Un tournant pour le Moyen-Orient

Le conflit entre l’Iran et ses supplétifs, d’un côté et les pays arabes du Golfe, où commence à s’exercer une certaine « modération », menée par l’Arabie Saoudite et son jeune Prince qui entreprend une modernisation à marche forcée, n’est en fait que la pointe visible de l’Iceberg, du changement tectonique qui est en train de refaçonner de fond en comble le Moyen-Orient. Le Brigadier de réserve Hannan Gefen discute des changements géopolitiques conséquents dans la région.

Quiconque qui a déjà été impliqué dans l’analyse des renseignements sait à quel point il est difficile de repérer et de qualifier un changement de tendance ou un tournant, en particulier dans le cadre d’un processus prolongé et continu.

Pour nous, en tant qu’Israéliens qui avons expérimenté les menaces de de destruction totale et les attentats terroristes graves, et qui continuons de faire l’expérience d’un terrorisme localisé, il est difficile de lever la tête hors du guidon et de scanner (passer en revue) l’horizon autour de nous. Cette difficulté s’intensifie encore, à cause des restrictions de langage que nous nous imposons (censure militaire, etc.).

Après un certain nombre d’années à observer des signes de changement, on peut déterminer que ces plaques tectoniques sont actuellement en mouvement à travers tout le Moyen-Orient. En tant qu’orientaliste vétéran, je me surprends moi-même fréquemment à me frotter les yeux d’incrédulité – à tel point le changement que nous entreprenons me paraît stupéfiant.

La pointe visible de l’iceberg, aujourd’hui, c’est le conflit entre les pays arabes et l’Iran (dont un des facteurs remarquables est le boycott économique imposé par les pays du Golfe contre le Qatar). La nature de ce conflit repose sur un affrontement entre une doctrine islamiste révolutionnaire qui aspire à se répandre et la politique récemment adoptée par les Emirats du Golfe et d’autres pays arabes considérés comme modérés (Egypte-Jordanie).

Apparemment, les explications immédiates deviennent évidentes- le bras de fer sunnite-chiite ; la menace de l’Islam radical sur le modèle de l’Etat Islamique ; le réveil des mouvements claniques ou tribaux, dans le cadre des tourmentes du « Printemps Arabe » ; les changements dans la politique suivie par les super-puissances – mais tout ce qui précède ne peut pas tout expliquer de ce qui se déroule sous nos yeux aujourd’hui.

A travers un processus qui dure depuis de nombreuses années, dans lequel des ressources substantielles sont impliquées (dont l’essentiel a été la contribution de l’économie fondée sur le pétrole), en même temps que la modernisation des systèmes d’enseignement et l’exposition significative au discours mondialisé -plusieurs générations ont grandi, en développant une vision du monde beaucoup plus vaste et des ambitions personnelles et nationales différentes.

Forgées selon l’esprit de l’époque et les progrès réalisés, en général, ces ambitions se sont accordées avec une quête de la qualité de vie, l’évolution économique et commerciale et le développement des industries du High-Tech et de entrepreneuriat.

Les moyens de communication avancés développés au cours de ces deux dernières décennies ont accompagné la diversification des sources d’information disponibles et la communication inter-personnelle. Comme conséquence de ces processus, les sociétés entreprennent un processus éducatif rapide qui comprend des facteurs de renforcement de  tendances telles que le sécularisme (laïcisation) et l’opposition aux éléments extrémistes radicaux et marginaux.

L’Egypte est un bon exemple de la complexité der ce processus et de ses contre-réactions, mais aussi du réel pouvoir du processus de changement. Ce mouvement qui a conduit au renversement du Président Moubarak était constitué de jeunes post-adolescents cultivés, mais les Frères Musulmans sont bien ceux qui se sont, tout d’abord, emparés du pouvoir et la contre-réaction de l’armée égyptienne n’a pas tardé à se faire entendre. Le mouvement des jeunes cultivés continue à opérer en Egypte, avec encore plus de force et réclame sa juste place dans la vie nationale et économique de ce pays, avec les reculs sur les droits de l’homme de l’appareil d’Etat -par ailleurs confronté au terrorisme-, qui en a fait une tradition.

En Iran également, chacun se souvient des émeutes sanglantes de 2009, qui avaient éclaté après l’échec du candidat réformiste « vert » à supplanter le Président Ahmadinedjad, dans le cadre d’élections truquées. Ces émeutes étaient menées par de jeunes des milieux cultives de Téhéran et de diverses autres grandes villes, diplômés des principales universités. Jusqu’à présent, les autorités iraniennes ont réussi à les réprimer, mais le processus de changement souterrain n’a pas été arrêté.

En outre, on peut estimer que l’oppression interne en Iran depuis les émeutes de 2009 et la politique de la poigne de fer incarnée par les Gardiens de la Révolution Islamique (CGRI) et les autres services de sécurité (Bassidjis) débouchera, en définitive, sur l’effet inverse par une explosion inévitable. Il est impossible de rompre complètement le dialogue entre la population d’Iran et le monde libre. Cela aurait été possible il y a quarante ou cinquante ans. L’Internet est, sans l’ombre d’un doute, l »un des principaux casse-têtes des services de renseignements iraniens.

Mais la plus grosse surprise pour tout un chacun qui observe ces évolutions provient des voix modérées qui s’expriment, constamment, dans des pays du second cercle (autour d’Israël), comme l’Arabie Saoudite, le Soudan, les Etats du Golfe et d’autres, à l’égard d’Israël.

Les peuples de ces pays posent des questions sur le fait que par le passé personne n’ait osé écrire ou s’exprimer dans les médias,pour demander pourquoi les relations avec Israël n’étaient toujours pas normalisées, quand et comment reconnaître Israël, les avantages de relations avec Israël, les succes stories (histoires à succès) d’Israël dans les domaines de l’économie et de la technologie si on les compare aux échecs arabes magistraux et encore des questions concernant la véritable position et l’importance réelle du conflit palestino-israélien si on le compare aux guerres sanguinaires et aux désastres politiques qui  se déroulent en ce moment même dans le monde arabe.

Israël est conçu comme un facteur stabilisateur et comme un allié qu’il vaut vraiment la peine d’incorporer dans le domaine stratégique qui est actuellement en train de se consolider face à l’Iran et à ses menaces.

Ces tendances se reflètent aussi au travers de certains processus pratiques au cours de ces dernières années – en relation avec toutes les conflagrations armées où Israël a été impliqué au cours de la dernière décennie.

Au cours de la Deuxième guerre du Liban et de toutes les opérations militaires menées contre la Bande de Gaza, le monde arabe s’est tenu à l’écart. Des parties entières ont même exprimé leur soutien à l’action d’Israël et il y avait même ceux qui manifestaient ouvertement leur espoir de la réussite d’Israël (comme les Sunnites au Liban au cours de la Seconde Guerre du Liban en 2006).

Les Palestiniens ont perdu l’essentiel de l’attention publique et le soutien des pays arabes. Au cours d’un processus de long terme, les Palestiniens ont été chassé d’une partie substantielle des Emirats du Golfe, ceci étant dû à une diversité de raisons, toutes reliées aux connexions que les Palestiniens ont établies avec des éléments dont ils pensaient qu’ils les assisteraient dans la guerre contre Israël ou qu’ils pourraient faciliter la destruction de l’Etat Juif (Par exemple, les Palestiniens ont soutenu Saddam Hussein après son invasion du Koweit et promis de lancer des missiles Scud contre Israël, ou encore leurs relations avec l’Iran et avec d’autres éléments islamistes).

Ces pays sont intéressés à promouvoir un arrangement/un accord qui résolverait le conflit palestino-israélien, en déclassant cette question dans l’ordre des priorités régionales et en minorant son profil exact.

Nous devrions écouter avec plus d’attention les voix du changement. Elles nourrissent une grande promesse pour nos relations avec les autres résidents de la région.

***

Hannan Gefen | 15/11/2017

Le Brig. Gen. (res.) Hannan Gefen a occupé le poste de Commandant de l’Unité d’élite 8200 du Corps des Renseignements militaires d’Israël (AMAN). 

israeldefense.co.il

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Jg

Le conflit entre supposes pelestiniens et Israeliens , est alimente par la haine du Juif bien ancree en europe .
Les musulmans ne peuvent pas admettre toute presence Juive dans notre pays Israel .
Et ces europeens jouent avec le feu !