Finances du Consistoire de Paris: une exigence de transparence

Il y a quelques années maintenant que les membres du Consistoire de Paris ne reçoivent plus les comptes de gestion de la part de leurs dirigeants.

Le Consistoire se targue d’être une grande institution, et ses dirigeants aiment à se mettre en scène pour asseoir leur image. Les frais de communication ont explosé. Des brochures luxueuses en tout genre pour indiquer combien nos dirigeants sont actifs nous sont régulièrement envoyées.

Il semble donc y avoir des sommes disponibles pour les réceptions et les manifestations qui mettent en scène ceux qui ont le souci de leur image.

Par contre, pour nous indiquer clairement quels sont les montants des recettes et des dépenses de manière détaillée, ce qui pourrait tenir dans un format commercial, l’économie est devenue de mise.

Nous avons droit depuis 2003 en guise de bilan de gestion, à un compte rendu écrit en caractères d’assureur, affiché parfois dans les synagogues, et paraissant dans un journal très confidentiel appelé Information Juive, organe du Consistoire de Paris.

Mais voilà, il se trouve que cette situation est illégale, et ne permet pas le plein exercice du droit de contrôle de la part des membres sur la bonne gestion de leur association.

Voilà quelques années, nous avions compilé les résultats de gestion de 1994 à 2002. Il apparaissait déjà un déficit cumulé – sur la base des chiffres rendus officiels – de 4,768 Milion d’€uros.

Depuis les choses ne se sont guère améliorées. Certaines indiscrétions nous indiquent que le seul déficit des synagogues consistoriales – recettes et dépenses des 80 synagogues – dépasse pour 2009, 1,5 Million d’€uros. Un président de synagogue consistoriale parisienne me confiait avoir reçu des appels du siège en mars 2010, afin que des chèques de 2010 puissent être passés sur l’exercice 2009, pour en réduire les déficits.

Or s’il y a une mauvaise gestion, aussi bien des synagogues, que du reste, cela ne peut être possible qu’en puisant dans les ressources provenant de la Cachrout, ou en bradant le patrimoine de l’association, ce qui s’est fait sans aucun contrôle.

Il n’est pas moral que des familles en difficulté, surtaxées au travers des produits cachers paient ainsi de leurs poches les erreurs de gestion, et les réceptions ou frais de communication.

Les produits de la cachrout devraient outre couvrir les frais nécessaires au fonctionnement de ce service (salaires et frais des chohatim, machguihim, chomrim, et frais de gestion de leur service), être consacrés à l’éducation, et prioritairement à celle des enfants.

Il faut donc à la veille de l’assemblée générale prévue pour la fin juin 2010, que des comptes clairs soient adressés à tous les membres cotisants, avec un rappel des exercices précédents. Qu’un bilan soit fait de la précédente mandature comme s’y étaient engagés lors de leur campagne les nouveaux élus.

Que ces bilans fassent apparaître les recettes et les dépenses par nature, ainsi que les résultats par synagogue. Il est important de noter que seules les synagogues consistoriales s’autorisent des déficits, car elles peuvent compter sur les ressources de la cachrout entre autres, alors que toutes les autres synagogues ont des comptes équilibrés.

Rajoutons enfin que les synagogues consistoriales fortement déficitaires cohabitent toujours avec des synagogues non consistoriales en équilibre, et que la notion de Communauté « pauvre » n’est qu’un argument pour masquer la pauvreté l’indigence de certains dirigeants consistoriaux en matière de gestion et de responsabilité. C’est justement pour ne plus couvrir ces défauts de gestion que les Communautés dites « riches » ne reversent plus leurs excédents, qui ne serviraient qu’à autoriser des dérives plus grandes encore.

C’est d’abord et en premier lieu sur ce point que nous pouvons juger de l’efficacité des administrateurs, et non sur leur soutien – au demeurant partagé – à Israël, ou leur simple dénonciation des actes antisémites, car cela tient du discours gratuit et inutile.

Il reste donc encore quelques jours à l’équipe dirigeante, qui s’affaire à changer les statuts de l’association, ce sur quoi nous reviendrons, pour qu’elle nous adresse un bilan détaillé des quatre dernières années.

Il serait en outre nécessaire que lors de l’assemblée prochaine soit nommée une commission de contrôle, notamment des marchés passés par l’association, pour vérifier si aucun d’entre eux n’a profité à un membre de la commission ou à un de ses proches. Cela lèverait toute ambiguïté et mettrait un terme à certains bruits qui courent. Il est clair que cette commission qui se doit d’être totalement indépendante, ne peut pas être l’émanation de la présente commission administrative.

Moshé COHEN SABBAN