Les communautés allemandes qui ont soutenu les nazis sous Hitler persécutaient déjà les juifs au Moyen-âge. La culture de la haine et du racisme franchit les siècles et les générations.

Du refus de Rosa Parks d’aller s’asseoir au fond du bus à Montgomery, Alabama, aux «neuf de Little Rock» qui défièrent la ségrégation scolaire dans l’Arkansas, la plupart des conflits autour des droits civiques du XXe siècle se sont déroulés sur le même champ de bataille qui avait vu le combat de la Confédération pour préserver l’esclavage cent ans auparavant.

Si un siècle semble vraiment une période très longue pour une telle continuité de la culture du racisme, que penser des découvertes d’une étude récente sur la persistance de l’antisémitisme en Allemagne: les communautés qui assassinèrent leurs populations juives pendant les épisodes de pogroms de la Peste noire au XIVe siècle furent davantage enclines que les autres à manifester une haine violente des juifs presque 600 ans plus tard. Une culture de l’intolérance peut en effet faire montre d’une réelle constance.

Pas facile de modifier l’une des caractéristiques d’une culture—qu’il s’agisse des normes, des attitudes ou des lois non-écrites d’un groupe humain. Les croyances passent des parents aux enfants, et les prises de position sur tous les sujets, de la maternité aux convictions religieuses en passant par la prise de risques, sont transmises de génération en génération. Les nouveaux venus d’une communauté, quant à eux, peuvent se sentir attirés par la culture du foyer qu’ils se sont choisi—les Européens qui aspirent à moins d’interventionnisme et à des impôts moins élevés choisissent de venir vivre aux États-Unis, par exemple, tandis que les Américains en quête d’un gouvernement omniprésent font le parcours inverse. Quand ils arrivent, ces migrants ont tendance à adopter l’attitude de ceux qui les entourent—les Italiens nés en Amérique ont des opinions plus «américaines» avec chaque génération qui passe.

Les «bonnes» attitudes culturelles—la confiance et la tolérance par exemple—peuvent par conséquent se maintenir au fil des générations. Mais le revers est que les «mauvaises» attitudes—la haine mutuelle et la xénophobie—sont tout aussi capables de se perpétuer.

Les auteurs de la nouvelle étude, Nico Voigtländer de l’UCLA et Joachim Voth de l’Universitat Pompeu Fabra, en Espagne, se penchent sur les racines historiques de l’antisémitisme virulent qui a trouvé son expression dans l’Allemagne nazie. Dans un sens, on peut considérer leur analyse comme une base pour la thèse extrêmement controversée avancée par l’ancien professeur de Harvard Daniel Goldhagen dans Les bourreaux volontaires de Hitler. Goldhagen y avance que le peuple allemand a fait preuve d’un antisémitisme «éliminationiste» profondément enraciné, développé au cours des siècles, qui en faisait des complices tout trouvés de la solution finale de Hitler. Pour comparer l’antisémitisme médiéval à la plus récente animosité contre les juifs, les chercheurs associent des documents historiques de la Germania Judaica, témoignage sur les communautés juives du Saint Empire romain, avec des données sur l’émergence de l’antisémitisme sous Hitler rassemblées dans l’Encyclopédie des communautés juives dans les régions germanophones de Klaus-Dieter Alicke.

Afin d’illustrer leur approche, Voigtländer et Voth ont choisi de comparer deux petites villes, Würzburg et Aachen, distantes de quelques centaines de kilomètres, qui comptaient à peine plus de 100 000 habitants en 1933 mais dont les réactions à l’idéologie nazie ont été très différentes.

La communauté juive des deux villes remontait au moins au XIIIe siècle. Quand la Peste noire survint en 1348, elle anéantit environ la moitié de la population européenne. En Allemagne, beaucoup considéraient que les juifs avaient provoqué la peste en empoisonnant les puits. Les juifs de Würzburg avaient déjà été la cible d’un violent pogrom 50 ans auparavant, pour «profanation des hosties» dans une église locale. En réalité, cette persécution avait sûrement davantage de rapport avec la grosse somme d’argent qu’un comte de la région devait à des usuriers juifs. Devant l’imminence d’une nouvelle attaque en 1349, la communauté préféra le suicide collectif. À Aachen en revanche, il n’y eut pas de pogrom lors de la Peste noire, malgré les avertissements d’autres communautés que faute d’initiative de la part de la ville, les juifs allaient certainement empoisonner les puits.

Avance rapide, et nous voici presque 600 ans plus tard. Si les pogroms étaient rares avant l’élection de Hitler en 1933, ils n’étaient pas inexistants. Et Würzburg fut l’une des 37 communautés à harceler les juifs sous la république de Weimar. Lors des élections nationales de 1928, le parti nazi, au programme clairement antisémite, obtint 6,3% des suffrages à Würzburg, soit près du double que dans le reste du district. À Aachen, il remporta environ 1% des voix. Lors de l’accession au pouvoir du parti nazi, 44% de la population de Wurzburg fut déportée dans des camps de concentration. À Aachen, 37% des habitants connurent le même sort—un chiffre tragiquement élevé bien sûr, mais bien inférieur à celui de Würzburg.

Voigtländer et Voth ont découvert que ce modèle s’appliquait aux villes allemandes à plus grande échelle. Les juifs étaient six fois plus susceptibles d’avoir été victimes d’agressions pendant les années 1920 dans les villes qui avaient organisé des pogroms lors de la Peste noire que dans des lieux comme Aachen. Dans la même veine, le parti nazi avait récolté 1,5 fois plus de voix dans les communautés qui avaient connu les pogroms du Moyen-âge. Les auteurs font de leur mieux pour baser leurs calculs sur des comparaisons de communautés aux attributs géographiques et autres relativement semblables (dans leur introduction, Voigtländer et Voth soulignent les différences marquées de traitement des juifs à travers les âges dans des communautés à 30 kilomètres de distance les unes des autres).

Mais toutes les villes n’ont pas manifesté un antisémitisme aussi inébranlable que Würzburg. Celles qui sont plus ouvertes sur l’extérieur—en particulier, les villes appartenant à la Hanse germanique d’Europe du Nord, balayée par une influence extérieure grâce au commerce et aux échanges—ne montrent quasiment aucune corrélation entre pogroms médiévaux et modernes. La même chose est valable pour les villes affichant de forts taux de croissance démographique—un taux de migration suffisant a pu permettre aux nouveaux arrivants d’influencer les attitudes culturelles locales.

Ce qui nous ramène à l’héritage du racisme Nord-Sud aux États-Unis depuis les années 1950. L’Amérique est un pays d’immigrants, et surtout, un pays à la forte mobilité intérieure, tout particulièrement au cours du dernier siècle. Cela ne signifie pas que le racisme ait disparu, bien qu’on puisse peut-être s’attendre à ce qu’il soit réparti de manière un peu plus homogène. Les preuves indiquent que c’est exactement l’effet qu’a le melting-pot américain. Le World Values Survey 2005-2007 sondage sociologique à l’échelle mondiale »>Article original indique par exemple que les blancs des états du sud, sur la côte atlantique, ne sont pas plus susceptibles que ceux de la Nouvelle-Angleterre de décréter qu’ils ne voudraient pas d’un voisin noir. Le glissement du paysage culturel américain semble davantage comparable aux villes de la Hanse germanique qu’à Würzburg ou Aachen.

Qu’est devenu Würzburg aujourd’hui? La ville fut réduite en cendres lors d’un bombardement en mars 1945, qui ne laissa que quelques bâtiments debout et fit des milliers de morts. À la fin de la guerre, les hommes étaient pratiquement tous morts ou prisonniers, et les femmes durent rebâtir leur ville à partir des décombres. Ce qui laisse espérer un nouveau départ. J’ai demandé au professeur Voth si la culture antisémite des habitants de Würzburg avait évolué dans les années d’après-guerre. Or, la ville a eu sa part de rassemblements néo-nazis, que la municipalité a tenté (en vain) d’interdire. Lors des élections de 2009, presque la moitié des suffrages est allée au parti conservateur de l’Union chrétienne-sociale, souvent associée aux politiques anti-immigration. Doit-on en déduire que des sentiments antisémites mijotent aussi sous le couvercle? Le professeur Voth n’a pas de certitudes, mais il compte bien en avoir le cœur net: à l’aide de données obtenues dans des sondages du XXIe siècle, lui et son co-auteur Voigtländer espèrent découvrir si une culture de la haine, à Würzburg ou ailleurs, peut aller jusqu’à résister au pilonnage par presque 1 300 tonnes de bombes alliées.

Ray Fisman

Traduit par Bérengère Viennot

Slate.fr

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Cen3461

Cet article fort instructutif et édifiant me conforte dans ma conviction que l’Allemagne fut, est et retera antisémite comme je l’ai toujours pensé et comme je l’écrivais le 5 novembre 2008.

L’Allemagne fut, est et restera antisémite

Bien que ce ne soit peut être pas intelligent, j’ai toujours considéré les Allemands comme collectivement responsables de la Shoah même s’il y en eut certes qui s’opposèrent à ces crimes en en faisant les frais et qui même, très rarement, sauvèrent des Juifs. Auprès de ces derniers, très rares, je m’incline et les remercie. Cependant, n’étant pas Abraham « marchandant » avec Hachem pour sauver les habitants de Sodome et Gomorrhe, je considère donc les Allemands, à quelques très rares exceptions près, comme collectivement responsables d’où mon aversion profonde, pour ne pas écrire mon dégoût, pour ce peuple qui voulut détruire mon Peuple, et j’adhère totalement à ce qu’écrivait le Professeur Vladimir Jankélévitch, ce philosophe juif franco-russe, germanophone et imprégné de culture allemande, pour qui le mot « pardon » ne pouvait aller de paire avec Allemands : « Ce peuple débonnaire devenu un peuple de chiens enragés de près ou de loin associé à l’entreprise de la gigantesque extermination, au crime le plus monstrueux de l’Histoire ». Lorsqu’il découvrit l’étendue du massacre résultant de la barbarie allemande, il décida de ne plus prononcer de mots allemands, de ne plus rien acheter d’allemand, de ne plus mettre les pieds en Allemagne.

Bien qu’étant très loin de posséder les qualités de cet homme, je calque mon attitude sur la sienne. Je n’achète rien d’allemand, mon premier critère d’achat étant que le produit ne soit pas fabriqué en Allemagne estimant que je n’ai pas à faire travailler l’économie d’un peuple, je le réécris, qui voulut détruire mon Peuple et qui, malheureusement, y parvint partiellement.

Inutile de faire savoir que j’enrage en voyant tous ces Juifs qui achètent des voitures allemandes sous des prétextes plus que spécieux et fallacieux à mon sens. J’enrage lorsqu’on me parle du rapport qualité/prix ou d’efficacité. Ah oui, ils étaient efficaces ces Allemands pour faire transporter le maximum de Juifs entassés dans des wagons à bestiaux ou pour en gazer le maximum en un minimum de temps !!! Quant à la langue allemande, je n’en ai jamais prononcé le moindre mot…….et ne m’en plains absolument pas, bien au contraire !

En conclusion de son essai « L’imprescriptible », le Pr. Jankélévitch écrivait, inversant les termes de la prière de Jésus dans l’Evangile selon Saint-Luc : « Seigneur, ne leur pardonnez pas car ils savent ce qu’ils font ». Cette phrase résume tout à elle seule et je me permets d’y souscrire totalement, n’oubliant et ne pardonnant JAMAIS ce que firent les Allemands à mes 6 millions de frères et sœurs dont 1 million et demi d’Enfants.

Le Pr. Jankélévitch compara donc les Allemands à des chiens, ce qui lui fut reproché. A cela, il rétorqua: « On nous reprochera de comparer ces malfaiteurs à des chiens? Je l’avoue en effet : la comparaison est injurieuse pour les chiens. Des chiens n’auraient pas inventé les fours crématoires ni pensé à faire des piqûres de phénol dans le cœur des petits enfants ».

« Le fils du léopard porte ses tâches » dit le proverbe yiddish. En janvier 2006, Ugo Rankl, auteur français, publiait un article sur le petit neveu d’Hermann Goering, Matthias, qui « voulait demander pardon aux Juifs au nom des Goering ». Certes, Matthias n’est pas le fils d’Hermann et bien sûr, les proverbes ne se vérifient pas toujours mais, voyez-vous, et il faudra bien m’en excuser, je suis resté sceptique à la lecture de cet article.

Ce Monsieur n’a rien à se faire pardonner et le titre de l’article, « Faut-il pardonner à Goering ? » en ce sens, ne me convient pas du tout. Le pardon devait être demandé aux victimes par les bourreaux. L’ont-ils fait ? Non que je sache et surtout pas Goering ! Et qu’on ne vienne pas me parler de « réparations allemandes » ! Comment peut-on et qui pourra réparer ne serait-ce que la perte d’une seule vie ? Alors 6 millions de vies dont 1 million et demi d’Enfants….Le pardon de ce génocide perpétré par les Allemands est IMPOSSIBLE.

Avec mon respect pour la Mémoire, je n’associerai jamais le mot « pardon » au nom « Goering », ce propagandiste d’une idéologie monstrueuse. L’année dernière, à la Bibliothèque Municipale de Boston, j’eus l’occasion de visiter une exposition sur l’épouvantable autodafé du 10 mai 1933 se déroulant place de l’Opéra à Berlin où, au cours d’une seule nuit, comme au temps des « brûleries » moyenâgeuses, des centaines de milliers de livres d’auteurs juifs furent brûlés à la grande joie d’une populace entièrement acquise à la cause immonde. Cette soirée de « liesse et de purification » était orchestrée par le non moins immonde Goering. Je le réécris, persiste et signe, pour moi « pardon » ne s’associera jamais à « Allemagne », jamais à « Goering ».

« Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes ». Et effectivement, après les livres, ce furent les Juifs qui furent brûlés !!! Ces Juifs à qui je « dirais » : vous avez été brutalisés, transportés dans des wagons à bestiaux, gazés et brûlés par des gens, par tous ces assassins qui avaient décidé que vous n’aviez pas votre place sur terre car vous étiez Juifs mais, pour ceux qui respectent la Mémoire, vous ne serez jamais une statistique car

-il nous reste de vous, et en particulier pour vous, mes chers Enfants déportés de France, vos noms, prénoms et âges portés sur différentes stèles à travers notre pays, sur les murs des écoles et dans des parcs qui vous étaient interdits par les lois d’un certain Maréchal-traître et sa clique de collaborateurs qui « avaient capitulé, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude ». Ces mêmes infâmes gens qui trahirent vos Parents français installés en France depuis plusieurs générations et vos parents étrangers qui croyaient trouver dans ce pays, le pays des droits de l’Homme, la tranquillité et la sécurité qui n’existaient plus dans leur pays d’origine, qui croyaient devenir « heureux comme D.ieu en France ». De plus, grâce aux énormes travaux de Serge Klarsfeld et grâce au Rabbin Daniel Farhi, les noms de tous les Juifs déportés de France sont lus à l’occasion du Yom HaShoah. Ces Juifs qui n’eurent pas droit à un Kaddish, eux qui, comme les 6 millions de Juifs, victimes de la barbarie et la sauvagerie hitlériennes, sont « morts sans sépulture ».
-il nous reste de vous tous, Déportés de France, vos noms avec l’année de votre déportation sur le Mur des Noms du Mémorial de la Shoah de Paris,
-il nous reste de vous, pour une partie des 11.400 Enfants juifs déportés de France, votre état-civil, votre adresse « d’arrestation » et vos photos avec vos sourires innocents et ce grâce à Beate et Serge Klarsfeld, elle appartenant au peuple bourreau et lui au peuple victime.

Je n’oublierai JAMAIS que près de 76.000 Juifs de France furent assassinés dont 11.400 Enfants qui font partie du million et demi d’Enfants Juifs massacrés en Europe par des sauvages de mémoires maudites à tout jamais.

Que la mémoire de tous nos innocents assassinés soient bénies à tout jamais ! Amen !

*
* *

Pour en revenir à tous ces Enfants assassinés, je me remémore ce proverbe : « Un pays ne vaut que par ses enfants ». Que devrions-nous penser, dire et écrire pour ce million et demi de vies d’Enfants Juifs anéanties ?

Combien, parmi ce million et demi d’Enfants Juifs assassinés pendant la Shoah, ce crime monstrueux, unique en son genre, y aurait-t-il eu d’« Anne Franck », d’« Einstein » et de prix Nobel qui seraient venus renforcer ainsi le génie des Juifs ?

Ne peut-on s’empêcher de penser que parmi ces Enfants assassinés plusieurs d’entre eux auraient trouvé des énergies de substitution au pétrole ? Ou des moyens, pour le bien être de l’Humanité entière, car ce crime est bien un crime contre l’Humanité, de « conquérir » l’Espace et « coloniser » ainsi la Lune ou une autre planète ?

De combien de milliers de génies l’Humanité a-t-elle très vraisemblablement été privée ?

Quels progrès la science et la médecine auraient-elles faits sans le massacre de ces martyrs ? Cancer, Sida, maladies de Parkinson et d’Alzheimer et autres calamités médicales auraient ainsi été rejoindre celles dont on ne parle plus…….ou que très rarement !

Personnellement, concernant ces sauvages qui assassinèrent, je le réécris et ne le réécrirai jamais assez, 6 millions de Juifs dont 1 million et demi d’Enfants, ni je n’oublie, bien naturellement, ni ne pardonne. Qui serai-je d’ailleurs pour pardonner lorsque je pense à toutes ces horreurs encore vues dans la rediffusion télévisée du film de Patrick Rotman « Les Survivants » ? Oui, qui serai-je ? Seuls les bourreaux auraient pu demander pardon à leurs victimes……et ils ne l’ont pas fait !

NI OUBLI NI PARDON,

Nos Morts nous regardent et nous entendent !
Paul Eluard écrivait : « Il n’y a pas de salut sur terre tant qu’on peut pardonner aux bourreaux »

Je vais tellement plus loin dans mon dégoût de l’Allemagne, j’insiste bien sur mon dégoût, que lorsque mon médecin me prescrit un nouveau médicament, je l’interroge de suite afin de savoir si ce n’est pas un médicament allemand. Si oui, je lui demande de m’en prescrire un qui ne le soit pas, lui exposant mes raisons s’il me les demande. Il est bien évident que s’il n’en existait pas, je l’accepterais n’allant pas jusqu’à réagir comme ce personnage d’une chanson de Brassens, « Corne d’Auroch », qui se laissa mourir plutôt que de prendre un médicament allemand. Cela, je ne le ferai pas, ne voulant pas donner une « victoire » à ces bourreaux allemands qui assassinèrent, je le réécris, 6 millions des miens dont 1 million et demi d’Enfants.

Je n’ai plus les statistiques sous les yeux (c’est pour cela que j’écris au conditionnel) mais j’avais lu il y a quelque temps que ce serait en Allemagne qu’auraient été perpétrés le plus grand nombre d’actes antisémites par des « non arabo-musulmans ».

Danielle Attelan, dans un article paru le 28 octobre 2008 sur GUYSEN (http://www.guysen.com/articles.php?sid=8319), mentionne entre autres
– que « de nombreuses études révèlent un regain d’incidents et de sentiments antisémites au cours de ces dernières années »,
– qu’« une étude publiée en septembre par le centre de recherche à Washington révèle que 25% des Allemands portent un regard défavorable sur les Juifs »,
– qu’« il y a encore trois semaines, dans la ville de Iéna, des supporters entonnaient des chants antisémites au cours d’un match de football »,
– que « selon les statistiques rapportées par les membres du Parlement fédéral, chaque semaine un cimetière juif est vandalisé en Allemagne »,
– que « le 29 avril dernier, à la veille de la commémoration de la Shoah, 30 tombes juives sont profanées à Berlin »,
– l’existence d’un « campement de vacances nazi dans le nord-est du pays ; 39 enfants de 8 à 14 ans y séjournaient en uniforme militaire ».

Et de me demander après tout cela comment près de 200.000 Juifs peuvent encore vivre en Allemagne de nos jours !!! J’ai même lu que les Israéliens voulant prendre la nationalité allemande (quelle méprisable idée !) devaient, d’après la loi allemande, renoncer à leur nationalité israélienne !

*
* *

Sans aucun rapport naturellement avec ce qui précède, j’avoue que je fus très froissé d’apprendre que Mme Sarkozy, faisant la promotion de son nouvel album « Comme si de rien n’était », chanta le 4 octobre, en Anglais, ce qui pour la « Première Dame de France » n’est peut être pas très élégant, mais c’est encore rien, car pire, pour la télévision allemande et le comble, à Nuremberg. Le 4 octobre, veille du jour où nous, Juifs de France, assistions dans la tristesse et le recueillement à la traditionnelle Cérémonie dédiée aux Victimes sans sépulture de la Shoah. A ces malheureuses victimes des lois édictées le 15 septembre 1935 dans cette même ville de Nuremberg, lois qui menèrent ensuite aux criminelles décisions de la conférence de Wannsee le 20 janvier 1942 et à la « solution finale ». Le 4 octobre, veille du jour où nous récitions le Kaddish pour ces 6 millions de nos frères et sœurs qui n’en eurent pas droit ! Mais Mme Sarkozy ignorait peut être ces coïncidences de dates auquel cas il faudra excuser sa « prestation télévisée » et s’adresser au Seigneur en lui demandant de « lui pardonner car elle ne savait pas ce qu’elle faisait ».

*
* *

Avec toutes mes excuses pour la dureté de certains de mes propos mais je ne pouvais décidément pas rester silencieux face à cet antisémitisme allemand, face à cette Allemagne dont « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde ». (Citation de Bertolt Brecht, non Juif, dont les œuvres furent brûlées en même temps que les œuvres d’auteurs juifs lors de l’autodafé du 10 mai 1933).

L’article de Ray Fishman que vous publiait ne fait, je le réécris, que me conforter dans ma conviction que

L’Allemagne fut, est et restera antisémite