Dans cette histoire, on trouve un établissement hôtelier au passé problématique, Le Lutetia, un groupe de déportés juifs qui, malgré le temps, n’ont pas fini d’ouvrir leurs grandes bouches, et un groupe d’anciens résistants portant, 70 ans après la guerre, un regard toujours condescendant sur ces mêmes déportés juifs.

1945  

         L’accueil inadmissible des survivants

             par les démocraties européennes 

Ils ne bénéficièrent d’aucune attention particulière que leur état de profonde détresse desservait. Ils furent parfois en but à des déclarations antisémites dignes du nazisme. Il faut s’en rappeler.

 

En Europe occidentale le nombre des survivants juifs des camps de la mort de retour chez eux ne dépasse pas 15 000 personnes.[1] 5 450 juifs déportés sont revenus aux Pays-Bas.[2]  6 500 si l’on ajoute les Juifs qui se trouvent dans le camp hollandais de Westerbork.[3] 3 500 reviennent en France, 5 000 avec les 1 500 détenus de Drancy.[4] En Belgique le nombre de déportés revenus est de 1 335. Ce chiffre passe à 5 900 si l’on inclut les Juifs déportés ou internés en camps ou en prisons en Belgique, France et Hollande.[5] On aurait pensé qu’avec ces effectifs malheureusement très modestes, leurs pays d’origine auraient pu organiser un accueil à la hauteur des souffrances subies. Il n’en fut rien.

Dans les trois démocraties, les autorités ont refusé toute aide, toute considération particulière aux survivants juifs. A Amsterdam par exemple une organisation juive rapporte que « toutes les catégories (de rapatriés) sont traitées de la même façon. »[6] Il ne faut pas s’étonner de cette attitude alors qu’un dirigeant du gouvernement hollandais en exil à Londres a déclaré : « Nous ne sommes pas comme les nazis, nous ne faisons pas de différence entre les citoyens juifs et les citoyens non juifs. »[7]

Les Belges refusent tout avantage aux survivants juifs, car cela aurait signifié la reconnaissance de la « question juive », ce qui doit absolument être évité. Les Juifs ne doivent être distingués du reste de la société que par la religion.[8] En France la position de la loi du 8 août 1945 rend nulles et non avenues toutes les mesures discriminatoires à l’égard des Juifs. En conséquence, les autorités françaises répondent aux organisations juives qui demandent un traitement préférentiel : « Nous sortons de quatre années de racisme, ne soyez pas vous-mêmes racistes…. Le gouvernement français ne reconnaît aucun problème juif distinct. »[9] Il traite les déportés juifs de retour comme les autres. Et pourtant, paradoxe, des rescapés ont été enregistrés à plusieurs reprises avec la mention « Juif » sur leur carte de rapatriement à leur arrivée à Paris ou à Amsterdam.[10]

Et comment accepter l’ostracisme dont furent victimes certains survivants. Des Juifs allemands devenus apatrides après avoir quitté le Reich dans les années trente ont été déportés des Pays-Bas pendant l’occupation. En juin 1945, ils sont rapatriés de Bergen-Belsen. Les autorités hollandaises les emprisonnent comme Allemands avec des SS et des nationaux-socialistes hollandais dans le camp de Vilt, près de Maastrich.[11] En France, des Juifs étrangers sont arrêtés parce qu’ils ont de faux papiers datant du temps de leur clandestinité. Ils ont réussi à échapper à la Gestapo et sont, après la Libération, plusieurs à se retrouver au Camp de Drancy internés parmi des collaborateurs.[12] A la Libération du camp de transit juif de Westerbork en Hollande 896 Juifs s’y trouvent. Le 24 mai ils sont encore 300, le 7 juillet 120. Le processus de contrôle des autorités hollandaises est long, beaucoup trop long ![13]

Unanimes, les gouvernements considèrent que l’aide est du ressort des communautés juives nationales et de leurs organisations. Ce sont elles qui doivent prendre en charge les survivants juifs de retour, les autorités estimant qu’elles n’ont aucune responsabilité à cet égard au-delà de ce qu’elles font pour les autres déportés. Des communautés juives importantes ont survécu dans ces pays. Elles ont rapidement mis sur pied des organisations de secours. L’Aide aux Israélites victimes de la guerre en Belgique en octobre 1944. Le Jewish Coordination Committee aux Pays-Bas en janvier 1945.[14] En France le Comité juif d’action sociale et de reconstruction.[15]

A un mauvais accueil difficile à admettre s’ajoute une atmosphère antisémite insupportable. La lecture du journal démocrate-chrétien Het Volk daté du 30 avril 1946 en témoigne : « Il est incroyable combien d’étrangers vivent illégalement en Belgique en ce moment. …. Avant la guerre, 75 000 Juifs résidaient en Belgique et maintenant, malgré leur persécution par les Allemands, ils sont encore au moins 40 000 à 50 000…. Il faut espérer un large balai,..»[16] Même un pays comme les Pays-Bas, connu avant la guerre pour la faiblesse de son antisémitisme, est atteint par ce cancer. En 1944 dans un rapport remis au gouvernement de Londres par une organisation de résistance, on peut lire : « Comme objectif le rétablissement d’une communauté juive est à la fois incorrect et indésirable…. Il n’y a pas de place pour une reconnaissance morale séparée. »[17] Une lettre publiée le 4 avril 1945 par Vrij Nederland reflète l’attitude d’une partie de la population hollandaise. Les Juifs « utilisent toute leur énergie et influence à s’entraider … le moment est venu de montrer que nous ne voulons pas être envahis à nouveau. »[18]

Au printemps 1945, un auteur hollandais écrit dans un livre : « Bien sûr le problème juif est une question brûlante, mais ceux qui cherchent une solution par la haine et l’envie ont rejeté l’amour chrétien… Bien sûr, le monde chrétien devra mener son combat contre l’hégémonie juive, mais cela sera une lutte selon ses propres principes. »[19] On reste confondu par de telles prises de position et ce ne sont pas les propos convenus du premier ministre Pieter Gerbrandy qui changeront les choses. Le 13 avril 1945 à Eindhoven, questionné sur sa position sur l’antisémitisme, il répond : « C’est inadmissible. Je ne peux comprendre que quelqu’un puisse être antisémite. Ce n’est pas chrétien, nos Juifs ont souffert de la manière la plus horrible. »[20] Au-delà de paroles lénifiantes, des chrétiens ont montré leur solidarité. « Au premier service qui se tint à la synagogue d’Amsterdam, en mai 1945, quatre cinquièmes des participants furent des non juifs qui vinrent pour exprimer leur sympathie pour leurs voisins juifs », pouvait-on lire dans l’American Jewish Yearbook.[21]

Les survivants ont espéré que le monde qui les a abandonnés aux bourreaux nazis allait assumer sa responsabilité. Ils n’ont eu droit qu’à la pitié. Ce qu’ils ont enduré méritait d’être reconnu. Ils ont recueilli l’indifférence. Les Juifs sont exclus de la reconnaissance nationale. Elle est réservée aux Résistants et aux politiques déportés et dans une moindre mesure aux prisonniers de guerre. Alain Finkieltkraut en donne la raison : « Les anciens membres de la résistance désiraient eux-mêmes se distinguer des survivants juifs. Ils soulignaient qu’ils avaient été déportés pour les actions qu’ils avaient menées et non pour ce qu’ils étaient. »[22] Ce sont eux que l’on a parfois appelés « les survivants passifs », oubliant les nombreux Juifs qui ont résisté.[23]

Le monde n’avait pas pris la mesure de la « catastrophe » subie par la communauté juive d’Europe. La « destruction des Juifs », telle qu’elle est comprise aujourd’hui avec les termes « génocide », « holocauste », « shoah », n’est apparue que des années plus tard. Il faut aussi attendre « l’inversion des mémoires qui sont passées de l’hégémonie des déportés résistants durant les premières décennies de l’après-guerre à l’attention prédominante pour les victimes juives lors des dernières décennies du XXème siècle. »[24]

En cette fin août 1945, la dimension de la Shoah n’est pas encore connue et les victimes sont le plus souvent ignorées. Les survivants de la Shoah sont 50 000 dans les camps de DP occidentaux et des centaines de mille dans l’Est de l’Europe. Ils vont pendant des années attendre « une délivrance définitive », oubliés par un monde qui les refuse, qui les exclut.

 Par Marc-André Chargueraud

 

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[1] Un peu plus de 10 000 en provenance des camps de concentration occidentaux.

[2] DWORK Deborah et VAN PELT, The Netherland, in WYMAN David Ed. The World Reacts to the Holocaust, The John Hopkins University Press, Baltimore et Londres, 1996. p. 55.

[3] MOORE, op. cit. p. 229.

[4] WEINBERG David, France, in WYMAN David Ed. The World Reacts to the Holocaust, The John Hopkins University Press, Baltimore et Londres, 1996. p. 15 KASPI, op. Cit. p. 383.

[5] CAESTECKER Frank, Belgium, in BANKIER David ed. The Jews are Coming Back: The Return of the Jews to their Country of Origin after WW II, Berhahn, New York, 2004. p.74.

[6] HONDIUS Dienke, Holocaust Survivors and Dutch Antisemitism, PraegerWestport, 2003. p. 138. Rapport du 8 juin 1945 de l’organisation anglaise du Jewish Relief Unit.

[7] CHESNOFF Richard, Pack of Thieves : How Hitler and Europe Plundered the Jews and Committed the Greatest Theft in History, London- Phoenix, 2000. p. 96.

[8] CAESTECKER, op. Cit. p. 104.

[9] POZNANSKI Renée, France, in BANKIER David ed. The Jews are Coming Back: The Return of the Jews to their Country of Origin after WW II, Berhahn, New York, 2004. p. 45.

[10] LAGROU Pieter, The Legacy of Nazi Occupation in Western Europe. Patriotic Memories and National Recovery.1945-1965, Cambridge University Press, Cambridge Mass, 2000. p. 243.

[11] HONDIUS, op. cit. p. 113. Lagrou 2000, p. 243.  En Belgique ces Juifs seront classés comme citoyens ennemis et en subissent le sort pendant de long mois. LAGROU in BANKIER 2004, p. 84 et 86.

[12] BAUER1989, op. cit. p. 32.

[13] MOORE, op. cit.p. 229.

[14] HONDIUS 2003, p. 39.

[15] WEINBERG, op. cit.17.

[16] CAESTECKER, op. cit. p. 98.

[17] HONDIUS, op. cit.  p. 52.

[18] IBID, p. 96.

[19] LAGROU, op. cit. p. 244.

[20] HONDIUS, op. cit. p. 152.

[21] CONNY Kristel,  Netherland, in BANKIER David ed. The Jews are Coming Back: The Return of the Jews to their Country of Origin after WW II, Berhahn, New York, 2004, p. 138. American Jewish Yearbook 1945/1946, p. 383.

[22] HONDIUS, op. cit. p. 124. Citant FINKELKRAUT, La mémoire vaine. Du crime contre l’humanité, Paris 1989, p. 36. LAGROU 2000, p. 214 cite la Fédération nationale des déportés et internés de la résistance : « Sans sous-estimer, même si peu que ce soit, le mérite des malheureux qui ont souffert… chacun mesurera la différence qui apparaît entre la fatalité dans l’épreuve et le risque librement encouru. C’est précisément de propos délibéré et dans un sentiment spontané d’abnégation que les volontaires de la résistance acceptèrent par avance toutes les conséquences de leurs actes. »

[23] HONDIUS, op. cit. p.126. L’expression est de l’historien belge Pieter Lagrou.

[24] LAGROU, op. cit. p. 240.


 

Petit drame à l’hôtel Lutetia : les déportés juifs veulent des excuses

Le 4 octobre, lors du dîner mensuel des résistants et déportés de la Shoah, un manque de considération de l’hôtel parisien a ravivé les douleurs de la Libération.

Stéphane Edelson, journaliste, suit depuis des années un groupe de déportés habitués de ces dîners du Lutetia.

Jeudi, il a assisté à l’incident, symptomatique selon lui d’un manque de respect de plus en plus appuyé de la part de l’hôtel, au fil des années, envers ces « vieux ».

Comme dans une comédie italienne, jeudi, des octogénaires ont fait un incroyable esclandre au milieu du restaurant du très select hôtel Lutetia, à Paris.

Dans cette histoire, on trouve un établissement hôtelier au passé problématique, un groupe de déportés juifs qui, malgré le temps, n’ont pas fini d’ouvrir leurs grandes bouches, et un groupe d’anciens résistants portant, 70 ans après la guerre, un regard toujours condescendant sur ces mêmes déportés juifs.

Un lieu symbolique du retour des camps

Une fois par mois, les déportés et les résistants se retrouvent pour un dîner au Lutetia qui, fort d’avoir été le siège de l’Abwehr (le service de renseignements de l’état-major allemand), se rattrape en proposant aux associations d’anciens résistants un repas à 23 euros.

La table des rsistants  l'htel Lutetia, au printemps 2012

La table des résistants à l’hôtel Lutetia, au printemps 2012 – Stéphane Edelson

Dans l’immédiat après-guerre, la plupart des déportés juifs ne faisaient pas partie de ces associations car « déportés civils ». Puis les résistants, au fil du temps et des disparitions, les ont invités à les rejoindre.

D’abord des juifs déportés de Pologne ne bénéficiant pas d’indemnisations de la part de France en tant que victimes de guerre. Puis des juifs déportés de France, comme Marceline Loridan, Benjamin Sadia ou Ginette Kolinka.

Si les déportés ont continué à venir, c’est que le Lutetia est un lieu hautement symbolique de leur retour à la vie.

Reportage d’avril 1945 sur le retour à Paris de déportés et prisonniers

Les résistants d’un côté, les déportés juifs de l’autre

Avec le temps, les effectifs s’amenuisent et il n’y a plus de véritable association constituée, mais les restes de l’Union nationale des déportés, internés et victimes de guerre où l’on trouve des déportés, quelques résistants, mais aussi des anciens combattant de l’Algérie. Tous se réunissent autour de trois grandes tables rondes au restaurant du Lutetia.

Les anciens résistants d’un côté, les déportés juifs de l’autre.

La table des dports

La table des déportés « gueulards » à l’hôtel Lutetia, au printemps 2012 – Stéphane Edelson

Mais jeudi 4 octobre, ça a chauffé quand Armand Bulwa, rescapé de Pologne et de Buchenwald, constate qu’il n’y a qu’une table ronde de réservée pour les résistants et qu’eux, les déportés juifs, se retrouvent relégués à un autre endroit de la salle, sur des petites tables, avec une serviette en papier en guise de nappe et les couverts posés dessus.

Avec son camarade de déportation, le peintre et sculpteur Walter Spitzer, il encourage alors les convives installés, eux, à la jolie table ronde, à protester et à venir par solidarité s’asseoir à leurs côtés. Ce qu’ils font.

Puis Armand et Walter, rejoints par Elie Buzyn, Marceline Loridan-Ivens et Benjamin Sadia, des anciens d’Auschwitz, réclament qu’on leur mette des nappes comme pour les autres clients du restaurant. Le Lutetia leur répond que « c’est comme ça » pour les menus à ce prix.

Armand Bulwa fait remarquer que ce repas est issu d’un accord avec l’hôtel depuis leur retour des camps en 1945. Le chef de salle lui répond alors :

 « 1945, je m’en fous. »

« On nous traite comme des moins que rien »

Il n’en faut pas plus pour que les octogénaires, survivants de la Shoah, se lèvent et fassent un scandale dans le restaurant. Reconnue par de nombreux dîneurs, Marceline Loridan-Ivens, réalisatrice, comédienne et écrivaine, les prend à témoin. Du haut de son 1,54 m et avec l’énergie d’une ado de 15 ans :

« Voyez, vous avez des nappes et nous, on nous traite comme des moins que rien. »

Finalement, les autres, « les résistants », n’ont pas bougé et les sept frondeurs et leurs quatre accompagnants ont quitté les arènes du Lutetia.

Réaction du Lutetia

Contacté, le directeur général du Lutetia raconte que « des clients mécontents, il y en a toujours. Le Lutetia ne reçoit pas ce groupe pour faire de l’argent mais pour l’Histoire. J’ai eu le “feedback” des employés, et personne n’aurait dit “45, je m’en fous” » (ce que j’ai pourtant distinctement entendu).

 

Il conclut en disant que ceux qui sont partis seront toujours les bienvenus.

Après une courte marche, ils ont trouvé asile rue Rousselet, au Domaine de Lintillac, avec un menu à 20 euros et des nappes «  sans supplément », ajoute Benjamin Savia.

Ceux qui n’avaient pas quitté le Lutetia sont depuis en pleines luttes intestines. Le journaliste Arthur Dreyfuss m’a confié qu’un ancien résistant lui avait dit :

« Les camarades polonais ont toujours profité du menu négocié par notre association alors qu’ils ne règlent pas leur cotisation. »
Le groupe de

Le groupe de « frondeurs » devant Le Domaine de Lintillac, le 4 octobre 2012 – Stéphane Edelson

« On ne reviendra pas sans excuses »

D’autres se font pressants auprès des frondeurs pour qu’ils reviennent. Un des sept révoltés, Elie Buzyn, fait remarquer :

« Contrairement à l’après-guerre, nous ne sommes plus regardés comme des gens suspects, ceux dont le récit est inimaginable et qui essayaient d’exister au milieu de la foule des résistants solidaires et héroïques. Sans nous, les repas des anciens des camps n’ont plus de raison de se tenir. »

Le sculpteur Shelomo Selinger ajoute :

« Nous étions des gamins de 15 ans en 45. Il n’y a plus que nous et personne après nous ! »

« Mais on ne reviendra pas sans qu’ils [le Lutetia] se soient excusés ! », lance Walter Spitzer. Tous les autres de reprendre, solidaires et pleins de gouaille :  « Y a intérêt ! »

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Ratfucker

Icône des coeurs saignants, l’Abbé Pierre, grand pote de Garaudy, modèle de Cédric Herrou, proclamait dans sa profession de foi lors des élections législatives de 1946 http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/abbe-pierre/profession_foi.asp
– Immigration étroitement filtrée.
– Expulsion immédiate des immigrés indésirables.
Il est vrai qu’à l’époque, les immigrants en question n’étaient pas des djihadistes en mission ou des gangsters ivoiriens mais des survivants d’Auschwitz fuyant les pogroms de Pologne.