Mathilde Redmatn est la directrice adjointe de la Croix-Rouge à Gaza. Son poste lui a permis d »assister à des scènes auxquelles nombre de télévisions n’ont pas accès. Alors que le soldat Guilad Shalit est toujours aux mains du Hamas dans la bande côtière, elle a accordé une interview au service presse de l’armée israélienne dans laquelle elle a dévoilé la vérité sur la situation à Gaza.
Après être partie en mission pour la Croix-Rouge au Congo et en Colombie, Mathilde Redmatn est venue à Gaza où elle est aujourd’hui directrice-adjointe de l’organisation.

« Evidemment mon travail est différent partout, mais ici le tissu de la vie quotidienne est problématique. Il y a deux catégories de personnes: la première vit sous les verrous et l’autre sous le feu des roquettes », a-t-elle affirmé.

Mme Redmatn s’est longuement exprimé sur le blocus israélien imposé sur Gaza depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007, mais elle a également abordé la normalité surprenante régnant sur le territoire situé au centre de l’une des régions les plus explosives du monde.

« Il n’y aucune crise humanitaire à Gaza. Si vous allez au supermarché, il y a des produits. Il y a aussi des restaurants et une belle plage. Le problème est principalement lié à la maintenance des infrastructures ou encore à l’accès aux biens. Israël a le droit légitime de protéger sa population civile. Ce droit doit cependant être équilibré avec celui des 1,5 millions de personnes vivant dans la Bande de Gaza. En dépit de l’assouplissement du blocus et de la levée partielle des interdictions d’exportations, les restrictions continues sur les déplacements des individus et les difficultés à importer des matériaux de construction ont entravé une reprise économique durable et ruiné les espoirs de mener une vie normale ici », a-t-elle expliqué.

La Croix-Rouge est une organisation internationale qui a été fondée en 1863. Elle promeut les lois qui protègent les victimes de la guerre et fournit une aide humanitaire aux personnes vivant dans des régions secouées par les conflits. Les représentants de la Croix-Rouge sont présent à Gaza depuis 1967. Mathilde Redmatn a précisé que les objectifs de l’organisation étaient doubles.

« Nous décrivons les violations des Droits de l’Homme conformément à la loi internationale et nous discutons avec les parties intéressées sur la façon de prendre en charge la question », a-t-elle déclaré. « Nous nous intéressons aux captifs, aux soldats, aux blessés, et finalement à n’importe qui dont le statut est défini dans la Convention de Genève. En outre dans le cadre de l’assistance humanitaire, nous sommes principalement engagés dans les domaines de l’eau et de l’assainissement. Nous parlons ici d’une population extrêmement dense. La plupart des infrastructures ne peut pas être améliorée en raison du blocus donc nous essayons d’améliorer la situation avec les outils existants. Un exemple: nous avons contribué à la mise en place d’une usine pour nettoyer les eaux usées qui se déversaient dans la mer », a-t-elle expliqué.

Par essence, la Croix-Rouge est une organisation apolitique, à but purement humanitaire. Elle fonctionne à travers des rapports et des dialogues bilatéraux, sans exprimer jamais ses positions, dans une optique de neutralité.

« Notre but n’est pas de négocier la paix mais de nous assurer du bien-être des populations civiles », a-t-elle indiqué. « Nous comprenons et nous reconnaissons le droit d’Israël à la sécurité, mais il doit maintenir un équilibre entre cela et le droit des Palestiniens de Gaza à vivre dans des conditions médicales et sanitaires décentes. Bien évidemment cela relève aussi de la responsabilité du Hamas avec qui nous avons, jusqu’ici, des relations », a-t-elle déclaré.

Lors de l’incident de la flottille du Mavi Marmara l’an dernier, la Croix-Rouge a participé à certaines opérations.

« Nous avons offert notre assistance aux autorités israéliennes au regard des individus qui avaient été arrêtés et qui étaient ressortissants de pays avec lesquels Israël n’a aucune relation diplomatique », a expliqué la responsable. Interrogée par l’armée israélienne sur la question de savoir si la flottille était pacifique ou non elle a affirmé que c’était une affaire dont il fallait discuter « avec les parties responsables ». Selon elle, cette flottille a amené l’Etat juif à changer de politique envers Gaza, mais celle-ci n’est pas encore complète.

« Plus de produits entrent, mais il y a toujours de la place pour l’amélioration », a-t-elle estimé. Elle parlait ainsi au regard des exportations et de la liberté de circulations des individus.

Cet objectif est aussi celui d’Israël, mais paraît difficilement atteignable à la lumière des menaces actuelles. Pour la directrice adjointe de la Croix-Rouge, cette question est sensible.

« Les tirs de roquettes depuis la Bande de Gaza sont contre le droit international parce qu’ils sont dirigés contre des civils. Nous menons un dialogue confidentiel ou bilatéral avec le Hamas sur ce point. Au fur et à mesure du temps, le dialogue se développe », a-t-elle indiqué.

Sur les récents soulèvements dans le monde arabe, Mme Redmatn s’est aussi exprimé. « Le nouveau vent qui soufffle dans le monde arabe ne change rien aux activités habituelles de la Croix-Rouge dans la Bande de Gaza. Il est encore trop tôt pour affirmer ce qui se passera et quel est le besoin de changement. Dans tous les cas, nous répondrons rapidement à ces changements et nous verrons ce que l’avenir nous réserve », a-t-elle déclaré.

En outre elle a précisé que travailler dans la Bande de Gaza inclut de facto une coopération avec l’armée israélienne.

« La relation avec l’armée israélienne s’est développée au fil des ans. L’armée comprend notre mandat. Nous sommes quotidiennement en contact pour coordonner l’entrée de biens dans la Bande de Gaza ainsi que les mouvements de populations. Parfois nous prenons aussi en charge notre personnel et nos patients qui doivent se rendre en Israël pour des traitements médicaux. Le deuxième point a encore besoin de quelques améliorations considérant que le temps pour passer la frontière est toujours long. Nous espérons augmenter l’équipement médical à Gaza afin de réduire le nombre de civils qui doivent sortir pour recevoir certains soins », a-t-elle précisé.

Ces derniers temps, l’objectif de la Croix-Rouge a été de renforcer ses liens avec les soldats de Tsahal. « Tout le monde ne comprend pas ce que nous faisons », a-t-elle cependant affirmé. Travailler avec l’armée israélienne ne concerne pas uniquement les populations civiles, mais touche aussi à la captivité de Guilad Shalit. Les demandes faites par l’organisation de rencontrer le soldat otage des terroristes se sont toujours heurté au refus du Hamas.

« Lorsque la liberté est enlevée à quelqu’un, il mérite au moins un contact avec sa famille », a-t-elle estimé. « Nous continuerons à demander (de le voir, ndlr) mais nous n’avons pas la capacité de forcer le Hamas à quoi que ce soit. Le refus est basé sur des raisons de sécurité. Le Hamas craint les technologies sophistiquées de l’armée israélienne et pense qu’accorder à Guilad d’avoir des contacts amènerait l’armée à savoir précisément où il se trouve », a-t-elle expliqué.

Mme Redmatn a conclut en appelant les deux parties à s’appuyer sur le droit international. « Il est très important que les organisations et les pays respectent le droit international. C’est là la seule façon pour que les choses aillent mieux ».

Guysen

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