Mohamed El-Baradei, ex-chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et candidat déclaré à l’élection présidentielle prévue avant fin juin 2012 en Egypte, a dénoncé un « massacre » sur la place Tahrir au Caire.
« Du gaz lacrymogène contenant des agents innervants et des balles réelles sont utilisés contre les civils à Tahrir, c’est un massacre », a-t-il déclaré dans un message publié sur le site Twitter.

Au quatrième jour d’affrontements meurtriers entre police et manifestants sur la place emblématique du Caire, le Conseil suprême des forces armées (CSFA), au pouvoir depuis le départ du président Hosni Moubarak en février, a tenu une réunion avec plusieurs mouvements politiques.

Le CSFA y a notamment évoqué la possibilité de nommer M. ElBaradei comme nouveau Premier ministre, a affirmé à l’AFP une source militaire, mais cette hypothèse n’a pas été confirmée, alors que le gouvernement d’Essam Charaf est démissionnaire depuis lundi soir.

Vingt-huit personnes sont mortes depuis samedi en Egypte, où la colère gronde contre l’armée accusée de vouloir conserver le pouvoir.

Le CSFA s’est engagé mardi à organiser une élection présidentielle avant la fin juin 2012 et un possible référendum sur le transfert du pouvoir, sous la pression de dizaines de milliers de manifestants réclamant le retour de l’armée dans les casernes.

Le CAIRE, 22 nov 2011 (AFP)

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L’armée envisagerait El-Baradei comme Premier ministre (source militaire)

L’armée au pouvoir en Egypte a discuté mardi de la possibilité de nommer l’ancien haut fonctionnaire international Mohamed ElBaradei comme nouveau Premier ministre, a indiqué une source militaire à l’AFP.

L’ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) remplacerait Essam Charaf, dont le gouvernement a présenté lundi sa démission au Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui n’a pas encore dit s’il l’acceptait ou non.

Le nom de M. ElBaradei a été évoqué dans une réunion mardi entre le CSFA et diverses forces politiques, dont l’influent mouvement des Frères musulmans, selon cette source présente à la rencontre, qui s’exprimait sous couvert de l’anonymat.

Le nom d’Abdelmoneim Aboul Fotouh, candidat potentiel à la présidence et ancien membre des Frères musulmans, a également été évoqué lors de ces entretiens centrés sur la présentation de la démission du gouvernement Charaf.

Des milliers de personnes ont commencé de se rassembler en début d’après-midi sur l’emblématique place Tahrir pour revendiquer la remise au plus vite du pouvoir à une autorité civile, accusant le pouvoir militaire de chercher à s’incruster et de rééditer la politique de répression du régime de Moubarak.

Vingt-huit personnes ont perdu la vie depuis samedi dans des affrontements au Caire et d’autres villes entre forces de l’ordre et manifestants réclamant le départ au plus vite des militaires du pouvoir.

Opposant résolu au président Hosni Moubarak, renversé en février dernier, Mohamed ElBaradei est aujourd’hui très critique de la politique menée par le CSFA.

LE CAIRE, 22 nov 2011 (AFP)

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Mohamed El Baradei

Mohamed El Baradei (محمد البرادعي), souvent orthographié dans les médias anglophones ElBaradei (né le 17 juin 1942 au Caire en Égypte), directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de décembre 1997 à novembre 2009.

Il a obtenu en 2005 le prix Nobel de la paix avec l’Agence internationale de l’énergie atomique.

Biographie

Né d’un père avocat, il suit des études de droit à l’Université du Caire, où il obtient son diplôme en 1962.

Carrière internationale

Il commence en 1964 une carrière au service du ministère égyptien des Affaires étrangères. C’est durant cette période qu’il est chargé du contrôle des armes au sein de l’ONU. En 1974, il obtient un Ph.D. en droit international à l’Université de New York. De 1974 à 1978, il est l’assistant spécial du ministre égyptien des Affaires étrangères .

En 1980, il quitte le service diplomatique de son pays pour intégrer l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR), où il est chargé du programme de droit international. De 1981 à 1987, il est également professeur adjoint de droit international à l’Université de New York. En 1984 à 1993, il intègre l’AIEA en tant que membre du secrétariat. En 1993, il devient l’assistant du directeur général pour les relations extérieures jusqu’en 1997.

Il est directeur général de l’AIEA à partir du 1er décembre 1997. En septembre 2001 puis en juin 2005, il est réélu pour de nouveaux mandats de quatre ans. Durant la crise des armes de destructions massives irakiennes en 2003, il présente personnellement les différents rapports de l’AIEA au Conseil de sécurité des Nations unies. Il déplore que la politique américaine vis-à-vis de l’Iran et de la Corée du Nord ne permette pas de résoudre la question des armes nucléaires dans ces deux pays (1).

De 2007 à 2009, sur la dernière période de son troisième mandat, ses relations avec la France et le ministre des affaires étrangères Bernard Kouchner se tendent progressivement. En septembre 2007, à la suite des déclarations de Kouchner sur la possibilité d’une guerre avec l’Iran, El Baradei déclare que les autres options sont loin d’avoir été épuisées. Kouchner revient ensuite à une position beaucoup plus modérée (2, 3). Début septembre 2009, peu avant qu’il quitte ses fonctions à l’AIEA le 30 novembre 2009, Kouchner lors d’un entretien avec des journalistes (4), puis officiellement le ministère français des affaires étrangères5, l’accusent d’avoir fait retirer l’annexe d’un rapport de l’AIEA contenant des informations importantes sur la nucléarisation militaire de l’Iran, dont ils avaient eu connaissance précédemment lors d’un briefing technique. Ces accusations, aussi soutenues par Israël, sont vivement rejetées par El Baradei (5). Le journaliste du Times Catherine Philp indique que cette annexe contenait des éléments qui auraient été fournis par les service de renseignement occidentaux et qui auraient été rejetés car insuffisamment prouvés aux yeux de l’IAEA (6). Cette passe d’arme n’a pas plus de conséquences puisque le 1er octobre Kouchner indique que le dialogue avec l’Iran se poursuit, sans prévoir de sanctions supplémentaires (7).

En 2009, il est membre de deux associations de droit international, la International Law Association (en) et la American Society of International Law (en).

Engagement politique en Égypte

Il annonce vouloir être candidat en Égypte pour l’élection présidentielle de 2011 (8). Le 24 février 2010, il rencontre plusieurs leaders de l’opposition et intellectuels notables au Caire. Le meeting se conclut par l’annonce de la création d’un nouveau mouvement politique, l’Association nationale de changement. Ce mouvement vise à réformer la scène politique en général et l’article 76 de la constitution égyptienne en particulier. Cet article pose des restrictions dans l’organisation des élections présidentielles et les candidatures indépendantes.

Le 27 janvier, suite aux protestations égyptiennes de 2011, il revient de l’étranger pour soutenir les manifestants, exige que le gouvernement « cesse d’utiliser la violence, d’emprisonner les gens et de les torturer » et se propose pour « mener la transition » vers la démocratie (9). Le 30 janvier, les partis d’opposition de la « Coalition nationale pour le changement » le désignent comme leur porte-parole pour négocier avec Hosni Moubarak (10).

Il s’oppose aux réactions du président Moubarak aux manifestations du 25 janvier 2011, qu’il juge inadaptées à la situation et insuffisantes.

Notes et références

1. (fr) « M. ElBaradei dénonce les menaces lancées contre l’Iran et la Corée du Nord »  archive »>Article original, Le Monde

2. fr) « Nucléaire iranien Kouchner tempère ses propos »  archive »>Article original, radio-canada.ca, 18 septembre 2009

3. « Iran : Mme Rice et M. Kouchner privilégient la diplomatie »  archive »>Article original, iranfocus.com

4. « Iran: Paris demande à l’AIEA de communiquer les annexes de son rapport (Kouchner) »  archive »>Article original, www.journaux.ma

5. a et b « Iran: Paris maintient que le rapport AIEA ne contient pas tous les éléments »  archive »>Article original (Le Point/AFP)

6. (en) »Mohamed ElBaradei left out evidence of Iran bomb, France claims »  archive »>Article original, timesonline.co.uk

7. « Nucléaire iranien : Bernard Kouchner contre les sanctions »  archive »>Article original, lemonde.fr, 1er octobre 2009

8. (fr) El Baradei candidat à la présidence égyptienne  archive »>Article original

9. Jean-Pierre Perrin, « Mohamed el-Baradei, l’opposant trop distant », dans Libération, 29 janvier 2011

10. « Mohamed el-Baradei investi porte-parole de l’opposition égyptienne », dans Jeune Afrique, 30 janvier 2011 texte intégral  archive »>Article original« >Article original

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