp du Président Bachar al Assad, de temps en temps, les deux islamikazes de ce mardi ne sont pas prêts d’être les derniers du genre à s’exploser dans ces coulisses directes du conflit en Syrie.

A la suite de cette attaque, Téhéran peut décider d’envoyer plus d’armement et plus d’hommes sur le terrain au Liban, pour aider le Hezbollah dans sa lutte contre les milices sunnites. S’il le fait, il pourrait bien être en route pour découvrir quelque chose qu’Israël a très bien appris à connaître : l’enlisement dans le bourbier libanais.

Mais si la chose a été rendue possible, c’est, peut-être, aussi, qu’elle a pu bénéficier de complicités, à l’intérieur même de l’appareil sécuritaire irano-hezbollahni.

En effet, selon le communiqué, ce sont « Les brigades Abdullah Azzam mentor palestinien d’Osama Ben Laden »>Article original (…) qui »>Article original sont à l’origine de l’attaque contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth. Il s’agit d’une double attaque pour laquelle deux de nos héros, des sunnites du Liban, sont tombés en martyrs », a dit le cheikh Sirajeddine Zuraiqat sur le réseau social Article original. « Les opérations vont se poursuivre jusqu’à ce que le parti d’Iran (Hezbollah, ndlr) retire ses combattants de Syrie », écrit-il encore. Il exige aussi la libération de « nos partisans des prisons de l’injustice au Liban ».

Or, un responsable politique connaisseur des organisations jihadistes fait état, dans l’Orient-le-Jour Article original, de l’existence de deux groupes distincts œuvrant sous la même appellation des Brigades Abdallah Azzam (du nom d’un Palestinien jihadiste ayant combattu les troupes américaines en Afghanistan et au Pakistan, où il a été tué). Le premier groupe serait un groupe clandestin, fondamentalement jihadiste, et le second serait par contre, affilié au Front populaire de libération de la Palestine-commandement général d’Ahmad Jibril, qui travaille pour le compte des services de renseignements syriens donc, pls ou moins directement, de l’Iran et du Hezbollah« >Article original. Cette organisation est basée au Liban dans trois camps de réfugiés palestiniens : Naamé, Koussaya et Bourj al-Barajné.

On se souvient que les Brigades Abdullah Azzam Article original avaient revendiqué leur responsabilité dans les tirs de roquettes contre Israël, en avril 2011 et août 2013. Or, en représailles, l’air force israélienne était allée bombarder une cible dans un camp de réfugiés palestiniens, appartenant bien au FPLP-CG d’Ahmad Jibril, agent des syriens, avec la certitude de frapper à la bonne adresse.

Ce qui fait dire à d’autres experts, notamment sur Debkafile Article original, qu’il s’agirait d’un attentat auto-infligé, mais qui a eu des conséquences imprévues, initialement conçu pour remobiliser les forces du Hezbollah par électrochoc, parce que réticentes à s’engager dans la bataille de Qalamoun, en Syrie, où Assad a besoin de 3000 combattants supplémentaires de la milice chi’ite. Il aurait pu s’agir de faire passer cette guerre aux frontières du Liban comme une nécessité vitale pour le groupe confessionnel chi’ite, face aux rebelles, puisque se déroulant « aux portes » mêmes de Beyrouth.

Dans une alerte précoce, remontant au 14 novembre, envoyé aux agences de renseignements occidentales et parvenue en Israël, le Chef des renseignements saoudiens le Prince Bandar Ben Sultan expliquait que Téhéran et le Hezbollah avait besoin d’une manoeuvre de diversion puissante pour détourner l’attention du réquisitionnement contre leur gré de plus 3000 miliciens du Hezbollah, qui ont été contraints de retourner sur les champs de bataille en Syrie, au cours de ces dix derniers jours.

La bataille de Qalamoun semble vécue comme un duel personnel, entre le chef des Gardiens de la Révolution iranienne, Qassem Souleimani et le Prince Bandar Ben Sultan, qui soutient les rebelles retranchés dans ces montagnes. Une défaite de l’un ou de l’autre, transformerait les rapports de forces et d’influence entre Iraniens et Saoudiens, jusqu’à Beyrouth même.

Il est, à l’inverse, tout-à-fait possible que le groupe radical sunnite ait reçu des informations de la part des Saoudiens, comme ce fut, sans doute le cas, lors de la mort du Général iranien Shateri Article original, en février dernier, tué par les rebelles et aux funérailles duquel assistait tout le gratin des Gardiens de la révolution, dont le Général Qassem Souleimani. Chargé de la reconstruction du Liban, il apparaît qu’il était aussi l’un des principaux architectes de la mobilisation de forces iraniennes et du Hezbollah en Syrie. Sa mort est presque équivalente à la perte, pour l’Iran, de l’archi-terroriste Imad Mughniyeh.

Au-delà de la déflagration qui a emporté de nombreux civils non-impliqués, en effet, on trouve une ou des cibles iraniennes de premier rang.

L’expert israélien en renseignements Ronen Solomon, suggère que l’attaché culturel iranien à l’ambassade de Beyrouth, le Sheikh Ibrahim Sayyed Ali Ansari, qui a été tué dans l’explosion de ce mardi, pourrait bien, une fois de plus, avoir été une cible de grande valeur.

D’une part, dit-il, il travaillait dans la même partie de l’Ambassade que Shateri, et comme c’était le cas en Argentine, au cours de l’attentat contre l’AMIA et de l’implication de Mohsen Rabbani, dans ce pays, l’attaché culturel est, fréquemment, un membre de la Force al Qods, le bras armé des Pasdaran. En outre, seulement au cours du mois dernier, Ansari a rencontré le Sheikh Hashem Safi-al-Din, le chef du Conseil exécutif du Hezbollah et le dauphin présumé de Nasrallah, à moins qu’il ne meurt prématurément ; il a aussi rencontré Sheikh Naïm Qassem, l’adjoint en second du Secrétaire Général du Hezbollah et Muhammad Raad, le membre de premier rang de la délégation parlementaire du Hezbollah.

Bien qu’il s’agisse là de quelques rencontres d’un rang bien élevé, pour un simple « attaché culturel » rien ne prouve à ce stade, qu’Ansari se situait bien au-delà d’un simple amoureux de l’art iranien. Ses funérailles en Iran, cela dit, pourraient offrir de nouveaux indices, quant au rôle qu’il jouait vraiment.

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Si l’on suit le déroulement de ces combats, ce jour-même, les forces de Bachar el-Assad ont repris le contrôle de la ville de Qara, dans la région clé de Qalamoun, sur la route stratégique entre Damas et Homs, coupant ainsi un peu plus les liaisons des rebelles avec le Liban, rapportent mardi les médias officiels syriens.

Les troupes gouvernementales avaient lancé vendredi l’assaut contre cette ville du Djebel Qalamoun, non loin de la ville à majorité chrétienne de Maaloula, à environ 80 km au nord de Damas. Selon l’agence de presse officielle Sana, qui cite une source militaire, l’armée a fait état de la mort d' »un grand nombre de terroristes », terme désignant dans le registre officiel les rebelles combattant le régime syrien.

L’armée syrienne a entrepris de « sécuriser » l’autoroute qui permet de connecter la capitale au « pays alaouite », sur la côte méditerranéenne, notamment pour pouvoir y transporter les armes chimiques que Bachar el-Assad s’est engagé à envoyer à l’étranger en vue de leur destruction dont aucun pays y compris la Belgique, l’Albanie, la Russie, ne veut prendre en charge »>Article original…

Avi Issacharoff, analyste du Moyen-Orient pour The Times et Walla. … More »>Article original

PAR AVI ISSACHAROFF 19 Novembre 2013, 3:18 pm

timesofisrael.com Article original

et autres sources :

timesofisrael.com Article original

debka.com Article original

lorientlejour.com Article original

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