On en oublierait presque l’affaire Diallo tant les rebondissements dans l’affaire DSK/Banon sont spectaculaires.
Les récits historiques et légendaires fourmillent de liaisons passionnées qui enchevêtrent en une seule fresque fiévreuse les sphères sentimentales, familiales et professionnelles. Vous raffolez de ces romans haletants et sulfureux, de ces liaisons dangereuses dont l’alchimie est susceptible de produire des conséquences collatérales aussi imprévisibles que dévastatrices, n’est-ce pas ? Et bien le niveau psychodramatique atteint par les derniers rebondissements de l’affaire Dominique Strauss-Kahn devrait pleinement combler vos désirs ! Attention, toute ressemblance avec une personne existant ou ayant existé n’est certainement pas fortuite…

Du mythe à la réalité

On se souvient tous du roman de Laclos, où le séducteur Valmont voulait tout : suborner la fille, pervertir la mère, posséder l’entremetteuse. On se souvient peut-être moins de cet épisode biblique de prédation inversée, où une mère et sa fille s’allièrent pour se jouer de deux autorités masculines, l’une spirituelle, l’autre temporelle.


Lorsque Hérodias (ou Hérodiade), princesse juive du début de l’ère chrétienne, mariée à son oncle Hérode Philippe Ier, fut désignée à la vindicte publique par le prophète Jean le Baptiste, pour s’être remariée avec Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et frère de son précédent époux, elle jura de se venger de l’homme pieux. L’occasion lui fut donnée lors du festin célébrant l’anniversaire de son conjoint. Poussant sa fille Salomé à l’enivrer de ses danses suaves afin qu’il exauçât le moindre de ses souhaits, elle obtint finalement sur un plateau la tête de Jean-Baptiste. Un trophée barbare – fruit de la vengeance pour la Bible, objet fétichiste de l’érotomanie pour Oscar Wilde – pour un sacrifice qui ne serait pas loin de rencontrer quelque résonance symbolique dans notre impitoyable univers contemporain.

Plus on est de fous…

Qui est le prédateur, qui est la proie dans l’affaire DSK-Banon ? Difficile à déterminer, même après que les principaux témoins aient été entendus par la police. Il existe toutefois une règle de bons sens, formalisée notamment par les sciences économiques, qui consiste à introduire « un choix tiers » pour lever une indétermination. Après rectification, « l’affaire DSK-Banon » pourrait donc bien s’appeler « l’affaire DSK-Banon-Mansouret » !

Durant ses six heures d’audition le 13 juillet à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), Anne Mansouret, la mère de la romancière Tristane Banon, a confirmé aux enquêteurs qu’elle avait bien dissuadé sa fille de porter plainte, après la tentative de viol présumée dont celle-ci aurait été victime en 2003. Selon des propos rapportés par l’Express  le 18 juillet 2011, l’élue socialiste de Haute-Normandie sollicitait dans les mois suivants l’avis de plusieurs magistrats.

« Près de huit mois plus tard, sans certificat médical, sans autre témoin direct, les chances d’aboutir sont quasi nulles ! », « Il y a de fortes chances qu’elle soit déboutée ! », lui aurait-on opposé. Découragée par ces avis défavorables, elle aurait persuadé sa fille de renoncer à toute action judiciaire, avant que Tristane ne revienne finalement sur sa décision début juillet. On connaît la suite, avec ce ping-pong des avocats des deux parties qui attaquent et contre-attaquent, sur fond de plainte pour dénonciation calomnieuse. La partie aurait pu se jouer piane-piane en France, en attendant que se referme le volet outre-Atlantique de l’affaire, mais c’était compter sans une détonation surprenante de type « pétard à deux mèches ».

« L’obscénité d’un soudard »

Il est des secrets si intimes qu’on ne les confie même pas à sa fille. Le brûlant aveu d’Anne Mansouret aux policiers en fait partie. « J’ai eu une relation sexuelle consentie mais brutale avec l’ex-patron du FMI », a-t-elle affirmé. Selon ses dires, la scène se serait produite en 2000 dans un bureau parisien de l’OCDE, que Dominique Strauss-Kahn occupait au titre de conseiller spécial du secrétaire général de l’organisation. Lorsqu’on l’interroge sur les raisons de son témoignage tardif, la mère de Tristane Banon argue qu’elle souhaite étayer la thèse, encore perçue comme iconoclaste, d’un prédateur sexuel chez qui pulsion rime avec domination. Un portrait loin de l’image polissonne mais somme toute encore assez polie du « séducteur invétéré, homme à femmes ».

Toutes les supputations sont encore possibles

Ces femmes sont-elles de connivence ? Mentent-elles ? Déforment-elles la vérité ? Sont-elles de nouvelles Salomé et Herodias à l’affût d’une tête (au sens métaphorique), celle de l’ex-futur présidentiable socialiste, ou celle du PS ? Ou bien ne sont-elles que des victimes d’un Valmont économiste, ou plus précisément d’un Mr Hyde capable de dissimuler sa véritable nature sous la sociabilité de Dr Jekyll ? Qui croire ?

Nul doute que d’autres éléments viendront encore nourrir le dossier. Pour l’heure, la prochaine étape est prévue en septembre, avec l’audition de François Hollande auquel Tristane Banon et sa mère se seraient confiées en 2003, alors qu’il était Premier secrétaire du parti socialiste.

Le plus – Nouvel Obs.com


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Armand Maruani

Chaque jour on tremble dans l’attente d’une nouvelle plainte . A qui le tour ? J’aime bien DSK , mais il a cartonné quand même.

Armand Maruani

On n’ose plus réagir , tellement les évènements se précipitent . On ne sait plus où mettre la tête . En tout cas Anne Mansouret n’est pas nette . Elle déclare avoir eu des rapports consentants mais que DSK était « brutal ».Honnêtement je suis mort de rire. Ce n’est pas une gamine quand même . Elle se prend pour le petit chaperon rouge ou quoi ?